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Résumé Le Provencal

du 16 avril 1967

 

L'O.M. livre un match de Coupe

mais s'incline (1-2) à Strasbourg

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

STRASBOURG - Pour avoir vu au petit matin les chutes du Doubs recouvertes de glace, nous redoutions quelque peu cette nocturne alsacienne.

La température était pourtant relativement douce, au moment ou l'O.M. et Strasbourg abordaient la rencontre, la pelouse et l'éclairage étant également remarquable.

Parmi les spectateurs : les joueurs de water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille, Alex Jans en tête et un illustre visiteur germanique, Sa Majesté Fritz Walter en personne.

5e minute :

but de FARIAS

La 5me minute n'était pas écoulée que Strasbourg avait déjà ouvert la marque. Muller envoyait une balle tendue en profondeur sur laquelle le rapide Hausser grillait Tassone et donnait au centre, à Farias.

L'argentin, tout à fait libre de ses mouvements, marquait du bout du pied, comme à la parade. Cette très pure action alsacienne située entre deux entreprises dangereuses de l'O.M. menait par Djorkaeff et Skoblar ; l'un et l'autre tiraient à côté.

Le premier, de près, à la suite d'un corner ; le second terriblement fort, au ras du poteau.

Muller et Farias nous donnaient ensuite un aperçu de leurs possibilités, fort heureusement car, dans le fond, il ne se passait pas grand-chose, les Alsaciens contrôlant assez normalement le jeu.

À la 23e minute

JOSEPH égalise

Leur gardien Schuth ne s'était pas montré très à l'aise sur les balles hautes et cela allait causer sa perte. À la 23me minute chargé vigoureusement par Joseph, sur un coup franc de Destrumelle, il lâcha la balle que le Camerounais s'empressait de placer au fond. Les protestations des joueurs alsaciens et les cris du public laissaient M. Bondon inflexible et le match se poursuivait dans une atmosphère d'émeute, tandis que les accrochages se multipliaient sur le terrain.

L'O.M. passer un bien mauvais moment et Mershell tirait de volée au ras de la barre, à la 30me minute.

Peu après Muller adressait un extraordinaire coup franc que Escale allait chercher dans la lucarne, à la 35me minute.

C'est juste avant la pause au tour de Schuth d'être inquiété encore par Joseph et cela amena une nouvelle algarade.

On arrivait ensuite à la mi-temps.

Dès la reprise, Hausser terminait la première phase locale par un très bon tir lobé du pied gauche qui passait juste au-dessus de la transversale.

53e minute :

ARTELESA sauve

Peu après, se situe une action extrêmement spectaculaire. Muller croise le jeu de droite à gauche avec Farias réussissant une reprise de la tête, à contre-pied devance Escale, mais non Artelesa, bien revenu qui réussissait à décocher acrobatiquement un coup du revers.

Ce début de seconde mi-temps avait d'ailleurs déjà amené de longues balles des défenseurs marseillais portant le danger dans le camp alsacien.

Un nouvel accrochage entre Muller et Hodoul amenait une longue palabre et une pluie de coups francs contre l'O.M. généralement sifflés au petit bonheur.

But de Hausser

L'un d'entre eux allait être fatal aux Marseillais. Mershel drossait la balle qui heurtait la transversale, revenait en jeu et était poussé dans le but par Hausser. Sur la contre attaque qui suivit, on voyait Joseph aux prises avec toute la défense locale. Il recevait un coup de pied et une pluie de boîtes de bière.

Depuis longtemps le match n'était qu'une série d'actions plus rudes et confuses les unes que les autres. M. Bondon intervenant au hasard. En frôlait la bagarre générale, quelques pitreries de Muller venaient fort à propos détendre l'atmosphère.

Schuth arrêtait difficilement un coup franc de Djorkaeff à la 77e minute.

L'O.M. joue sa chance courageusement. Burkle supplée même Schuth battu par Joseph 84e minute.

Les dernières minutes furent éprouvantes, mais la victoire restait alsacienne.

