OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 03 mars 1969

 

L'O.M. VERS LES QUARTS DE FINALE !

Le capitaine entraineur GOUJON frappa le premier comme un jeune

LE MATCH EN SIX ACTES

ANGOULEME (par téléphone) - C'est la fiesta angoumoisine, agrémentée de chorales et de solistes marseillais.

Sous un ciel gris et par une température très douce, le stade Chanzy est aussi plein qu'on pouvait le souhaiter, et encore davantage !

Avant le coup d'envoi, on assiste à un pittoresque défilé de banderoles et d'animaux divers, vivants ou empaillés, sur le terrain.

"L'O.M. ayant mangé du "Rennes" va maintenant se mettre au "Goujon", clame une large pancarte brandie devant la tribune officielle par des supporters olympiens.

Quand les deux équipes entrent sur le terrain, dans les compositions annoncées, c'est le boucan infernal et le moins musical que l'on puisse imaginer. Devant nous, un virtuose bricoleur joue de six instruments à la fois.

Allons, c'est bien parti, pour ce qui est de l'ambiance au moins !

Si vous vous intéressez aux sports, lisez la suite.

Premier quart d'heure :

avantage à Angoulême

Les deux équipes se surveillent de près, jouant suivant le même dispositif en défense.

Léger avantage à Angoulême.

Magnusson n'a pratiquement pas touché la balle. Une seule occasion de but sur centre de Phelippon. Sérafin plonge face au but de l'O.M., mais le ballon glisse sur sa tête.

Lopez, très menacé par Edom, concède deux corners, mais en position d'ailier droit, réussit le premier tir dans l'encadrement de l'O.M.

Deuxième quart d'heure :

exploit d'Edom ; enfin Magnusson...

Un exploit a marqué cette deuxième période. Edom crochète deux Olympiens et tire au but en force ; le ballon est renvoyé par l'arête interne de la transversale.

Un peu plus tard, sur tête de Meggiolaro, Hodoul doit suppléer son gardien.

Mais on a enfin vu le grand Magnusson. Une percée royale en plein coeur de la défense d'Angoulême. Cinq joueurs au moins dans le vent.

Cette brillante inhibition faisait suite à une sorte d'injure. Solas le blond s'était permis de dribbler le Suédois.

Troisième quart d'heure :

Goujon marque ; Joseph égalise

Le troisième acte qui allait être le plus riche débuta par un plaquage de Magnusson qui arrêta un Angoumoisin avec les mains comme un joueur de rugby. Coup franc, huées du public. Tout se termine bien. Magnusson va serrer la main de son rival. Le match d'ailleurs, et d'une correction extrême.

Le premier exploit de cette fin de mi-temps et l'oeuvre de Leonetti : sur corner tirer par Edom, il réussit une remarquable et difficile reprise du talon. Escale ne peut que remettre le ballon en corner.

Mais nous n'avions encore rien vu.

À la 35me minute, lancé de loin par Phelippon, Sérafin part en contre-attaque et centre aussitôt.

Goujon le "vieux renard", a vu la balle,. Il se précipite, cueille la balle au passage, la couvre à la perfection et, au bout d'une course d'une dizaine de mètres, balle au pied, tire au moment opportun. Angoulême 1 : O.M. 0.

Là-dessus, Leonetti sert admirablement bien Grizzetti. Est-ce le second but ? Non, l'avant-centre d'Angoulême est arrêté in extremis par Hodoul et Zwunka.

À peine le temps de pousser un ouf que les défenseurs angoumoisins laissent traîner le ballon. Joseph est là, comme toujours. Il s'empare du ballon, s'avance et tire du gauche. Tir amorti par une bosse du terrain mais but tout de même.

Angoulême, 1 ; O.M., 1.

A une minute de la mi-temps, deuxième exploit de Magnusson passe au millimètre entre la ligne de camp et deux arrières adverses, avant de tirer comme dans un trou d'aiguille.

Le ballon longe la ligne de but et sort miraculeusement de l'autre côté.

Quatrième quart d'heure :

Edom, puis Bonnel

Tout va redébuter très vite. 47me minute : coup franc pour Angoulême. Goujon le tire. Leonetti, de la tête dévie le ballon vers la gauche. Reprise de volée du pied droit de plein fouet de Edom.

Et c'est un but admirable qui soulève le stade. Angoulême, 2 ; O.M., 1.

A peine vient-on de rengager qu'un tir de loin de Bonnel surprend Guissepin. Ce dernier repousse le ballon en corner.

