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Résumé Le Provencal

du 05 décembre 1966

O.M. MISTRAL EN POUPE

vainqueur d'une brillante bataille contre Nantes

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Les trompettes de Jéricho

Les belles choses, en sport comme ailleurs, viennent d'abord d'une inspiration, de ces chemins non prévus que le talent, la chance aussi et quelquefois le courage empruntent pour s'y exprimer dans le langage inattendu.

Nantes pénétrait hier en début d'après-midi, dans le foyer incandescent d'une équipe marseillaise en pleines retrouvailles. Une sorte de retour dans l'élite du football, où les passions s'allument comme les bougies de l'arbre à l'heure de Noël.

Quand une équipe retrouve une partie de ses vertus, elle supprime ses craintes, elle se bat davantage, elle ne renonce pas.

Le résultat de ce choc, dans sa sécheresse, comble vingt mille spectateurs, mais il déçoit un peu le puriste. Nos amis Fabreguettes et Dupic nous dirons à ce propos, que le football n'est qu'un jeu. C'est tellement vrai !

La fatigue de la tactique est égale à l'humeur des hommes qui appliquent.

Sur ce point, l'O.M. était, hier, en état de grâce.

On s'était délecté par avance, de voir enfin - après une si longue absence - l'équipe nantaise répandre son enseignement sur cette pelouse qui vit tant d'événements. Ce qu'elle fit.

Mais on se demandait aussi comment les hommes d'Arribas s'y prendraient pour endiguer la fureur de vaincre d'un O.M. dont les prétentions étaient aiguës.

Point par point, les espérances du public, jusque-là haletant, inquiet, se réalisèrent.

Ce but arraché en force et dont le nom de l'auteur sonna soudain comme toutes les trompettes de Jéricho réunies, libérait enfin cette foule aux amours fidèles et quelquefois féroces.

Pourtant l'inquiétude l'avait gagné, en première mi-temps surtout, quand le onze nantais avait su enfermer dans le carcan de sa technique, une formation marseillaise, vive, rapide, mais un peu dépassé. Ce n'est que dans le second acte, d'où les hommes noirs jaillirent plus souvent de l'ensemble blanc que les faits marquants changèrent d'auteurs.

Le match a passion, celui qui fait claquer des mains et des pieds commençait.

On connaît la suite.

Qui est peut-être le début des temps nouveaux de l'O.M.

Et sûrement l'acte victorieux qui rend toute une foule et sa religion dominicale.

Lucien D'APO

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VINGT MILLE BRAVES ASSISTENT

A LA VICTOIRE OLYMPIENNE

Un vent à décorner tous les "biou" de la Camargue.

Une pelouse malmenée par les crampons des brillants treizistes.

Exactement, le plus mauvais temps pour le football.

Ni la pluie, ni même la neige de son pire. Seul, un terrain verglacé peut rivaliser avec ce mistral soufflant en rafales froides.

Donc, les mains dans les gants et les gants dans les poches, le cache-nez rendu à son véritable usage, c'est-à-dire monter jusqu'au nez, nous étions prêts à excuser une très mauvaise partie.

Et, avec nous, 20.000 braves qui dès l'entrée des deux équipes sur le terrain, essayèrent de se réchauffer, par la pratique d'une gymnastique vocale sans complication.

Ah ! Ah ! Ah !

C'est par ce cri de guerre de circonstances, que les troupes du capitaine Artelesa furent poussées au combat.

Du beau jeu tout de même

Joseph frappa le premier. D'un magistral coup d'épaule il expédia Budzinski au tapis.

En partant sans doute du principe cher au maréchal Lyautey : "qu'il faut montrer sa force, pour ne pas avoir à s'en servir".

Surprise agréable, le jeu était de qualité.

Aux passes répétées des Nantais, l'O.M. répondait par une grande dépense d'énergie assez bien disciplinée.

L'O.M. se montra menaçant le premier.

Un bon centre de Fulgenzy difficilement arrêté par Castel et un tir puissant, mais en plein centre du but, Joseph, que Castel bloqua sans peine cette fois.

Puis, on put croire que cette méthode nantaise allait s'imposer.

A l'issue d'une fort subite combinaison entre Blanchet, Magny, Simon et re-Magny, ce dernier ajusta son tir.

Là-dessus, une reprise de volée de Simon obligea Escale à concéder un corner.

Un tir redoutable et tendu de Robin, enfin, fusa à coté du poteau droit de l'O.M.

On avait eu chaud, au figuré bien entendu.

Rien d'autre à signaler jusqu'à la mi-temps, sinon que très involontairement le doux Destrumelle marcha sur le talon de Blanchet.

Le tournant du match

Nous avons oublié de vous signaler un petit détail qui eut son importance.

Durant toute la première mi-temps, Nantes avait joué vent dans le dos.

Le football a beau ne pas être le "yachting", avoir le mistral avec soi n'est pas, c'est le cas de l'écrire, un élément négligeable.

Par suite, l'O.M. se mit à dominer.

Une domination de masse et le vent qui mit dans ses petits souliers la défense nantaise.

Il fallut cependant attendre la 60e minute, pour que cet avantage se manifestât.

Avec la précieuse collaboration de Fulgenzy, Fiawoo ajusta un tir sur-puissant, mais légèrement trop haut.

