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Résumé Le Provencal

du 13 novembre 1969

 

ADVERSAIRES DIFFICILES, VARSOVIE ET ZAGREB ONT MIS...

....UN TERME A LA CARRIERE DU FOOTBALL FRANCAIS

L'O.M. : 50 MINUTES D'ESPOIRS

 

Deux buts de Novak pour le Dinamo

ZAGREB (par téléphone) - La rencontre étant finalement télévisée en direct, nous étions à une demi-heure du coup d'envoi perché dans notre cabine, à 50 mètres d'altitude et à autant de distance de la pelouse, après avoir volé une chaise et fait quelque peu le ménage, qui en avait besoin. Le stade, entouré de policiers tenant des chiens en laisse, était encore plongé dans l'obscurité et peu près désert. Après une matinée incertaine, la pluie s'était remis à tomber dru au cours de l'après-midi et la pelouse, bien que l'averse ait maintenant cessé, promettait de devenir rapidement un bourbier. Surtout devant les buts ou de la sciure avait été répandue pour limiter les dégâts.

Nous avons accompagné l'O.M. aux vestiaires ou nous avions vu les lits encore dressés après la sieste des équipiers de Dinamo, qui ont l'habitude des concentrations au stade avant les rencontres importantes.

Nos olympiens, conscients de la difficulté de leur tâche, avaient reconnu consciencieusement les lieux.

Leurs supporters au nombre de 200, commençaient à se manifester et le public sifflait copieusement un policier qui poursuivait un gosse sur la pelouse.

Les projecteurs s'allumaient révélant un éclairage remarquable.

Cette partie, si importante est difficile pour l'O.M., allait commencer avec un petit changement : l'arbitre n'était pas M. Nicolov mais M. Cortec.

De l'O.M. se défend bien.

Comme on pouvait s'y attendre, les Yougoslaves se montrèrent aussitôt menaçants.

Belin adressait en profondeur une balle que ses coéquipiers ne pouvaient contrôler.

Tout de suite, c'était un tir assez dur de l'arrière central Ramljak, qu'Escale, vigilant, réussissait à stopper en deux temps.

À la 5ème minute, il mettait en corner une balle vicieuse et brossée trop bas.

Puis c'était Guzmirtl qui tirait puissamment à côté.

Mais Loubet réussissait lui aussi un joli tir sur lequel le gardien yougoslave devait plonger.

Dinamo était partie très fort, mais l'O.M. se défendait bien.

Escale plongeait sur un tir à ras de terre de Belin (12e minute).

Il venait de jouer un premier quart d'heure impeccable, rassurant pour ses camarades.

Il était encore à la parade quand un tir de d'ailier droit Vabek, remplaçant Cercek, passait de peu à côté (18ème minute).

Beaucoup plus dangereux était une action de Vabek qui prenait son coéquipier Novak, seul devant le but, à contre-pied (20ème minute).

L'attaquant yougoslave avait été victime du terrain lourd qui devait éprouver les joueurs, surtout ceux de l'O.M. dans certains accomplissaient un gros travail.

À la 25ème minute, l'O.M. était à deux doigts d'encaisser un but bête.

Djorkaeff expédiait un dégagement de volée sur la poitrine de Novak qui ne pouvait en profiter.

Nos Marseillais franchissaient ainsi le cap de la première demi-heure sans que leurs adversaires, dominant nettement, mais opérant sur le même rythme, les aient mis réellement en danger.

Devant la confirmation de ses grandes qualités défensives, on se prenait à regretter que l'O.M. n'est point utilisé les services de Magnusson et de Skoblar.

11 corners à 0 !

À la 35ème minute, nous notions le second tir marseillais expédié de loin par Novi.

Dinamo répliquait par une attaque de son défenseur Ramijak dont le centre était repris par Guzmirtl.

C'était une mauvaise parade de l'Escale (40ème minute).

Un peu avant le repos, Zwunka réussissait in extremis à enlever le ballon des pieds de Novak, alors que l'on croyait au but.

Il concédait ainsi un 11ème corner.

Mais à la mi-temps, Dinamo n'avait toujours pas marqué.

La seconde mi-temps reprenait sur le même mode, avec une nette domination des Yougoslaves.

Merschel était tout d'abord touchait à la tête, puis nous notions un très bon tir de Belin, bien contrôlé par Escale (50ème minute).

Dinamo obtenait trois corners consécutifs, puis c'était le drame !

52e minute : but de Novak

A la 52ème minute, alors que l'O.M. résistait toujours, l'ailier droit Vabek réussissait à mettre devant le but marseillais une balle brossée qui échappée de justesse à Escale, puis était déviée à la désespérée dans les filets par le jeune avant-centre Novak.

Nous notions ensuite plusieurs attaques très dangereuses lancées par Dinamo, s'efforçant de faire la décision.

Vabec et Ramljak échouaient de justesse.

Réaction marseillaise

Comme cela arrive souvent, le match basculait à ce moment. Les deux adversaires renonçaient à la guerre de siège et de tranchée pour celle de mouvement.