Destrumelle tire ce corner ras de terre en direction de Lopez. Celui-ci laisse passer le ballon ou le rate - allez savoir - et Bonnel d'une reprise directe égalise à nouveau.

Angoulême 2 ; O.M. 2

Cinquième quart d'heure :

un "coup de boule" décisive de Leonetti

Le jeu parait s'équilibrer et se ralentir. Ce n'est qu'une impression.

Solas met le feu aux poudres en lâchant Magnusson pour aller tirer au but. Son arrêt d'Escale. Ce n'est que parti remise.

À la 68e minute, Grizzetti passe à Sérafin. Ce dernier repasse aussitôt le ballon à l'envoyeur. Et c'est un très bon centre que Leonetti le marseillais, d'un magistral coup de boule expédie dans la cage.

Angoulême, 3 ; O.M., 2.

Ce nouvel exploit rend Angoulême encore plus offensif. Et ça chauffe.

Sixième quart d'heure :

à Bonnel la troisième égalisation

L'O.M. avait-il s'incliné ? On pouvait le redouter alors. Mais, à la 78me minute, Guisseppin commit une grosse erreur. En possession du ballon, il fit une passe à la main en plein centre, à la limite de la surface de réparation.

Cafouillage et coup franc pour l'O.M. Djorkaeff tire ce coup franc vers la droite des buts d'Angoulême, au moment ou le ballon allait sortir en camp ; Joseph, plus prompt que Legros, put en plongeant, ratisser ce ballon et le diriger vers le centre. Bonnel était là et bien là pour la troisième égalisation.

O.M. 3 ; Angoulême 3.

On devait en rester là, malgré une inutile brutalité de Phelippon sur Escale à quelques secondes de la fin.

M.F.

 ----------------------

A trois jolis buts angoumoisins

les Marseillais répondirent du tac au tac

Magnusson, fatigué, très au-dessous de sa réputation

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

ANGOULEME (par téléphone) - Comme on le fait à la télévision, nous inscrirons cette rencontre à la rubrique "voir et revoir".

Le deuxième acte de ce petit drame sportif s'annonce passionnant et, nous avons la faiblesse de le croire, très disputée.

Si l'on veut bien tenir compte des conditions particulières de cette première manche : un terrain assez étroit, à la pelouse cabossée, il faut s'estimer satisfait de ce que nous avons vu.

ANGOULEME :

une équipe complète

L'A.S. d'Angoulême a prouvé qu'elle était bien, dans tous les domaines du football, l'égale de la plupart des équipes de 1re division.

Elle possède une technique d'ensemble sûre, ses joueurs forment un tout à la fois athlétique et homogène.

Dans le fond, la seule chose que l'on pourrait lui reprocher serait un certain manque de vivacité plus que de vélocité.

Les trois buts qu'elle marqua à l'O.M. furent tous des buts de classe, dans des genres pourtant très différents.

Le deuxième, celui d'Edom, précédé d'une excellente combinaison entre Grizetti et Séralin, se termina par une tonitruante reprise de plein fouet. Un but de toute beauté, comment on en voit assez peu en France en ce moment.

Rien n'est encore terminé

L'O.M. s'il ne joua pas un de ses meilleurs matches, eut cependant le grand mérite de ne jamais se décourager et de toujours remettre l'ouvrage sur le métier. Trois fois mené à la marque, il répondit chaque fois du tac au tac, ce qui lui aura permis de terminer cette manche en position de favori pour l'ensemble de la rencontre.

Mais attention, nous le répétons, ce serait de leur part une erreur que de s'imaginer qu'il leur suffira d'entrer sur la pelouse du stade vélodrome pour venir aisément à bout d'Angoulême. Si le match est bien commencé, il n'est pas encore fini.

MAGNUSSON fatigué

L'O.M. souffrit surtout de l'effacement inhabituel de ses deux meilleurs atouts offensifs : Magnusson et Joseph.

On dira que Magnusson "le" blond était bouclé par l'encore plus blond Solas.

N'exagérons rien. Nous pensons même que l'excellent arrière angoumoisin connaîtra une assez grande déception dimanche prochain au stade vélodrome.

Car Magnusson, auteur tous éclairs bien dans son style, nous a paru fatigué par son match et son déplacement en Yougoslavie. Dans huit jours il sera bien reposé et animé par un esprit de revanche, ce qui laisse présager une grande partie de sa part.

