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Résumé Le Provencal

du 30 janvier 1967

 

SKOBLAR : ENCORE BOUM !

Son but hebdomadaire bat SOCHAUX

On rappellera la vieille histoire de Grégoire. À son meilleur buteur, il dit un jour : "SI TU VEUX ME MARQUER UN BUT PAR MATCH, JE T'ACHÈTERAI UN FAUTEUIL, CE SIÈGE, MOELLEUX AU POSSIBLE, SERA PLACE SUR LE BORD DE LA TOUCHE, CHAQUE DIMANCHE, APRÈS TON EXPLOIT HEBDOMADAIRE, TU AURAS LE DROIT D'Y VENIR T'Y INSTALLER".

Nous ne pensons pas que Robert Domergue achète à jour un fauteuil Josip Skoblar, ni même un strapontin.

Mai il faut honnêtement reconnaître qu'un joueur marquant un but par match est extrêmement précieux, même quand, comme ce fut le cas hier pour Skoblar, il ne se montre pas au mieux de sa forme.

Ce petit but, qui fit la décision, se situa à la 35e minute.

Casolari venant d'obtenir un coup franc fort contesté par les Sochaliens. Il le tira lui-même. Le ballon fut repris au passage par la tête de Djorkaeff. C'est alors que Skoblar réussit un ciseau on ne peut plus acrobatique, dos tourné au but de Sochaliens.

Pris à contre-pied, Manolios s'avouait battu.

O.M. 1 - Sochaux 0.

Nous ne savions pas, alors, que la partie était pratiquement terminée.

Première mi-temps

blanche

La première mi-temps avait ressemblé à un assaut aux armes mouchetées.

Jeu agréable et bien ordonné, surtout du côté sochalien ou Lassalette et Wisniecki faisaient une assez belle démonstration de virtuosité, mais tirs au but : néant.

Sochaux avait cependant failli marquer dès la deuxième minute.

Une habile combinaison Lassalette - Wisniecki avait ouvert le chemin du but olympien à Schmidt.

Mais Escale sortit, plongea... et le choc entre lui et l'ailier gauche de Sochaux.

Escale s'en tira sans trop de mal, tandis que Schmit devait traîner la jambe gauche jusqu'à la fin de la rencontre.

Exception faite de cet incident et du but de Skoblar, les deux gardiens restèrent inemployés, ou presque, jusqu'à la mi-temps.

L'O.M. attaque

et ne marque pas

Nos notes le prouvent trois feuillets en deuxième mi-temps, contre une en première, la deuxième partie du jeu fut beaucoup plus animée et, pourtant, intéressante.

Il y eut d'abord la grande période olympienne qui fut celle, aussi, des occasions manquées.

7' : Skoblar tire, un coup franc sur la gauche, avec beaucoup d'effet. Le rebond du ballon trompe Manolios et aussi Joseph qui - de la poitrine ! - place ledit ballon sur le poteau.

8' : Bénéficiant d'une glissade de Zimmerman, Destrumelle se trouve seul devant Manolios et n'obtient qu'un corner.

10' : Admirable combinaison, de toute vitesse, entre Skoblar - Brotons. Nouveau corner.

En contrepartie, sur une contre-attaque sochalienne lancée par Lassalette, Escale dut sortir devant Quittet et dégager tant bien que mal.

Joseph servi par Manolios

Le plus drôle se vit à la 15e minute de cette mi-temps.

Manolios, en dégageant son camp du pied, réussit le petit exploit - sans doute avait-il frappé dans une motte de terre - de servir Joseph.

Celui-ci se voit donc seul, de face, à quelque quinze mètres du gardien sochaliens. Il avance, le but paraissait inévitable, mais non ! Joseph s'embrouille si bien qu'après une mêlée épique, Quittet finit par dégager son camp.

Ce fut son plus beau loupé de la partie.

Mais il ne fut pas le seul.

Deux minutes plus tard, Lassalette, le fin technicien, se voit en possession du ballon sur le point de penalty.