La partie jusqu'alors monotone, faite d'attaques yougoslaves et de renvois marseillais, s'animait enfin.

Joseph, sur un centre précis de Merschel, plaçait un coup de tête qui arrivait malencontreusement dans les mains de Dautbegovic (65ème minute).

Un moment auparavant, il s'était fait souffler la balle de justesse par l'excellent gardien yougoslave.

Dinamo, qui sentait le danger, repartait à l'attaque.

Un tir de Piric frôlait le poteau, tout comme, un peu plus tard, un coup franc de Belin (75ème minute).

Un autre coup franc tiré de la droite, était repris de la tête à bout portant par Rora ; mais Escale était à nouveau à la parade.

Coup sur coup, l'O.M. par deux fois, relevait la tête ; mais Djorkaeff manquait son centre en direction de Joseph, alors que Loubet tirait de volée sur le gardien adverse, toujours bien placée (80ème minute).

Nous atteignons la phase finale de cette partie au déroulement tout à fait conforme à nos prévisions : sur un centre de Vabec, Novak tentait et manquait de justesse une reprise de volée un ciseau acrobatique.

Joseph, toujours à la pointe du combat, contraignait le gardien a une belle envolée extrêmement spectaculaire.

Sur un centre de Lopez, Joseph reprenait de la tête, mais le gardien Dautbegovic était encore à la parade.

89me minute :

un 2me but de Novak

Alors qu'on croyait la partie finie, l'avant-centre Novak, sur un centre venu de la droite, ajoutait un second but qui accentuait la victoire yougoslave.

Louis DUPIC

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TOUT EST PERDU FORS L'HONNEUR 

Un match héroïque de la défense marseillaise

ZAGREB - À travers une vitre embuée, à plus 50 mètres à vol d'oiseau du point le plus rapproché du terrain, nous avons vu la rencontre comme au cinéma en couleur sur grand écran.

De l'autre côté du stade, une immense tribune de béton à peu près vide servant de toile de fond à un match aussi important pour les deux équipes qu'il manqua d'ambiance et de chaleur.

Comme il avait plu durant toute la journée, la pelouse était spongieuse, lourde, freinant le ballon tout en pouvant lui donner parfois des effets extrêmement curieux.

La partie, tout en restant d'une correction presque parfaite, parut amollie et jouée à un train relativement lent.

Assez peu sûrs de leur équilibre, les joueurs des deux camps hésitaient à s'engager franchement, ce qui contribuait grandement à les gérer gêner dans tous leurs mouvements.

Dans ces conditions, particulièrement difficiles pour l'équipe marseillaise, la première mi-temps fut un long et presque constant assaut de Zagreb, péniblement mais efficacement contenu par la défense de l'O.M.

L'O.M. avait fermé la porte. Une porte de fer dont Escale, qui se trouvait du bon côté du terrain pour nous, tenait solidement les clés en main.

Devant lui, Hodoul, Zwunka, Djorkaeff, Novi, Bonnel, ces derniers très repliés, ne commettaient aucune faute.

Ils se battaient avec tout leur coeur et tous leurs moyens, confirmant ainsi, contre un adversaire de premier ordre, la réputation d'imperméabilité.

Lopez, qui, lui, avait affaire au plus subtil des attaquants yougoslaves, Rora, était à la peine, mais revenait sans cesse sur son redoutable adversaire.

Cependant, en contrepartie et en dépit de cette débauche d'exploits intensifs, on ne pouvait s'empêcher de constater que l'O.M. était pratiquement inexistant en attaque.

Loubet et Joseph, souvent obligés de se replier profondément, étaient trop esseulés pour espérer seulement menacer la solide défense yougoslave.

Dinamo Zagreb : une grande équipe.

Le Dinamo Zagreb, que nous voyions jouer pour la deuxième fois, a confirmé sa valeur internationale. Une grande équipe qui a tout de même un petit défaut : elle compte trop sur sa supériorité technique pour s'imposer, ce qui fait que ses attaquants ne harcèlent pas suffisamment la défense adverse.

Mais, quelle précision dans la passe... quelle aisance dans les mouvements... quel brio général, en dépit du mauvais état du terrain.

Belin qui, avant le match, nous avait dit, dans les vestiaires son équipe, qui viendrait peut-être à Marseille, a joué un match assez moyen pour lui, il paraît en forme insuffisante.

Tous les autres joueurs, eux, nous ont paru égaux à leur réputation, y compris le nouveau Vabec qui fut à l'origine du premier but de son équipe et qui, durant toute la partie, donna du fil à retordre à Djorkaeff.

L'O.M. ne doit pas rougir d'avoir dù s'incliner devant une équipe de cette valeur.

Les réactions de l'O.M. en 2eme mi-temps.

En deuxième mi-temps, après avoir encaissé le premier but de son adversaire, l'O.M. devait réagir avec beaucoup de vigueur. Nous avons alors retrouvé complètement l'équipe marseillaise, jouant sur toutes les dimensions du terrain.

