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Résumé Le Provencal

du 29 janvier 1968

 

A la loterie des "têtes"

Lille a tiré le gros lot

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

LILLE - Symphonie lilloise en gris mineurs.

Une rencontre, vue des tribunes, étant faite essentiellement d'impressions, nous ne saurions mieux résumer les nôtres à la fin de ce Lille - O.M.

Sous un ciel aussi bas que le plafond de notre salle de rédaction, la partie débuta à l'aube - cette aube que les spécialistes des faits divers qualifient de blafardes - et se termina au crépuscule.

Entre-temps, on ne vit jamais le jour.

Les deux équipes se battirent avec une bonne volonté digne d'éloges, mais le jeu, fait de part et d'autre de trop de petites choses qui n'arrivaient presque jamais à leur terme, fut d'une désolante stérilité.

Deux buts sur corner

Certes, les Lillois marquèrent deux buts, mais tous deux sur corner. C'est la première fois, depuis le début de la saison, qu'ils connaissent pareille fortune, et c'est la première fois aussi, depuis le début de la saison, que l'O.M. est victime de pareille mésaventure.

Il s'agit donc d'un accident assez peu banal, mais force nous est d'écrire à présent que l'O.M., s'il eut les événements contre lui, ne fit pas grand-chose pour les mets de son côté.

L'équipe marseillaise, comme elle le fait souvent en déplacement, joua avec une très grande prudence défensive, ne semblant compter que sur les hasards du jeu pour conclure.

Cette méthode, si toutefois méthode il y a, à parfois ses avantages, mais aussi ses inconvénients.

Exemple hier à Lille, ou de simples péripéties transformèrent ce qui aurait pu être un honorable match nul, en nette et indiscutable défaite.

L'O.M. égal à lui-même

Pourtant, nous n'avons rien à reprocher aux joueurs olympiens. De Destrumelle, le marathonien, à Djorkaeff et à Tassone, tous deux très offensifs, ils jouèrent comme ils le font toujours et parfois avec un admirable esprit de corps.

Toutes les balles, surtout tous les points du terrain, furent disputées à mort et chacun y mit du sien, nul ne songea à se camoufler, et sur l'ensemble de la rencontre, l'équipe marseillaise ne parut jamais inférieure à sa rivale.

Mais à ce travail de titan, à cette débauche d'énergie, il manque évidemment le fil conducteur, intelligence du jeu qui permet, par un sens plus rapide de la chose à faire, d'économiser ses forces.

L'O.M. 68, et de force indiscutable mais aveugle, au moins dans la partie offensive.

Ce défaut apparut d'autant plus nettement hier, que sur un terrain extrêmement lourd, les courses avec le ballon, les flux et reflux de joueurs sur toute la longueur du terrain finissent par être épuisants.

Ne critiquons pas trop cette équipe qui, ne l'oublions pas, a obtenu en championnat un excellent résultat moyen.

Mais il est certain qu'elle sera meilleure encore le jour où elle pourra discipliner ses efforts, ne plus confondre vitesse et précipitation.

La leçon de Bourbotte

Le L.O.S.C. souffre à peu près des mêmes défauts. De l'énergie à revendre, une défense très forte, mais une inefficacité qui, elle, paraît presque chronique.

Hier, l'équipe lilloise fut avantagée par l'état du terrain et elle eut, de plus, la chance de marquer deux buts sur corner, ce qui explique sa victoire.

Il est tout de même curieux de constater que le héros lillois du match fut le vétéran Bourbotte, l'homme de la génération précédente. Par son calme, son sens de la passe facile à faire au moment opportun, lui qui courut le moins et le moins vite sur le terrain, prouva à tous que la façon dont jouent la plupart de nos équipes en 1968, n'était peut-être pas la bonne.

Dans cette équipe lilloise, on notera avec aussi l'excellente frappe de balle de Watteau, le travail inlassable d'Andrien et de Michelin, la vivacité du petit Houen et le calme de Stakowiak, le capitaine et organisateur de la défense.

Il est très difficile, sinon impossible de juger à titre indicatif duel les Olympiens.

Les fautes qui leur coûtèrent deux buts sur corner, furent des fautes collectives.

Quant au problème de leur attaque il est aussi d'ordre collectif.,

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Le petit Houen et le vétéran Bourbotte

ont condamné l'O.M. (2-0)

LILLE - Contrairement à ce qui avait été annoncé à Marseille, le coup d'envoi est sifflé à 15 h 30. Le gris très foncé du ciel laisse supposer que l'on finira à la lumière électrique. Bien que la pluie ne soit que fine et intermittente, la pelouse est extrêmement grasse, donc lourde et fatigante.

En première mi-temps, les 22 joueurs ont beaucoup couru, faisant la preuve d'une condition physique et d'un esprit de corps exemplaire pour un résultat dérisoire. Disons pour user d'une vieille formule, que les défenses renforcées de part et d'autre ont pris nettement le pas sur les attaques éparpillées et toujours inférieures en nombre.

Jusqu'à la 38me minute, le gardien lillois Samoy ne toucha pratiquement pas le ballon.

Mais si Lille domina durant toute cette longue première période, Escale fut surtout menacé par ses partenaires.

À la 3me minute, il dévia en corner une balle mal dégagée par Zwunka. À la 25me minute, sur une passe en retrait très mal venue d'Hodoul, il fut blessé par Houen.

