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Résumé Le Provencal

du 07 novembre 1966

L'OM battu sans gloire à BORDEAUX

Ce n'était plus l'équipe

qui triompha de LENS

BORDEAUX (par téléphone) - À Marseille, la pluie est un événement, à Bordeaux c'est une péripétie. Aussi ne nous étendrons-nous pas sur l'humidité ambiante, le gris du ciel et l'eau qui tombe sans discontinuer sur la pelouse de plus en plus grasse du stade municipal.

L'O.M. a eu au Grand Hôtel de Bordeaux une veillée d'armes assez mouvementées. Escale souffrant d'une inflammation des ligaments du genou à dormi avec une vessie de glace sur son membre endolori.

Malgré ces soins et l'assurance que sa blessure est sans gravité, il ne pourra tenir sa place. C'est le jeune Vinson gardien de l'équipe CFA, qui va donc faire ses grands débuts professionnels.

Quant à Tassone c'est au moral qu'il est touché ; un télégramme en provenance de Marseille lui a appris la mort de son beau-père.

Pour les autres heureusement tout va bien.

2e minute

De Bourgoing marque

La partie débute par un véritable coup de théâtre : Guillas passe en dribble court au sens de la défense marseillaise.

De Bourgoing venu de l'arrière poursuit le mouvement, se présente seul devant Vinson, évite aisément la sortie du gardien marseillais d'une feinte élémentaire sur le côté et pousse le ballon dans la cage vide.

Bordeaux 1 - O.M. 0.

Cet incident, il est un vrai de taille, mis à part, le premier quart d'heure est sans histoire.

On note tout au plus un passage de Robuschi sur l'aile droite et la première tentative de l'O.M., de la gauche, Joseph centre fort bien en direction de Erhardt, mais ce dernier ne peut reprendre la balle.

20e minute : à Robuschi

le deuxième but

D'une manière générale l'O.M. grâce à sa défense en ligne porte le jeu dans le camp adverse tandis que les avants bordelais se tiennent à l'affût prêts à profiter de la moindre faille. Scénario maintenant classique.

A la 18ème minute, l'ardent Couecou utilise le moyen le plus simple pour briser la ligne, il passe en deux dribbles et tir sur Vinson, lequel arrête le ballon avec beaucoup de sûreté.

Mais à la 20ème minute, sur une admirable transversale de Leonetti, Robuschi s'envole de son aile gauche et à la manière de De Bourgoing, tout à l'heure, esquive la sortie de Vinson et marque très facilement.

Bordeaux 2 - O.M. 0.

Tout cela s'est passé le plus naturellement du monde, sans heurt, sans cation d'éclat et même sans véritable tir, comme dans du beurre.

Robuschi était-il hors-jeu comme nous l'ont affirmé les joueurs marseillais ?

Pour nous qui étions beaucoup mieux placés que, chose ne fut pas évidente.

Joseph et est Zwunka

blessés

Jusqu'à la mi-temps, il ne se passait presque plus rien, sauf quelques coups de pied douloureux pour ce qui les reçurent.

Le premier eut pour origine un départ en force de Joseph. Bousculant tout sur son passage y compris Rey qui fit un magnifique vol plané, le noir avant-centre obtint un corner mais resta couché au sol.

Entre-temps il avait écopé d'un violent coup de pied sur le mollet. Il devait reprendre sa place un peu plus tard en boitillant.

Peu avant la mi-temps Zwunka en voulant arrêter Robuschi eut le mollet labouré par les crampons de son adversaire.

Lui aussi du sortir quelques minutes avant de reprendre courageusement sa place.

Pour être objectif, ajoutons que Couecou souffrant du ménisque, donna lui aussi les signes évidents de fatigue.

Tassone le plus offensif

Dans le domaine du jeu, toujours au cours de la fin de cette première mi-temps, on devait noter un bon tir d'Hodoul, le seul des marseillais dans l'encadrement, puis une passe arrière de 50 mètres environ et de haute volée de Djorkaeff à Vinson, plus un passage en dribble de Calleja au centre de la défense marseillaise assez vulnérable, hier donc.

