OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 17 novembre 1969

 

DEJA SKOBLAR-LE-MAGNIFIQUE !

LYON, décevant, battu largement (4-1)

Vive la Yougoslavie !

Grâce à Dynamo de Zagreb et Josip de Zadar - et en moins d'une semaine - 60.000 marseillais ou apparentés sont passés aux guichets du Stade-Vélodrome.

Certains de nos clubs dits professionnels, pas tous de Deuxième Division, auront du mal à réunir pareille affluence, en une saison de compétition.

En 69-70 Marseille est bien devenue la capitale française du football.

La ville en or, si nous voulons éviter toute comparaison parfaite inutile, avec l'étranger.

Donc, sur 28.000 spectateurs recensés, on peut affirmer, sans craindre d'erreur, que 15.000 au moins étaient venus pour vous revoir Josip Skoblar.

D'où la seule question qui nous fut posée plutôt cent fois qu'une, la rencontre terminée :

"COMMENT L'AVEZ-VOUS TROUVÉ ?"

Notre réponse a été :

"ÉGAL À LUI-MÊME."

En deux ans et demi, Josip Skoblar n'a pas pris une ride.

En décembre 66, nous l'avions vu débuter, sous le maillot blanc, à Valenciennes.

L'O.M. s'était incliné (2 à 1), mais le soir même, nous titrions :

"SKOBLAR ! UN TIGRE DANS LE MOTEUR DE L'O.M."

Le slogan est passé de mode. Josip Skoblar, par contre, est toujours d'une brûlante actualité.

Brûlante surtout pour les défenses adverses et plus particulièrement pour les françaises, lesquelles n'ont pas l'extrême rigueur des allemandes.

Tout ce que nous avons vu faire de mieux à Skoblar, hier après-midi, des passes immédiate, des jaillissements spectaculaires balle au pied, avec le tir au bout de la course, un but modèle de la tête... ne nous à rien appris.

Nous l'avions vu, déjà, faire aussi bien, dans des conditions plus difficiles.

Il n'en est pas moins agréable de constater que Josip Skoblar-le-magnifique est toujours l'un des meilleurs spécialistes mondiaux, sous le numéro 10.

Tant mieux pour l'O.M.

L'attaque idéale du moment.

Hier encore, on pouvait se demander si Mario Zatelli ne devait pas se creuser la tête pour former la nouvelle équipe type.

Le problème s'est résolu tout seul, sur le terrain.

L'attaque idéale sera faite de Magnusson, Joseph, Skoblar, Loubet, avec l'indiscutable Bonnel en soutien, plus Novi et tous les autres déjà bien connus.

Ce qui ne condamne nullement Merschel, Destrumelle et Mitic ; quatorze joueurs étant un minimum pour une équipe ayant des ambitions internationales.

De Mitic qui, lui, débutait sous le maillot blanc, on évitera de trop parler. En bien ou en mal.

Un joueur a toujours besoin d'une période d'adaptation, surtout quand il change non seulement de club, mais aussi de pays.

La première impression, il faut bien écrire, est moyenne sans plus.

Mais il ne s'agit que d'une impression. Nous n'aurions pas la sotte prétention de juger un joueur sur une seule rencontre.

Lyon : une grande déception.

Un journaliste n'étant pas un supporter, le passage brutal de la Yougoslavie à l'Hexagone nous a bien déçus.

Le l'O.L. de Lyon n'est pas le Dinamo de Zagreb. Tant s'en faut.

Seul un aveugle ne s'en serait pas aperçu.

En plein sincèrement les dirigeants de cette équipe. Ils avaient fait, depuis deux saisons, un sérieux effort de recrutement ; leurs efforts, s'ils furent chèrement payés, ne sont pas payants.

Popluhar, l'âge venu, n'a que de beaux restes ; Chiesa semble faire le complexe du jeune trop vite glorieux... et des Nestor Rambert, il doit y en avoir encore un peu partout en France, en C.F.A.

Guy à l'infirmerie, Di Nallo en disgrâce, c'est beaucoup pour une seule équipe, même si Baeza est toujours un bel arrière et Angel Rambert un habile dribbleur.

Les nombreuses insuffisances lyonnaises donnèrent à la rencontre un caractère d'inachevé, ou plutôt de trop vite terminé.

