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Résumé Le Provencal

du 25 novembre 1968

 

Une victoire qui vaut de l'OR

l'O.M. confirme sa résurrection (2-1)

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

STRASBOURG - Pour aussi curieuse que la chose puisse paraître, en Alsace cette saison, nous débutons le soleil dans les yeux. Mais comme cette embellie que succède à une période de dégel et depuis, la pelouse du stade de la Meinau ressemble à un bourbier, alors que les deux équipes pénètrent sur le terrain.

Cependant, la température est très clémente, et ce n'est déjà pas si mal.

Première nouvelle : Djorkaeff après un dernier test a déclaré forfait. Il sera remplacé par Tassone.

5me minute : un but de Piat

Alors que la partie n'était pas encore lancée (5me minute), une hésitation d'Hodoul, suivie d'une glissade de Lopez, permirent à Piat et à Salaber de marquer en combinaisons, et de façon relativement aisée, un premier but, Piat ayant parachevé la tâche commune d'un tir à de terre. (Strasbourg 1 - O.M. 0).

La cause principale de ce but malheureux, pour ne pas dire bête, semble être le manque d'adaptation des défenseurs en question à l'état gluant de la pelouse. Strasbourg paraissant se contenter de cette première réussite, il ne se passa rien de notable durant le premier quart d'heure, ce qui devait permettre aux joueurs de l'O.M. de retrouver leurs esprits et de trouver un meilleur sens de l'équilibre physique.

L'O.M. retrouve ses esprits

Durant les 30 autres minutes de cette première mi-temps, le débat devait être assez égal en ce qui concerne l'occupation du terrain, mais l'O.M., grâce à Magnusson, se créait les meilleures occasions de buts.

Notre carnet de notes concernant cette période est plein d'exploits techniques de Magnusson et des multiples coup-francs à lui octroyés, ses adversaires directs ne sachant pas par quel bout le prendre.

Un incident amusant : alors que le même Magnusson venait de laisser sur place deux de ses rivaux, l'arbitre arrêta nette son action d'un coup de sifflet impératif. Pourquoi ? Le blond Suédois venait, en cours de jeu, de perdre une de ses chaussures.

Écrivons encore que les deux meilleurs centres de Magnusson trouvèrent la tête de Fiawoo à la réception... et que chaque fois le but chauffa. Ajoutons-y un bon tir de Zwunka et un ballon ayant frôlé la transversale sur un coup franc tiré par Novi. Mais l'essentiel de cette première mi-temps est que l'O.M. avait su fort bien se reprendre après l'accident du début.

55me : Fiawoo égalise

En deuxième mi-temps, les choses ne tournèrent pas. Strasbourg attaque le premier par Piat, dont le tir est arrêté par Escale. Pour ne pas être en reste, Magnusson entreprend et réussit sur la droite du terrain un slalom digne du qualificatif d'olympique terminé par un centre en retrait de toute beauté. Le stade entier fait ouf !

Mais le dernier mot devait revenir à Fiawoo. Celui-ci ayant arraché littéralement le ballon à Lopez, ouvre largement l'angle de tir d'un crochet de la gauche vers la droite, qui laisse Kaebel sur place.

Puis comme à la parade, Fiawoo égalise d'un tir à de terre croisé (55me). (Strasbourg 1 - O.M. 1).

60me : Joseph, un but d'avant-guerre !

Mis en goût par la réussite de son ami, Joseph, jusque-là assez malheureux, devait marquer un but "d'avant-guerre". Servi en profondeur par Destrumelle, il évita la charge de Lopez, fonça droit sur Schuth en une course d'une trentaine de mètres, dribbla le gardien international alsacien au passage et poussa le ballon dans la cage vide (60me). (O.M. 2 - Strasbourg 1).

Cinq minutes plus tard le même Joseph s'était frayé un passage en plein coeur de la défense alsacienne, quand, au centre de la surface de réparation, il fut plaqué au corps par un arrière de Strasbourg, exactement comme Douga l'aurait fait d'un Springbok. Il nous a été rarement de donné de voir un arbitre refuser le sifflet à un penalty aussi indiscutable.

Joseph rate son 13me but

La fin de la rencontre fut illustrée par une par de hauts faits. À dix minutes environ de la fin, Magnusson s'étant débarrassé de trois adversaires, Dieu seul sait comment, termina cette action par un centre au ras de terre, juste devant le pied de Joseph. Exactement le même que celui ayant amené le 2me but de l'O.M. contre Nice dimanche dernier.

Et Joseph, Dieu sait seul sait comment encore, rata cette occasion immanquable. Il est vrai que ce but aurait été son 13me le chiffre porte malheur.

Alors qu'il ne restait plus que deux minutes à jouer, les Alsaciens, à force d'obstination, finirent par percer la défense de l'O.M. On crut que Piat allait égaliser, mais il se forma aussitôt devant le but de l'O.M. une véritable mêlée spontanée, et le ballon miraculeusement repoussé, fila en corner. Deux joueurs restèrent sur le tapis : Escale et Zwunka. Plus de peur que de mal, heureusement.

