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Résumé Le Provencal

du 15 septembre 1966

L'O.M. enlève un "nul" méritoire à LILLE (0 à 0)

à l'issue d'une bataille

d'une rare intensité

LILLE (par téléphone) - Une dernière fois ou nous avions accompagné l'Olympique de Marseille à Lille, il y avait de l'électricité dans l'air... Le L.O.S.C. solide leader, subissait l'assaut de l'ambitieuse équipe dirigée par Jean Robin, devant un public record. Si les nordistes avaient eu le dernier mot, malgré une remarquable opposition marseillaise c'est bien parce que notre ami Gauthier, devenu par la suite un fidèle et précieux serviteur de l'O.M., avait pris résolument l'affaire en main, en éliminant Milazzo dès les premiers échanges.

Les saisons ont passé, et si ce soir, la rencontre n'est tout de même pas capitaine, le style athlétique et extrêmement volontaire des deux formations en présence nous permet un débat particulièrement acharné.

Au cours de l'après-midi, en flânant dans la ville, nous avons beaucoup entendu parler du match de ce soir, les Lillois considérant comme fort intéressante le retour de l'O.M. parmi l'élite. Comme la température est relativement douce, on s'attend un gros succès populaire.

Les équipes sont les suivantes :

L'Olympique de Marseille : Escale, Tassone, Artelesa, Zwunka, Lopez, Djorkaeff, Destrumelle, Casolari, Fiawoo, Joseph, Buron.

Lille : Samoy, Dacquet, Adamzyck, Stakowiak, Navarro, Michelin, Andrien, Houen, Guy, Peyroche, Petyt.

L'arbitrage est assuré par M. Machin. On peut évaluer l'assistance à 12.000 spectateurs environ.

Les premières minutes sont disputées avec une rare vigueur. Les Lillois bétonnent, ce qui ne les empêche pas d'attaquer avec décision. S'il ne laisse parfois prendre au piège des hors-jeu, les avants locaux se montrent souvent dangereux. Notamment à la 3me mn, ou un terrible tir sur coup franc de Guy passe, de peu à côté.

Mais la défense marseillaise, Artelesa en tête, fait bonne garde. Cela semble indispensable, car Guy et Peyroche nous apparaissent très entreprenants.

Jouée très rapidement, la partie est fort intéressante, et le public vibre. Mais on arrive à la 15me mn sans que les avants marseillais inquiètent Samoy.

Quant aux Lillois, à force d'être arrêtés pour hors jeu, ils ne savent plus trop comment s'y prendre. Les spectateurs n'apprécient pas et crient à l'intention des joueurs marseillais : "Allez Valenciennes !"

25e mn : Fiawoo échoue !

À la 25me mn, un splendide échange de passes entre les deux compères Joseph et Fiawoo place le dernier nommé en position de tir idéal, face à la cage lilloise. Le but de semble inévitable, mais Fiawoo enlève trop sa balle. Et c'est une très nette occasion qui vient de que vient de manquer l'O.M. ! La première véritable occasion du match.

Peu après, à la 32me mn, Joseph fonça avec décision vers une balle que l'on croyait perdue, et plaça un tir terrible qui frôle la cage lilloise. Fiawoo ne voulut pas être en reste et cinq minutes plus tard, sur une longue balle de Lopez, il inquiéta à tel point Samoy, que celui-ci dut repousser du pied, à la désespérée.

Guy et Andrien

Lille répliqua immédiatement. Tout d'abord par Guy, qui décocha, la 37me mn un terrible coup franc au ras de la barre, puis par Andrien qui, malgré Artelesa, plaça un tir croisé à ras de terre, au ras du montant.

Djorkaeff et la barre

Au cours de cette première mi-temps, il y en avait eu décidément pour tout le monde, puisque Djorkaeff, à la 45me mn, consécutivement à un corner, vit sa reprise de volée rebondir sur le dessus de la transversale.

La seconde partie du match débuta sur une poussé dangereux de Tassone qui tira au-dessus, suivie d'un tir en coin de Guy, bien arrêté par Escale, puis sur une charge spectaculaire du tandem Joseph - Fiawoo.

Tour à tour Marseillais et Lillois portaient profondément le danger dans le camp adversaire. Et c'était miracle que le score n'ait pas été ouvert. Mais il arrive souvent qu'un match "blanc" vaille son pesant d'émotions.

C'est ainsi, à la 65me minute, qu'une percée du jeune Houen fut terminée après une course de près de 50 mètres par un tir en coin bien arrêté par Escale.

Tassone, peu après, dut se jeter à corps perdu dans les pieds de son adversaire direct Petit.

De leur côté Casolari, Fiawoo et Joseph menaient presque jusqu'à leur terme des attaques fort dangereuses. À la 70me minute, M. Machin qui avait fort bien arbitré se laissa prendre par l'ambiance est accorda à Lille un coup franc à la limite pour charge régulière épaule contre épaule de Tassone sur Peyroche.

Fort heureusement pour le moral le même Peyroche en rata l'exécution.

Sur cette action, Tassone se blessa et prend place à l'aile droite, Djorkaeff devenant arrière, Casolari ailier gauche et Buron demi.

C'est dans cette disposition que l'on jouera le dernier quart d'heure.

Les minutes passaient, il n'en restait plus que dix et Lille jouait son va-tout.

Escale se détend alors remarquablement pour dévier du coin de son but une balle expédiée violemment par Peyroche.

Un peu plus tard, sur un cafouillage, un coup de pied retourné de Petyt, ce fut Artelesa bien placé qui sortit littéralement la balle de la cage.

Au cours des dernières minutes, Lille domina nettement. Et les Marseillais firent flèche de tout bois. Mais c'est justice qu'ils s'en soient sortis à leur avantage. Ils ne méritaient vraiment pas de perdre.

