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Résumé Le Provencal

du 21 février 1966

 

Pour l'O.M. retrouvé à REIMS

un point en or...

(Notre envoyé spécial Maurice FABREGUETTES par téléphone)

REIMS - Pour ce match au sommet, le tout Reims sportif s'est donné rendez-vous au stade Auguste Delaune.

M. Pierre Taitainger, le député-maire de Reims est même là, pour la première fois de la saison, nous dit-on.

C'est donc l'ambiance des grandes rencontres d'autrefois entre ces deux ex-grands du football français.

Le temps est gris, doux, le terrain gras et les deux équipes pénètrent sur la pelouse dans les formations annoncées.

Kopa conduisant le bal, Reims part au sprint, comme s'il s'agissait de la finale olympique du 100 mètres.

Déjà un but de Blanchard

Dès la 3me minute, Blanchard l'ex-joueur à lunettes qui a mis maintenant des verres de contact, pousse la balle à côté de la cage, cette dernière pourtant pas défendue.

Ouf pour l'O.M. !

Reims attaque toujours et à la 5me, Escale doit plonger dans les pieds de Blanchard échappé.

Un peu plus tard, suite à une belle combinaison offensive rémoise, Bérange doit dégager en corner.

Kopa, de la gauche le tire avec beaucoup d'effet. Escale saute, mais le ballon lui rebondit dans les mains. Blanchard est là et d'un petit coup de tête marque.

Reims 1 - O.M. 0.

Un exploit de Joseph

Il faut bien le dire, jusque-là l'O.M. n'a fait que subir et à la 13me minute, Escale doit encore sauver son but en plongeant résolument dans les pieds de Blanchard.

Re-ouf pour l'O.M. !

Nous ne savions pas encore que le festival de Reims venait de se terminer.

Le premier virage se situe juste après cet exploit d'Escale, quand Grochulski touché par Bérange dut aller se faire soigner sur la touche, pour ne rentrer sur le terrain qu'en qualité de demi-figurant.

Le second tournant du match fut illustré, de suite après, par un petit exploit technique (eh... oui) de Joseph. En pivotant sur son pied droit il réussit un joli tir du gauche, obligeant d'Arménia à dévier le ballon en corner.

À partir de ce moment et jusqu'à la mi-temps on peut dire que le jeu fut égal, l'O.M. s'étant parfaitement repris, tandis que Reims avait perdu de sa superbe initiale.

28ème : Brotons égalise !

C'est alors que la Bonne Mère voulut montrer que si elle avait été bretonne huit jours plus tôt, son coeur restait marseillais.

Sur une passe en avant de Viaene, Lemenan et d'Arménia s'empêtrèrent si bien que qu'ils laissèrent filer le ballon vers leur but. Brotons se trouvant par là n'eut qu'à accompagner le cuir dans la cage.

O.M. 1 - Reims 1

Un silence de mort tomba sur le stade pendant que les joueurs marseillais s'embrassaient à qui mieux mieux.

Jusqu'à la mi-temps on ne nota rien d'important, sinon que l'O.M. jouait de mieux en mieux.

Et quand on vit Kopa à genoux au centre du terrain, comme s'il faisait la prière, on crut voir une image prémonitoire la partie.

Pour rester objectif, ajoutant que "Petit Raymond" avait reçu un coup de pied sur la cheville.

64ème Joseph tout seul...

Le jeu reprit après la mi-temps sur un rythme ralenti. On nota un combat singulier entre Gilles et Viaene, à l'avantage du premier, une dangereuse ruade de Masclaux sur Viaene toujours et un coup de pied de Hiégel sur la cuisse de Brotons, ce dernier restant quelques minutes au tapis.

Toutes ses mauvaises manières et quelques autres résultant du manque d'autorité et de l'incompétente de l'arbitre M. Schwinte en matière de jeu dur.

Puis Joseph ressorti de sa coquille. À la 63me, passé sur la droite, il centra astucieusement en direction de Sejnera monté à l'attaque, le ballon passa à 25 cm de la ligne de but et à 5 cm à peine du pied de Sejnera.

Ouf pour Reims cette fois.

Mais Joseph ne s'en tint pas là. Une minute plus tard, il partait seul en contre-attaque au milieu du terrain, résistait à une charge de Lemenan, évitait d'Arménia et entrait seul en conquérant, la tête haute comme Ujlaki, dans la cage de Reims !

O.M. 2 - Reims 1

80ème : Grochulski égalise

Ce but fut pour Reims, un coup qui longtemps sembla de grâce.

Pendant plus d'un quart d'heure, sous la direction de Hatchi, l'O.M. évolua en vainqueur, certain et presque impérial.

Il n'y avait qu'une équipe sur le terrain, se passant et se repassant la balle, devant un adversaire médusé.

Nous avions déjà presque notre : "Kopa à genoux", quand sur une montée à la "desperado" de Reims, Tassone dégagea en chandelle. Il s'en suivit ce que nous appelons un "cafouillage aérien", tête de l'un, tête de l'autre et soudain Grochulski, l'invalide, logea très calmement le ballon dans la cage d'un air de dire : "Vous l'avez sans doute oublié, mais je suis le premier buteur de division II".

