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Résumé Le Provencal

du 09 février 1970

 

C'EST TOUJOUR ÇA LA COUPE...

Hier à Alès, la Bonne Mère était nimoise

L'O.M. courageux mais trop contracté battu par un penalty

de Scherer au cours de la prolongation (1-0)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

ALES - Pour ceux de nos lecteurs restés à Marseille, nous ne saurions mieux définir cette rencontre, sans ambiance, sa couleur, sa vie qu'en citant la réflexion d'un spectateur perdu au milieu de l'immense foule, retraversant le Gardon, la défaite de l'O.M. consommée :

"On aurait dit que la partie se jouait dans un cimetière".

Nous ne savons pas si ce spectateur désenchanté était marseillais, Nîmois ou neutre.

Hier, nous avions conseillé aux supporters de "laisser le jeu aux joueurs".

Ils firent beaucoup mieux - et ce fut notre plus grande surprise - à quelques très courtes séquences fortes en clameurs près, ils se montrèrent pratiquement amorphes.

Deux causes peut-être de cet état de fait inattendu : l'organisation alésienne fut assez remarquable et l'arbitre alsacien M. Wurtz, jeune, autoritaire en grande condition physique, fit un numéro de sifflet très efficace et le plus souvent pertinent.

C'est la Coupe !

Ce préambule vous dit assez que la rencontre fut d'une parfaite régularité et que le choix du terrain n'a eu aucune influence sur la victoire nîmoise.

Alors à quoi attribuer la défaite de l'O.M. ?

Une défaite surtout lourde de conséquences pour sa trésorerie et son recrutement futur.

A des tas de raisons n'ayant rien à voir avec la raison.

Il tomba sous le sens commun que le la meilleure équipe du jour, celle ayant su se créer d'assez loin les meilleures et les plus nombreuses occasions de but, avait été éliminée.

Nous ajouterons encore que le Nîmes Olympique, incapable de suivre le rythme du jeu en seconde mi-temps balayant le terrain de longs coups de pied au cours de la deuxième partie de la prolongation, nous a déçu.

Nous n'avons jamais reconnu la fière équipe de Kader Firoud, son goût de la lutte, son esprit d'entreprise.

On le dira... on le redira... peine bien inutile. Le fait est là : hier, l'O.M. a perdu par un à zéro sur le stade de la Prairie. C'est ça la Coupe, épreuve fantasque par nature qui vous sourit une saison pour mieux vous abattre, parfois injustement, la saison suivante

Bien qu'elle ait durée deux heures, la rencontre appelle peu de commentaires.

En première mi-temps, ce fut le match des frères siamois. A l'exception des deux couvreurs, Hodoul d'un côté, Roger de l'autre, les joueurs allaient deux par deux : Bonnel - Mezy, Novi - Scherer, Kabyle - Loubet, Skoblar - Canetti etc.

C'était comme on le dit dans le jargon moderne du football un match sérieux mais combien triste.

À ce petit jeu, Skoblar bénéficia d'un maximum de coup franc et Bonnel et surtout Novi prirent l'avantage sur Mezy et sur Scherer.

Les Olympiens, s'il s'était agi de boxe, seraient arrivés à la pause avec un léger avantage au point.

L'erreur de M. Wurtz

En seconde mi-temps, nous aurions parié notre salaire d'une année sur l'O.M. tellement Nîmes fut étouffé, dominé, et extrêmement chanceux de ne pas encaisser au moins un but.

Vous trouverez tous les détails de ces occasions perdus dans le film de la rencontre de notre ami Alain Delcroix.

Rappelons simplement que l'O.M. marqua deux buts ; le second refusé pour un hors-jeu assez peu discutable de Djorkaeff et le premier pour une faute commise sur Loubet avant qu'il ne trompe Martinelli.

Ce fut sans doute la seule faute d'impatience commise par l'arbitre.

Elle aura été capitale.

Curieusement, Nîmes allait réussir l'exploit d'éliminer l'O.M., au cours de la prolongation, à dix joueurs valides (Betton avait l'avant-bras cassé) contre onze grâce à un seul tir au but.

Ce tir fut celui du penalty tiré tout en finesse par le grand international tchécoslovaque Scherer.

