OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 15 décembre 1969

 

Le réveil de SKOBLAR a fait trembler

les Girondins

Match nul et 2 buts (Bonnel et Skoblar)

(De notre envoyé spécial : louis DUPIC)

BORDEAUX - Nous savons très bien que les Girondins n'ont pas sous-estimé leurs adversaires marseillais. Bien au contraire certains défenseurs bordelais, tout au long de la partie, parurent vivre dans une crainte respectueuse des dangereux attaquants visiteurs pourtant, à notre avis, plus à la peine qu'à honneur pendant de longues minutes, à l'exception du brillant Roger Magnusson.

Menés initialement à la marque, les Girondins redressèrent la situation de telle façon magistrale qu'ils se vidèrent au cours de cette période d'une grande intensité, d'une partie de leurs forces vives, se contentant inconsciemment, par la suite de conserver un avantage très durement acquis en quelques minutes.

Or, il est toujours illusoire de vouloir protéger un petit but d'avance sur une équipe possédant un buteur aussi redoutable que Skoblar, même en condition moyenne.

Le vrai réveil de Josip

Il faut avouer que pendant plus d'une heure on aurait pu dénombrer sur les doigts d'une seule main, les actions dangereuses du Yougoslave, peut-être pas précisément favorisé par les fluctuations du jeu mais ratant ses départs et même quelques passes faciles pour un joueur de son envergure. Mais soudain il tenta, sur une longue balle de Loubet, une reprise de volée qui provoqua un murmure d'admiration dans le public. Cela suffit sans doute pour le remettre en confiance. Cinq minutes plus tard, il recevait une balle bien déviée par Joseph mais assez difficile à utiliser. Il la logeait pourtant dans le but d'un revers du pied droit acrobatique, lobant proprement le malheureux Montes.

Nous sommes toujours persuadés que le football est un admirable jeu collectif, mais que serait-il sans le piment que peuvent y apporter des hommes d'un talent aussi exceptionnel ?

Sur sa lancée, faisant feu des quatre fers, Skoblar faillit ensuite, entraînant ses camarades de l'attaque, provoquer la défaite bordelaise et il est certain que quelques Girondins, se croyant vainqueur à la 75e minute, soupirèrent de soulagement à la 90e !

Un excellent Magnusson

Si nous avions longtemps cherché Skoblar dans une attaque plus courageuse que brillante, nous avions vu cependant un excellent Magnusson. Apparemment bien rétabli de sa blessure, s'efforçant, tout au long du match, d'animer sa ligne, rageur, gagneur et râleur comme à ses plus beaux jours, au point d'avoir des mots et même des gestes envers certains adversaires.

Mais ses débordements et ses charges, arrivant au milieu d'une défense bordelaise bien regroupée, n'avait jamais pu trouver partenaires à son grand désappointement. N'en doutons pas, Roger est maintenant sur le chemin de la condition retrouvée.

L'inusable Bonnel

L'O.M. avait eu son avantage à la dixième minute à un exploit personnel de Bonnel récupérant aux 40 mètres un dégagement manqué de Petyt puis débordant sur la droite Simon et Grabowski à la manière d'un ailier sprinter pour terminer son action par un tir croisé imparable.

L'inusable languedocien ne se contenta pas de marquer un but superbe. Il fut, avec Magnusson et, pour certaines parades, Escale, le plus en vue des Marseillais. Ce ne sont pas ses coéquipiers, qui ont pour lui une admiration frôlant la vénération, qui nous contredirons.

Il fut, une fois de plus, au four et au moulin, dégageant souvent son équipe par des dribbles habiles et menés profondément faisant sans doute basculer le déroulement de la partie, Bonnel n'est pas éternel. Lorsqu'il partira il laissera un grand vide.

Le curieux après-midi

de Escale

On sait que Jean-Paul Escale comme le précieux Hodoul, étaient partis de Marseille avec la grippe. Cela ne l'empêcha pas de se montrer une des individualités les plus intéressantes de la partie. On sera tenté de lui faire des reproches sur les deux buts encaissés : le premier sur une mésentente avec ses défenseurs ; un second pour avoir fait, de façon assez candide, confiance aux arbitres alors qu'il pouvait se saisir de la balle. Mais il désarmera toutes les critiques possibles en réalisant comme il nous en a donné l'habitude quelques parades remarquables.