Pour le reste, les manoeuvres trop lentes de l'équipe lilloise facilitèrent le regroupement des défenseurs olympiens autour de leur "couvreur" Artelesa.

Les cinq minutes de l'O.M.

A la 38me minute devait commencer ce que nous appellerons la grande période de l'O.M. Très courte mais dense. Elle débuta de façon curieuse, Joseph profitant de plusieurs erreurs consécutives de ses adversaires directs, partit seul en direction de Samoy. Il ne put ajuster suffisamment son tir et le gardien lillois, du pied, repoussa le ballon en corner.

Ce corner, fort bien tiré par Gueniche, donna lieu à quelque mètre du but lillois à une mêlée digne de France-Irlande.

Le ballon difficilement dégagé par les défenseurs de Lille, fut aussi repris et centré par Destrumelle en direction de Joseph. Ce dernier fut contré par Samoy et Adamczyk. Le ballon sous l'effet conjugué de ces trois joueurs de poids, glissa vers la gauche ou se trouvait Gueniche, lequel tira directement du gauche. But ? Non ! L'arrière Guimbault le barbu de la rencontre, s'interposa de tout son corps, et ce fut un nouveau corner.

Nouveau cafouillage, d'où sortit Novi en bonne position de tir. Mais le jeune demi-olympien n'est pas Puskas, et le ballon, mal frappé, pris la direction des 6 mètres.

0 à 0, donc à la mi-temps.

Houen de la tête

A la reprise, les Lillois attaquèrent les premiers, Houen ayant esquivé la charge d'Hodoul sur la droite, centra joliment en retrait vers Perrin. Reprise direct et foudroyant de l'avant-centre lillois, le ballon heurtant le poteau droit.

Nous venions d'assister à la meilleure offensive de la rencontre.

Quatre minutes plus tard, Hodoul concédait un corner à Watteau. Celui-ci le tirait lui-même. Un corner court, frapper de la tête au passage par le petit Houen... et c'était le premier but de la rencontre.

L.O.S.C. 1 - O.M. 0.

Peu après, nouvelle attaque lilloise partie de la gauche. Centre de Watteau, reprise directe de Perrin (encore lui), le ballon allait s'écraser sur le grillage à gauche du but d'Escale.

Bourbotte habile

Il fallut attendre la 58me minute pour assister au deuxième événement de la rencontre.

De la gauche, Watteau adressa un long centre en direction d'Escale. Le gardien marseillais laissa échapper le ballon concédant ainsi un corner assez inattendu.

Watteau devait tirer ce corner comme le premier, mais de la gauche cette fois. Il le tira également cours et Bourbotte, le vétéran, fut assez heureux et habile pour, de l'arrière de la tête, dévier le ballon dans la cage d'Escale.

L.O.S.C. 2 - OM 0.

À partir de ce moment, le L.O.S.C. paraissant se contenter de cette avance, l'O.M. devait dominer jusqu'à la fin mais sans jamais réussir à placer un de ses attaquants en bonne position de tir.

Il est vrai que devant le but lillois il y avait foule, ce qui n'arrangeait rien.

Cependant, à la 68me minute, Gueniche bénéficiait d'un magistral loupé de Stakowiak. Il se trouvait ainsi seul, balle au pied, à quelques mètres de Samoy. Malheureusement pour lui pour l'O.M. en voulant trop bien placer son tir, il expédia le ballon quelques centimètres à gauche du poteau.

Pareilles occasions ne se reproduisit plus, et à 5 minutes de la fin, alors que l'on avait de la peine à distinguer les joueurs, Artelesa, en voulant passer à Escale, réussit un superbe lobe de 35 mètres au moins, et l'on vit le ballon passer à 50 cm de la cage marseillaise pour finir en corner.

 Maurice FABREGUETTES

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Robert Domergue : "Deux erreurs impardonnables"

LILLE - Dans le vestiaire olympien, la rencontre terminée, c'était la consternation. Devant le micro d'un poste lillois de radio Robert Domergue devait déclarer :

"Quant on commet, en déplacement deux erreurs défensives aussi grave que celle que commit notre défense, il est impossible de gagner.

"Équipe de Lille m'a paru volontaire mais je pense qu'elle était à notre portée.

M. Leclerc, pour sa part, nous a fait remarquer que ce n'est pas une catastrophe, c'est simplement une péripétie.

"Certes nous aurions pu gagner cette rencontre ; mais il faut savoir s'incliner. Nous serons certainement plus heureux pour la suite du championnat."

Et d'ajouter :

"C'est d'autant plus regrettables que nous aurions pu aujourd'hui reprendre un point à Saint-Étienne qui vient de faire match nul contre le Red Star."

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Langrand : "Battre l'O.M. n'est pas une petite chose"

L'entraineur lillois Langrand, qui est bien connu à Avignon, était, on s'en doute, radieux. C'est donc avec le souris qu'il nous a dit :

"Je suis très content de cette victoire. L'O.M. est une équipe très difficile à jouer et je pense que nous réussirons cette saison à nous en tirer. Ce n'est pas par hasard que Watteau a tiré ses corners de cette façon. Nous nous sommes aperçus que nos joueurs étaient petits et, par suite, que nous aurions intérêt à tirer nos corners très courts. C'est ainsi que Houen et Bourbotte ont réussi à marquer deux buts extrêmement précieux."

 

 

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