La plus grande buteuse de l'histoire du football féminin français a pris sa retraite aujourd'hui lors de la dernière journée de D1. Une journée particulière pour l'Olympienne.

Elle aurait peut-être pu terminer avec un but à la hauteur de sa carrière. Un geste fou, un geste inattendu, un geste de buteuse. Ce petit truc supplémentaire inné. Il est dans le sang.

51e minute : Sandrine Brétigny récupère le ballon à 40 mètres des buts et tente aussi soudainement un lob. Céline Deville, la gardienne de Juvisy, est avancée. Elle l'a vue. Elle est peut-être la seule. Le stade se lève, accompagne la trajectoire du ballon. Deville entame une course désespérée vers sa ligne, semble battue, tente un dernier geste et se détend… Elle touche le ballon du bout des doigts, le dévie à peine. Le ballon semble filer vers le but mais meurt sur la base du montant.

On pourrait évoquer la défaite des Olympiennes dans un match sans enjeu, on préfère insister sur cet instantané. Il est à l'image d'une buteuse d'exception, adulée dans le football féminin. Une fille simple pourtant, dont l'exigence aura été le principal compagnon de route.

Ce match n'a pas été comme les autres. Sa grande amie, Sandrine Dusang, a également tiré sa révérence. Mais une autre image restera gravée à jamais dans nos mémoires : sa sortie du terrain.

90e minute : Christophe Parra avait prévu de la rappeler avant le coup de sifflet final. A l'évocation de son remplacement, le stade se lève. Et puis...

Et puis, un grand moment de sport...

Les joueuses stoppent la rencontre, s'approchent de la ligne de touche et lui dressent une haie d'honneur. A elle seule, cette image illustre la renommée de Bretigoal dans le football féminin.

La décision n'a pas été facile à prendre.

A 11 heures, à l'heure du repas, elle s'est adressée à ses équipières. Debout, en tête de table, elle leur a annoncé sa décision. Elle a trouvé des mots, parfois avec une voix tremblante. Un instant d'émotion. Elle n'a pas retracé sa carrière. Elle a regardé les plus jeunes dans les yeux et leur a dit pourquoi sa carrière a duré 14 ans. Pourquoi, tous les matins, elle était à l'heure à l'entraînement. Pourquoi, au terme de chaque séance, les étirements étaient son rendez-vous privilégié.

Sa modestie l'a empêchée de raconter pourquoi elle a inscrit 279 buts.

Elle a parlé avec des sanglots dans la voix. Mais elle n'a pas craqué.

Cette journée n'est pas celle la défaite de l'OM, c'est la dernière victoire d'une joueuse d'exception dans le football français : "J'ai commencé chez un Olympique, Lyon. Je termine chez un autre Olympique, Marseille, le nôtre. C'est peut-être un signe."

L'OM a eu la chance de la compter dans ses rangs. Elle a apporté une grande contribution à l'histoire de la section féminine. A jamais Olympienne.