Deuxième curiosité : Bonnet qui valut ce penalty à son équipe avait été très médiocre tout le long de la rencontre et Scherer avait joué nettement au-dessus de sa valeur.

Répétons-le, c'est la Coupe et nous n'aurions pas été surpris si ce but-miracle avait été marqué par l'invalide Betton.

Ça s'est vu aussi plusieurs fois.

Une seule remarque.

En cours de rencontre, Bonnet sans doute parce qu'il se montrait assez peu redoutable, avait été à maintes reprises laissé seul à son aile gauche. Il faut toujours se méfier même d'un attaquant en petite forme ou de petites valeurs.

Loubet aurait pu être le héros du match

On ne saurait reprocher aux Olympiens d'avoir perdu leur Coupe sans se battre.

Se battre, c'est sans doute ce qu'ils firent de mieux au point de dominer les Nîmois sur ce qui est ordinairement leur terrain favori.

Par contre, ce qu'ils firent moins bien c'est lier leur jour, manoeuvrer avec l'aisance d'une grande équipe connaissant par coeur son sujet.

Trop de "Hurrah football" comme le dirait Mario Zatelli et pas assez de vrai football.

Leur seule et véritable excuse : en Coupe, et surtout au cours d'un derby régional, l'enjeu prime souvent le jeu. C'est bien hélas ! ce qui se produisit hier à la Prairie, où ce choc de Coupe dont on attendait trop n'atteignit les sommets que pour quelques audacieux spectateurs nichés tout en haut des pylônes encadrant le stade.

Dans les conditions de cette rencontre, les meilleurs olympien furent Hodoul, Zwunka, Djorkaeff et, bien entendu,, Bonnel.

Lopez, trop attiré par l'offensive, négligea un peu trop son adversaire direct Bonnet.

À cette réserve près, il fut le défenseur sûr et solide que l'on connaît.

En attaque, Joseph confirma l'impression qu'il nous avait produite vendredi à l'entraînement.

Il n'avait pas retrouvé tout son influx nerveux, ce qui pour lui est essentiel.

Skoblar fut combatif, courageux, parfois brillant mais jamais génial.

Loubet aurait pu être le héros du match à quelques centimètres près et pourtant on ne le vit pas en action qu'épisodiquement.

C'est ça aussi le football et la Coupe !

Di Caro y alla de tout son coeur sans cependant s'imposer et Destrumelle qui le remplaça ne fut guère plus heureux.

Mezy et Scherer

au-dessus de leur valeur

Le Nîmes Olympique, deux fois battu en finale, avait souvent été malheureux en coupe.

Cette fois, il a eu la chance de son côté.

Le sort devait bien cette revanche aux "Crocodiles" contre l'équipe de France la plus titrée en Coupe.

Pourtant, les deux habituelles vedettes de l'équipe, Mezy et Scherer, n'ont pas bien jouer hier et Diongue, tout comme son successeur Dortmonb, n'ont fait strictement rien d'utile.

Tant et si bien que les meilleurs "Crocodiles" furent Martinelli, Augé, Kabyle, Odasso, Canetti, le courageux Betton et de temps à autre ce brillant dilettante qu'est Marcellin.

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Deux buts refusés à l'O.M.

(D'un de nos envoyés spéciaux : Alain DELCROIX)

ALES - Alès a été envahi pacifiquement par une foule de supporters marseillais et nîmois, les premiers étant plus bruyants que les seconds : l'un d'eux agitait même de cloche de vache ! Une voiture portait une inscription mystérieuse : "Nous les avons des trois Joseph, un Ange est avec nous ! "

L'enthousiasme et la confiance étaient de mise.

Il faisait un temps très beau, le ciel était obscurci par de gros nuages grisâtres.

Une heure avant le coup d'envoi le Stade de la Prairie était déjà noir de monde, et pour pénétrer dans l'enceinte, il fallait montrer patte blanche, et le filtrage était sérieux.

Un porteur de drapeau olympien s'avança d'un pas majestueux et lança à l'adresse d'un supporter nîmois : "Vous avez vu jouer "La Grande Illusion ?" Ce dernier n'osa pas répondre que le classique de l'écran de Jean Renoir n'avait rien à voir avec un 32e de finale de Coupe de France.