Des les premières minutes et bien que l'O.M. ait raté son départ, on sut que la victoire olympienne serait peu ou mal contestée.

Une mauvaise première mi-temps

L'O.M., revenons-y, avait pris un départ très laborieux. Trop modifiée, l'équipe ne se trouvait pas.

Joseph ne savait ou se mettre à l'aile gauche, Loubet ménageait sa jambe encore blessée, Mitic n'arrivait pas à fixer le jeu au centre du terrain et Skoblar, lui-même, ne paraissait pas habité par la grande inspiration.

Bref, à la mi-temps, l'O.M. grâce à un seul tir de dans l'encadrement (Skoblar) menait par 2 à 0.

C'était on ne peut mieux payé. En deuxième mi-temps, Joseph revenu au centre et Loubet à l'aile gauche, l'O.M. retrouva, d'un coup, son unité et son brio.

Lyon frôla, alors, la catastrophe. Deux à zéro à la mi-temps, ce fut injuste pour les Lyonnais ; quatre à un, à la fin, c'était un cadeau.

L'entente avec Skoblar

L'O.M., sur impression de cette deuxième mi-temps, paraît repartir sur une brillante carrière française.

La défense, pour une fois qui n'est pas coutume, n'eut pas à forcer son talent pour s'imposer.

Novi, libéré de tâches défensives urgentes, put se montrer offensif.

Joseph a confirmé son retour en forme et Bonnel continue à abattre une tâche de marathonien avec une extrême facilité.

Loubet est toujours l'attaquant de pointe, peut-être irrégulier, mais dans les pointes sont capables de forcer la décision.

Retenons encore, de cette victoire sans histoires, que Loubet, Joseph et Bonnel ne tarderont pas à s'entendre fort bien avec Skoblar.

L'avenir des blancs en rose, alors ?...

Sur le plan national, oui !

Maurice FABREGUETTES

  ------------------------------ 

Pendant vingt minutes

ce fut la canonnade...

Le retour de Josip Skoblar, venant s'ajouter aux débuts de Mitic, on fait comme on pouvait s'y attendre, un grand succès populaire de cette affiche gentillette sans plus. 30.000 spectateurs qui restèrent dans l'ensemble sur leur faim en première mi-temps, mais s'enflammèrent après le repos aux exploits de leur idole.

L'euphorie collective aidant, le public encouragea gentiment les efforts de Mitic et prit le parti de rire lorsque Joseph, qu'il ne ménage pas d'habitude, expédia une foudroyante reprise de volée vers les quarts de virage. Hier, c'était le public "tout va bien", enclin à l'indulgence, aussi bien envers les siens qu'envers les adversaires, le public des 2, 3 ou 4 buts d'avance.

De même, pourtant, que celui de mercredi.

Le score

O.M. : 4 - Lyon 1. Mi-temps : 2-0. 10ème minute : Baeza accroche, deux mètres à l'intérieur de la surface, Bonnel qui allait (peut-être) perdre le contrôle de la balle. M. Frauciel sanctionne la faute incontestable d'un penalty transformé à contre-pied par Djorkaeff. (O.M. 1 - Lyon0).

32me minute : Loubet déborde et centre de la droite. Skoblar rate sa reprise de volée du gauche, contrôle tout de même et tire du droit en pivotant, la balle étant déviée au passage par un défenseur lyonnais. Baeza et ses camarades tentent en vain de faire annuler le but pour hors-jeu de Joseph (O.M. 2 - Lyon 0).

54me : Skoblar reprend de la tête avec force et précision un centre de Lopez (O.M. 3 - Lyon 0).

57me minute : La balle va de Skoblar à Djorkaeff qui déborde et centre. Joseph, complètement démarqué, marque facilement (O.M. 4 - Lyon 0).

73me minute : Bonne action lyonnaise amorcée par A. Rambert. Centre de Chicha et tête victorieuse de N. Rambert (O.M. 4 - Lyon 1).

Le jeu

La première mi-temps, au cours de laquelle l'O.M. parut contracté et mal à l'aise, ne fut pas passionnante. Mais le niveau du jeu s'éleva après la reprise, surtout lorsque Joseph eût repris place au centre. L'O.M. joua alors une bonne demi-heure de façon agréable, fléchissant au cours du dernier quart d'heure.

