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Résumé Le Provencal

du 15 janvier 1968

 

Un match anonyme

NIMES (1-0) raye l'O.M. de la Coupe

(Commentaires : Maurice FABREGUETTES)

Les minutes tournaient... tournaient... sur le chronomètre de M. Kitabdjian.

Nîmes, jouant franchement défensive, pour protéger son avantage d'un but, l'O.M. attaquait par tous les joueurs du champ, moins Zwunka attaché aux basques de Gianella. Artelesa, capitaine courageux, s'était porté en position de deuxième avant-centre, à côté de Joseph.

C'était le dernier "rush" des Olympiens, leur ultime espoir d'arracher l'égalisation.

Or, pendant ce quart d'heure final qui aurait dû être pathétique, nous n'entendîmes jamais la voix des supporters marseillais.

Ils étaient pourtant nombreux, hier à Arles. Ils crièrent, agitèrent des banderoles avant la rencontre, encouragèrent leur équipe quand elle entra sur le terrain, mais s'éteignirent assez vite aux fil des minutes.

Cette indifférente progressive des spectateurs pour ce qui se passait sur le terrain est, sans doute, ce qui caractérise le mieux ce match de Coupe, ce derby sudiste que l'on supposait passionné et passionnant.

Ni bien, ni trop mal joué, même pas violent, il fut affreusement anonyme.

L'O.M. est tombé sans que le résultat puisse contesté et sans que ses joueurs, pourtant pavés, comme l'enfer, de bonnes intentions aient parut se rendre compte de ce qui leur arrivait.

Un O.M. inoffensif

Finalement, tout s'est joué à la 38me minute.

Garnier, dont le tempérament offensif est bien connu, partit balle au pied sur la droite et centra, comme un véritable ailier devrait le faire : trajectoire du ballon basse, tendu, allant à la rencontre de la rencontre de ses partenaires du centre.

Gianella d'une reprise acrobatique, trompa Escale.

L'O.M., qui ne savait pas encore, était déjà éliminé.

On mesure généralement la qualité de l'intensité véritable une partie au nombre des actions offensives terminées par un tir dans l'encadrement, ou de peu à côté.

Hier, ces actions furent d'une rareté désespérante.

En deuxième mi-temps l'O.M. eut une certaine maîtrise du ballon, mais Landi ne se distingua qu'en "cueillant" une balle sur corner. Et si le même gardien nîmois faillit se faire blesser, ce fut par son arrière central Charles Alfred.

C'est dire que l'O.M., plutôt bousculé en première mi-temps, ne démontra jamais la supériorité que l'on pourrait attendre du deuxième de la Division I sur le quatrième de Division II.

Une seule excuse peut-être raisonnablement présentée : l'état de la pelouse était contraire au bon football.

Nîmes : un style de Coupe

La grosse erreur de l'O.M. et d'avoir joué de façon routinière.

L'état du terrain, l'ardeur des Nîmois, la simplicité extrême de leur jeu qu'ils n'eurent pas pris l'avantage à la marque... imposaient une plus grande part imagination de la part des Olympiens.

Or il s'entêtèrent à multiplier les passes courtes au centre du terrain, comme s'ils répétaient laborieusement une leçon apprise à l'école.

C'est, comme nous l'avons déjà noté dans le match de Nice, le revers de la médaille de la méthode olympienne.

On s'agite beaucoup, on dépense une énergie précieuse pour, en définitive ralentir le jeu.

En première mi-temps, sans pourtant atteindre les sommets, tant s'en faut, Nîmes donna à l'O.M. une leçon de football de Coupe.

Il ne reste plus maintenant aux Olympiens qu'à se consacrer au championnat ou leur travail inlassable de fourmis doit se traduire par une bonne moyenne.

Djorkaeff et Peyroche

Cette rencontre appelle peu de commentaires sur les individualités.

À l'O.M. ou Escale, curieusement, lâcha deux fois le ballon, le meilleur joueur nous a paru être Djorkaeff.

Il est vrai que le sympathique "Oscar" du mois dernier avait devant lui un ailier, Gomez, qui ne lui causa pas de grands tracas.

En attaque, Joseph, qui n'est pourtant pas en forme de pointe, fut le seul à menacer sérieusement la défense nîmoise.

Les autres luttèrent avec leur habituel courage, mais dans le pire des désordres : celui qui est la conséquence d'un d'ordre mal assimilé.

A Nîmes, Peyroche fut le meilleur footballeur sur le terrain. Avec lui Canetti, Garnier, Gianelli et Vals, en première mi-temps, furent les principaux artisans de cette victoire au demeurant méritée.

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38me minute : une volée du Nimois GIANELLA

fait la décision !

(D'un de nos envoyés spéciaux : Louis DUPIC)

ARLES - Il est réconfortant de noter que le seul but de cette assez morne derby fut obtenu de belle façon, car l'un des meilleurs techniciens sur le terrain, ou, il faut bien le dire, ils ne foisonnaient pas !