La présence de JOSEPH

Le cas de Joseph est un peu différent. Quatre-vingt-dix minutes, ou presque, pris en charge par Legros et Poirot, régulièrement battu dans le jeu aérien, l'avant-centre olympien erra comme une âme en peine. Mais Joseph possède un indéniable avantage sur beaucoup de spécialistes de ce poste, il est tout de même de quelques brillants jours présent, toujours à l'affût.

Cette qualité lui permit, profitant d'une distraction de la défense Angoulême, de marquer le premier but de son équipe, tout en ratant son tir, et de permettre la réalisation du troisième.

Avouons que, pour un joueur de petite forme, très loin d'avoir son dynamisme ordinaire, c'est tout de même appréciable.

BONNEL et ZWUNKA

Cela écrit, le joueur le plus précieux pour l'O.M., une fois de plus, fut Bonnel.

Certes, nous l'avions vu encore meilleur ces derniers dimanches ; mais marquer deux buts aussi précieux au cours d'une rencontre de Coupe, ce n'est pas rien.

C'est même beaucoup !

S'il court moins qu'avant, Joseph Bonnel a gagné en lucidité et en précision. Pour lui, une sélection dans l'équipe de France de serait qu'une récompense méritée.

Après Bonnel, l'autre grand homme de l'O.M. sur cette rencontre a été Zwunka.

On peut dire qu'il maîtrisa presque complètement Grizzetti, faisant ainsi parfaitement aidé par Hodoul, un excellent match défensif.

"Jules le Messin, c'est certain, est un homme on ne peut plus précieux dans ce genre de rencontre".

Le reste de l'équipe mérite, lui aussi, d'être félicité, mais qu'il n'ait su maintenir à la rencontre un rythme suffisamment élevé pour gêner encore davantage les Angoumoisins.

GOUJON : un but de jeune homme.

Dans l'équipe d'Angoulême, les plus brillants ont été d'abord Meggiolaro, Edom et Solas.

Goujon, s'il n'a plus ses jambes de 20 ans, n'en réussit pas moins un exploit offensif digne d'un très jeune homme, au bout duquel se trouvait le premier but d'Angoulême.

Très bons aussi furent le brillant technicien qu'est Leonetti sans oublier Legros, Poirot et Phelippon, toujours solide au poste.

Une seule déception : Guissepin, lequel commit malheureusement pour son équipe quelques fautes capitales.

  ----------------------

LES COULISSES DU STADE CHANZY

M. Leclerc : "Le plus dur est fait"

ANGOULEME (par téléphone) - Dans les vestiaires de l'O.M., vous avons trouvé un M. Leclerc pas tellement content mais pas mécontent non plus.

"Pour moi, ce ne fut pas un grand match, et je trouve que mon équipe a souvent mieux joué qu'aujourd'hui. Mais attention, le terrain était étroit, la pelouse en mauvais état, et le public très près des joueurs. Dans ces conditions, je crois que le match nul peut-être estimé très satisfaisant. Dimanche prochain, Magnusson jouera certainement mieux, et je pense que nous gagnerons nettement".

Mario Zatelli : "C'est la coupe que voulez-vous !"

L'entraîneur de l'O.M. avait tremblé pendant le match.

C'est la coupe, nous dit-il. On ne sait jamais ce que ça peut donner. J'ai trouvé mes joueurs un peu trop contractés par l'enjeu, mais enfin le résultat n'est pas mauvais. Ne soyons pas plus royalistes que le roi".

Joseph : "C'est Legros"

Joseph nous a montré sa jambe truffée de coups en tout en nous disant : "C'est Legros". Nous n'avons pu savoir s'il s'agissait de Legros lui-même ou de Poirot également gros.

Bonnel : "J'ai fait de mon mieux"

Bonnel était tout sourire.

"Deux plus trois ça fait cinq, lui avons-nous dit pour le féliciter de ces cinq buts marqués en deux dimanches !"

"Vous savez, j'ai fait de mon mieux, nous répondit-il. N'oubliez surtout pas de dire que sur mon troisième but, Joseph m'a fait une passe très précise.

De Magnusson, impossible de tirer autre chose que des sourires. Pour faire son autocritique, il n'a besoin de personnes.

Leonetti : "Oui, mais..."

Leonetti, le Marseillais d'Angoulême, était à la fois heureux et déçu :

"Oui nous avons bien joué, devait-il nous confier, mais ce ne sera sans doute pas suffisant pour dimanche prochain. Pour nous en sortir, il nous faudrait faire un très grand match au stade vélodrome. Or ça, c'est toujours difficile."

  ----------------------

   ----------------------

 

 

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.