Les joueurs

On attendait bien sur, côté marseillais, Mitic et Skoblar. On ne jugera pas le premier à court de compétition, mais sa production simplement moyenne. Le second répondit pleinement à l'attende des supporters en jouant un match très complet à la fois élégant, habile et ô combien efficace. Il fut l'incontestable vedette de la rencontre. Le Lyonnais Chiesa, longtemps étouffé par les circonstances, refit surface en fin de partie. La plupart de ses coéquipiers ont déçu, tandis que les Marseillais, à l'exemple de Loubet, jouaient un match inégal.

L'arbitrage

Les Lyonnais contestèrent vivement les deux premiers buts marseillais, estimant le penalty sifflé contre Baeza sévère, et accusant, sur le second, le juge de touche de s'être "dégonflé" après avoir signalé un hors-jeu de Joseph qui fit annuler par le même juge un très joli but de Skoblar à la 47e minute.

On ne saurait dire que l'arbitrage de M. Franciel, et à ses assesseurs ait faussé le résultat d'une partie à l'avantage de l'O.M.

Curiosité

Jean-Louis Hodoul, "libéro" de l'O.M., fut sifflé hors-jeu à la 81me minute. Cela ne doit pas lui arriver souvent.

Tactique

Les deux équipes opèrent selon les mêmes principes, avec un couvreur et une défense pratiquant le marquage individuel. Mais la supériorité de l'O.M. étant manifeste, l'attaque marseillaise comprit très souvent quatre hommes ; Loubet Skoblar, Joseph et Mitic

Louis DUPIC

    ------------------------------ 

SKOBLAR : "Moi j'avais chaud"

Le président Marcel Leclerc arborait un large sourire de satisfaction : "On commence à avoir une équipe, c'est ce qui ressort de ce match !"

Josip Skoblar était sérieux pour répondre aux nombreuses questions : "Je suis ravi d'avoir fêté mon retour à Marseille ! Mais j'ai été surpris par la chaleur qui régnait sur le terrain, je n'y étais plus habitué !"

Djorkaeff soulignait avec bon sens : "Nous avons eu du mal à démarrer, à trouver notre rythme, mais nous avons bien fini la première mi-temps !"

Bonnel était souriant, détendu : "Les Lyonnais jouent bien au ballon mais il faut avouer qu'ils ne sont pas très dangereux !"

Joseph transpirait abondamment, de grosses gouttes perlaient sur son visage : "C'était dur ce match, après avoir affronté le Dinamo de Zagreb, mais les événements ont bien tourné !"

Jules Zwunka était radieux : "Il ne faut pas se fier aux apparences, ce match était réellement difficile ! Mais il fallait le gagner, et nous avons réussi au-delà de nos espérances !"

Dans le camp lyonnais, la lourde défaite n'était pas facile à digérer.

Flohic était très calme pour nous affirmer : "Les deux premiers buts marseillais ne sont pas mérités ! Il n'aurait pas dû compter."

Angel Rambert soupirait : "Nous n'avons pas fourni une partie transcendante, mais le score est flatteur pour les Marseillais.

Chauveau questionnait : "Je me demande si les Marseillais seraient parvenus à nous battre s'ils n'avaient pas eu dans leurs rangs ce diable de Skoblar !"

Yacoubian s'exclamait : "L'arbitre a mis la panique au début du match. C'est dur de retrouver le moral quand tu as le sentiment d'avoir été victime d'une injustice !"

A.D.

    ------------------------------ 

ET MITIC ?

Josip Skoblar était rayonnant dans le vestiaire olympien, son compatriote Mitic, par contre, avait l'air assez déçu.

"Non, nous a-t-il confié, je n'ai pas la sensation d'avoir fourni un bon match, mais il faut dire que je n'ai pas eu non plus beaucoup de balle. Le jeu ses surtout orienté sur Josip et Loubet. Et au football, vous le savez sans doute, on ne peut espérer briller en regardant passer les ballons. C'était aussi mon premier match de championnat avec mes nouveaux équipiers. Avec un minimum d'adaptation je pense que cela ira mieux dans pas longtemps.

"Quoi qu'il en soit, important aujourd'hui était de gagner. Sur ce point, ma foi, objectif a été atteint.

