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Résumé Le Provencal

du 11 mai 1969

 

Pour la 1re fois depuis six mois

l'O.M. ne gagne pas à MARSEILLE

STRASBOURG s'accroche au match nul (0-0)

De la passion du dernier dimanche, il ne restait que les banderoles destinées à appuyer bientôt les prétentions marseillaises à Colombes, et les fusées, dont l'une faillit incendier, avant même le coup d'envoi l'athlétique Vicq.

L'O.M., n'en reçu pas moins une belle ovation après ses deux victoires de la semaine, et pour la justifier obtint en moins de trois minutes autant de corners.

Coup de tête de Joseph ; tir de Gueniche sur le côté du filet ; dribble de Renner le long de la ligne de but, furent les meilleures actions des dix premières minutes, à l'issue desquelles les Alsaciens un moment malmenés, revenaient à la surface.

Andrès hors-jeu

A la 13me minute, une belle percée de Huc, parachevée par Piat et Andrès, seul devant Escale, se traduisait par un but refusé pour hors-jeu incontestable mais dù à l'inexpérience du jeune ailier visiteur. Peu après, Merschel, sur coup franc à la limite, donnait à Escale l'occasion de se distinguer. Grâce au travail de Merschel et à la technique de Vicq et la facilité étonnante de Huc, Strasbourg ne faisait pas mauvaise figure.

20me : la chance de Schuth

Mais à la 20me minute, l'O.M. manquait nettement de réussite ; Schuth, sur tir de Gueniche, était sauvé par Boucher, puis il stoppait remarquablement la reprise de Novi. La chance fait partie du bagage des bons gardiens de but. Cependant l'intervention d'Escale devant Piat, à la 25me minute, ne devait rien au hasard. On atteignait le cas de la demi-heure pour convenir que Strasbourg, bien organisé homogène, ne jouait pas comme une équipe menacée.

30me : hors-jeu de Piat

A ce moment-là, les Alsaciens, sur une déviation de la tête de Vicq, reprise de volée par Piat, obtenaient leur deuxième but refusé, comme le premier, pour hors-jeu, et peu après leur sixième corner contre trois à l'O.M. Chose curieuse, l'O.M. au complet et à domicile, nous paraissait nettement inférieur à celui qui nous avait séduits trois jours auparavant à Nice. Aucune commune mesure, il est vrai, entre l'OGCN, invertébré, à la dérive, de mercredi, et le solide Strasbourg, qui donnait du fil à retordre aux Marseillais et aurait mérité, à la mi-temps, de mener à la marque.

Quant à l'attaque de l'O.M., elle était mise sous l'éteignoir, le rapide Boucher ayant pris la mesure de Magnusson, tout comme Lopez celle de Joseph dans le jeu aérien.

42me : Gueniche de justesse

Peu avant le repos, Gueniche, servi en profondeur par Bonnel, réussissait à se débarrasser de Grava, mais d'une position difficile, croisait trop son tir, qui passait à côté.

44me : loupé de Joseph

Immédiatement après Magnusson évitait Boucher et Lopez et donnait à Joseph qui, seul devant Schuth, ratait son contrôle et l'occasion d'ouvrir la marque.

L'O.M. revint sur le terrain avec comme prévu Fiawoo dans sa formation à la place de Destrumelle, Bonnel opérant au milieu du terrain.

La première action notable de cette seconde période fut une excellent offensive de l'ailier Andrès. Il réussit à se débarrasser de Zwunka, venu à la rescousse, mais termina son action par un centre imprécis.

Mais quel marathon, le système alsacien impose à ce garçon qui passa le plus clair de son temps à surveiller Djorkaeff !

Une heure de jeu, depuis la reprise il ne se passait plus grand-chose. Un tir puissant mais nettement à côté de Joseph venant réveiller un peu le public.

70me : Fiawoo échoue

Dans des conditions très difficiles, Fiawoo allait échouer contre son compère Joseph. Il perçait du centre vers la gauche et en déséquilibre plaçait sa balle de très peu à côté. Schuth étant très bien venu lui fermer l'angle de tir.

75me : occasion ratée

Peu après, Fiawoo était à l'origine d'une action combinée avec Magnusson et terminée par un centre en retrait que Gueniche de volée, fusillait à côté. Ce n'était pas tout.

