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Résumé Le Provencal

du 01 novembre 1966

La fureur de vaincre avait survolté

l'O.M. à LYON

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

A Lyon, par un froid très vif, l'O.M. a réussi un match nul méritoire, après avoir espéré la victoire tout au long de la seconde mi-temps.

Malgré les deux buts marqués, l'équipe marseillaise a obtenu ce résultat positif et quelque peu surprenant, bien que grâce au sang-froid, au sens tactique et au courage de sa défense, que par ses vertus offensives.

Joseph fit preuve, en effet, d'un opportunisme rare, et réussit à marquer deux buts sans toucher beaucoup de ses balles que l'on dit en or. Mieux, sa défense et sa puissance lui procurèrent deux ou trois autres occasions de but assez nettes, qui ne devait rien à personne. Et on ne lui fera pas grief de n'avoir pas su en tirer partie, car il n'était pas facile de jouer les francs-tireurs, hier après-midi dans l'attaque de l'O.M.

Robert Domergue avait mis sur pied, pour faire échec au dispositif lyonnais, un dispositif semblable, et il fut en cela bien inspiré. Il plaça donc Destrumelle entre Djorkaeff et Hodoul, à charge pour l'ex-Rouennais de se porter indifféremment en attaque ou en défense selon que l'O.M. était ou non maître du ballon. Cela permit à l'équipe marseillaise de n'être pas dominé de façon écrasante par le milieu du terrain lyonnais, point fort de l'équipe, avec les brillants Maison, Rambert et Schwinn étonnant animateur.

Mais la technique d'ensemble supérieure à la formation lyonnaise lui permit néanmoins de s'assurer le contrôle de la balle, dans la proportion des deux tiers du temps, et de lancer attaque sur attaque, le match devenant donc, le plus souvent, un duel entre les avants locaux et les défenseurs marseillais. Un duel, dont M. machin et le juge de touche chargé de surveiller la ligne d'attaque lyonnaise devinrent à double titre les arbitres, le second nommé surtout.

Le traquenard

Après quatre minutes de jeu, Di Nallo et ses camarades avaient été sanctionnés trois fois et le public commençait déjà à donner de la voix. Les efforts des attaquants lyonnais pour échapper au traquenard, et ceux des défenseurs marseillais pour leur tendre des chausse-trappes, devinrent bientôt le principal attrait d'un match crispant, fertile en émotions, marqué par les buts marseillais obtenus au moment ou l'on s'y attendait le moin et la volonté lyonnaise de forcer le sort contraire.

Nous pouvons pouvons dire que Di Nallo, Perrin, Maison ou Rambert tombèrent environ vingt-cinq fois dans le piège mais qu'en quatre ou cinq autres occasions, ils filèrent sous le nez de leurs gardes du corps et leur donnèrent des sueurs froides.

Les Lyonnais pourront dire qu'il vérité de l'emporter nettement. Les Marseillais prétendront que M. Machin les sanctionna d'un penalty imaginaire et négligea une faute plus grave, commis à l'encontre de Joseph. Tout cela est bien possible. Disons que le match nul ne lèse personne et que nous avons cru longtemps au succès de l'O.M.

Esprit de corps

Les attaquants Lyonnais, qui s'agisse de Perrin et Di Nallo, ou de Maison et Rambert possèdent une finesse de jeu que l'on ne trouve pas chez leurs "confrères" de l'O.M. mais l'O.M. montre un esprit de corps, une abnégation, une rage de jouer, une vigueur d'intervention et aussi un sens tactique que l'équipe lyonnaise ne possède pas à un degré aussi élevé.

Nous avons laissé entendre que la défense marseillaise joua un très bon match. Devant Escale frigorifié, et qui lâcha de ce fait quelques balles, Artelesa, tout à fait remarquable, Zwunka, Tassone et Lopez, inébranlables, arrivèrent à leur fin, si on considère la valeur individuelle des avants lyonnais.

Et, à titre d'exemple, précisons que Tassone, touché par Rambert dès le début du match, joua avec une cheville si enflée que sa chair débordait de sa chaussure !

Hodoul fit une bonne rentrée aux côtés de Djorkaeff et de Destrumelle qui mena souvent à bien une tâche surhumaine.

