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Résumé Le Provencal

du 23 février 1970

 

SKOBLAR et LOUBET poignardent

par 4 fois

le malheureux A.C.A

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

AJACCIO - "L'A.C.A. tire contre l'O.M. l'une de ces dernières cartouches.

"Ses joueurs vont faire impossible pour gagner ce match.

"Car s'ils n'y parvenaient pas, au moins une tête tomberait ; celle de l'entraîneur Muro, mis sérieusement sur la sellette, ces dernières semaines".

Voilà ce qui se disait samedi, dans la cité impériale, sur laquelle s'accumulaient de gros nuages noirs, annonciateurs d'orage.

Hier après-midi, alors que des milliers de supporters humiliés quittaient le cadre grandiose de Timizzolo, pour redescendre vers la mer, sous un soleil printanier, ce n'était plus le nom de l'entraîneur qui volait de bouche en bouche, mais celui de l'infortuné gardien Baratelli.

Non seulement, il n'avait pu éviter le pire à son équipe, mais encore portait-il sur la réussite la plupart des buts marseillais une lourde responsabilité.

À son corps défendant

Ce match qu'il enleva largement et qu'il aura pu enlever plus nettement encore, l'O.M. le remporta comme à son corps défendant. Les supporters ajacciens estiment vraisemblablement la juste tique que l'A.C.A., son gardien excepté, joua l'un de ses meilleurs matches.

Nous les en croyons volontiers.

Mais on ne saurait en dire autrement de l'O.M. qui se montra, au moins pendant une heure, assez mou, dans l'ensemble, tout en menant à la marque, à tel point qu'on pouvait raisonnablement attendre une victoire à l'usure des Corses. Beaucoup plus énergiques et aux motivations bien supérieures.

On prétend qu'à la guerre, les faveurs du seigneur vont aux plus gros bataillons.

Nous en avons eu l'illustration à Timizzolo, ou les Dieux du football volèrent résolument au secours du plus fort : l'O.M. en l'occurrence !

Au repos, alors que l'A.C.A. avait posé des dizaines de banderilles, l'O.M. avait mené trois actions dangereuses, marquer 2 buts contre 1 à son malheureux adversaire, et bien failli en obtenir un troisième par Skoblar.

Dès la première attaque, amorcée par Djorkaeff, relayée par Joseph et terminée par une ahurissante volée lobée de Loubet.

La balle était au fond ! Il fallut aux Corses trente minutes d'efforts opiniâtre pour égaliser, avec la complicité de Magnusson, qui se fit prendre la balle par Richard dans le rond central. Et de Escale, qui laissa filer dans le coin de son but un tir anodin de Le Donche.

L'obstination des Corses ensuite ne les mena à rien. Par contre, sur une nouvelle attaque de Djorkaeff, Skoblar se joua de Vannucci et Baratelli pour donner l'avantage à l'O.M.

L'A.C.A., dont ce n'était décidément pas le jour, ne put profiter, pour prendre la large, d'un nouveau cadeau de l'ami Jean Paul, qui, sur un coup franc sortit inconsidérablement de son but pour aller manquer la balle et concéder l'égalisation à M'Pele.

Tout au contraire, ce fut Loubet qui, après un centre de Magnusson, et une première tentative infructueuse, réussit du coin de la surface, une reprise de volée et retourné acrobatique qui alla tout droit dans la lucarne de Baratelli.

Il restait trente minutes de jeu, qui ne furent pour l'O.M. qu'une promenade devant un adversaire découragé et permirent à la plupart des Marseillais : Magnusson, Skoblar et Loubet en tête de réussir en décontraction un numéro, ma foi, assez réussi.

Un dribble extraordinaire de Magnusson arrêté par Baratelli ; un but refusé à Joseph pour un hors-jeu tout à fait hypothétique, à la suite d'un brillant échange de passe, et enfin, un coup de tête lumineux et victorieux de Skoblar, achevant une offensive de Lopez, symbolisant parfaitement la supériorité manifestée par l'O.M. au cours de la troisième demi-heure.