Les autres Marseillais jouèrent un match difficile mais fort bien honnête.. Lopez et Djorkaeff tinrent en respect les ailiers girondins. Surpris au début par la vivacité de Jensen, Zwunka prit sa mesure au fil des minutes, terminant même très décontracté. Le grippé Hodoul, tout à fait excellent, rattrapa maintes situations délicates. Novi apparut le plus souvent à son avantage et se montra très précieux en défense.

Loubet et Joseph, les francs-tireurs de l'attaque n'eurent guère d'occasions de briller, mais leur obstination fut finalement récompensée puisqu'il participèrent à la réalisation du but égalisateur.

Les limites bordelaises.

Les Girondins, on le sait, vivent une saison de transition après avoir renouvelé en partie leur équipe. Petyt, Simon et Ruiter, techniciens de valeur, lui donnèrent au milieu du terrain une supériorité plus apparente que réel. Mais l'O.M. pendant ses bonnes périodes et notamment en fin de partie, situa à notre avis, nettement les limites bordelaises.

Lorsque les Girondins, en quelques minutes, ayant renversé la situation à leur avantage, continuèrent de se montrer dangereux, nous avions bien cru qu'il parviendrait à leurs fins. Mais un peu comme à Colombes, au cours de la finale, ce fut l'O.M. qui eut en somme le dernier mot, un nul à Bordeaux pouvant être considéré comme une petite victoire.

  ------------------------------ 

L'O.M. récompensé... BORDEAUX puni

Gris et très froid le matin, le temps était devenu miraculeusement assez doux au moment du coup d'envoi.

Avec la publicité faite autour de la rencontre par la presse locale, la présentant comme un nouvel épisode de la grande rivalité entre Marseillais et Bordelais, le stade était confortablement garni (15.000 spectateurs à peu près).

Dans les vestiaires de l'O.M. nous apprenions que les grippés, Escale et Hodoul, étaient en mesure de tenir leur place et les équipes dirigées par M. Uhlen allaient se présenter dans les compositions annoncées : Rostagni, la nouvelle recrue aux girondines, portant le numéro 4 du demi défensif, chargé de contenir Joseph, le petit Betta surveillant Skoblar.

Dès les premières minutes, nous pouvions nous apercevoir que Jensen, avant-centre danois, allait être un danger constant pour la défense marseillaise. En effet, à la 4me minute, il glissait à Simon une balle qu'Escale contrôlait en deux temps, après le tir du capitaine bordelais. Puis Joseph, sur un centre de Loubet, expédiait Montes au tapis sans grand mal pour ce dernier.

10me minute :

Bonnel marque

A la 10me minute, après une action de Magnusson, enrayée par la défense bordelaise, Bonnel recueillait le renvoi de Betta, débordait plusieurs adversaires sur la droite et marquait d'un tir croisé dans un silence de mort. La première action offensive dangereuse de l'O.M. venait d'aboutir par un exploit de son inusable animateur.

La réussite, en ce début de partie, semblait d'ailleurs marseillaise. Zwunka glissait et tombait devant le redoutable Jensen, qui filait seul au but, mais se faisait contrer par Hodoul et Escale.

16me minute :

Ruiter égalise

Ruiter, peu après, allait être plus heureux. Sur une action menée vivement par Wojciak, Petyt et Jensen, devant une défense marseillaise curieusement figée, le brésilien, à bout portant, réussissait à devancer Escale et à égaliser de la tête en plongeant.

Les Girondins en moins de deux minutes, allaient d'ailleurs réussir à retourner la situation à leur avantage.

Simon hors-jeu

Zwunka coûtait à l'O.M. un coup franc que Rostagni donnait au-dessus du mur marseillais. Simon, parti très vite, arrivait le premier sur la balle, la récupérait et lobait Escale du pied gauche. Djorkaeff et ses camarades qui n'avaient pas bougé, regardaient en vain du côté du juge de touche, attendant qu'il signale le hors-jeu de l'attaquant bordelais. Raide comme un piqué, le juge de touche ne bronche pas.

Simon sauve

A la 23me minute, Magnusson, débordant Desremeaux, était fauché nettement à l'intérieur de la surface par le solide défenseur bordelais. Coup franc indirect sur lequel Joseph se détendait bien et percutait de la tête vers le but de Montes une balle qui été repoussé toujours de la tête par Simon.