Les circonstances firent que l'attaque se résume, le plus souvent, au seul Joseph, vers qui convergeaient les balles, qui se décidait assez rarement à venir vers les ailes, contraignant Erhardt et Fulgenzy à se replier mais utilement.

Dans l'équipe lyonnaise, au Chauveau, sans doute frigorifié comme Escale, fut assez faible nous avons surtout remarqué Glizinski en défense et Schwin au milieu du terrain. L'un et l'autre sont des techniciens remarquables. Rambert et Maison, qui détenaient les leviers de commande, ne surent pas toujours comment s'y prendre avec la défense marseillaise, c'est le moins qu'on puisse dire.

Di Nallo, pas plus que Perrin, n'eurent la réussite avec deux. Di Nallo, notamment, se compliqua inutilement la tâche aux moments décisifs, ce qui arrangea bien les affaires de l'O.M.

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JOSEPH donna deux fois l'avantage

LYON égalisa sur un penalty

et un exploit de RAMBERT (2-2)

LYON - Un vent du Nord glacé balaye le stade de Gerland dont les virages sont à peu près vides. Il y a plu toute la semaine. La pelouse, très grasse et néanmoins tout à fait praticable.

Les premières minutes nous apportent deux enseignements : 1) Erhardt n'est pas inter de pointe mais ailier droit ; 2) l'O.M. a abandonné le quatre - deux - quatre pour un quatre - trois - trois, semblable à celui des Lyonnais, Destrumelle se tenant entre Djorkaeff et Hodoul pour se porter en pointe à l'occasion. C'est lui qui, à la quatrième minute place le premier tir du match facilement arrêté par Chauveau.

Sur un coup franc de Schwinn la défense en ligne marseillaise qui vient d'arrêter trois fois l'attaque lyonnaise en la mettant hors-jeu, laisse partir Di Nallo qui s'en va seul tirer nettement à côté.

À la septième minute Schwinn et Di Nallo récidivent dans les mêmes circonstances, mais l'international est arrêté par Artelesa.

À la 12e minute première occasion de but pour l'O.M. lorsque Nouzaret lobe proprement son gardien. Il a la chance devoir la balle aller à côté. Une minute plus tard (13e), lancé par Schwinn, Perrin s'échappe et place un tir qu'Escale réussit à dévier en corner.

L'O.M. ne fait pas mauvaise figure, mais l'attaque lyonnaise paraît bien redoutable.

À la 23e minute sur une longue balle de Glizinski, Escale s'envole et balle la détourner du pied de Di Nallo.

27ème minute :

PERRIN met au-dessus

Une magnifique action lyonnaise se développe à la 27e minute Rambert sert Nouzaret qui file le long de la touche et centre de façon parfaite. Perrin se précipite et, à bout portant, tire de volée au-dessus.

32ème minute :

JOSEPH marque de la tête

Contre toute attente, c'est l'O.M. qui ouvre le score à la 32e minute, une touche apparemment inoffensive un centre de Djorkaeff et une détente magnifique Joseph qui saute plus haut que Chauveau et envoie, de la tête, la balle dans la lucarne.

Le tour est joué dans un silence de cathédrale.

MAISON égalisée sur penalty

Peut-être "déconcentré" par cette réussite, l'O.M. ne garde pas longtemps son avantage.

A la 35e minute, Artelesa manque une intervention sur Di Nallo. La balle va à Rambert qui est accroché et descendu par Zwunka. Penalty transformé par Maison après quelques palabres.

Un deuxième but

pour JOSEPH

Le temps de remettre en jeu et de commenter ce renversement de situation, et l'Olympique obtient un corner donner par Erhardt.

Chauveau rate son intervention. La balle retombe derrière lui et Joseph plus vif que les Lyonnais la met au fond !

Ce même Joseph à la 41e minute, place un tir terrible au ras de la barre mais au-dessus.

Le public lyonnais sifflait les Marseillais à leur retour sur le terrain après une pause très longue.

Le froid est de plus en plus vif. À la 50e minute sur passe en retrait trop molle de Nouzaret, l'O.M. manque une belle occasion de se mettre hors de portée, mais Joseph ne peut dribbler Chauveau et Erhardt auquel le ballon revient ne peut conclure lui non plus.