Cependant, la seule fois ou le but bordelais parut vraiment en danger, ce fut sur une touche donnée comme un corner par Tassone. Montes rata complètement son dégagement aux poings, mais fut suppléé par ses arrières repliés sur la ligne.

75e minute : Vinson

arrête un penalty

La 2ème mi-temps de l'avis général fut de celle qu'il vaut mieux oublier assez vite. Les deux équipes accusant la fatigue de trois matches joués en une semaine et se produisant sur un terrain extrêmement lourd, furent aussi bien l'une que l'autre très décevante.

Bordeaux se manifesta essentiellement par des départs de Robuschi sur l'aile droite.

Lancé neuf fois sur dix par Leonetti, l'ailier international des Girondins faillit faire passer le score de 2 à 0 à 4 à zéro.

À 60ème minute, un excellent centre ras de terre de sa part fut repris par Couecou à un mètre environ des buts marseillais de face. Miracle ! Le ballon passa dix bons mètres au-dessus la transversale.

À 75ème minute, encore une touche. Mis en position de débordement par Leonetti, Robuschi brûla la politesse à la "ligne marseillaise" évitant Vinson et centra au passage du ballon, Swunka toucha du bras. Penalty. Robuschi voulu le tirer lui-même et ne réussit qu'à permettre au jeune Vinson de faire un très bel arrêt en plongeant.

Un tir de Djorkaeff

L'O.M. luttait toujours avec le courage et la foi qui le caractérise mais ses actions étaient trop brouillonnes pour avoir une chance de prendre en défaut le "béton" bordelais.

Tant et si bien que comme en première mi-temps, l'attaque marseillaise ne tira qu'une seule fois dans l'encadrement.

C'est à Djorkaeff sur coup franc, que revint cet honneur. Montes du poing mit le ballon en corner.

On le voit, l'O.M. hier à Bordeaux, ne se montra peut-être pas suffisamment défensif mais il fut certainement insuffisamment offensif.

Maurice FABREGUETTES

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Le "match gris"

des Olympiens

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

Un match gris comme le temps et que l'on s'empressera d'oublier. L'O.M. n'a pas renouvelé son excellente partie contre Lens et l'on ne saurait dire que l'absence d'Escale fut la cause de cet échec. On ne saurait dire aussi que l'équipe des Girondins dans sa forme actuelle soit un foudre de guerre. Mais hier, pour l'O.M. s'étaient indiscutablement un jour "sans". Rien ne marchait vraiment, ni la défense en ligne dont le dessin fut trop souvent en zig-zag, ni la circulation du ballon, ni le dernier geste, celui qui amène le tir.

Une rencontre terminée, nous avons eu la surprise dans les vestiaires d'entendre joueurs, entraîneurs et dirigeants marseillais pester contre les arbitres, la méthode bordelaise quelquefois... et tout..., et tout...

Dans la déception qui suit une défaite ces propos sont parfaitement excusables. Mais le vrai, le véritable responsable de la défaite de l'O.M. est l'O.M. lui-même. Sans doute comme cela se passe toujours en déplacement l'arbitre favorisa-t-il l'équipe locale. Il est possible que l'un ou l'autre des arbitres de touche ait fermé les yeux sur quelques hors-jeu. Mais il vaut mieux s'attendre à cela que le déplorer après, c'est-à-dire trop tard.

Ne pas abuser de la ligne

A force de voir des hors-jeu partout, on finit par négliger l'essentiel ; empêcher l'adversaire de passer. Et Robuschi sous nos yeux en seconde mi-temps profitant de la science de jeu de Leonetti se promena littéralement à l'aile droite, tout en partant nettement en retrait de la ligne olympienne au moment où son habile partenaire frappait le ballon. Deux buts de nouveaux faillirent être la conséquence de ses multiples passages qui auraient pu être évités. À notre sens, il valait mieux arrêter Robuschi que de le regarder partir en levant les bras au ciel en direction de l'arbitre de touche.