M. Leclerc interrogé sur son deuxième Yougoslave, nous a d'ailleurs répondu qu'il ne fallait pas encore le juger :

"Il faudrait se garder de faire un parallèle avec Skoblar, a dit le président, qui, dimanche dernier, jouait encore avec Hanovre. Mitic, lui, a beaucoup a besoin de retrouver la totalité de ses moyens. Mais vous le verrez bientôt il est capable de très grandes choses."

Nous en acceptons volontiers l'augure.

Jean FERRARA

    ------------------------------ 

MAGNUSSON : genou inquiétant

Roger Magnusson est triste. Lui, sait mieux que personne combien est douloureux son genou. Il oublia un peu ses malheurs quand il vit jouer Skoblar. À la question : "Pourrez-vous tenir votre place à Zagreb, le Suédois a répondu : "Je suis atteint d'une inflammation des ligaments. Ça me fait très mal, j'ai bien peur de ne pouvoir jouer à cette date. En toute conscience !"

Magnusson continue à se soigner énergiquement. Mais il avait le moral bien bas, hier soir.

Magnusson : "J'ai hâte de jouer avec Skoblar !"

"Ce Skoblar est décidément un très grand joueur... soliloquait Roger Magnusson. Aussi à l'aise au milieu de terrain qu'en pointe, il est toujours là où passe le ballon. J'ai hâte de jouer avec lui, car nous allions faire du très bon travail.

------------------------------ 

"Les deux ça fera mal !"

...dit BAEZA

Nul, mieux que l'arrière international Jean Baeza, ne pouvait donner un avis autorisé sur la fracassante rentrée de Josip Skoblar, au centre de l'attaque marseillaise :

"Nous le savons déjà un joueur d'exception, a-t-il encore ruisselant de la douche, il n'a fait aujourd'hui que confirmer sa grande classe. Nerveux, rageur, il est sur toutes les balles, et son tir puissant en fait un danger permanent pour les défenses adverses. C'est l'homme de complément qu'il fallait à l'O.M. Quand il sera aux côtés de Roger Magnusson, cela fera, on peut s'en douter, un drôle de tandem..."

------------------------------ 

ZATELLI : "On aurait pu marquer deux buts supplémentaires !"

L'entraîneur Mario Zatelli était flegmatique pour accueillir cette large victoire : "Nous avons abordé cette rencontre dans des conditions difficiles. Nos hommes étaient fatigués par les efforts fournis lors de la rencontre de coupe d'Europe des vainqueurs de coupe disputée contre Dinamo de Zagreb, certains joueurs avaient reçu des coups, nous étions privés de Magnusson et enfin nous alignions deux nouveaux éléments dans notre attaque, mais finalement tout s'est très bien passé. Nous aurions même pu marquer deux buts supplémentaires, mais enfin, ne soyons pas trop gourmands ! C'est un score largement suffisant..."

L'entraîneur des Lyonnais, Aimé Mignot, n'était pas content mais vraiment pas content :

"Les Olympiens étaient plus forts que nous et nous ne contestons pas cette supériorité, mais tout de même nous avons des raisons de ne pas être satisfait de l'arbitrage. Je considère que les deux premiers buts marseillais n'étaient pas valables, et je m'explique : le penalty sifflé contre nous est plus que sévères, il est anormal, sur le second but réalisé par Skoblar, j'ai vu le juge de touche agiter son drapeau pour signaler un hors jeu et puis tout à coup il a baissé purement ; il s'est souvenu des incidents du match O.M. - Saint-Étienne et cela l'a rendu prudent !"

Alain DELCROIX

------------------------------ 

LOUBET : "Toujours moi"

Charly Loubet a encore reçu un coup sur la jambe à peine guérie.

"C'est devenu une habitude - dit-il avec philosophie - les méchants d'en face n'osent pas attaquer Joseph, il est trop fort, ni Skoblar, qui rend les coups, ni Bonnel qui en donne..., alors ils tombent toujours sur moi, la bonne pâte. Il faudra que ça change."

    ------------------------------ 

Réclamation

contre Skoblar

L'olympique Lyonnais a déposé avant le match des réserves sur la façon dont avait été acquise la qualification de Skoblar, sans que la lettre de sortie soit parvenue au Groupement.

    ------------------------------ 

     ------------------------------ 

Autres photos

 

 

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.