Se rendant alors compte qu'ils risquaient de perdre leur première place, les Nantais, sous l'impulsion de Simon principalement, passèrent la vitesse supérieure.

À la suite de deux combinaisons alertement menées, à quelques minutes d'intervalle, Magny eut, deux fois, le but au bout de son pied.

Il rata ces deux tirs, le second plus facile que le premier... et ce fut, sans doute, le tournant du match.

Djorkaeff imite Magny

Passé ce mauvais moment, l'O.M. réagit aussitôt.

La première manifestation de ce "deuxième souffle" nous valut une image pittoresque si assez peu sportive :

Joseph fonçant, en solitaire, vers le but de Castel, son maillot accroché au col par la main de Le Chenadec.

On se serait cru reporté une bonne heure en arrière, alors que treiziste de Marseille et de Villeneuve s'expliquaient à la loyale.

Coup franc, bien sûr, à 30 mètres des buts nantais.

Ce n'était pas cher.

Là-dessus, Djorkaeff, que l'on avait vu sur tous les points chauds, de la bataille, voulu imiter Magny et réussit parfaitement.

À quelques mètres de la cage nantaise, il tira à côté.

En crut alors que le match nul était inévitable.

70e minute : le but vainqueur

Mais c'était mal connaître Joseph et son inlassable obstination.

Dix fois, vingt fois..., trente peut-être, il s'était heurté à la défense nantaise... en vain.

La même plus une fut la bonne.

Nous étions à la 70e minute.

On vit alors notre "brave" Joseph éviter une charge à la "desperado" de Le Chenadec, s'avancer vers le but de Castel et, comme un grand, passer le ballon à Fulgenzy, seul, face à la cage nantaise.

On atteignit alors le sommet du suspense.

Fulgenzy hésita, piétina. "TIE !" cria la foule... et enfin, l'ex-Sedanais frappa dans la bonne direction.

But ! Non pas encore. De Michele essaya d'arrêter le ballon de la main. Un penalty n'est pas toujours un but. Mais le ballon glissant échappa à la main de l'arrière nantais et passa la ligne.

Vous décrire les embrassades et les hurlements qui suivirent cet exploit à deux serait de toutes façons être au-dessous de la vérité.

Le dernier quart d'heure ne fut pas qu'une simple formalité mais enfin il se passa sans mal pour les des équipes.

Bravo l'O.M. ! et vive Nantes !

Maurice FABREGUETTES

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FULGENZY : "Un but décisif ça fait plaisir !"

À l'issue de la rencontre, nous avons pu interroger M. Gaston Defferre, député-maire, qui était très souriant : "Ce fut vraiment un bon match, et je suis très heureux que l'O.M. ait vaincu le champion de France".

Le président de l'O.M., M. Marcel Leclerc, nous a dit à son tour : "En football pur, nous sommes inférieurs aux Nantais, mais en engagement physique, nous les avons dominés ! Doumergue avait donné comme consigne N.1 à ses hommes de ne pas laisser les Nantais construire au milieu du terrain. Ils ont exécuté cette consigne à merveille ! Mais je crois que le F.C. Nantes sera encore champion de France cette saison !"

L'entraîneur Robert Domergue était rasséréné : "Djorkaeff aujourd'hui, a fourni un très grand match ! Le problème consistait pour nous à récupérer le ballon et nos hommes ont su remplir cette tâche !"

Joseph constatait avec beaucoup de sérieux : "Ce fut un match très dur ! Les Nantais ont lutté très courageusement avec nous".

Artelesa remarquait avec satisfaction : "C'était difficile de jouer avec un vent aussi violent. En 2me mi-temps, nous avons mérité de gagner ce match.

Escale s'est montré laconique mais direct : "Cette victoire, on l'a voulu et on l'a eu !"

Buron s'est exclamé : "C'est mérité, nous avons tous fait preuve d'une magnifique volonté."

Le président d'honneur, M. Luciani, était radieux : "Ce n'est qu'un commencement".

Destrumelle soupirait : "Ce succès nous fait du bien ! Nous en avions besoin !"

Fulgenzy soulignait : "Il fallait vaincre à tout prix ! Quand on marque un but décisif dans un match aussi important ça fait plaisir."

L'entraîneur Mario Zatelli ajoutait : "Ce n'était pas facile, mais battre Nantes même diminué, c'est une performance".

Louis DUPIC

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ARRIBAS : "CA S'EST JOUE SUR UN COUP DE DES !"

Dans le camp nantais, les visages étaient graves. L'entraîneur Arribas n'avait pas envie d'être prolixe : "C'est une partie qui devrait se jouer à pile ou face, sur le coup de dés et c'est ce qui s'est produit !"

Blanchet remarquait sans amertume : "C'était difficile de jouer dans des conditions pareilles. Le mistral ne nous a pas permis de faire deux passes convenables à la suite l'une de l'autre. Les Marseillais ont désiré la victoire plus que nous-mêmes !"

Magny constatait : "Mauvaises conditions atmosphériques ! Les Marseillais m'ont surpris agréablement. Ils se sont battus farouchement et derrière ils ont tenu le coup !

Simon nous a indiqué : "Certes, nous avons perdu mais aujourd'hui nous nous sommes stabilisés en défense, c'est un signe encourageant."

Budzinski soupirait : "L'équipe ne tourne plus comme avant, nous avons besoin de nous reprendre !"

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