Nous aimons bien la ligne comme d'ailleurs toutes les autres tactiques quand elles sont bien jouées. Mais il faut en éviter l'abus sous peine de la voir se retourner contre ceux qui la pratiquent.

LEONETTI :

un match à Scotti

L'actuelle équipe des Girondins est assez loin du puissant ensemble, de la robuste machine des précédentes saisons. Le rythme n'y était pas hier et certains joueurs comme De Bourgoing, nous ont paru alourdis ou fatigués. En fait à quelques rares exceptions près, toute l'offensive bordelaise tenta la conjugaison de Leonetti et de Robuschi, le premier tirant le maximum de profit, grâce à d'admirables passes, des qualités bien connues de son partenaire Leonetti a fait hier un match à la Scotti par l'extrême précision de son jeu et son sens de la passe (les Anglais disent le "teaming") au moment précis où elle s'impose. À Bordeaux toujours, le gardien athlète Montes fit un bon match et Chorda confirma son excellente condition présente.

Très bon début de Vinson

Le jeune Vinson a fait des débuts remarquables dans la cage de l'O.M. Il ne lâcha pas une balle malgré la boue et l'herbe fusante et arrêta un penalty dans un excellent Steve. Il n'y a pas comme Escale l'habitude des longues sorties indispensables pour un gardien jouant derrière une défense en ligne, mais cela viendra. Dans son ensemble la défense peut-être par l'absence de son gardien habituel, n'a pas eu son rendement maximum. Elle fut plusieurs fois passée en dribble et ne se méfiait pas assez de Robuschi dans la malice n'avaient d'égale que la vitesse. Individuellement les meilleurs éléments furent Tassone, toujours égal à lui-même, et Zwunka modèle de courage. Au milieu de terrain, Destrumelle et Hodoul manquèrent de précision et le calme si leur bonne volonté fut évidente.

Joseph muselé par la défense bordelaise ne put rien faire d'autre que prouver ses qualités de force et d'abnégation.

Erhardt fit une première mi-temps très acceptable, Buron se laissa arrêter, presque toujours irrégulièrement, par Moevi. Tandis que Fulgenzy était le meilleur des quatre.

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Robert DOMERGUE :

"C'est un scandale"

BORDEAUX - dans les vestiaires de l'O.M., la rencontre terminée, nous avons trouvé un robert Domergue de fort méchante humeur et qui ne le cachait pas :

"Cet arbitre est un scandale ! Tous les buts qui nous furent marqués étaient hors-jeu, la partie n'a même pas duré 90 minutes, j'ai compté à mon chronomètre 44 minutes en première mi-temps et 44 minutes 30 secondes en seconde. Et les Bordelais ! Ils menaient 2 à 0 et n'hésitaient pas à dégager en touche. Avec de pareils arbitres et contre de pareilles équipes, jouer au football n'est pas possible !"

Zwunka et les crampons de Robuschi

Les joueurs ont, eux aussi, été extrêmement déçus, mais le plus touché physiquement était Zwunka, sur sa jambe droite, les crampons de Robuschi avaient dessiné un triangle rouge assez impressionnant. Joseph quant à lui, nous a montré sa jambe endolorie et nous avoue qu'il avait reçu un coup de pied sur le mollet. Mais il ne pense pas que ce soit grave. Destrumelle, par contre, paraissait anormalement joyeux. Il nous a donné la raison. Depuis avant hier, il est l'heureux papa d'un petit garçon

Artigas : "Bien content d'avoir gagné"

Le calme Artigas que nous avons rencontré dans le vestiaire des Girondins nous dit : "Que voulez-vous que je vous dise ? Le match a été mauvais, mais nous avons gagné et je suis, je vous avoue, très content de ce résultat. Il m'a semblé que l'équipe de l'Olympique de Marseille abusait un peu trop du jeu de la ligne. Un jeu qui a ses avantages, mais qui présente aussi ses dangers. La preuve aujourd'hui".

 

 

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