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Résumé Le Provencal

du 25 janvier 1970

 

O.M. - NIMES : mauvaise répétition avant la Coupe

Les Marseillais gagnent (4-0) un match dominé par les accrochages et l'anti-jeu

Après les épines, les roses.

C'est devenu une tradition au stade vélodrome.

Dès son entrée sur le terrain, l'équipe visiteuse se fait copieusement "enguirlander" par le public.

C'est la mise en condition.

Là-dessus arrive Djorkaeff, une guirlande, ou plutôt un bouquet de fleurs, sous le bras.

Lequel bouquet passant de la main du capital adverse à celle du N.12 échouer, sur le petit banc, à côté de l'entraîneur.

Quand cet entraîneur et notre pétulant ami Kader Firoud, on peut supposer que ledit bouquet est piétiné, en long, en large et en travers, pendant la rencontre.

Hier, le même scénario a été joué, la rencontre terminée.

Alors que l'équipe nîmoise quittait le stade vélodrome, sous les huées d'une centaine de supporters, Magnusson nous disait :

"Aujourd'hui, Kabyle a été très gentil. Ce n'est pas un méchant joueur, mais il est trop impulsif et, de ce fait, facile à dribbler."

Des roses suédoises, pour Kabyle, voilà qui ne va pas manquer de nous surprendre.

...Et, pourtant, nous n'inventons rien.

"Garder votre sang-froid !"

Pourquoi ce long préambule, hors de propos ?

Parce que nous estimons qu'à quinze jours du match de Coupe à Alès, il ne faut pas envenimer les choses.

Surtout pas !

Répétons à usage de nos lecteurs, ce que nous avons déjà dit au calme capitaine olympien :

"La plus grosse erreur que vous pourrez commettre à Alès serait de perdre votre sang-froid, de tomber dans le jeu des Nîmois. Vous êtes les meilleures, votre attaque à un pouvoir offensif très supérieur à celui de celle de Nîmes. Gardez votre calme, jouer au football et vous gagnerez presque certainement.

Pour notre part, nous voulons éviter de faire de ce match d'Alès une montagne. Un monument de mauvaises intentions, de compte à régler à la pointe du crampon.

Un derby sudiste, sans doute, un "choc" vraisemblablement, mais en définitive, un simple match de football.

Beaucoup trop d'anti-jeu.

Cela écrit, car il faut bien reconnaître que cette répétition laisse mal augurer de la représentation.

N'ayant pas une âme de comptable, nous n'avons pas relevé avec exactitude toutes les irrégularités commises en 90 minutes.

Mais, il nous a bien semblé que le record de ce (mauvais) genre était sinon battu, du moins approché.

M. Mouthon essaya bien, en début de match de se montrer pointilleux, et impartial... il fut, assez vite débordé.

On l'excusera en partie.

Allez vous y reconnaître, quand les fautes sont souvent doubles et que certains joueurs possèdent un tel art de "faire du cinéma" que leur carrière serait tout aussi fructueuse à l'écran que sur un terrain de football.

Bon, n'insistons pas et souhaitons qu'à Alès le véritable football retrouve ses droits dans un climat redevenu serein.

Souhaitons le mais n'y croyons pas trop.

Mezy, Scherer, Kabyle.

Comme toujours en pareil cas, nous avons assisté à un match de maraudeurs.

Les buts marqués (3 sur des coups arrêtés) ou ceux qui auraient pu l'être, de part et d'autre, furent tous exceptionnellement la conclusion d'une action ordonnée.

La "vista" de Skoblar, le "punch" de Bonnel, la "furia de Diongue", l'art d'utiliser les restes de Scherer... furent les vraies vedettes de la rencontre.

Le Nîmes-Olympique, bien que battu quatre à zéro, a produit l'impression d'une équipe pouvant être très dangereuse sur un match.

Jusqu'au bout, les "Crocodiles" posèrent des problèmes à la défense de l'O.M. et ce n'est pas pour rien qu'Escale fut l'un des meilleurs joueurs de son équipe.

Confirmant les espoirs mis en lui, Mezy fut l'un des plus brillants footballeurs sur le terrain.

Scherer, puissant, précis et lucide, se montra, lui aussi, à son avantage.