La fête des gardiens...

Pour une fois, les attaques avaient pris le pas sur les défenses, car il est évident que 2 ou 3 buts supplémentaires pouvaient être marqués au cours de cet après-midi paradoxal.

C'était comme cela arrive parfois la fête des gardiens, aussi bien la Saint Escale que la Saint Baratelli.

En un sens, ce dernier qui fut aux portes de l'équipe de France, a-t-il sauvé son entraîneur Muro, en détournant de lui la vindicte générale.

Quant à Jean-Paul, ses malheurs n'auront eu pour son équipe aucune conséquence fâcheuse, aussi s'empressera-t-on de les oublier au plus vite.

...et celle de Charly

Nous continuerons de nager en plein paradoxe, mais les circonstances nous obligent à mettre en exergue les performances de Magnusson, Skoblar et Loubet, pourtant très intermittents, alors que leurs camarades défenseurs avaient eu le grand mérite de s'opposer aux incessantes poussées corses.

On se souviendra beaucoup plus pourtant des deux reprises de volée extraordinaire de Charly, du coup de tête de ses accélérations de Josip, enfin du numéro de jonglerie et de prestidigitation de Roger, qui souvent accroché par Le Lamer, avait décidé de faire tourner ce dernier en bourrique !

Mais, n'est-ce pas ce que l'on demande aux vedettes ?

Côté ajaccien, où l'on fit un match dans l'ensemble aussi méritoire que malchanceux, on retiendra surtout le travail de Richard et Georgin, et les possibilités du jeune Congolais M'Pele qui nous surprit très favorablement.

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Combatif mais trahi par son gardien

l'A.C.A. s'incline dans la dernière demi-heure (2-4)

AJACCIO - On attendait Magnusson et Skoblar, on vit le Yougoslave et Loubet par intermittence et surtout parce qu'ils réussirent deux buts chacun. Le Suédois, pour sa part, ne se mit en évidence qu'en fin de partie ou il ne se contenta plus "d'amuser" la galerie. Il réussit même quelques débordements de grand style. À la fin du match c'était tout de même trois hommes heureux. On ne pouvait pas en dire autant des deux gardiens qui avaient une grande part de responsabilité sur les buts encaissés. Baratelli cafouilla la balle sur le deuxième but, gêné, il est vrai par Vanucci, et commit une erreur de placement monumentale sur le troisième. Quant à Escale, il se laissa surprendre sur un tir assez anodin de Le Donche (1er but) et sortit un peu à "l'aventure" sur le second.

À défaut de la fête du football ce fut la "fête" des gardiens.

L'O.M. déjà à la mi-temps

La partie en elle-même, si l'on n'atteignit pas les sommets, s'avéra tout de même agréable dans l'ensemble, bien que jouée sur un rythme assez lent, du côté de l'O.M. surtout l'on faisait de la représentation. Les Ajacciens, pour leur part, se battirent courageusement tout au long de la partie et s'ils baissèrent un peu les bras en fin de partie ce fut bien davantage moralement que physiquement. En définitive, l'A.C.A. rata le coche. C'était le sentiment même des olympiens. Joueurs entraîneur et président compris.

Loubet, pour sa part, cueillit à pleins pieds - c'est le cas de le dire - la chance qui s'offrit à lui dès la 5e minute de jeu consécutivement à un centre de Djorkaeff pour Joseph. Le Camerounais servit son ailier gauche qui s'était infiltré à toute allure au milieu de la défense ajaccienne. La reprise plein fouet ne laissa aucune chance à Baratelli, avancé.

Les Ajacciens se reprirent tout de même. Après une période de flottement Richard réussissait à subtiliser la balle à Magnusson au centre du terrain, servez Le Donche dans le "trou" et l'ancien Audonien égalisait d'un tir à ras de terre qui surprenait Escale (30e minute). Ce but donna des ailes aux locaux face à une équipe marseillaise peu combative. Escale fut à nouveau à l'ouvrage sur un tir de Georges (37e minute) et il ne dut qu'à la maladresse de M'Pele, seul à quelques mètres de ses buts, de ne pas être battu une seconde fois (40e mn).

