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Résumé Le Provencal

du 14 février 1966

 

La bonne mère était bretonne !

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

BREST - Pour accueillir les Marseillais, le ciel de Bretagne a mis son plus beau gris, celui chanté par les poètes. Il ne pleut pas, mais le terrain est très gras. C'est pourquoi Mario Zatelli a décidé, dès le matin, de faire entrer Gauthier et Casolari. Joseph et Brotons restant de ce fait sur la touche.

À l'heure du coup d'envoi 8.000 personnes environ se pressent sur les gradins du stade l'Armoricaine, tandis que l'équipe junior de Saint-Brieuc fait le tour du terrain, des porteurs de banderoles en tête, après son écrasante successif 6 à 0 sur le junior du Red Star.

Est-ce un mauvais présage ?

L'O.M. domine

sans marquer

L'impression au début de la rencontre et que l'O.M. va gagner très aisément.

Il n'y a qu'une équipe sur le terrain, la marseillaise, qui mène le jeu à sa guise avec beaucoup d'autorité.

Dès la première minute, une forte belle combinaison olympienne démarque Casolari qui, seul devant la cage de Saint-Brieuc, voit son tir repoussé du pied par Audigane.

Les occasions marseillaises vont d'ailleurs se multiplier au fil des minutes, les joueurs de Saint-Brieuc paraissant passablement désorientés.

La première à la 35e (nous en avons noté dix et des occasions dont une encore plus nette que les autres à la 20e minute), eut lieu sur centre de Buron : Casolari reprend de la tête à bout portant. Le but était inévitable, mais Audigane plonge et arrête le ballon d'une seule main.

Bref à ce moment-là il ne semblait pas que la partie malgré la valeur du gardien Audigane, et la belle tenue de l'arrière central Briochains Le Boedec tous deux ex-professionnels put se terminer autrement que par un succès net et mérité des Marseillais.

Quand la porte va enfin s'ouvrir - la porte océane en la circonstance - ce sera l'avalanche !

35e minute :

premier tir : un but

Mais à la 35e minute un contre heureux permet à l'ailier gauche Estesse de prendre le ballon à Tassone. Un centre s'ensuit et Trottel reprenait de volée entre Gauthier et Trusas et battait imparablement Escale.

1 à 0 pour Saint-Brieuc et vous devinez sans peine comment cet exploit fut accueilli par une foule exclusivement bretonne.

Ce but produisant sur les joueurs l'effet d'un doping la partie fut relativement équilibrée jusqu'à la mi-temps.

Une deuxième mi-temps

sur un but

La deuxième mi-temps ne saurait se décrire. À deux ou trois contre-attaques près des joueurs de Saint-Brieuc (Escale toucha le ballon deux ou trois fois au maximum) le jeu se déroula constamment dans le camp des amateurs.

Les occasions qu'eut alors l'O.M. d'égaliser ne se comptent pas mais au fil des minutes l'entassement devant les buts de Saint-Brieuc devenait de plus en plus dense, l'énervement des joueurs marseillais de plus en plus grands.

Ce fut le match de rugby Angleterre - Irlande dans la surface de réparation briochène !

Les joueurs de l'O.M. tiraient, sautaient, fonçaient mais à chaque fois il y avait un pied, une tête, un derrière, ou Audigane toujours remarquable et véritable héros de ce match.

Et de minute en minute, on arriva à dernière c'est-à-dire au coup de sifflet final de M. Lamour, et au deuxième tour donnèrent des joueurs de Saint-Brieuc. Audigane se trouvant, comme il se doit, sur les épaules de ses supporters.

L'O.M. ne fera pas mieux, la prochaine fois en Coupe, avant l'année prochaine !

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Un seul héros : le gardien AUDIGANE

BREST - S'il se jouait dix fois ce match se terminerait neuf fois par la victoire nette et facile de l'O.M.

Malheureusement, hier, sur le stade de l'Armoricaine de Brest, ce fut la dixième fois !

Aussi étonnant que la chose puisse paraître, à qui n'a pas assisté à la rencontre, l'O.M. n'a pas mal jouer du tout, et Saint Brieuc, exception faite de son gardien Audigane, ne s'est pas surpassé.

Quant Trottel marqua le but qui fut celui la victoire, à la 35me minute, Escale n'avait pas encore touché le ballon, et il n'eut presque rien à faire par la suite.

Un évident manque

de chance

Dans les vestiaires, leur défaite consommée, les joueurs olympiens se demandaient encore comment après avoir joué 80 minutes, sur 90, dans le camp de leurs adversaires, et s'être crée un nombre considérable d'occasions de buts, ils n'avaient pu traduire leur énorme supériorité au tableau d'affichage.

Il y a bien sans doute quelque raison technique, dont la plus importante est la faiblesse des frappes de la tête, mais pareille non-réussite ne peut se produire qu'en Coupe de France !

En dépit de leur énergie, de leur vaillance, et de l'ensemble de leurs qualités morales, les Briochains eussent été nettement battus, si la Bonne Mère n'avait été Bretonne !

