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Résumé Le Provencal

du 16 octobre 1967

 

L'O.M. AUX AVANT POSTES

Trop tard Teysseire !

Pour l'O.M. c'était déjà gagné (2-1)

La tradition veut qu'un derby provençal soit qualifié de haut en couleur.

Hier, à Aix, la couleur était surtout en haut. Dans le ciel, sur les collines dominant le stade du Tholonet... et jusqu'aux cheminées bariolées d'audacieux supporters accrochés au rouge de la grue géante posée à côté de la future piscine.

Pour arriver au stade, il fallait de l'obstination, de la patience, de la ruse et une certaine virtuosité dans l'art de conduire un véhicule automobile.

Une véritable division motorisée, venue en ligne directe de Marseille, était la cause évidente de ce monstrueux embouteillage.

Tout à côté de notre "I.D." jaune roulait fièrement, entre Luynes et le Pont-de-l'Arc, une vieille "Aronde" bleue sur les flancs de laquelle on pouvait lire, écrit à la craie :

"Joseph cinq buts !"

C'est beau l'espérance !

La grande période de l'O.M.

À la 20me minute, reprenant un centre de Robuschi, Joseph marquait le second but de l'O.M.

Le match, ce fameux derby, supposé bruyant, passionnant, heurter, indécis... et nous en passons... se jouait dans un silence de cathédrale.

L'O.M. semblait faire sienne la phrase que l'on prête à qui vous savez :

"Laissez venir à moi les petits Aixois".

En fait, les Olympiens "jouaient fort bien le coup", pour user d'une expression plus prosaïque.

Face à une équipe aixoise pratiquant un gentil petit football de salon "à toi", "à moi", "à re-moi", "à lui", ils jouaient fort bien, avec beaucoup de réalisme.

Solidité en défense, sobriété au centre du terrain et changement de vitesse à chaque attaque.

Tant et si bien d'un côté, tant et si mièvrement de l'autre, qu'à la mi-temps on se demandait si tout n'était pas déjà dit.

Menant par 2 à 0, la meilleure équipe du jour, passablement chanceuse par-dessus le marché, paraissait invincible.

Le rideau blanc

C'est alors - Tassone blessé ayant été remplacé par Novi - que l'O.M. choisit de tirer le rideau blanc de sa défense renforcée, devant l'attaque aixoise.

Ici les avis seront partagés. Les uns diront : "C'était la bonne méthode, puisque l'O.M. a gagné".

Ce à quoi d'autres rétorqueront : "Ce fut un excès de prudence qui faillit coûter la victoire aux Marseillais".

Évitons de conclure. Le charme du football tient essentiellement dans la diversité des opinions, reflet des milliers de combinaisons que peut provoquer la rencontre d'un ballon rond et de 24 jambes concurrentes.

Quoi qu'il en soit, après 26 minutes de domination stérile, coupées de quelques fracassantes contre-attaques olympiennes (un but de Joseph, de la tête, refusé pour hors-jeu, et un tir de Casolari sur le poteau), l'inévitable se produisit.

Admirablement lancé par Leonetti, Teysseire prit Djorkaeff de vitesse, tira le dans la foulée et marqua.

2 à 1 seulement, à 17 minutes de la fin, nous retrouvions le derby perdu : son ambiance électrique, ses cris, son incertitude... et même une bagarre de style sud-américain dans la tribune découverte.

Trop tard, Aix !

Ce but eu pour effet principal de transformer totalement équipe aixoise.

Teysseire redevint soudain le "battant" dynamique et précis qu'il sait être parfois ; Yansanne parut retrouver ses meilleures jambes ; Cosssou usa avec bonheur du changement de rythme ; Gassert s'infiltra avec bonheur sur la gauche...

Bref, les Aixois nous montrèrent ce qu'il fallait faire pour avoir une chance de battre l'O.M.

Mais, il était trop tard, et si Escale trembla à plusieurs reprises, il put, en définitive, aidé par tous ses partenaires, conserver les deux précieux points de la victoire.

Ce qui fait qu'il y en eut pour tout le monde, la rencontre terminée.

Les Aixois partirent, en disant : "Nous méritions au moins le match nul".

Les Olympiens reprirent la... longue route de Marseille en pensant : "Peut-être, mais c'est nous qui avons gagné."

Bonnel et Teysseire

Après une rencontre aussi changeante dans son déroulement, il est toujours difficile de juger les joueurs.

À l'O.M., si l'on veut faire une juste moyenne le plus constant fut Bonnel que l'on vit, avec bonheur, sur tous les points chauds du terrain, du commencement à la fin.