On peut aimer ou ne pas aimer Kabyle, mais il faut reconnaître qu'il mit Magnusson sous l'éteignoir toute une mi-temps.

Citons encore Canetti énergique, peut-être trop ; Augé et le jeune gardien Martinelli, dont les débuts peuvent être qualifiés d'encourageants.

Bonnel, Skoblar, Escale

L'O.M. l'a remporté fort nettement, grâce à un échange de brillants procédés entre Bonnel et Skoblar, Skoblar et Bonnel.

Bonnel, une fois encore, tant en attaque qu'en défense, ou il se multiplia, fut le numéro un de son équipe.

À peine pourrait-on lui demander d'oublier un peu "la vendetta".

Florensac n'est pas en Corse, que nous sachions !

Skoblar ne joua que par à-coups ; mais ces à-coups eurent une influence déterminante sur résultat de la rencontre.

La très grande classe peut se permettre quelques éclipses.

Escale a fait l'unanimité dans les deux camps : trois ou quatre arrêts décisifs, un très grand match.

Magnusson ne s'est retrouvé, partiellement, qu'en deuxième mi-temps. Pour un joueur de sa valeur, une partie simplement moyenne.

Zwunka, Hodoul, Lopez se battirent avec leur habituelle vaillance.

Loubet apparaissait revenir en force et Mitic semble manquer de compétition.

Djorkaeff, un peu en difficulté devant Diongue en début de match, retrouva assez vite son aisance et son sens du jeu.

Maurice FABREGUETTES

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SKOBLAR et BONNEL, hommes de tête

C'était un match d'un caractère tout à fait particulier, venant après deux rencontres particulièrement houleuses, et avant un 32me de finale de Coupe qui permet de faire date... Au cours du premier quart d'heure, nous avions l'impression que les deux adversaires, demeureraient sur une prudente réserve, mais, dès les premiers accrochages c'en fut fini des bonnes résolutions.

Nous avons donc assisté à un débat passablement heurté, émaillé d'irrégularité et haché par les coups de sifflet de M. Mouton, directeur de jeu autoritaire, enlevé par l'O.M. sur un score trop lourd pour son adversaire nîmois.

L'intérêt de la partie résida surtout dans son âpreté, la qualité de jeu étant tout à fait moyenne.

Une première mi-temps assez banale, peu fertile en occasions de buts, précéda une seconde période échevelée, marquée par la réussite marseillaise. En effet, Nîmes-Olympique se trouva plusieurs fois en mesure de contester la supériorité marseillaise.

Les joueurs

On pourra trouver paradoxal que Jean-Paul Escale ait été le plus parfait des joueurs présents sur la pelouse. Il prit pourtant une part éminente dans la construction du succès de son équipe en réalisant, au 7e, 18e et 27e minute de la seconde mi-temps des parades ahurissantes et décisives.

Avec lui, côté marseillais, nous avons surtout remarqué Bonnel et Skoblar, non seulement parce qu'il assurèrent la victoire de leur équipe, mais aussi pour leur travail et l'influence exercée sur le jeu dans son ensemble.

A Nîmes, où Kabile tint le plus souvent Magnusson dans l'échec, nous avons apprécié la maîtrise technique du jeune Mezy, pourtant fatigué et malade et l'abattage de Scherer, malheureux dans ses tirs, Martinelli le gardien remplaçant de Landi n'a rien à se reprocher.

Le score

Il fut ouvert dès la 2me minute par un très bon coup de tête de Skoblar venu de loin pour reprendre un centre tendu de Bonnel (1 à 0).

À la 53me minute, Skoblar, sur coup franc brossé, rend la politesse à Bonnel qui marque très nettement de la tête (2-0).

61me minute : Au terme d'une période mouvementée, Escale étant sauvé par Hodoul et Martinelli par la barre, Augé bouscule Skoblar dans le coin de la surface. Penalty transformé impeccablement par Magnusson (3-0).

85me minute : Slalom de Magnusson au milieu de la défense nîmoise qui s'achève par un plaquage de Betton et un nouveau penalty. Magnusson se fait justice en prenant Martinelli à contre-pied (4-0).

Les faits marquants

5e minute : un centre de Bonnet roule devant le but de l'O.M.