Nous n'aimons pas évoquer la mauvaise chance pour excuser une équipe battue, mais sur cette rencontre en peut affirmer, sans crainte d'être démenti par les spectateurs, que c'est une réalité !

Quand Bérange passa

à l'attaque !

Après avoir cru qu'ils allaient l'emporter sans peine, les Olympiens, qui avaient débuté avec assez de brio, finirent par s'énerver, en se rendant compte que les minutes passaient, passaient, et que le but d'Audigane restait vierge !

En fin de match Mario Zatelli qui même passer Bérange à l'attaque pour donner à cette dernière plus de poids, plus de mordant, mais cette décision n'eut pas le résultat escompté. Et l'O.M. qui avait éliminé les Girondins s'est fait sortir de la Coupe de France par une équipe qui ne nous a pas paru meilleur que Saint-Raphaël.

Une défaite collective

Il est difficile, sinon impossible, d'individualiser cette défaite : de dire c'est la faute d'un tel ou d'un autre. C'est toute l'équipe qui a été battu, sans qu'on puisse la critiquer, ni même ajouter que la rentrée de Casolari et de Gautier fut prématurée, car tous deux, surtout le premier, firent un bon match.

Il reste à souhaiter que cette désillusion se traduise par un énergique sursaut jeudi à Forbach.

De notre avis ce n'est pas impossible.

Matelassée dans le championnat de Division d'Honneur de la Ligue, le Stade de Saint-Brieuc n'a pas impressionné son par son courage et sa chance.

Audigane, répétons-le, et l'arrière central Le Bouadec, furent les meilleurs joueurs de cette équipe au demeurant fort sympathique.

Il fallait que ce tour de Coupe eut un héros, pourquoi pas Saint-Brieuc ?

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Mario ZATELLI :

"C'est incroyable"

Dans leurs vestiaires, après la défaite, les Marseillais n'en revenaient pas. Mario Zatelli très calme nous a dit : "C'est absolument incroyable ! Perdre une rencontre dans des conditions pareilles, je ne l'avais jamais vu ! Mes joueurs ont eu certainemetn le tort de s'énerver en 2me mi-temps, mais il est certain que qu'ils eussent dû marquer trois ou quatre buts en première mi-temps. Nous avons eu contre nous une malchance absolument noire !

"Je crains que cette défaite ne produise un mauvais effet sur le moral de l'équipe et que le déplacement d'une semaine n'en soit obscurci. Je vais faire en sorte que le moral revienne au beau fixe et que nous puissions dès jeudi, à Forbach reprend notre marche victorieuse en championnat.

"Je crois d'ailleurs que les joueurs ont profondément ressenti cet échec et qu'ils voudront le faire oublier dans quelques jours en Lorraine !"

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M. SOREL : "Nous ne comptions que sur notre courage"

L'entraîneur de Saint-Brieuc, M. Sorel, était, on le devine, enchanté, et nous a dit cependant avec beaucoup de modestie : "Nous ne pensions pas gagner cette rencontre. Nous avions bien renforcé notre défense, mais pour le reste nous comptions sur notre courage et notre vaillance. La chance a été de notre côté et c'est sans doute dommage pour l'équipe de Marseille, qui nous a produit une excellente impression. Mais je ne vous cache pas que mesd irigeants, mes joueurs et moi-même sommes content au-delà de toute limite."

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Résumé Télégramme de Brest

du 14 février 1966

 

La défaite de Marseille : un but de Trottel

une partie héroïque des Briochins

Temps gris, vent nul, pelouse très convenable, Public nombreux. 6831 entrées payantes. Recette pour la Coupe de France 32760 fr + 3430 fr 50 pour la Coupe Gambardella. Mi-temps1-0. Arbitre M. Lacour de Niort, assisté aux touches de MM Mayer (Tours) et Fontaine (Tours). But Trottel (35' minutes). Corners 7 pour Marseille, 3 pour Saint Brieuc.

C'était hier, par un doux après midi hivernal, la fête du football briochin au parc de l'Armoricaine. Déjà en éliminant le Red-Star sur le score brutal et sans appel de 6-0, les juniors briochins, acclamés, savouraient leur juste victoire. Une ambiance extraordinaire régnait dans le stade quand les jeune de Saint Brieuc firent leur tour d'honneur à la demande d'un public totalement conquit. Mais nul n'espéré que, 90 minutes plus tard, leur aînés allaient également triompher et crouler sous les congratulations et embrassades de leurs supporters avant d'accomplir un tour d'honneur. Nous n'étions pas à Colombes ni au Parc des Princes, mais à Brest ou des milliers de personnes hurlaient le nom de "Audigane", gardien de but du stade Briochin et héros du match.

Devant le prestigieux Olympique de Marseille, tombeur au tour précédent d'une des meilleures équipes professionnelles françaises en l'occurrence les Girondins de Bordeaux et de surcroît leader du championnat de seconde division, nous n'auront pas misé un liard sur les chances Briochines.