Donnat prouva, une fois nouvelle fois, qu'il tirait juste à mi-distance, comme le disent les basketteurs.

Joseph pesa de tout son poids sur la défense aixoise et marqua son petit but quotidien. Le 5me en 5 rencontres consécutives.

On n'a aucun reproche à adresser aux autres qui, dans la mesure de leurs moyens, firent tous un match sérieux et utile.

À Aix, la palme de la régularité devait revenir à Sejnera, à Rault et à Gauthier.

Teysseire fut le grand bonhomme de la 2me mi-temps, tandis que Cossou, Yansanne et Gassert n'eurent que le tort de réveiller trop tard.

Leonetti, enfin valut par quelques actions techniques de classe.

Maurice FABREGUETTES

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AIX - O.M. un dernier quart d'heure dramatique

Les retardataires se bousculaient encore aux guichets et aux portes des diverses enceintes, des ayant droits se brandissaient des billets au visage, que Joseph donnait le coup d'envoi, salué d'un immense "Allez l'O.M. !"

Tout ce monde avait une première raison de s'extérioriser lorsque Bonnel, de près et de volée, marquait un but refusé pour hors-jeu (4me minute). Leonetti répliquait par un très bon tir bien arrêté par Escale (5me minute) avant de placer une balle au-dessus en conclusion d'une attaque menée par Cossou (8me minute).

14e : but de Donnat

L'O.M. obtenait un corner sur lequel l'ami Gauthier balançait proprement Joseph. La balle revenait vers Donnat la reprenait directement et la logeait dans le coin à de la droite de Varini, trompé par une intervention ratée de Rossi.

Ce but récompensait la plus grande maturité de jeu de loin.

Mais cet avantage était bien près de se trouver détruit : à la 18me minute, Escale ratait un dégagement du poing, mais intervenait prestement dans les pieds de Cossou qui, peu après, à la 23me minute, plaçait un "retourné à côté.

24e : but de JOSEPH

Devant une défense pétrifiée l'O.M. obtenait tout aussitôt un second but... Varini repoussait bien un tir de Robuschi mais Joseph se montrait le plus vif et marquer de près.

Encore deux minutes, et Varini devait s'envoler pour cueillir du bout des doigts la reprise d'un centre de Bonnel. De la tête bien sûr. Sacré Joseph !

31e : Tassone blessé

Le cap de la demi-heure était atteint lorsque Gauthier blessait Tassone qui permutait avec Casolari tandis que Novi s'échauffait sur la touche.

Le numéro 12 marseillais entrée en jeu à la 39me minute et l'O.M. au rythme brisé par cet incident de dix minutes de flottement normal, se tirait tant bien que mal d'affaire jusqu'à la pause.

Mais Aix, n'arrivait à se manifester que par un tir sec, malheureusement trop enlevé de Cossou.

C'est encore sur un tir de Leonetti cette fois que débutait la seconde mi-temps Escale étant à la parade.

51e minute : Casolari

sur le poteau

Après un raid isolé de Bonnel, c'était une bonne attaque générale de l'O.M. La balle allait de Bonnel à Joseph. Casolari se démarquait au centre et sa reprise trouvait le poteau ! La mauvaise chance s'abattait ensuite sur l'Aixois Teisseire qui à la suite d'un contre ahurissant, voyez la balle au moment d'entrer dans le but marseillais, sortie in extremis par Artelesa (55me minute). Il avait tout juste une heure de jeu lorsque Donnat réussissait un de ces tirs lointains qu'il tente à l'occasion. Varini se couchait sur la balle.

65e : raté de Yansane.

Cinq minutes plus tard, au terme d'une attaque locale, Gassert passait à Yansane complètement démarqué au point de penalty et le fin Abdou ratait tout à fait son tir... Le temps de soupirer et, sur coup franc, Joseph plaçait un coup de tête victorieux tandis que le drapeau du juge de touche s'agitait. Hors-jeu, mais l'action était belle.

72e : Teisseire marque

Il était dit que l'O.M. ne pourrait s'acheminer gentiment vers une victoire douillette. Servi en profondeur par Leonetti, Teisseire sprintait côte à côte avec Djorkaeff, qui ne pouvait l'empêcher, entré dans la surface et décocher un tir à crever les filets. Un tir qui modifiait radicalement les données du problème. De chasseurs l'O.M. devenait gibier !

18 minutes épiques !

Il restait 18 minutes à jouer. Galvanisés par le but magnifique de leur camarade, les Aixois allaient en faire18 minutes de domination massive ! Les Marseillais faisaient flèche de tout bois et si la victoire allait leur rester ce ne devait pas être sans mal.