On sait que l'entraîneur Zatelli, fixé sur la non participation de Magnusson, se demandait s'il pourrait compter sur la présence de Zwunka, qui se plaignait d'un coup reçu au genou contre les Municipaux en match amical. Zwunka rassura son entraîneur, dès le matin, en affirmant qu'il était O.K. On n'en attendait pas moins du sympathique Lorrain.

En définitive, O.M. aligna :

Escale, Lopez, Hodoul, Zwunka, Djorkaeff, Novi, Loubet, Joseph, Skoblar, Di Caro.

Firoud avait moins de souci et présenta le team prévu, c'est-à-dire : Martinelli, Odasso, Kabyle, Canetti, Betton, Auge, Marcellin, Scherer, Diongue, Mezy, Bonnet.

Avant le coup d'envoi donné par M. Wurtz, on comptait environ 20.000 personnes dans une enceinte qui ne paraissait pas faite pour une telle contenance.

Évidemment, quand elles pénétrèrent sur le terrain, les deux équipes sont nerveuses, contractées, obnubilées par l'importance de cette rencontre.

En quelques secondes, l'arbitre distribue deux coups francs, l'un pour chaque camp, histoire de calmer les nerveux.

Skoblar tente faiblement sa chance de trente mètres à la troisième minute et met la balle en dehors de la cage.

C'était un round d'observation.

Les coups francs continuaient à pleuvoir.

On note ensuite un choc entre Bonnel et Mezy : ce dernier tombe lourdement, mais se relève.

À la 9e minute, on enregistre le premier shoot nîmois : Canetti, de 25 mètres, botte en dehors des bois marseillais.

Le jeu est serré ; les deux équipes s'observent, redoute de se découvrir ; le marquage individuel est très strict.

Belle combinaison entre Djorkaeff et Skoblar ; Djorkaeff, de près, met la balle en dehors des bois de Martinelli (11e minute).

Skoblar, en position de tir, tout seul, est pris à bras le corps, sans vergogne, par Canetti ; c'est un coup franc à la limite donné par Skoblar sur le mur des "Crocodiles" (13e minute).

Canetti, encore lui, barre de la main Di Caro dans sa course (16e minute) : coup franc de Skoblar sans résultat.

Il commence à pleuvioter sur le stade.

Ensuite, Joseph fait une tête au-dessus la transversale, et Escale intervient sur un ras de terre faiblard de Marcellin.

22e minute : Skoblar est abattu par Diongue, alors qu'il courait sans le regarder.

L'observation se prolonge un peu trop ; on n'a pas encore enregistré un seul shoot de classe et nous en sommes à 25 coups francs.

Nouvelle agression contre Skoblar puis Diongue fait un croc-en-jambe à Skoblar qui s'écroule lourdement à la 32e minute. C'est un coup franc direct de Skoblar qui frise la transversale à la 34e minute.

Novi ensuite tente sa chance (39e minute). Le gardien nîmois arrête avec aisance.

Avant la mi-temps on enregistre encore un essai de Skoblar (40e minute) puis de Scherer (42e) et de Novi (44e).

À la mi-temps les deux équipes sont à 0-0.

Les défenses, en première mi-temps, ont pris un net avantage sur les attaques qui paraissent timorées.

Il pleut. Nîmes obtient son premier corner sur une contre-attaque ; Loubet fonce seul, prend la défense nîmoise de vitesse, tire sur le montant gauche. Le juge de touche lève son drapeau en signe de hors-jeu.

C'est ensuite un échange de coups entre Bonnet et Zwunka à la 54e minute.

L'arbitre accorde un coup franc à Nimes puis Augé arrête Joseph en pleine course (55e minute).

Nîmes procède à un changement : Diongue passa l'aile droite et Marcellin devient avant-centre.

But de LOUBET refusé

L'arbitre siffle une faute de Kabyle sur Loubet. Ce dernier ne s'arrête pas, feinte l'adversaire et marque un but dans la cage nîmoise (59e minute). Le but est refusé par l'arbitre parce qu'il avait sifflé un coup franc avant cette action.

