OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 27 janvier 1969

 

TOUT A UNE FIN, MEME LES SERIES ROSES...

MONACO, au courage et à l'énergie

a stoppé l'O.M. (1-0)

(de notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

MONACO - On souhaiterait faire le compte rendu de cette rencontre sur une carte postale. Il y aurait tout : la couleur, la mer, les rochers... et même le prince Rainier, accompagné de son héritier, le petit Albert, dans la loge centrale.

L'O.M. joue dans la formation annoncée avec un maillot publicitaire. À l'A.S. de Monaco où seul le gardien porte une inscription sur son tricot, un changement de dernière heure : Casolari blessé a laissé la place à Buffet.

Un round d'observation

Bien que jouer à très vive allure et fort disputé, le premier quart d'heure pourrait être qualifié d'observation. Un tir de Tokoto et deux Dell'Oste, voilà l'essentiel. Magnusson et Joseph n'ont pas encore eu l'occasion de se manifester. La forte chorale de l'O.M. - deux mille supporters au moins - non plus.

24e minute : Simian marque

L'O.M. semblait prendre un léger avantage - tir contré de Joseph en particulier - quand Monaco va frapper le premier. Sur corner pour son équipe, Simian, d'une trentaine de mètres, de la gauche du terrain, va réussir une sensationnelle reprise directe (24ème minute) sur envoi de la défense marseillaise. But imparable : 1 à 0 pour Monaco.

Sur cette action à la fois heureuse et brillante, l'A.S. Monaco obtient une série de corners. Puis l'O.M. réagit et porte le jeu dans le camp monégasque sans cependant mettre Serres en réel danger.

Enfin Magnusson

Le dernier quart d'heure de cette mi-temps ressemble au premier. Beaucoup d'énergie de part et d'autre, mais rien de bien net. Enfin à cinq minutes de la pause, voit-on Magnusson sortir de sa coquille : une série de dribbles en plein centre du terrain, terminé par une passe lumineuse à Joseph.

La défense monégasque ne peut que se dégager en corner in extremis.

Le match décousu

Vraisemblablement sermonnés aux vestiaires, les Olympiens se portent en attaque dès la reprise.

Un plongeon du gardien Serres dans les pieds de Bonnel constitue la phase la plus active de cette période. Mais les Monégasques sentant la victoire à leur portée, ne tardent pas à réagir vigoureusement.

Plus de bonne volonté que de précision, plus d'énergie que de technique, sans doute, ce qui contribue grandement à redonner au jeu une physionomie très décousue.

70e minute : Novi a failli égaliser

Dans le fond, l'important de cette mi-temps se passe à la 70me minute. D'un tir puissant de plus de 20 mètres, Novi expédie le ballon sur la transversale. Bonnel, qui a suivi, tire, malheureusement pour son équipe, à côté. Pour la dernière fois de la partie, les encouragements des supporters monégasques sont littéralement balayés par un tonitruant : "Allez l'O.M. !"

Confusions et irrégularités

Le dernier quart d'heure de la partie se passe dans la confusion. Dégagement en touche, multiples arrêts sur l'homme, non pas méchant mais franchement irréguliers. Bref, l'arbitre ne sait où donner de la tête et du sifflet.

Il était temps que cela finisse, et c'est sur un "ouf" monégasque, une sorte de soulagement, et la victoire de leur équipe que l'arbitre renvoie les 22 joueurs aux vestiaires.

 ------------------------------

Magnusson est tombé sur un Cros !

MONACO - Tout ayant une fin, la longue série victorieuse de l'O.M. s'est terminée sur le terrain de l'A.S. Monaco. On serait presque tenté d'ajouter : normalement. Il est en effet curieux de constater que l'A.S. Monaco n'a gagné cette saison que deux rencontres, toutes deux contre l'équipe marseillaise.

Une victoire méritée

Sur le match que nous venons de voir, il n'y a pas grand-chose à écrire. La victoire a finalement récompensé l'équipe qui paraissait le plus la désirer. Les Monégasques, dont la situation est un peu plus que critique, disputèrent de bout en bout un véritable match de Coupe.