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La joie de jouer retrouvée

Nous avons retrouvé, hier à Strasbourg, l'O.M. qui nous avait plu lors des matchs "aller", par son esprit de corps, sa rage de jouer, son tonus.

N'avons pas reconnu en cette équipe dynamique, vive, ardent et solide (ô combien), la formation qui avait volé en éclats à Rouen, très exactement une semaine auparavant.

Comme quoi, football à de ces mystères, de ses miracles !

La déroute de Rouen avait fait cette semaine, couler beaucoup d'encre et de salive. Des paroles amères avaient été échangées. Elle aura, pourtant, eu pour mérite de remettre tout le monde sur la bonne voie.

"Jouez avec vos moyens", avait répété Robert Domergue à ses joueurs. "Ne vous posez pas en démonstrateurs. Frappez fort dans le ballon, courez et sautez".

Ce qu'ils firent.

Opérant devant les bons techniciens strasbourgeois comme le font les amateurs lorsqu'ils rencontrent des professionnels en Coupe de France.

Tous jouèrent avec une détermination farouche et, les Alsaciens n'étaient pas des fillettes cela nous valut 90 minutes de football d'une rare intensité, malheureusement gâché par la faiblesse de M. Bondon qui ne sut jamais séparer le bon grain de l'ivraie, les charges rudes mais loyales de Joseph des "vacheries" de Muller.

Laissant s'accomplir les actions les plus dangereuses et les plus illégales, sanctionnant des vétilles, M. Bondon fut à l'origine du climat de tension qui ne cessa de régner et fut fatalement défavorable aux visiteurs.

L'O.M. pouvait difficilement gagner ce match, mais il aurait mérité d'obtenir le nul, et c'est véritablement un miracle si la balle, au cours du dernier quart d'heure, n'acheva pas sa course au fond des filets alsaciens.

La bonne partie d'ensemble des Marseillais aurait mérité de trouver, là, sa récompense. Car ils sont à l'abri de tout reproche. Ils jouèrent un football d'engagement, dénué de toutes fioritures, du gardien Escale (dont les interventions au poing furent très nettes) à l'ailier gauche Casolari saisi, comme Lopez ou Hodoul d'une véritable fureur sacrée.

Mais les autres, Zwunka, Tassone, Destrumelle, Djorkaeff, un Artelesa, un Joseph retrouvés ne méritent aucun reproche.

Et ce n'est pas un hasard si, dans cette corrida, le meilleur technicien marseillais, Skoblar, fut aussi le moins à l'aise.

Les Alsaciens, bien sûr, dispose d'arguments supérieurs, en attaque surtout, où la virtuosité de Farias et de Muller s'allient heureusement à la vitesse de Hausser et à technique sûre et dépouillée de l'excellent Mershell.

La défense joue de façon anonyme, et si ce n'étaient les numéros, nous serions bien incapables de distinguer Munoz de Sbaiz et Lazarus.

Le gardien Schuth, enfin, ne fut pas à la noce sur les charges vigoureuses mais loyales de l'athlétique Joseph, auquel ses défenseurs réservèrent un traitement de choc.

Encore une fois, l'O.M. n'a pas à rougir de sa défaite. Il a été battu par une équipe très complète et très déterminée, qui ne pouvait pratiquement perdre dans le contexte de ce match hors-série mais trembla cependant jusqu'au bout.

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Le choeur des Marseillais :

"Un arbitrage navrant"

Les Marseillais étaient partagés entre le plaisir d'avoir joué un bon match et la déception d'avoir vu M. Bondon laisser faire un peu près tout ce qu'ils voulaient aux alsaciens.

"Je préfère ne rien dire !" laissa tomber Robert Domergue alors que les joueurs étaient beaucoup plus violents.

"Nous pouvons bien dire que nous avons été volés, disaient-ils. Hausser était nettement hors-jeu lorsque le ballon lui est revenu et qu'il a marqué le deuxième but. Quant à Muller, il a commis à peu près une irrégularité à la minute !"

M. Leclerc concluait : "Je suis tout de même satisfait. Notre équipe a montré aujourd'hui qu'elle n'était pas au bout du rouleau et que son esprit de corps était intact".

 

 

 

 

 

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