Et pourtant, ces modestes gars de Saint Brieuc, au coeur "gros comme ça" ont éliminé contre toute attente les Marseillais. Certes ce ne fut pas facile, mais de mémoire de sportifs Brestois, nous devons remonter bien loin en arrière pour nous remémorer une rencontre jouée avec une telle passion, avec une telle intensité et aussi crispante pour l'entraîneur, pour les joueurs, et pour les dirigeants des deux équipes.

MM Zatelli, entraîneur de Marseille, et Neumann, secrétaire générale, nous confiaient qu'ils avaient tous deux terriblement souffert su le banc de touche. Nous les croyons volontiers.

Audigane dans ses oeuvres :

Yves Audigane, âgé de 26 ans, qui, durant cinq ans joua au stade Rennais, fut comme nous l'avons déjà décrit, le grand homme de la rencontre. Il y avait à peine 60 seconde de jeu qu'il plongea délibérément dans les pieds de Casolari, avant centre de Marseille. Cet exploit allait être suivi d'autres.

Conscient de ces responsabilités, l'entraîneur stadiste André Borel avait adopté une judicieuse méthode. Saint Brieuc opéra avec 4 arrières en lignes et le puissant Bodez, à la stature imposante, joua en soutien. L'attaque olympienne fut quelque peu troublée par cette méthode et bien souvent Hatchi, tout comme Casolari, s'enferrèrent devant cette écran ou régna impérialement le Boedec, merveilleux dans son placement, adroit dans ces contres et commandant efficacement sa formation.

Casolari avait été préféré au Camerounais Joseph et démontrant toute son opportunité. Le début du match fut un duel entre Audigane et l'avant centre méridional. Casolari décrocha un raz de terre, qu'Audigane très prompt détourna en corner (8'). Le même Casolari échoua de peu dans un tir appuyé (10').

La défense Briochine était au abois, car l'attaque Marseillais, alimenté en balles pour le demi et capitaine Gauthier, faisait florés. Marseille, décontracté, désiré immédiatement s'assurer le résultat, mais, néanmoins, se trouvant légèrement handicapé par la blessure survenu à son ailier droit Ehrardt.

Après quels soins à son genou, le joueur Marseille repris sa place (16'). Escale, le gardien de but méridional, passait un début de match tranquille car, durant le premier quart d'heure il n'eut pas un seul arrêt à effectuer. Mais par contre, Audigane se trouvait sur la trajectoire de toutes les balles. Après que Le Boedec eut détourné miraculeusement de la tête un nouveau tir de Casolari (21'). Audigane dans un réflexe surprenant, stoppa une tête du même Casolari, consécutive à un centre de l'avant centre Buron (27').

La réussite n'était pas du coté Marseillais, mais la défense Briochine, très homogène, anticipait bien souvent les combinaisons de son opposant.

Le but : Si la défense bretonne accomplissait un travail de titan, la défense marseillaise accès sur le blond Trusas, un arrière centrale (verrouilleur), opéré en dilettante. Ce dilettantisme, coûta un but qui vaut de "l'or".

En effet nous étions à la 30ème minute, quand Etesse de la gauche fit une large ouverture, Trottel, très en pointe, trouva devant lui un véritable "boulevard", il évita Trusas et Sejnera et, sans contrôle préalable, il tira du pied droit d'environ six mètres. Escale plongea mais il était battu!...

L'ambiance était à son comble, le public criait sa joie et son enthousiasme. Saint Brieuc avait eu sa première occasion de but et ne la manqua pas.

Saint Brieuc y croit :

Saint Brieuc allait il tenir les 90 minutes ! Chacun se le demandait. Au fil des minutes, les Briochins croyaient à leur chance de vaincre. Et pourtant, Casolari tirait sans cesse, Hatchi construisait, Gauthier appuyer l'attaque. Mais la défense Briochine se battait avec cette foi qui soulève des montagnes.

Audigane, Goudec, Meyer et Quevedo bien groupés autour de Le Boedec faisait front aux attaques méridionales menées pas l'ailier droit Ehrhardt. En vieux briscard Le Boedec gagnait du terrain, le public criait le nom de Audigane, toute la formation Briochine était supportée par cette masse populaire.

Les défenseurs Marseillais Berange et Tassone s'étaient intégrés à l'attaque. Rien ne passait. Audigane accomplissait de nouveaux prodiges, et Marseille se trouvait éliminé.

Les meilleurs :

Associons toute la formation de Saint Brieuc dans les mêmes éloges, cependant Audigane, Le Bodec, Bodez et Trottel par son magnifique but on réalisé un match extionnel.

A Marseille, dont l'ailier gauche international Buron fut peu utilisé, citons Casolari, Hatchi, Gauthier et Trusas.

Arbitrage clairvoyant et compréhensif de M. Lamour qui suivit le jeu de très près.

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Les joueurs Briochins ont offert à leur adversaires marseillais une jolie poupée bretonne.

   

 

 

 

Merci à Monsieur Goueffic Bernard pour son aide à la réalisation de la feuille de match

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