Gomez, bien timoré, venait d'échouer une nouvelle fois. La balle revint aux Nîmois et à Garnier qui réussit, un peu à la manière de Djorkaeff, un bon débordement sur la droite. Son centre, a mi-hauteur, fut repris de volée du manière parfaite par son partenaire Gianella qui marqua d'assez près de façon imparable.

Nous étions à la 38me minute, et cet exploit devait demeurer isolé. Si la chorale nîmoise, beaucoup plus nombreuses, en définitive que sa rivale - cela s'explique par la proximité de Nîmes - eut quelques raisons de se manifester, ce fut dans les mouvements difficiles connus par l'équipe gardoise qu'elle se devait d'encourager à conserver son mince avantage.

L'O.M. impuissant

Les supporters marseillais n'eurent guère d'occasions de donner de la voix, pour la bonne raison que l'attaque de l'O.M. demeura muette ; Landi n'ayant qu'à cueillir quelques balles anonymes. 90 minutes de velléités et pas un seul tir dans l'encadrement en quelques circonstances !

En quelques circonstance les Marseillais furent tout à fait relativement près d'aboutir, et nous les avons notés soigneusement. A la 11me minute, passe de Novi à Bonnel qui tire sur le côté du filet. Aux 35me et 42me minutes, tirs de Djorkaeff puis de Bonnel, contrés par Charles Alfred et Canetti.

À la 45me minute, débordement de Novi dont le centre roule devant la cage nîmoise, sans que personne ne soit la pour en tirer parti...

En seconde mi-temps, la domination territoriale assez nette de l'O.M. se traduira par un tir de Hodoul à côté (60me) et un centre de Invernizzi sur lequel Landi et son capitaine Charles Alfred se télescopent et concèdent un corner... C'est absolument tout ce que nous pouvons porter à son actif.

Nîmes courageux...

Ne pensez pas pour cela que les "Crocodiles" vainqueurs de la rencontre nous aient, pour cela régalés d'un festival offensif... Mais le 5me de la seconde division fit largement jeu égal avec le 2me de la Nationale et, à cet égard, méritait sa victoire.

En dehors du très joli but Garnier, Gianella à la 38me minute, il n'u eut, en vérité, pas grand-chose de tangible... Des tirs de Vals (20me), Peyroche (63me) et Garnier (70me) furent parfaitement contrôlés par Jean-Pierre Escale assez incertain, sans mal pour l'O.M.

Malheureux Novi

Ne terminons pas sans préciser que Jacky Novi, L'ex-Nîmois qui craignait beaucoup ce match eut, à 5 minutes de la fin, la balle d'égalisation au bout du pied. L'une des rares actions payants de Joseph le vit en position idéale face aux buts, se faire rejoindre et contrer par Peyroche... et Novi tira quelques bons mètres à côté ! Nîmes été qualifié...

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DOMERGUE : "Pas d'excuse"

ARLES - Inutile de dire que si la joie régnait dans les vestiaire de Nimes-Olympique, il n'en était pas de même chez les Olympiens et les images les plus contrastées concernaient les deux gardiens particulièrement effondrés, l'un par la joie, Landi bien sûr, l'autre par le chagrin : il s'agit d'Escale qui, au bord des larmes, disait à son entraîneur Domergue : "Je n'y arriverais jamais jusqu'au bout. Je n'y arriverais jamais jusqu'au bout."

Etant entendu qu'il paraît de la finale de la Coupe on s'en doute.

Toujours aussi calme, M. Charini, considérait la victoire de son équipe comme tout à fait normal : "Mes joueurs, nous dit-il, ne sont battus avec plus de coeur que les Marseillais".

Tomazover, l'entraîneur considérait lui, que son équipe avait su préserver une victoire construite en première mi-temps et qu'elle avait fourni son match habituel avec débordement des ailes.

Les vestiaires marseillais, nous l'avons dit, étaient tristes et l'entraîneur Domergue, en bon psychologue, cherchait à consoler ses hommes et notamment Escale, fort désabusé.

Il devait d'ailleurs être très sport puisqu'il nous dit : "Nous ne chercherons pas l'excuse et nous savons nous incliner. Nous avons été battus par une équipe très vive, qui attaquait la balle avec décision sur ce terrain aux rebonds rapides rappelant ceux d'Afrique du Nord. En Coupe, il est toujours dangereux d'encaisser le premier but. Cela nous a posé des problèmes et nous ne sommes pas parvenus à prendre en défaut la solide défense nîmoise.

À notre question : Zwunka a semblait boitiller pendant tout le match, il nous répondit : "La blessure de Zwunka, entorse à la cheville, ne nous a pas particulièrement handicapé puisque je n'ai pas jugé utile de le remplacer".

Nous quittâmes les vestiaires alors qu'Escale reprochait, très amicalement d'ailleurs, à Novi son tir raté en fin de match. Car il est un fait réel, les joueurs étaient déçus, certes, mais le climat demeurait serein, ce qui n'est pas toujours de mise en pareil cas.

Jean AYME

 

 

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