On note ensuite deux tentatives marseillaises mais les tirs de Destrumelle (55e) et Djorkaeff (57e) vont, l'un au-dessus, l'autre à côté. Un troisième ajusté de loin par Glizinski est arrêté par Chauveau (58e). Puis escale sauve son camp sur une percée très dangereuse de Perrin. Il enraye, en plongeant dans les pieds de l'attaquant lyonnais.

Perrin, Di Nallo, Maison tombent successivement dans le piège tendu par les défenseurs marseillais, et Maison qui y échappe en une occasion est contraint de tirer de loin par le retour de Hodoul (67e). Escale arrête facilement.

MAISON trop impersonnelle

Le public n'apprécie pas et à la 71e minute, impressionné par ces protestations, le juge de touche ne signale pas le net départ hors-jeu de Maison. Celui-ci veut approcher à moins de trois mètres d'Escale mais trop impersonnel il donne en retrait à Di Nallo de tenter sa chance.

L'attaque échoue de ce fait.

DI NALLO échoue encore

Di Nallo n'est actuellement pas dans une période de réussite. A la 78e minute, il bénéficie pourtant d'une occasion inespérée. Devancé par Tassone qui pousse la balle à Escale, il a la chance de la voir rebondir sur la poitrine du gardien marseillais. Au lieu de la poussée directement au fond il tergiverse et se fait contrer par Zwunka.

80ème minute :

penalty pour JOSEPH ?

Sur le renvoi, Joseph s'en va dans son style puissant, mais il est fauché par Glizinski au moment du tir. Faute aussi nette que celle sanctionnée en première mi-temps d'un penalty par M. Machin.

81ème minute :

exploit de but de RAMBERT

Un peu plus tard, fatigué de voir ses camarades échouer systématiquement, Rambert s'enfonce résolument au sens de la défense marseillaise, évite habilement Artelesa et Zwunka et, du point de penalty et toujours du pied gauche, place la balle en coin.

Un chef-d'oeuvre de technique a le tort de marquer d'un geste déplacé.

À la 83ème minute, Maison est bien près de l'imiter. Mais sans doute trop confiants, il tire de trop loin et en plein sur Escale.

Enfin Di Nallo, à la 89e minute donne encore des sueurs froides à la défense marseillaise, mais Zwunka réussit à le rejoindre et à mettre en corner, préservant ainsi le match nul obtenu par l'O.M.

Louis DUPIC

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DOMERGUE : "Nous avons

bien joué le coup"

On rapporte à Robert Domergue les paroles de Louis Hon, qui venait de déclarer : "avec une tactique pareille, il n'y aura même plus besoin de savoir jouer au football. Il suffira d'un sifflet et de deux drapeaux et le tour sera joué".

L'opinion de son confrère n'effaça pas le sourire de l'entraîneur marseillais, qui nous dit :

"Cette fois, je suis vraiment content d'avoir vu mes gars jouer aussi bien le coup. Je sais bien ce que je répondrai à Louis Hon, si j'étais méchant. Aussi, j'en ferai rien. Puisque nous n'avons pas d'attaque, il faut bien que nous nous servions de notre défense. Je sais que les Lyonnais sont partis plusieurs fois au but et que le juge de touche les a laissés courir au moins deux fois. Mais nous en prenons le risque. Et, dites-moi, combien de fois, à côté de cela, nous les avons arrêtés ?"

"Je suis également satisfait que le résultat ait récompensé l'initiative que j'avais prise de poser d'opposer un 4 - 3 - 3 ou 4 - 3 - 3 lyonnais ; je savais que deux joueurs au milieu du terrain, ne pourraient rien faire et qu'il s'imposait d'en mettre trois. Mais il ne s'agit pas d'une modification définitive de notre dispositif. Il y a aussi une raison qui a décidé notre choix, et qui est peut-être tout aussi importante, c'est que je n'ai pas actuellement quatre avants de pointe".

M. Leclerc ajouta : "Nous avons prouvé aujourd'hui, que nous pouvions faire match nul sur le terrain d'une bonne équipe, avec toute une ligne d'attaque à l'infirmerie. Ne croyez-vous pas que cela mérite considération ?"

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