Nimes parait baisser un peu de régime, l'O.M. va-t-il en profiter ?

À la 62e minute, Dortomb entre à la place de Diongue qui va sur la touche.

On note pour les Marseillais une tête de Skoblar (65e minute) et un tir de Loubet à côté (66e minute).

Puis Kabyle fonce sur Loubet qui s'écroule, mais plus de peur que de mal (69e minute).

Sur un corner on enregistre un vif cafouillage, Martinelli est en grand danger, mais Skoblar assure mal son tir.

Sur un coup franc à la 76e minute le jeu de jeu Bonnel met de peu la balle à côté. Une belle occasion perdue pour l'O.M. !

But de Djorkaeff refusé

A la 36e minute, Djorkaeff donne la balle à Skoblar qui la redonne à Djorkaeff : celui-ci marque un but mais l'arbitre refuse ce point en prétendant que Djorkaeff est hors-jeu.

À la 88e minute de jeu, Di Caro touchait à la cheville on le masse sur la touche et Destrumelle le remplace.

La fin du match réglementaire est sifflée sur le score de 0 à 0.

NIMES se qualifie sur penalty

L'O.M. a dominé territorialement sans pouvoir concrétiser.

La minute de vérité va-t-elle éclater durant les prolongations ? (Oui, mais c'est au désavantage du tenant de la Coupe).

À la 92e minute, Betton, à la suite d'un choc Joseph va se faire soigner sur la touche. Il est sérieusement blessé au bras droit. Il rentra l'aile mais il n'est plus qu'un figurant. Nîmes joue à 10 et pourtant le club gardois va gagner cette partie.

À la 100e minute, Bonnet s'échappe, Hodoul le retient par le maillot, Bonnet tombe à l'intérieur de la surface de réparation et l'arbitre M. Wurtz siffle le penalty. Scherer le marque (10e minute) : Nîmes 1 - Marseille 0.

Le score n'est pas changé jusqu'à la fin de la prolongation et Nimes se qualifie.

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Les ponts de la Beresina

(D'un de nos envoyés spéciaux : Louis DUPIC)

ALES - Sous le ciel gris des Cévennes, dans la nuit tombante, les longues files de supporters marseillais longeaient la rivière, puis s'étiraient interminablement sur les ponts qui séparent le stade de la Prairie de la ville.

Le bruit des pas de la foule et quelques réflexions amères venaient seul troubler le silence de ces mornes rassemblements.

Une véritable retraite comparable à celle de la Grande Armée après Moscou, le Gardon prenant pour l'O.M. les allures de Bérézina.

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Dès 10 heures du matin, le coeur du derby battait à "L'Empire". Là se rencontrer toutes les figures connues du monde coloré du football sudiste. René Dedieu, étonnamment vert à 72 ans, il tenait ses assises et y recevait Fifi Mistral avec lequel il gagna la Coupe en 1929 !

Nous y croisions les Rouvière, Dupont, Dard, Azéma, Leroy, Mirouze, Jules Nagy, Mezy (le père évidemment), Bosquier, l'oncle de Bernard et bien d'autres.

Sur la placette, Jean Sadoul, l'air à la fois triomphant et modeste, était comme "Hector sur son char". Cette ordination n'était pas son oeuvre ?

- O -

À 13h30, l'énorme majorité des spectateurs était placée sans le moindre incident : un résultat tout à l'honneur de l'organisation de l'Olympique Alésien dont le président n'est autre que le Dr Michel Pieracci, ancien arrière du S.M.U.C. et l'entraîneur Jean Molla, olympien de formation qui en survêtement vert, recevait avec le sourire journalistes et officiels.

Le même Jean Molla nous précisait que samedi soir, sur les 18.000 billets vendus, la plus grande partie avait été retenue par des spectateurs alésiens et nîmois, les Marseillais se trouvant pour une fois, nettement en minorité.

Ne croyaient-ils donc pas fermement au succès de l'O.M. ?

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Pour éviter les incidents toujours possibles, une judicieuse disposition avait été prise. Les visiteurs nîmois occupaient la droite de la grande tribune, les Marseillais étaient à gauche et, entre les deux blocs antagonistes, on avait placé les Cenevols, neutres en principe. Tout s'est bien passé.