Après ce quart d'heure hors-série, les deux adversaires éprouvaient le besoin de souffler quelque peu.

Montes, à la 34e minute, devait repousser un dangereux centre tir de Magnusson. Escale contrôlait tout d'abord sans trop de mal quelques centres girondins. Mais le principal événement de cette fin de première période était un coup franc tiré puissamment par Desremeaux, Escale déviait sur la transversale et de là en corner.

Escale se distingue

La seconde mi-temps va commencer alors que le froid devenait plus vif par un tir lobé de Wojciak, qui passait au-dessus, et un coup franc de face, à la limite, donné par Skoblar et arrêté facilement par Montes.

À la 50e minute, une balle de Simon passait à travers partenaires et adversaires et Escale, d'un excellent réflexe, réussissait à mettre en corner d'une manchette.

A la 60e minute, sur une action de Ruiter, contrariée un peu par Hodoul, Jensen reprenait du gauche et marquait d'une position difficile, son but était refusé pour hors-jeu.

Un peu plus tard, sur un débordement de Novi, Joseph mettait de peu à côté, mais là encore le drapeau rouge du juge de ligne s'était manifesté à tort ou à raison.

Enfin Skoblar !

A la 70me minute, ordre été donné de mettre les projecteurs de services, mais dans la pénombre grandissante l'exécution se faisait attendre. Sur un centre de Loubet, Skoblar se mettait enfin en évidence en tentant une reprise de volée difficile qui passait au-dessus, mais suscitait les applaudissements du public. Mais Loubet, en position assez favorable, ratait la sienne après un renvoi trop faible de Montes.

On abordait le dernier quart d'heure lorsque Skoblar recevant une balle de Loubet, déviée habilement au passage par Joseph réussissait d'un revers du pied droit à lober Montes et à remettre les deux équipes à égalité.

L'O.M. se trouvait récompensée de sa persévérance et son adversaire puni avoir voulu au cours de la dernière demi-heure protéger son mince avantage.

    ------------------------------ 

"Oui, Joseph a bien joué" c'est l'opinion de ZATELLI

Alors que la traction turbulente du public bordelais injuriait M. Uhlen, qui avait pourtant, selon toute apparence, accordé un but hors-jeu à son équipe, Mario Zatelli revenait aux vestiaires comme un homme libéré d'un grand poids :

"Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureux. Il nous fallait absolument cette bonne performance à Bordeaux pour des raisons que vous connaissez bien. Une nouvelle défaite, et c'était le doute, les critiques, les histoires de toutes sortes. Tenez, dites bien à vos lecteurs que Joseph a joué un très bon match, car je le pense. Je suis vraiment très content de mes garçons."

Le président Leclerc ajoutait : "Vous pouvez dire que c'est pour une victoire morale, car je suis formel, Simon était bel et bien hors-jeu lorsqu'il a marqué le second but".

Il était approuvé par les défenseurs marseillais et notamment Lopez :

"Il a tenté à chance et il est parti nettement avant le coup de pied de Rostagni. C'est pourquoi nous n'avons pas bougé. C'était trop net".

Jean-Paul Escale ajoutait : "Vous savez, j'aurais pu aller chercher cette balle, mais j'étais tellement persuadé que les arbitres allaient intervenir. J'ai été pétrifié de ne pas entendre siffler.

Sur le premier but, je dois reconnaître qu'il y a eu entre nous une grosse mésentente dont Ruiter a habilement profité. Ce sont des choses qui arrivent".

Roger Magnusson et Skoblar montrait les estafilades qui marquaient leurs jambes : je suis content, disait Roger, à la fois du résultat car un nul à Bordeaux c'est bon pour nous, mais aussi de mon état qui s'améliore nettement. Aujourd'hui je me sentais plutôt bien.

Josip, lui, montrait surtout ses balafres et expliquait que pour lui la partie avait été très difficile, car il avait dû sauter sans cesse pour éviter les coups.

Bonnel, comme d'habitude, recueillait modestement les félicitations et nous expliquer comment il avait réussi à filer sous le nez des bordelais pour marquer le premier but.

Une ombre au tableau : Escale et Loubet, les turfistes de l'équipe, apprenaient avec angoisse qu'ils n'avaient pas le tiercé

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.