Est-ce l'égalisation ? Non ! Le petit, par sa taille, Sochalien, rata complètement son tir.

Wisnieski

rate son numéro

La fin de la rencontre fut marquée par une nette domination de l'O.M. : un tir de Skoblar à demi arrêté par Manolios, un but marqué de la main par Brotons... et quelques centres de Casolari mal exploitées.

Le tout cependant, assez peu efficace.

Sochaux se vit offrir une nouvelle occasion d'égaliser : une passe hasardeuse de Zwunka à Escale trouva Wisnieski sur son chemin. L'ex international tenta une habile déviation, mais ne put qu'effleurer le ballon.

Elle est loin, l'épopée suédoise !

...Et le spectaculaire arbitre M. Bondom, n'avait plus qu'à siffler la fin sur un résultat confirmant les pronostics.

Une fois n'est pas coutume...

Maurice FABREGUETTES

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SKOBLAR, BROTONS, FULGENZY... QUITTET, WISNIESKI, LASSALETTE

quelques éclairs dans la grisaille !

Ce fut une bien morne rencontre. Il est probable que la blessure au genou du Sochalien Schmidt, dès la première attaque visiteuse nous vola une partie du spectacle.

Réduite à deux unités, Lassalette et Wisnieski, l'attaque franc-comtoise ne put pratiquement jamais approcher du but de Escale. Celle de l'O.M., Joseph étant dans un très mauvais jour, Casolari et Brotons s'en tenant au travail d'approche, ne valut que par les éclairs de Skoblar. On est désormais très difficile pour l'étonnant Yougoslave. Beaucoup considèrent qui a fait un match moyen par rapport à ses immenses possibilités.

Mais l'imprécision de ses partenaires ne lui rendit pas la tâche facile.

Il donna sa balle avec précision, démarra comme un pur-sang et attendit qu'on lui renvoie l'ascenseur. Mais il se ne trouva de concours qu'en Brotons qui réussit plusieurs fois à combiner avec lui de façon valable.

* * *

Joseph lui, nous apparut curieusement alourdi et complètement hors du circuit. D'ordinaire on peut lui reprocher beaucoup de choses, sauf ne pas être opportuniste.

Cette qualité précieuse lui fit tout à fait défaut hier. Avec elle, c'est une grosse partie du potentiel offensif de l'O.M. qui s'en allait. Le public lui montra longuement son mécontentement et il y eut même un début d'incident à la sortie des joueurs.

* * *

Brotons tenait ce poste d'ailier gauche qu'il n'affectionne guère. Il s'ennuya une mi-temps le long de la touche puis Skoblar vint à son secours en multipliant les permutations et en lui permettant de venir un peu à l'intérieur du terrain ou est plus à l'aise. À ce titre, Brotons joua une bonne seconde mi-temps.

* * *

Il y eut ceux qui jouèrent à peu près leur rôle habituel : Casolari, Artelesa, Zwunka, Djorkaeff, Destrumelle, Lopez, nous n'oserons écrire Escale. Mais il y eut aussi un étonnant Fulgenzy. Nous savons bien qu'il a été recruté pour les besoins de l'équipe de C.F.A. à laquelle on l'a rendu lorsque certains blessés furent rétablis. Il n'empêche qu'il fut hier le meilleur défenseur marseillais en même temps qu'un des plus redoutables attaquants. Fulgenzy, ce n'est certainement pas l'avenir, mais personne ne songerait, actuellement à lui demander sa date de naissance.

Comme dirait Brassens, le temps ne fait rien à l'affaire. Quand on est bon on est bon !

* * *

Dans cette affaire, et bien qu'assez limités en attaque, les Sochaliens eurent leur chance jusqu'au bout. Il y a chez eux un effort de construction réel, quelques bons joueurs et d'autres qui le sont moins. C'est d'ailleurs le lot de toutes nos équipes. Nous avons apprécié la présence, et quelle présence de leur capitaine Quittet qui fut partout où il le fallait et se montra excellent dans ses interventions, précis dans ses renvois. Il fut bien secondé par Zimmerman, très solide et un peu moins bien par ses arrières latéraux. Le gardien Manolios est bien lourd !...

