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Résumé Le Provencal

du 30 mars 1969

 

O.M. : DEUX BUTS D'AVANCE !

SAINT GERMAIN a résisté 60 minutes

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

PARIS (ACP) - Place aux sports après une semaine de divagation. Le football et la coupe de France ont repris leur droit.

Nous venons de bavarder avec M. Leclerc dans les coulisses du Parc des Princes. Le président olympien était très calme et nous a confié qu'il attendait la suite des événements, c'est-à-dire le jugement d'appel avec philosophie.

La petite guerre est donc provisoirement terminée. Qui ne s'en réjouirait ? Et ce samedi soir au Parc des Princes, elle a fait le sujet des conversations : "Les amateurs de Saint-Germain vont-ils menacer l'O.M. ?"

Pour connaître la réponse à cette question un nombreux public est venu et alors que nous écrivions ces lignes un jeune homme porteur d'une banderole "Allez l'O.M." fait le tour du terrain à vive allure.

La réponse immédiate maintenant une deuxième banderole : "St-Germain en finale", "Magnusson ne fera pas la loi". C'est donc bien parti, l'ambiance ne fera pas défaut et les deux chorales rivales paraissent d'égale force.

Ajoutons que les deux équipes se présentent dans les formations annoncées.

L'ardeur de Saint-Germain

Saint-Germain, tout de bleu vêtu, part en trombe. Dès la première minute, un centre de la droite de Prost est repris de volée par Carre face aux buts, mais Lopez contre, ce tir aurait pu faire mouche.

L'O.M. n'est cependant pas long à retrouver ses esprits et, à la 2' un tir en retourné de Joseph est repoussé par la transversale. Peu importe, d'ailleurs l'arbitre considérant ceci comme un jeu dangereux avait sifflé coup franc.

Et c'est vers la 15' que Magnusson réussit son premier festival à l'issue duquel Bonnel n'échoue que de peu. Jusqu'à présent le jeu est aussi ardent que décousu, un vrai match de coupe en somme.

Joseph l'homme

fort

Le deuxième quart d'heure se poursuivaient à la même allure. L'O.M. commençant cependant à prendre l'avantage, un bon centre de Gueniche trouve la tête de Bonnel, mais ce dernier frappe en hauteur.

Puis Magnusson s'envole là-bas sur la droite et obtient un corner. Mais il faut objectivement reconnaître que St-Germain ne se débrouille pas mal du tout et, pour l'instant, les deux gardiens n'ont pas eu à se surpasser. A peine venions-nous d'écrire cette ligne que Joseph, tout seul, bousculant deux arrières, et projetant le gardien Choquier au sol, marque, de la tête, un but extraordinaire, but refusé, l'arbitre ayant estimé que Joseph y était allé un peu fort !

Magnusson se déchaîne

Enfin, à la 30', du grand football ; centre au millimètre de Magnusson sur Joseph, reprise directe de l'avant-centre de l'O.M. et bel arrêt de Choquer.

Le Suédois commence, il est vrai à peser lourdement sur tout le côté gauche de la défense de St-Germain, laquelle défense dans la même minute se tire par les cheveux de plusieurs situations critiques. Un admirable tir de Magnusson à la suite d'un étonnant demi-tour, une montée de Gueniche, Djorkaeff, un tir de Novi... Bref, ça chauffe ! Mais ça ne passe pas encore et, par voie de conséquences, Saint-Germain se permet quelques contre-attaques assez dangereuses obtenant même corner à 2' de la mi-temps. Mi-temps qui sera sifflée sur le score de 0-0.

Comme Walter

Spanghero !

La partie débute sous le signe Magnusson, deux séries de dribbles à vous couper le souffle, juste sous la tribune d'honneur. Mais Choquier, une fois de plus, est à la parade et Saint-Germain contre-attaque aussitôt.

Quel sang ces Saint-Germinois. Le plus fort d'entre eux, au vrai sens du mot, étant Prost, qui vient de réussir un passage à la Spanghero, en plein coeur de la défense de l'O.M., terminé malheureusement à la Camberabero.

Joseph doit être jaloux, car peu après, curieusement servi par l'arrière gauche de Saint-Germain, il place du gauche un assez joli drop.

Ce que peut faire Magnusson est pourtant extraordinaire, tout y passe et le pauvre Menou doit se demander comment on dit "pousse" en suédois.

70e minute : enfin Bonnel

Il y a maintenant une heure que l'on joue, et toujours 0-0. Bien que l'inévitable Monsieur Magnusson vient de donner une balle de but à Gueniche, encore une occasion de but que Gueniche, sur centre de Lopez et tire franchement à côté. La série blanche continue.

Magnusson ayant fait l'impossible, son centre échoue à Destrumelle, fort bien placé... et c'est encore un loupé.

Puis Joseph marque un but d'un coup de poing et le temps passe, passe, passe.

