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Résumé Le Provencal

du 16 mars 1970

 

LOUBET rate la balle de match

et RENNES rejoint l'O.M. (1-1)

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

RENNES (Par téléphone) - Il y a plusieurs façons d'accueillir un résultat.

Dans l'équation entrent en jeu de nombreux facteurs tels que la position de l'équipe au classement, ses possibilités virtuelles et, bien sûr, le déroulement du match.

Pour les Marseillais, il n'y avait pas de doute : ils avaient en bloc, sentiment d'être passés à côté d'un nouveau succès.

Après avoir fort bien joué contre un vent violent et une équipe bretonne survoltée, aussi bien par ce nombreux public que par l'importance du résultat, ils étaient en train d'imposer leur nette supériorité intrinsèque en résistant aux coups de butoir de l'adversaire, mais sans souffrir outre mesure, le plus dur étant fait.

Malmené par Cardiet, conspué par le public et mal protégées par l'arbitre, Roger Magnusson avait réussi, par une série de dribbles diaboliques, à tromper une bonne moitié de la défense rennaise et à donner une bonne balle devant le but à Joseph, en excellente forme, qui achevait le travail.

Cette réussite récompensait à la fois la fierté de l'artiste scandinave, peu à la fête hier après-midi, et l'efficacité du meilleur attaquant marseillais de la journée.

À ce moment-là, "l'affaire paraissait dans le sac". D'autant plus que, sur les vives réactions locales l'O.M. ne se tirait toujours d'affaire avec un peu de chance, Lopez, Zwunka ou le poteau venant successivement au secours d'Escale, parfois en difficulté.

Le tournant du match

Cette chance dont nous venons de parler frôla tout d'abord bord Charly Loubet de son aile lorsqu'il échappa à deux tentatives de fauchage, récupéra la balle après un lobe manqué devant son ami Aubour ; mais elle l'abandonna en le faisant dévier de la ligne droite et arriver dans une position à peu près impossible.

Charly rata ainsi la balle du match, sans qu'on puisse l'incriminer particulièrement, car tout se joua véritablement à toute allure, en deux ou trois secondes.

Ensuite, il n'y eut les ultimes réactions bretonnes, alors que l'ensemble de l'équipe marseillaise paraissait faire preuve d'un léger excès de confiance.

Une attaque pas plus dangereuse que les autres, une balle qui roule et que le défenseur Goueffic, l'adversaire direct de Joseph, auteur du premier but, et pas tellement à l'aise jusqu'alors devant l'Africain, percutait au fond de la cage.

Un nul fort normal

Hâtons-nous de le dire, le nul arraché par Rennes à l'O.M. ne constitue nullement un scandale ; sur l'ensemble de la partie, nous devons même le considérer comme amplement justifié. En effet, les Bretons firent preuve, tout au long des 90 minutes d'une agressivité constante, se traduisant par un avantage de 9 corners à 2, devant un O.M. non pas défensif, mais toujours "un peu en retrait".

D'un côté, une équipe animée par la force des choses d'une grande rage à jouer et de vaincre, mais en absence de son animateur Rodighero, comportant beaucoup plus d'artisans que d'artistes.

En face, une formation arrivée, complète dans toutes ses lignes, malgré le forfait de Skoblar, jouant un peu le jeu du chat et de la souris, ce qui ne manqua pas d'irriter pendant de joueurs locaux.

La supériorité de l'O.M. était indéniable, mais en football, ce n'est pas forcément le meilleur qui l'emporte.

À l'honneur de nos représentants, ajoutant qu'ils produisirent au stade de la route de Lorient une meilleure impression que leurs rivaux stéphanois. Ce qui n'est pas un mince compliment.

Joseph en tête.

Au sein de cette formation de Marseille qui fit largement honneur à sa réputation, nous avons surtout eu le plaisir de retrouver un très bon Joseph, celui que nous n'aurions jamais dû égarer. Non pas le Joseph, force de la nature, mais un excellent footballeur, qui conquis un public tout acquis à son équipe par son comportement lucide, opérant en déviation et remises contre le vent, débordant souvent sur la droite ; en un mot comme en cent, le meilleur attaquant de son équipe.

Avec lui, Zwunka, qui avait pris en charge le teigneux Lukic et Merschel, pour une très bonne première mi-temps, mérite une mention, sans qu'aucun de ses camarades ait été inférieur à sa réputation.

À Rennes, Marcel Aubour n'eut pratiquement aucune occasion de briller, nous avons surtout remarqué l'excellent Rico, âme de son équipe, l'habile vétéran yougoslave Naumovic et Cardiet, qui a visiblement durci son jeu et joua un match du meilleur niveau.

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Les regrets de Charly

RENNES - Les Marseillais qui devaient reprendre le train pour Paris à 18 heures sont revenus seuls comme des chefs d'État précédé des motards de la police qui leur ouvraient le chemin et dont la présence s'avérait nécessaire, des milliers de voitures provoquant d'indescriptibles embouteillages. Mais ils ne fallaient pas pour autant figurer de triomphateurs, ayant pleinement conscience d'être passés à deux doigts de la victoire.

C'est ainsi que Charly Loubet, héros malheureux de cette fin de partie, nous confiait :

"C'est nettement l'impression que nous aurions si nous avions perdu et moi encore plus que les autres... J'avais eu beaucoup de chance d'arriver jusqu'à proximité de Marcel Aubour, car j'étais resté debout, par miracle après deux tentatives de fauchage. Je conserve donc l'équilibre, arrive devant Marcel essaie de le lober. Mais je lui envoie la balle en pleine poitrine. Le rebond me la renvoie dans l'estomac et cela me coupe le souffle. Malgré cela, je réussis à l'entraîner avec moi, mais vers la droite, en position difficile car j'étais presque sur la ligne de but... Ce que je me reproche surtout c'est d'avoir manqué la première tentative. Après c'était presque impossible".

Mario Zatelli analysait calmement la partie :

"Sur son ensemble, Rennes méritait bien le nul. Mais nous pouvons néanmoins avoir des regrets car Charly a bel et bien eu la balle de match au bout du pied. Par ailleurs, je crains que nous avons donné un assez bon spectacle à un nombreux public et ce n'est pas à négliger.

Enfin, Roger Magnusson, qui avait servi de cible aux insultes des spectateurs, nous disait :

"Très difficile jouer aujourd'hui. Pas reconnu Cardier, toujours irrégulier comme s'il avait en consigne pour m'empêcher jouer. L'arbitre contre moi, le public contre moi, très difficile jouer ainsi. Aussi, je suis content quand même d'avoir pu donner une bonne balle à Joseph'".

Quant aux responsables rennais, ils ne niaient pas la supériorité virtuelle de l'O.M. et se satisfaisaient du nul d'autant plus qu'ils avaient appris l'infortune de plusieurs de leurs rivaux au classement.

L.D

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