L'O.M. maintenait sa pression et l'on voyait coup sur coup Djorkaeff rater son tir et Bonnel, à bout portant, mettre la balle nettement au-dessus.

Expulsé par ses efforts de la première mi-temps, Strasbourg ne sortait pratiquement plus de sa coquille, mais on pouvait se demander si l'O.M. parviendrait à porter l'estocade.

On arborait aborder le dernier quart d'heure, Schuth plongeait sur un tir en coin de Gueniche (75e minute), Andrès centrait... pour personne. Le pauvre, il était seul (80me minute), Magnusson ne pouvait dribbler Schuth (81e minute).

Les dernières minutes étaient longues, marquées de nombreux incidents. Elles n'apportaient rien de concret. Pour la première fois depuis six mois, l'O.M. ne gagnait pas à Marseille.

Louis DUPIC

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O.M. - STRASBOURG : une conclusion imprévue et malheureuse

DES SCENES D'EMEUTES, DES BLESSES

Un après match très sud-américain

Surprise et consternation à huit jours de la finale de la coupe. De graves incidents se sont produits hier soir dans le Stade Vélodrome après O.M. - Strasbourg.

Notre collaborateur Maurice Fabreguettes - pris au beau milieu de l'émeute - vous raconte les scènes de violence. Elles se soldèrent par des heurts très durs puisque en dernière heure le bilan officiel est de 7 blessés hospitalisés donc 4 gardiens de la paix. À signaler qu'un membre du service d'ordre est grièvement atteint.

Nous avons devant nous l'arme principale de la bagarre.

Une bouteille de jus de fruit que nous avons ramassée au milieu des premières lignes et qui, celle-là au moins, n'a pas servi de projectiles.

Car l'important de cette première soirée estivale ne fut ni le défilé des banderoles, ni la rencontre, mais la fin.

On nous avait parlé de l'Amérique du Sud, de Naples, des émeutes de Glasgow, etc...

Une bataille rangée

Rien ne vaut de voir, pour comprendre.

Cette fois nous l'avons eue, chez nous, au stade vélodrome, cette belle et sanglante bagarre à la sud-américaine.

Et pour un motif futile, bien entendu : un arbitrage déclaré mauvais.

Or, des arbitres comme celui d'hier soir, nous en avons vu détail des tas de pires et la rencontre elle-même n'avait rien eu de scandaleux.

Quelques accrochages réciproques, une certaine hargne à la fin, des décisions contestées... de la bagatelle quoi !

Comment et pourquoi cette bataille rangée entre une partie de la foule et le service d'ordre a-t-elle commencé ?

Bien difficile à dire, comme toujours en pareil cas.

Quand nous sommes arrivés sur le champ des opérations les boîtes de bière et les bouteilles partaient dans les deux sens.

Une véritable pluie, les projectiles aussitôt ramassés par un camp ou par l'autre, faisait plusieurs aller et retour.

C'était ce que l'on appelle en terme militaire, le point de non-retour.

Des blessés

des deux côtés

Des blessés, il y en eut des deux côtés. Nous avons vu deux agents revenir à l'arrière en piteux état, l'un d'eux porté par ses camarades.

Il semble que tout le monde ait manqué de sang-froid, en la circonstance.

N'insistons pas, c'était, dans le fond, une querelle de "braves" gens et notre conclusion sera :

A l'avenir, il faudra vendre dans le stade des bouteilles en matière plastique.

Une finale

c'est autre chose

De la rencontre, il reste peu de choses à dire.

L'O.M. a fort mal joué. C'est évident.

Nous pouvons, cependant, rassurer les supporters olympiens.

À huit jours de la finale de la Coupe, il est banal de voir l'un des deux équipes intéressées par cet événement faire une contre-performance.

Nous pourrions vous citer une bonne dizaine d'exemples.

Il apparaît, cependant, que l'équipe marseillaise est fatiguée en ce moment.

Il est vrai que certains de ses joueurs viennent de disputer un trop grand nombre de matches consécutifs.

Mais il ne faut pas s'affoler, dans huit jours l'équipe peut fort bien avoir retrouvé son équilibre physique et moral.

Une finale, à Colombes, est toujours une rencontre spéciale.