À la 77me minute, Teisseire l'homme du premier quart d'heure, expédié un centre tir que Escale déviait en corner avec la complicité de la barre. À la 80e minute ce même Teisseire percutait le montant une reprise terrible. Les dix dernières minutes ne permettaient pas aux Aixois d'obtenir le nul qui était à leur portée !

 

Louis DUPIC

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L'opinion unanime :

"AIX méritait le nul !"

Le derby Aix - O.M. qu'attendaient les supporters des deux équipes s'est déroulé dans les meilleures conditions. Nous entendons par-là que la correction des joueurs fut à l'image de celle du public et vice versa. La foule envahit le petit stade aixois près de deux heures avant le match et une demi-heure avant le coup d'envoi les places encore disponibles furent presque prises d'assaut. Tous les records établis dans ce même stade furent battus hier après-midi ; c'est dire combien les trésoriers avaient le sourire !

Dans les vestiaires tout se passait normalement. Autrement dit aucune parole amère des vaincus, pas la moindre explosion de joie chez les vainqueurs. Personnellement, en franchissant la porte des vestiaires marseillais, nous eûmes cet aparté : Tiens, il semble ici que l'on est heureux de n'avoir pas perdu un point au cours de la deuxième période. À côté, ceux que nous retrouvâmes quelques minutes plus tard pensaient à l'égalisation manquée malgré le handicap de 2 buts au repos.

Domergue a pensé

au coup de Sedan

Pour Robert Domergue, Aix est une équipe accrocheuse et qui finit mieux qu'elle n'a commencé.

"Je connais bien les Aixois pour les avoir vus plusieurs fois et notamment contre Sedan. Je sais qui sont capables de renverser la situation dans l'espace d'un quart d'heure. Je vous assure avoir pensé au coup de Sedan lorsque les joueurs ont repris possession du terrain. Nos adversaires auraient pu égaliser, mais comment l'arbitre a-t-il fait pour situer Joseph hors-jeu, quand le Camerounais a repris de la tête le coup franc de Bonnel ?"

Pour Mario Zatelli il reste encore des défauts à corriger chez les Phocéens, mais : "L'O.M. n'est plus qu'à un point du leader". Tassone, lui, se penche sur son genou blessé et nous dit : "Gauthier a marché sur mon genou et j'ai vu 36 chandelles. J'ai été dans l'obligation de me faire remplacer mais la douleur s'est maintenant atténuée".

Notre vieille connaissant Jacques Casolari était presque peiné d'avoir battu l'ASA : "Un nul aurait est bien accueilli par mes anciens camarades, qui l'auraient d'ailleurs mérité, compte tenu de leur bonne deuxième mi-temps. En ce qui me concerne, j'aurais aimé marquer un but, mais le poteau ne l'a pas voulu. Je dois avouer que j'étais nerveux et cela c'est pour moi un handicapé."

Jean-Pierre Escale ajustait sa cravate lorsque nous arrivâmes à sa hauteur. Il n'hésita pas : "Pourquoi vous cacherais-je ma joie d'avoir gagné ? Je pense que les Aixois ne sont pas à leur place : ils jouent bien, mais rien ne leur réussit".

M. Herczeg : "Nous méritions un point". Le président Garcin pense que le public aurait été satisfait du spectacle. Quant à l'entraîneur Herczeg, il estime que ses hommes méritaient de retirer un point du derby provençal. Puis il explique que leur départ assez lent : "C'est l'appréhension qui réduit leurs moyens. Ces gars actuellement mal classés sont longs à prendre confiance en eux. Aujourd'hui, ils ont terminé très fort. Dans l'ensemble les positions de tirs ont été bien préparées mais la concrétisation de frapper qu'une seule fois à la porte des Aixois".

Varini est assez déçu. Écoutons-le : 'J'encaisse un but marqué par Rossi qui a cru bien faire en frappant le ballon. J'étais bien placé pour bloquer le cuir. Je concède un deuxième but vraiment bête, car j'ai la conviction que mes défenseurs auraient dû écarter le danger avant que ne surgisse Joseph."

Revelli, Sejnera et Yansanne sont d'accord : "Quelle malchance, ; un nul aurait été plus logique" nous ont-ils déclaré.

M. Pierre Guindon est persuadé que l'équipe aixoise ne s'est exprimée qu'en fin de match à cause de son classement ; lui aussi est partisan du "nul plus logique".

Laissons le mot de la fin à Francis Rossi dont c'était la rentrée : "Il faut retenir que ce fut un derby correct et agréable. Sans doute le partage des points eût-il reflété plus fidèlement la physionomie de la partie. Nous nous devons de remercier les spectateurs venus très nombreux".

Lucien Bizot

 

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