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Une annonce, parmi tant d'autres, micro sur le coup de 14 heures : "Les personnes qui se trouvaient sur le toit du concierge sont priées de se retirer. Le toit n'est pas très solide et ne va pas tarder à s'effondrer".

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En hors-d'oeuvre, nous avions eu droit à une passionnante rencontre de Coupe Gambardella opposant les juniors de l'O.M. à ceux de Sète, ces derniers larges vainqueurs 4 à 2 après avoir étaient menés 2 à 0.

Alors que l'O.M. présentait cinq internationaux juniors ou présélectionnés, la plus forte personnalité du match fut le blond dauphin David.

Beaucoup de supporters marseillais accueillirent le résultat comme un signe prémonitoire. Ils avaient raison.

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Nouvelle annonce à 14h45 : "Le concierge décline toute responsabilité quant à l'avenir des spectateurs installés sur son toit. Il déménage ses meubles et prépare la boîte à pharmacie".

Nîmes Olympique se présenta sous les couleurs de l'équipe de France : maillot bleu, culotte blanche, bas rouges.

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Le premier coup franc de la partie fut sifflé dès la 5me seconde de jeu pour Nîmes contre l'ex-Nîmois Novi.

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Pour ne rien cacher à ses intentions, M. Wurtz, très applaudi par le public, désireux de couper court à tout incident, siffla six ou sept coups-francs au cours de la première minute de jeu.

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À la mi-temps, alors que les deux gardiens Martinelli et Escale, n'avaient pas eu le moindre tir arrêté - et que le derby se déroulait dans le calme le plus total - un supporter déjà présent à Saint-Étienne nous dit : "Nous commençons à prendre l'habitude de ces matches dont on se fait une montagne et qui accouchent d'une souris".

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Les amateurs d'incidents, toujours nombreux, attendez que l'étincelle jaillisse de Bonnel et de Kabile. Les deux hommes muselèrent leur adversaire direct Mezy et Loubet sans avoir trop souvent recours à des procédés illégaux.

Mais le roi du coup franc fut Canetti qui coûta à Nimes une bonne trentaine de pénalités.

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M Wurtz siffla 46 pénalités en faveur de l'O.M. et 26 pour Nîmes Olympique. Mais au nombre de ces dernières, une qui comptait nettement plus que les autres : le penalty décisif.

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On confirmait au président Calabro que Betton avait l'avant bras brisé lorsque Bonnet provoqua le penalty fatal à l'O.M.

Marcel Rouvière nous avait dit, avant la rencontre à l'heure du café : " Le football à Marseille a tendance à s'écarter de la voie saine et simple du sport pour devenir une véritable affaire d'état. Je plains les joueurs qui doivent faire leur métier dans une telle ambiance.

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Le derby sudiste a fait plusieurs victimes : Betton a eu l'avant-bras brisé dans un choc avec Joseph. Di Caro a dû se retirer avant les prolongations. Quant à Diongue et Zwunka ils ont écoppé d'un avertissement.

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Nous laisserons le mot de la fin a Mario Zatelli. L'entraîneur de Marseille a prononcé une seule phrase en revenant des vestiaires :"Les meilleurs ont gagné".

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Marcel LECLERC : "Une péripétie un peu douloureuse"

ALES - Dans le camp marseillais, après la défaite, un silence de mort régna pendant quelques instants : les dirigeants ne trouvaient pas un mot à dire, et tous les joueurs baissaient la tête.

Finalement, l'entraîneur Mario Zatelli, faisait contre mauvaise fortune bon coeur, finit par s'écrier :

"Nous avons fait ce que nous avons pu. Les Nîmois ont été meilleurs que nous. Pour gagner la Coupe, il faut avoir du "pot". Et je pense qu'aujourd'hui nous n'avons pas été épargnés par la malchance, et que, normalement, nous n'aurions pas pu perdre ce match".