Huck : un véritable espoir

Strasbourg ayant marqué deux buts en première mi-temps, refusés pour des questions de millimètres, commit l'erreur de vouloir conserver le bénéfice du match, en groupant ses principales forces devant Schuth et en "gelant" le jeu.

Cette fausse tactique faillit lui coûter le match.

Ne terminons pas sans dire la bonne impression produite par le jeune Huck (No 10). Un footballeur qui, déjà, sort vraiment de l'ordinaire.

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POURQUOI

On s'interrogera longtemps pour essayer de trouver les raisons de la bataille rangée survenue, la rencontre O.M. - Strasbourg terminée, entre un bon millier de spectateurs en folie et un service d'ordre visiblement débordé.

La colère populaire, surtout quand il s'agit d'un mouvement né de la passion sportive, a toujours un côté irrationnel.

Pourquoi.

Nous étions par souci d'information, au coeur même de la mêlée et n'en savons rien.

Mais une chose, elle est évidente, quand ça commence on ne sait jamais je jusqu'à quelles regrettables extrémités peuvent être conduits les excités et les inconscients pris dans les filets serrés de la colère rouge.

Notre siècle est devenu celui de la violence trop publique exhibée. Sans doute.

Mais, il y a tout de même des limites que des sportifs ne devraient jamais franchir, au nom du sport, précisément.

M.F.

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FRANTZ : " L'O.M. fera souffrir

Bordeaux en finale"

Dans le camp strasbourgeois, les visages étaient sereins, rassérénés. L'entraîneur Frantz était satisfait du résultat final : "Quel phénomène ce Magnusson. Nous avons vraiment eu chaud. Ce match nul nous arrange bien. Nous avons retrouvé l'équipe de Strasbourg que nous avons réussi à monter il y a deux mois. Je suis assez fié de cette formation. Nous avons donné une réplique assez honnête à l'Olympique de Marseille, mais je peux vous affirmer que les Marseillais vont faire souffrir Bordeaux en finale de Coupe".

Boucher nous a déclaré : "Je n'ai jamais vu un ailier comme ce Magnusson. On ne peut pas arriver à le battre. Et pourtant, je pense qu'à la fin de rencontre, nous aurions pu marquer un but".

Lopez s'exclamait alors : "Quand Fiawoo s'est échappé, il m'a fait peur !"

Merschel remarquait : "Un match nul à Marseille, c'est bien pour nous !"

Andrès était sévère pour les joueurs au maillot blanc : "S'ils n'avaient pas Magnusson dans leurs rangs, à mon avis, ils ne seraient même pas au milieu du tableau."

Alain DELCROIX

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DJORKAEFF : "Notre moral n'est pas atteint"

Dans les vestiaires de Marseille, les joueurs étaient légèrement soucieux. Le président Leclerc nous a confié en souriant :

"Aujourd'hui nous avons caché notre jeu ; Ce match nul ne doit pas nous inquiéter outre mesure !"

Magnusson reconnaissait : "C'était difficile car Strasbourg était totalement concentré en défense !"

Hodoul soulignait de son côté : "Nous aurions pu gagner, les Alsaciens étaient venus avec une détermination farouche pour faire match nul !"

Joseph admettait : "Nous avons eu de nombreuses occasions de marquer des buts, mais on peut dire que la chance n'a pas été de notre côté."

Escale était décontracté : "Si je n'ai pas plus de travail devant Bordeaux, cela ira bien pour moi."

Djorkaeff analysait le match en ces termes : "Les Strasbourgeois ont joué tous derrière. Mais cela ne nous atteint pas le moral. Au point de vue physique, nous étions un peu diminués. Je ne cherche pas des excuses, mais il faisait très chaud et cela nous a surpris.

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BILAN PROVISOIRE

-:- 7 blessés graves à l'hôpital

-:- La baraque des "Socios" brûlée

Les coups, les bosses, on ne les compte pas. A 11 heures du soir, encore, il était impossible de quitter le stade, sans risque de tomber au milieu d'une bagarre d'arrière garde.

Bilan provisoire : 7 blessés dont certains grièvement atteints et une femme transportés à l'hôpital.

Quant à la baraque des "Socios", elle a été brûlée.

M.F.

 

 

 

 

 

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