Laffon nous parut le meilleur des "travailleurs" du milieu du terrain, Dewilder est bien raide, Latron avec l'âge a réduit son activité.

Maryan Wisnieski n'est pas plus combatif que dans le passé. Mais sa technique lui permet d'avoir sa place dans une équipe de première Division.

Lassallette nous plut par son maniement de balle, certes, mais aussi par son agressivité. Voilà un petit bonhomme qui n'a pas froid aux yeux !

Telle que, l'équipe sochalienne nous semble être à sa place au milieu du tableau.

Louis DUPIC

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Le fauve

C'est la première fois que nous voyons jouer Skoblar. Jusqu'ici, nous n'avons pas eu ce plaisir de voir à l'oeuvre cet homme sur lequel le football s'est incrusté comme la lave sur la roche.

On nous l'avait dit déconcertant, usant d'un art confinant au génie de cet art et vorace d'actions difficiles, d'éclats somptueux.

Il est d'abord un footballeur d'instinct. Il est fait pour conduire une balle dans le gazon, la maltraiter et la laisser morte sous les filets, comme d'autres sont doués pour affronter les cuivres d'Aida, la peinture d'avant-garde ou les publics politiques aux humeurs inconstantes.

C'est aussi un curieux mélange d'artiste qui refuse impondérable et entend quelquefois réaliser seul, hors des règles, ce qu'il pense être sa manière propre.

Nous dirons même que notre football, qui pleure des larmes de conformisme, les voit soudain se sécher aux démonstrations de ce tribun au verbe haut.

Son jeu n'est pas un nouveau volet, une nouvelle facette d'un sport dont on croit tout connaître. Il est ce qu'il doit être à l'échelon international.

Le football à cette vertu de n'avoir pas tout livré des incidences d'une simple balle de cuir peut avoir sur l'homme qui s'en sert et sur les foules qui le regardent s'en servir.

Skoblar, c'est le talent, plus autre chose. Nos modestes collectivités nous avaient habitué à la précarité. Bien sûr, il en fut d'autres dont le registre était aussi grand. Simplement, on avait perdu l'habitude du galop d'un pur-sang.

Skoblar, c'est l'imagination plongé dans le plus total des réalismes.

Pour lui, le dialogue avec les rivaux qu'il rencontre au long du terrain nous paraît n'être qu'un prélude au seul face-à-face qu'il souhaite : Skoblar gardien adverse.

Tout ce qu'il fait supérieurement, talentueusement avant n'est que préparation. Toute sa force, toute sa férocité, il la réserve à l'ultime défenseur.

C'est alors là le tigre dont on dit qu'il descend. L'image est alors étonnante, enivrante et parfois angoissante.

Que la fin habite longtemps ce fauve du stade...

Lucien D'APO

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Domergue : "L'attaque éternel souci"

Dans le camp marseillais on était satisfait d'avoir franchi un rude choc. L'entraineur Robert Domergue a analysé le match en ces termes : "Ce fut très difficile, nous avons eu à nous mesurer à une équipe accrocheuse, bien groupée. Le score ne reflète pas la physionomie de cette rencontre. L'attaque n'arrive pas à traduire notre domination !"

Le président Marcel Leclerc se contenait de dire : "Nous nous mettons au diapason de vos adversaires, enfin, nous avons pris deux points."

Artelesa constatait : " C'était difficile, les Sochaliens gardaient bien la balle ! nous avons eu des occasions plus nettes que nos adversaires."

Djorkaeff soulignait : "Ils reviennent bien derrière, les Sochaliens ! Il y avait beaucoup de monde pour marquer des buts ! Nous aurions dû en réussir deux ou trois".

J. Zwunka : " Ce fut dur ! Les Sochaliens jouent bien propres. Ils ne recherchaient que le match nul, la preuve, Lairon jouait en supplément au milieu de terrain. Ah ! si nous avions été un peu plus adroits".

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(Photo : collection personnelle de Pierre Lanfranchi)

 

 

 

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