Sans cesse les premiers sur le ballon, ne laissant jamais aux virtuoses olympiens le temps de faire étalage de leur "punch" ou de leur classe, ils manifestèrent une énergie aussi louable que brouillonne.

En jouant de cette façon, ils empêchèrent les joueurs marseillais de développer leur propre jeu. Le résultat pour le spectateur fut un match très décousu et acharné, plus riche en luttes individuelles pour la conquête du ballon qu'en actions savamment construites. Comme on le disait jadis : "Du hourra football."

Ne tirons pas sur Tokoto.

Il faut cependant reconnaître que les Monégasques s'y prirent assez habilement pour couper les deux principaux atouts de l'O.M. : Magnusson et Joseph.

Magnusson, marqué au millimètre par Cros, ne put que très rarement se défaire de cet adversaire acharné à sa perte, et quand il y réussit, à notre Monégasque, Buffat, ou même Milutinovic replié, se trouvèrent là pour dégager le ballon.

Joseph eut devant lui deux footballeurs également vifs et rapides : Forcherio et Rostagni, qui le ligotèrent littéralement au centre du terrain. Magnusson et Joseph tenus plus ou moins en respect, il ne reste plus que la troisième force : Tokoto. Malheureusement, le jeune Camerounais, sans doute saisi par le trac, ne réussit qu'à se faire siffler par ses propres supporters, pourtant venus en masse.

Nous pensons que ce traitement est excessif. Certes, Tokoto n'a pas été bon. C'est le moins que l'on puisse écrire : mais il est jeune, ses qualités restent évidentes et on doit beaucoup lui pardonner. Quoi qu'il en soit, le seul véritable tir olympien de la rencontre fut l'oeuvre de Novi.

Le reste de l'équipe à jouer comme il le fait toujours avec une évidente bonne volonté, mais cette fois un peu trop dans le désordre.

Monaco : la défense et Simian.

La victoire de l'A.S. de Monaco est sympathique, mais un peu inquiétante pour l'avenir de ce club qui fut très grand il n'y a pas si longtemps. Bravo pour l'énergie, la furia, l'esprit de corps, mais on peut douter que cette méthode soit rentable à longue échéance.

Nous avons déjà écrit que la défense monégasque, encore que ses dégagements soient presque toujours très imprécis, avait fait un bon match. On citera encore Simian, en verve hier et en réussite, et bien sûr le grand stratège de l'équipe Milutinovic.

  ------------------------------ 

Zatelli : "On a mal joué"

Pour la première fois depuis longtemps, o ne riait pas dans les vestiaires de l'O.M. après une rencontre.

Mario Zatelli, après un long moment de silence, ce qui est assez inhabituel chez lui, nous confié :

"Il fallait que ça arrive : on ne peut gagner tout le temps. Mais je trouve qu'on a mal joué aujourd'hui. Les joueurs n'ont jamais réussi à imposer leur jeu à cette équipe monégasque survoltée. N'en faisons cependant pas un drame. Une équipe ne peut être bonne tous les dimanches de l'année".

Le secrétaire général, M. Neumann devait ajouter : "C'est peut-être un bien. Il vaut mieux que cet accident de parcours nous soit arrivé aujourd'hui que dans quinze jours en Coupe de France contre Rennes. Je suis persuadé que nos joueurs plus affectés qu'ils ne le paressent par cette défaite vont rapidement réagir !"

   ------------------------------ 

Louis Pironi : "L'O.M. est notre trésorier"

Dans les vestiaires monégasques on buvait le champagne - aux frais, sans doute, du prince et de la princesse. Louis Pironi, radieux (on le comprend), disait à qui voulait l'entendre : "Je suis bien aise sur très content de mes joueurs, qui ont fait le maximum. Si nous ne descendons pas en 2me Division, nous ferons un cadeau princier à l'O.M. Deux victoires seulement jusqu'à présent, et deux contre l'O.M. Ce club est notre trésorerie en points."

Et en argent aussi, ajouterons-nous, car on a enregistré hier au stade de Monaco la plus grande affluence de la saison, grâce aux supporters marseillais bien sûr : 3.930 spectateurs payants pour une recette de 263.40 francs !

  ------------------------------

 

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.