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Un très bon match collectif pour les Marseillais

LILLE (par téléphone) - C'est, en vérité, une excellente performance que l'O.M. a réussie à Lille. Nous nous attendions à un match très dur, et il ne le fut au-delà de toute imagination.

Lille possède une équipe de combats. Les Marseillais sont bien le contraire de "dégonflés". Inutile de vous faire un croquis pour vous expliquer ce que pouvait donner.

Des deux côtés, en ne fit aucun cadeau et, en écrivant ceci, nous sommes nettement en dessous de la réalité.

Toutes les balles furent disputées par attaquants et défenseurs avec une rare intensité sans brutalité, mais avec une détermination farouche.

Sous le chapitre de l'occupation du terrain et de la possession du ballon, les deux équipes firent à peu près jeu égal.

Les Marseillais répondaient par une attaque tranchante à chaque attaque lilloise, et il en fut ainsi de la première à la 90me minute.

Nous disons bien jusqu'à la 90me minute, puisque après les deux sauvetages susceptibles d'Escale et Artelesa, Joseph s'en fut seul au but et fut fauché impitoyablement à quelques mètres de la cage lilloise.

Il est d'ailleurs anormal qu'un match aussi intense, aussi fertile en attaques et en occasions de but, ne se soit traduit par aucune réussite offensive.

Joseph et Fiawoo d'une part, Guy et Peyroche de l'autre, mirent pourtant tout en oeuvre pour tromper Samoy et Escale, mais ils se heurtèrent à deux défenses terriblement et également efficaces, bien qu'employant des méthodes différentes.

La "ligne" est maintenant bien assimilée par les défenseurs marseillais. Les Lillois jouent, si nous osons nous exprimer ainsi, "un béton offensif" imité de l'Inter de Milan.

Des deux côtés, il était bien difficile de passer, et c'est tout à l'honneur des attaquants d'avoir su être aussi dangereux.

Procédons maintenant à une petite revue individuelle.

ESCALE réalisa un très bon match. Il fut très sûr sur sa ligne et net dans ses sorties. Il eut quelques parades décisives.

TASSONE, contre un adversaire très remuant et rapide, se montra très énergique et, contre-attaquant intraitable, il joua le dernier quart d'heure très courageusement à l'aile droite après avoir été blessé à la cuisse.

ARTELESA, en très grandes conditions, sauva maintes situations délicates grâce à son coup de reins et sa vitesse d'intervention. Joua un très grand match.

ZWUNKA, toujours bien placé, solide comme un roc, joua lui aussi un très bon match, le meilleur sans doute depuis qu'il est à l'O.M.

LOPEZ se tira fort bien d'affaire devant Guy qui était en très bonne forme pourtant, puis devant le jeune très rapide Houen.

DJORKAEFF, excellent en défense, ce qui ne surprendra personne. Est précieux par ses dribbles de dégagement. Il se racheta ainsi simplement de quelques mauvaises pas.

DESTRUMELLE, comme Djorkaeff, travailla beaucoup milieu du terrain sans que ce tandem puisse prendre nettement le meilleur sur Andrien et Peyroche.

CASOALRI confirma son bon match de samedi dernier contre Nîmes. Se montra en gros progrès et occupa très honorable devant le poste d'ailier droit.

FIAWOO fit un bon match sans connaître sa réussite précédente. Il pesa de tout son poids, avec Joseph sur le centre de la défense lilloise ou il y avait beaucoup de monde.

JOSEPH se montra cette fois supérieur à son inséparable camarade. Il donna beaucoup de mal aux Nordistes et échoua plusieurs fois d'extrême justesse.

Fiawoo et Joseph impressionnèrent terriblement le public lillois.

BURON joua lui aussi un bon match et réussit à inquiéter souvent Dacquet. En fin de partie, tint fort bien sa place en milieu de du terrain.

Les meilleurs lillois furent à notre sens, Stakowiak, très sur dans son rôle de bétonneur. Andrien, de première force au milieu du terrain ; Peyroche, le meilleur technicien sur le terrain, et Guy, tireur redoutable.

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Deux équipes naissantes

Qui ont fait honneur au football

Certes, sur le plan de l'organisation, il y avait eu quelques lacunes, quelques imperfections dans l'équipe marseillaise, en deuxième mi-temps notamment. Cela donna quelques sueurs froides aux supporters marseillais, qui, îlot d'espérance dans la mer des supporters nordistes, brandissaient avec stoïcisme, quelques pancartes d'encouragement.

Artelesa devait pourtant préciser qu'à aucun moment, les défenseurs de l'O.M. n'avaient été mis en péril. Guy, à leurs yeux, fut le plus dangereux avant nordiste.

Certes, si ce match s'était terminé par le score de 3 à 3, le public lillois aurait hurlé d'enthousiasme. Mais les spectateurs bien que restés sur leur faim eurent quand même maintes fois l'occasion de vibrer, de s'enthousiasmer et de crier leur sympathie aux deux équipes qui ont fait honneur au football français. Car il y a eu dans ce match une intensité, une détermination, et même une certaine rudesse intervention, contre laquelle personne ne trouva jamais rien à redire. Parce qu'en toute circonstance, cette sécheresse intervention avait la balle pour l'objectif.

Et finalement, le brave Joseph, que les Lillois surveillèrent de fort près, et qui ne fut pas épargné dans leur distribution de charge, aura eu moins peur des défenseurs lillois que du voyage effectué en avion. Car il devait avouer - et cette anecdote est aussi authentique innocente - "Moi quand je prends l'avion je suis blanc de peur".

Jules CHANTRAY

 

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