Il passe le temps, jusqu'à la 70e minute exactement. C'est le moment précis que choisit Bonnel pour loger, de la tête, dans la cage de Saint-Germain, un ballon dévié au préalable par la tête de Joseph, à la suite d'un long centre en profondeur venue de la gauche.

O.M. 1 - Saint-Germain 0.

88e minute :

un but Magnusson - Joseph

de rêve

Dernier quart d'heure est toujours le "show" Magnusson, notre ami Roger s'amuse comme un petit fou, terminant ses extraordinaires numéros par des passes qui sont, elles, du très grand football. Qu'aucun autre but olympien ne soit marqué, serait le plus surprenant de l'affaire, d'autant plus surprenant qu'à cinq minutes de la fin un tir de Béreau oblige Escale à plonger pour dévier le ballon en corner. Mais on allait voir mieux encore en matière de but loupé.

Un centre de Magnusson (encore lui) que Destrumelle rate, et on se demandera longtemps comment... Et, pour finir, le bouquet : Magnusson jongle avec le ballon et, de haute volée, trouva la tête de Joseph : un deuxième but de toute beauté. 88e minute. O.M. 2 - Saint-Germain 0.

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Le Parc a trouvé son prince

On s'est bien amusé, hier soir, au parc des Princes. L'extrême bonne volonté de Saint-Germain ayant permis à la rencontre de conserver son mystère. Il tint assez longtemps, mais dès la mi-temps, et même bien avant le résultat n'était pas douteux. Complètement paniquée, et pas seulement devant Magnusson, la défense de Saint-Germain faisait feu de tout bois.

Or, on le sait, les meilleures choses ne peuvent pas durer. Elles durèrent exactement jusqu'à la 70me minute, quand Bonnel prolonge de la tête, dans la cage de Saint-Germain un ballon dévié au passage par Joseph. Mais s'il fallait faire le compte des occasions ratées par l'O.M., une page entière de notre carnet n'y suffirait pas.

L'extraordinaire performance de Magnusson fut en grande partie gâchée par la maladresse de la plupart de ses partenaires. Dans le fond, il vaut peut-être mieux, car le 5 ou 6 à 0 qui aurait pu fort aisément se produire, eût complètement tué l'intérêt du match retour.

Cependant tous ces tirs à droite, à gauche par-dessus ou arrêtés in-extremis devaient déboucher sur un final d'une extraordinaire beauté ; quand on vit Magnusson jongler avec le ballon sur la droite, et puis, très tranquillement, comme si c'était la chose la plus facile à faire, adresser en direction de la tête de Joseph un centre en hauteur, on cria "but" avant même qu'il ne fut acquis. Au propre et au figuré, du football de haute classe.

Le prince du Parc

On s'excusera pour le reste de l'équipe d'avoir à écrire encore une fois que cette partie fut illustrée par Magnusson, l'incomparable. Depuis que nous le voyons jouer, nous ne l'avions jamais vu aussi brillant, aussi facile, aussi sûre de son art et aussi déroutant pour ces malheureux adversaires. Ce qui a le plus frappé nos confrères parisiens a été de constater que cet extraordinaire numéro d'illusionniste se termine toujours par de l'excellent football, clair, simple et précis.

Hier soir, tous les spectateurs présents au parc des Princes ont applaudi Magnusson et constaté avec quelque regret qu'il n'y avait en France aucun joueur de sa classe.

Prost et Choquier

L'équipe de Saint-Germain a fait de son mieux ; elle a lutté pendant 90 minutes avec un courage indomptable, et c'est grâce à elle que cette rencontre a eu un caractère de Coupe de France. Nous avons surtout remarqué dans ses rangs l'avant-centre Prost, qui se battit sur toutes les balles et possède une classe certaine, ainsi que l'excellent gardien Choquier.

Ses autres meilleurs joueurs furent l'omniprésent Guignedoux le demi Bereau et le chauve Pietrantoni.

À Marseille, la défense a joué son rôle habituel, un rôle assez simple. Le jeune Maccagno a très bien tenu sa place, il mérite d'être conservé pour le match retour, au cas ou Hodoul ne serait pas guéri.

Nous devons citer également l'excellente partie de Lopez, très bon en attaque, et sûr en défense. Joseph eut le mérite de marquer in-extremis un très joli but de la tête, but, il est vrai, qui lui fut royalement offerts par Magnusson. Gueniche aurait fait lui aussi une bonne partie s'il n'avait pas particulièrement malheureux dans ses tirs. Dans l'ensemble, l'équipe de l'O.M. à un peu souffert de la comparaison avec son étonnant virtuose Magnusson. Elle a toutefois joué avec sa bonne volonté habituelle, et ne peut rien lui reprocher.

Il semble tout de même que le match retour soit pour l'équipe marseillaise une simple formalité ; on n'a pas l'impression que sur la pelouse du stade vélodrome Saint-Germain puisse résister plus d'une demi-heure malgré l'indiscutable courage de cette fort sympathique équipe.

Maurice FABREGUETTES

 

 

 

 

 

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