M. Neumann, un des dirigeants marseillais, nous a confié à son tour :

"On a sifflé contre un penalty bidon, alors que l'arbitre aurait dû accorder le but de Loubet. En effet, il aurait du suivre la règle de l'avantage, de ne pas le priver de son but, et siffler en sa faveur un coup franc qui s'était déroulé au cours de la même action".

Le gardien de but Escale haussait les épaules en nous disant : "J'ai touché le ballon à trois reprises pendant deux heures. C'est tout. Avouez que c'est maigre, et se faire battre ainsi, c'est vraiment ridicule !"

Le président Marcel Leclerc commentait le résultat en ces termes :

"C'est une péripétie un peu douloureuse. L'arbitre a, dans l'ensemble, convenablement dirigé le jeu, mais on peut dire qu'il à fausser le résultat final, car il aurait dû accorder à Loubet la règle de l'avantage, et je pense que le but de Djorkaeff était également valable.

"Enfin, quoi qu'il en soit, en football, il faut marquer des buts. Et maintenant, attendons la saison prochaine".

Djorkaeff n'était pas content et ne cachait pas son mécontentement : "Je ne comprends pas que l'arbitre et pu siffler un hors-jeu alors contre moi, lorsque j'ai marqué. En effet, je suis à l'origine de cette action".

Skoblar était accablé et se contenta de dire : "On peut dire que le football c'est terrible".

Hodoul remarquait de son côté : "

"Je n'ai pas commis une faute sévère et je crois que le penalty sifflé contre moi et réellement trop dur".

Quant à Lopez, il remarquait :

"Nous reviendrons dix fois sur la même chose que ça ne changera rien. Tout de même il faut bien constater que Bonnet n'a pas été fauché par Hodoul car lorsqu'on a sifflé un penalty à son avantage, il s'est mis à rire : je n'en croyais pas mes yeux".

A.D.

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Kader FIROUD : "L'O.M. joue sur un volcan !"

ALES - Dès le retour, dans le vestiaire envahi - c'est la rançon de la gloire -les Nîmois laissèrent exploser leur joie. Tout au moins les acteurs, car beaucoup d'autres, tels Landi et le secrétaire général Henri Bosquier, pleuraient sans songer à essuyer leurs larmes.

Le petit Odasso lançait un triple ban d'honneur, aidé par un autre petit format, Doudou Diongue qui semble avoir le diable au corps.

Kader Firoud, l'entraîneur exprimé sa satisfaction :

"Nous avons été, je crois, plus méritants que brillants. Songez que nous avons réussi notre action la plus dangereuse alors que nous étions privés de Betton et à moitié de Canetti. Nous savons tous que les matches comme celui-ci se jouent sur le coup de dés. Le sort nous a été favorable.

"Quant à l'O.M., je pense qu'il n'a pas su tirer parti de sa supériorité pour une raison simple : on fait trop de tapage autour de cette équipe. Comment voulez-vous que ses joueurs disputent un match avec sérénité alors qu'ils opèrent sur un volcan".

Marcel Rouvière ajoutait :

"C'est cette nervosité qui a été fatale aux Marseillais. Ils ont dominé, certes, mais de façon aveugle. Pour eux, le résultat avait trop d'importance".

Le président Calabro y allait de sa petite déclaration : "Je n'avais jamais perdu confiance. Je savais que l'issue de ce match, très ouvert au départ, pouvait nous être favorable. J'espère maintenant que la façon dont tout s'est déroulé, mettra fin aux polémiques qui avaient, un temps, détérioré le climat entre nos deux clubs".

Sous la douche, nous avons trouvé le petit Bonnet et le grand Marcellin.

Le premier nous confirmait : "L'arbitre ne pouvait pas laisser passer une double faute de Hodoul. Il a perdu l'équilibre, m'a retenu le pied, et me voyant relever avant lui, il a eu le réflexe de pousser la balle de la main vers Escale. Le penalty était indiscutable".

Quant au grand Marcellin, il reconnaissait très loyalement : "L'O.M., aujourd'hui, était meilleur que nous. Nous n'avons pas tiré une seule fois au but et nous sommes qualifiés... La Coupe, décidément n'est pas une épreuve comme les autres".

Louis DUPIC

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(Photo : collection personnel Norman Jardin)

 

 

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