Et cette sur le résultat de 2 à 1 en faveur de l'O.M., tous les joueurs marseillais étant présents sur leterrain, que l'arbitre siffla la fin de la rencontre.

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JOSEPH et FIAWOO :

un but chacun

DESTRUMELLE précieux - MAGNUSSON royal

STRASBOURG (par téléphone) - "Ça fait toujours plaisir ! " Dans le car conduisant les joueurs de l'O.M. du stade à la gare de Strasbourg, on n'attendait que chanson.

Cette première victoire à l'extérieur, précieuse et méritée, vaut beaucoup plus que les deux points qu'elle représente. Pourtant les choses avaient fort mal débuté pour les Olympiens.

Sur un terrain gluant, les joueurs marseillais, qui peinaient pour trouver leur équilibre physique, venaient d'encaisser un but dès la 5me minute. Un de ces buts très démoralisants, car ayant à son origine plus une faute de défense que la valeur de l'attaque adverse.

La part de Destrumelle

On pouvait à ce moment redouter le pire ; la désintégration de toute l'équipe et une défaite écrasante. Or, c'est précisément après cet accident que les joueurs olympiens, petit à petit, préparèrent le chemin d'une victoire qui allait s'ouvrir largement devant eux en seconde mi-temps.

Nous pûmes les voir, du haut de notre observatoire, s'appliquer à se passer la balle, éviter tous ces désagréments au hasard, quand ce n'est pas systématiquement en touche, qui précèdent l'affolement total. À ce jeu, auquel tous participèrent, le plus calme, le plus précis, fut Destrumelle qui, ainsi, devait mettre à son actif une première mi-temps remarquable, tant sur le plan de la défense de l'attaque.

Avec lui se mirent aussi particulièrement en évidence Zwunka et le rentrant Tassone.

Un 3 à 1 n'eut pas été immérité.

En deuxième mi-temps, jusqu'aux 10 dernières minutes, le mouvement bien lancé fut suivi par tous les autres joueurs olympiens. Bonnel retrouva la bonne distance, la sûreté dans ses passes ; Hodoul confirma sa valeur au poste de dernier défenseur, tandis que Fiawoo d'abord, Joseph ensuite, apportaient à l'équipe ce complément de "punch" sans lequel il n'est pas de victoire possible.

Par ailleurs, le plus calme Lopez participait à la construction du jeu, et Novi ne ratait que par excès d'impétuosité une partie qui exemplaire et deux buts non pas immanquables, mais relativement faciles.

Sur cette mi-temps, l'O.M. jouant pourtant dans des conditions très défavorables pour une équipe méridionale aurait mérité de l'emporter par 3 à 1 ou 4 à 2.

Magnusson

égal à lui-même

Il y a aussi et toujours le cas Magnusson. L'arrière gauche de Strasbourg, Guérard, avait pourtant été averti et conseillé, il suivit le Suédois comme son ombre, ce qui ne l'empêcha pas d'être presque ridicule et de se trouver dans la pénible obligation d'utiliser et d'abuser de croche-pieds, de poussées dans le dos et autres fantaisies qui lui valurent une bonne quinzaine de coups francs. Quoi qu'il ait pu faire, rien n'y fait, et Magnusson enthousiasma le public alsacien.

Qu'aucun but n'ait eu pour origine une de ses nombreuses actions dévastatrices est pur miracle pour le Racing de Strasbourg. Une fois de plus, Magnusson aura confirmé qu'il était l'un des meilleurs ailiers droits existants au monde. Et on plait sincèrement l'arrière tricolore chargé de le marquer lors des deux prochains France - Suède.

Maurice FABREGUETTES

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La joie, ça ne s'explique pas

STRASBOURG - Dans les vestiaires de l'O.M., c'était l'euphorie la plus totale. On riait, on s'embrassait, on chantait. À tel point que toute interview sérieuse était presque impossible.

M. Leclerc se préoccupait de savoir depuis quand l'O.M. n'avait pas gagné à Strasbourg.

"Le triumvirat continu", nous dit-il.

Djorkaeff, capitaine, resté sur le banc de la touche pour cause de blessure, assiégé par tous nos confrères de la radio, essayait de faire le point sans trop y parvenir. La joie, ça ne s'explique pas, ni ne se commande...

Pour notre part, nous retrouvions ce vieil O.M. si sympathique et si vivant dans ces vestiaires où se dégageait une chaleur bien méridionale. Ajoutons que Destrumelle, touché en deuxième mi-temps, ne paraît pas souffrir beaucoup et sembla en état de tenir sa place la semaine prochaine.

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Paul Frantz : "Pas mal, cet O.M."

L'entraîneur du Racing-Club de Strasbourg, Paul Frantz qui sera peut-être la saison prochaine le directeur de l'équipe de France, a su masquer son dépit :

"Nous avons bien joué en première mi-temps, mais nous nous sommes un peu affolés en deuxième. L'O.M. m'a produit une excellente impression. C'est pour moi une bonne équipe, qui ne restera pas longtemps en queue du classement.

 

 

 

 

 

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