25me minute : Bonnet, seul à quelques mètres du but rate son tir.

31me minute : Centre de Loubet. Reprise de volée de Mitic à côté.

50me minute : Loubet, seul au point de penalty manque complètement son tir.

52me minute : Mezy "trouve" Scherer qui contrôle de la poitrine, s'avance et se fait contrer par Escale.

64me minute : Coup franc indirect pour Nîmes et tir terrible de Scherer dévié par Escale.

68me minute : Mitic reprend un sens de Magnusson et tire à côté.

69me minute : Coup franc de Mitic au-dessus.

70me minute : Joli crochet et tir tendu de Loubet bien arrêté par Martinelli.

72me minute : Exploit d'Escale, pris à contre-pied, qui va chercher dans sa lucarne un tir de Odasso dévié au passage.

77me minute : Centre de Odasso, bien repris de la tête par Dortomb.

Le public

Compte-tenu des circonstances, ce ne fut pas un succès populaire éclatant. Assistance honorable : 17.789 spectateurs pour une recette de 165.087 Fr.

Public extrêmement bruyant, commentant ainsi qu'on peut l'imaginer les nombreux incidents, heureusement sans gravité, qui marquèrent le derby. Beaucoup de cris, donc, mais sans prolongements ; la nette victoire de l'O.M. désarmant les supporters les plus acharnés à manger du Crocodile...

L'arbitre

Dès les premiers accrochages, M. Mouton nous parut soucieux de montrer son autorité et de tenir les équipes en main. Ainsi siffla-t-il beaucoup, et comme toujours en pareil cas, sans contenter tout le monde.

Sur le plan technique, il eut raison, contrairement à beaucoup de ses collègues d'appliquer le règlement à la lettre et d'accorder 2 penalties à l'O.M. Mais les Nîmois qui font grief d'avoir été, à la 63me minute, moins généreux à leur égard. En fait M. Mouton se tira très honorablement d'un tâche difficile.

JOSEPH : paludisme !

Fiévreux samedi soir, Joseph n'a pu tenir sa place contre Nîmes souffrant en définitive d'une crise de paludisme nécessitant son hospitalisation (Michel Lévy). Il faut lui souhaiter un prompt rétablissement.

Louis DUPIC

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FIROUD : "Ce résultat me donne confiance

pour la Coupe !"

Chez les Nîmois, pas de murmures ou de récriminations. L'entraîneur Kader Firoud faisait preuve d'un grand "self control" pour nous dire :

"Paradoxalement, ce match, malgré le score final, m'a donné confiance pour le prochain choc de Coupe de France contre l'O.M. ! La victoire de l'O.M. n'est pas en cause, mais j'estime que le premier penalty est sévère, si le second est valable ! Pourtant l'arbitre avait bien arbitré en première mi-temps !"

Mezy constatait avec un sourire amer : "Chaque fois que nous devions marquer c'est l'O.M. qui a scoré ! Nous n'avions pas eu beaucoup de chance..."

Odasso s'exclamait : "Le premier penalty est injustifié, nous avons eu des occasions mais les Marseillais beaucoup plus de réussite que nous !"

Kabyle nous a confié à son tour : "Les Marseillais ont marqué un seul but valable ! Le public m'a sifflé mais cela ne m'a pas découragé ! Nous aurions mérité nous aussi un penalty".

Martinelli soupirait : "J'avais une lourde tâche ! 4 buts ! C'est beaucoup, mais j'ai fait ce que j'ai pu, et puis il y a eu deux penalties..."

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PROPOS DES VESTIAIRES

Le président Marcel Leclerc était littéralement hilare dans les vestiaires de l'O.M., et il nous a confié ses impressions en ces termes : "Nîmes a pratiqué l'antijeu ! Chaque fois que nous attaquions, les défenseurs avaient ordre de provoquer un coup franc pour arrêter, calmer le jeu ! C'était systématique !"

Entraîneur Mario Zatelli avait un enthousiasme mitigé : "J'avais peur, enfin je crois que ça repart, mais ce n'est pas encore ça !"

Djorkaeff n'était pas étonné : "Nous nous y attendions c'était pire à Nîmes !"

Skoblar faisait une légère moue : "Ce n'est pas possible de jouer dans de pareilles conditions".

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