Ce furent au contraire les olympiens qui allaient ajouter un deuxième but à la 45e minute par l'intermédiaire de Skoblar qui mit à profit une erreur de Baratelli et un centre favorable pour donner l'avantage à son équipe.

M'Pelé égalise

La deuxième mi-temps avait débuté depuis une minute à peine lorsque M"Pelé, reprenant la balle de la tête, sur un coup franc de Le Lamer, devança la sortie de l'Escale et égalisa. Tout était à recommencer ou, si l'on préfère, tout commençait.

Loubet et Skoblar

En effet, les Marseillais allaient jouer de manière beaucoup plus collective à partir de ce moment-là et Magnusson commença à se montrer vraiment. Sur un corner tiré par le Suédois, Loubet tirait une première fois ; la balle, renvoyée par un défenseur ajaccien, lui revenait dans les pieds et l'ancien "aiglon", en pivotant et sans trop y croire, tira de 25 mètres en diagonale. Baratelli mal placé, était à nouveau battu (61e mn).

Quatre minutes plus tard, Magnusson évitait Vanucci et Le Lamer et se présentait seul devant le gardien ajaccien qui sauvait à la désespérée. Il devait à nouveau s'incliner sur une action menée par Lopez, poursuivie par Loubet et Skoblar qui servait Joseph, mais le but de ce dernier était annulé pour hors-jeu (70e mn).

Ce n'était que partie remise, car cinq minutes avant le coup de sifflet final, Lopez, très offensif, centrait pour la tête de Skoblar qui clôturait la marque (85e mn).

Méconnaissables pendant une heure de jeu, les olympiens venaient, grâce à une troisième demi-heure tout à leur avantage, de remporter un succès net sans doute, mais trop sévère, à notre sens, pour une formation ajaccienne très courageuse, appliquée et qui se battit jusqu'au bout.

Hélas la défaillance de son gardien réduisit à néant ses efforts.

Nous laisserons le mot de la fin à Fefeu : "Pour une fois que l'attaque marque deux buts, la défense en encaisse quatre".

Dominique FIGARELLA

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ZATELLI : "Une victoire des mauvais jours"

MURO : "Nous méritons mieux"

AJACCIO - Comme il est de coutume, après chaque match, l'ambiance des vestiaires nous a donné la première impression de la rencontre.

Fait bizarre, si dans celui d'Ajaccio la défaite avait plongé tout le monde dans le recueillement, il en était presque de même chez les Olympiens ou seuls quelques sourires laissaient savourer la victoire.

D'ailleurs Mario Zatelli qui avait rejoint le car bien tôt devait nous faire une brève analyse du match.

"À la mi-temps j'ai tout dit - à mes joueurs d'ailleurs - sur cette rencontre ! Ils ont mal joué en première mi-temps notamment et à la pause, ils ont trouvé le moyen de mener. Mais, enfin, nous menions à la marque, c'était demi-mal. Après, ils se sont repris et alors que les Ajacciens se faisaient dangereux, ils ont mieux joué collectivement et ont encore marqué, et dès que nous avons repris l'avantage, tout a changé dans l'équipe à l'image de Magnusson et Skoblar. Mais je suis content de cette victoire !"

De son côté, Alberto Muro n'était guère réjoui.

"Vraiment c'est la guigne. Que voulez-vous, mes garçons ont fait tout le jeu en première mi-temps et ils se font mener alors que le score aurait dû être en notre faveur. Après notre second but, je croyais qu'ils réussiraient car leur défense était souvent à l'ouvrage. À deux ou trois reprises, j'ai cru et puis ce sont les Marseillais qui ont réussi ! Je n'ai rien à reprocher à mes joueurs car ils se sont très bien battus, mais aujourd'hui même s'il y avait une différence sur le terrain elle était loin de valoir 300 millions !"

Et le président Leclerc de conclure :

"Vraiment Ajaccio a bien joué et je me demande comment nous avons pu gagner par deux buts d'écart !"

 

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