Les 10 dernières minutes

Ce but, sur lequel on ne comptait plus, fit sur Reims effet d'un violent "doping".

Sous les hurlements du public l'équipe rémoise se rua à l'attaque, au rythme d'une charge militaire... et à la 82me, un tir de Hiégel repoussé par la défense de l'O.M. est repris par Blanchard vint percuter la transversale.

Ce fut la dernière émotion du match. Il eut d'ailleurs été dommage que l'O.M. qui avait failli revenir aux vestiaires en triomphateur, perdit le bénéfice du point du match nul.

Un point en or.

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JOSEPH superbe et généreux

GAUTHIER revient

REIMS - La rencontre terminée, nous avons bu avec les olympiens, dans leur vestiaire, le champagne de la victoire.

C'est dire combien ce petit point fut apprécié par les membres de cette longue - et jusque là malheureuse - tournée.

La rencontre peut se diviser en quatre périodes.

1.) Reims essaye de gagner par k.o. se lance l'attaque, mais ne marque qu'un but, au lieu des 3 possibles.

2.) L'O.M. se reprend, calme le jeu, grâce à Hatchi et Gauthier surtout, égalise de façon heureuse (c'est le coup de pouce du destin) et jusqu'à la mi-temps rivalise avec son adversaire.

3.) C'est la grande période olympienne, qui va du début de la deuxième mi-temps à la 80me. Joseph donne à Sejnera un but raté d'un cheveu, puis marque lui-même et tout seul. Là-dessus nous voyons l'O.M. des très grands jours. L'O.M. que l'on ne voit jamais à l'Huveaune. Excellente circulation du ballon, combinaisons heureuses entre les diverses lignes... Bref c'est la marche triomphale devant un adversaire à genoux comme Kopa, touché à la cheville par Gauthier.

4.) Deuxième coups de pouce du destin : Grochulski égalise. Fini alors la domination olympienne et pendant dix minutes, les dernières, c'est Reims qui va attaquer comme au début.

Tant et si bien que le pour et le contre pesé, nos notes relues, nous sommes arrivés à cette conclusion que le match nul était équitable.

Hatchi et Gauthier retrouvés

Au cours de cette rencontre toujours disputé, parfois de haute qualité pour la division II et en définitive passionnante, les joueurs de l'O.M. ont su faire face.

Dans son ensemble, l'équipe mérite d'être félicitée pour avoir retrouvé, après des jours et des matches sombres, son équilibre moral et aussi son équilibre tactique.

Rien n'est perdu puisque tout recommence.

Quels furent les meilleurs joueurs marseillais compte tenu que tous méritent au moins une bonne note un tel résultat étant toujours le fait du "onze" ?

On peut estimer que Hodoul, Sejnera qui tint littéralement en laisse Bourgeois, Bérange très à l'aise et très offensif, Hatchi, le maître à jouer, Gauthier qui se retrouva pleinement après sa contre-performance a Forbach et Joseph méritent les meilleures notes du jour.

Joseph : Une forte impression

Joseph, toujours à la pointe du combat, marqué toujours de très près, a produit une très forte impression, sur nos amis rémois de la tribune de presse.

Escale s'il laissa échapper le ballon du but rémois sauva deux fois la situation, grâce à d'audacieux plongeons.

Tassone sur l'ensemble de la rencontre, a joué beaucoup mieux qu'a Forbach.

Même remarque pour Brotons et Buron également plus que satisfaisant.

Viaene, manquant de compétition, réussit cependant une rencontre honorable.

Kopa et l'équipe de France

Reims a eu tellement de hauts et de bas que l'on a de la peine à juger cette équipe.

On peut dire cependant que Lemenan et d'Arménia coûtèrent le match à leur équipe et que seule Hiegel conserva son calme en défense.

En attaque, le plus dangereux fut Blanchard, mais le plus malheureux aussi.

Quant à Kopa, qui ne joua pas un match de classe internationale tant s'en faut.

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Mario Zatelli : "Vive la décontraction"

Dans le vestiaire de l'O.M. c'était l'euphorie, le champagne (Germain) pétillant dans les verres et les sourires retrouvés..."

Mario Zatelli nous a dit :

J'en étais sûr. C'est le résultat de la décontraction. Nos joueurs n'étaient pas les favoris, aujourd'hui, se sont présentés sur le terrain, sans se poser de questions.

Et voyez, alors qu'à Forbach ils avaient été pitoyables en première mi-temps, cet après-midi ils ont fait un jeu remarquable pendant plus de la moitié du match.

C'est heureux, cela nous permettra de rentrer chez nous, demain, sans être obligé d'emprunter les ruelles de Marseille... !

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Raymond Kopa : "Nous avons raté le k.o...."

Raymond Kopa, assez dépité nous montra sa cheville endolorie :

Ca c'est du Gauthier ! Nous dit-il. Enfin, c'est le métier qui rentre. À mon âge on s'instruit encore.

De ce match, il y a peu à dire. Nous aurions pu marquer 3 buts pendant le premier quart d'heure, nous ne l'avons pas fait. Par la suite, Grochulski blessé, moi touché, nous n'avons plus joué à 11, ce qui fait que ce match nul, en définitive, n'est pas trop mauvais.

 

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