Il ne faut pas oublier que le deuxième but de Zagreb ayant été marqué à la 89me minute et demie, un seul but de l'O.M. serait signifié les prolongations.

Pendant toute cette longue période, O.M. amorça de sérieuses contre-attaques.

Joseph, Loubet et même une fois Djorkaeff eurent d'assez bonnes occasions de marquer.

On ne saurait donc tenir rigueur à l'O.M. de s'être incliné hier soir, contre une équipe de la valeur de Zagreb.

Le résultat de 2 à 0 est sans grande signification, car le deuxième but fut marqué tout à fait à la fin de la rencontre ; il manquait vraiment peu de choses pour que les Marseillais soient capables d'égaliser.

Avec Magnusson, l'O.M. aurait pu gagner.

Que faut-il écrire pour conclure ? Lourdement handicapé par l'absence de Magnusson, l'O.M. a livré hier soir à Zagreb, sur un terrain rendu très difficile par la pluie, une bataille extrêmement courageuse.

Ce que nous avons vu, hier soir, est extrêmement encourageant pour l'avenir de l'équipe marseillaise qui devrait se racheter en championnat et en Coupe de France.

Tous les joueurs méritent des félicitations, même ceux qui participèrent moins que leurs partenaires à cette dure bataille. S'incliner devant une équipe de la valeur du Dinamo de Zagreb est une chose qui arriverait à la plupart des équipes françaises.

L'O.M., hier soir, a été digne de sa réputation, de sa ville et de sa gloire ancienne.

Maurice FABREGUETTES

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LE CHOEUR DES JOUEURS MARSEILLAIS

"NOUS N'AVONS PAS DEMERITE"

ZAGREB - On ne chantait pas victoire, certes, dans les vestiaires de l'O.M., mais personne n'était désespéré par la défaite. Le président Leclerc nous disait : "Notre aventure européenne est terminée. Sans doute, cette saison, n'étions-nous pas assez mûrs ; mais nous ne ressentons aucun découragement. Aujourd'hui notre équipe, nettement diminuée en attaque, a, pour moi, joué un bon match. Il ne nous manque pas grand-chose pour atteindre le niveau supérieur, car Dinamo n'est pas le premier venu".

Mario Zatelli ajoutait : "Je suis content de mes gars. La défense a confirmé qu'elle était bien la meilleure de France car opérer dans ce bourbier et tenir aussi longtemps il fallait le faire.

"Je suis également satisfait de la réaction de mes joueurs après le but de Dinamo. Cela montre qu'ils avaient des ressources nous avons pu passer de peu à côté de l'égalisation. Si nous avions tenu, à la fin du temps réglementaire je pense que nous pouvions poser un problème à nos adversaires en cours de la prolongation.

"Je sais que cela n'a aucune importance sur le fond du problème, mais je dois également vous dire que l'ailier droit Vabec a contrôla balle de la main avant de la donner au centre à son camarade Novak, sur l'action amenant le second but.

"L'arbitre avait le sifflet à la bouche ; je me demande pourquoi il n'y a pas sifflé".

Le capitaine Djorkaeff lavait ses chaussures boueuses sous la douche.

"Ne pensez pas que nous ayons abordé ce match avec une mentalité de vaincus. Nous pensions tenir le plus longtemps possible, en espérant que nos adversaires ne pourraient jouer toute la partie à cent à l'heure. Même après le premier but de Dinamo, nous avions encore notre chance.

"Joseph et moi-même avons eu l'occasion d'égaliser avant la fin du temps réglementaire".

Jules Zwunka regagnait la douche les jambes les cuisses marquées de balafres et d'ecchymoses.

Il nous disait :

"Je suis complètement épuisé. Mais dans le fond, les seuls regrets que nous pouvons avoir concernent le match aller".

Loubet :

"Il est bon c'est arbitre !"

Il est amusant c'est arbitre bulgare nous a dit Loubet en souriant. En deuxième mi-temps, près de la fin, j'ai été bousculé en pleine surface de réparation par deux adversaires. Je suis resté au sol. C'est de bonne guerre. L'arbitre a couru vers moi à toute vitesse et levant le point. J'ai pensé que peut-être il avait accordé un penalty... Il venait au contraire pour me faire des remontrances en accusant, je crois de faire du cinéma".

Horvat : "L'O.M. meilleur

qu'à Marseille !"

L'O.M. n'a pas fait mauvaise impression, loin de là, sur ses adversaires yougoslaves.

C'est ainsi que l'immense entraîneur Horvat nous déclarait dans le couloir des vestiaires :

"Je suis évidemment satisfait du résultat. Vous savez, nous nous serions même contentés d'une victoire par 1 but à 0, voire un match nul 0 à 0. L'essentiel était bien de nous qualifier.

"Mais ce que je peux vous dire c'est que vos compatriotes marseillais ont fait la meilleure impression".

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