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Résumé Le Provencal

du 13 août 1970

 

Un bolide SKOBLAR et STRASBOURG voit s'envoler

l'espoir de la victoire (2-1)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

Strasbourg - Un temps marseillais, une pelouse en parfait état, toutes les conditions sont donc requises pour permettre à l'O.M. de s'exprimer normalement et, nous l'espérons totalement.

Malgré l'absence de nombreux supporters alsaciens en vacances l'affluence au premier coup d'oeil est supérieure à 20.000 personnes. Les joueurs de l'O.M., que nous venons de voir dans leurs vestiaires, nous ont paru un tantinet nerveux. C'est le départ du championnat et ils ne tiennent pas à le rater.

Aucun changement dans l'équipe qui va s'aligner dans la formation annoncée.

Même remarque dans l'équipe de Strasbourg. Les dirigeants locaux attendent avec un certain intérêt les débuts des trois amateurs venus des "Pierrots" : Burkhard, Kholer et Hoffsess.

Un round d'observation

Le premier tir de la partie et pour le premier nouvel arrière alsacien Lemée. Belle occasion pour Escale de s'échauffer.

Les deux équipes ont démarré au petit trot. Le véritable round d'observation cher aux boxeurs.

Deux dribbles de Magnusson, une passe à Couecou, un tir de ce dernier, mais beaucoup trop mou pour surprendre Schuth.

Coup franc pour charge de Bonnel sur Kaniber, Schurr le tire fort bien, mais trop à droite.

Disons que l'on joue depuis 10 minutes et que les deux équipes se cherchent encore.

C'est ainsi que Loubet, habilement lancé par Skoblar, passe sur la gauche mais rate la cage de plusieurs mètres.

Jusqu'à présent, c'est l'égalité presque absolue alors que le premier quart d'heure est joué.

25me minute :

Magnusson au tapis

Nous attaquons le 2me quart d'heure. Une fusée s'élève dans la nuit.

Se croyant sans doute au Stade Vélodrome, Magnusson amorce une fort belle attaque en collaboration avec Leclercq. La meilleure offensive de l'O.M. depuis le début du match.

Mais, Couecou d'abord, et Skoblar ensuite, qui sont à la réception, n'ont pas le pied heureux. L'O.M. s'assure en ce moment un certain avantage.

On note un centre de Skoblar que Magnusson ne peut reprendre de la tête, puis un centre de Magnusson vers Skoblar intercepté par un défenseur alsacien.

Là-dessus (25me minute), une série de chocs se produisent : à l'autre bout du terrain, fortement chargé par Grava, Magnusson reste au tapis.

On le sort sur la touche pour le soigner, mais le voici qui revient sur le terrain. C'est sans doute plus douloureux que grave.

Le festival Loubet

Toujours 0 à 0, alors que la 30me minute est passée, sans que Escale et Schuth aient vraiment à s'employer.

Si, tout de même. Enfin, un vrai tir de Grava montant en attaque. Le ballon va droit dans les bras d'Escale, mais Grava, touché à la jambe par Hodoul, doit aller se faire soigner sur la touche.

Couecou, servi par Skoblar, est aidé, pas un contre heureux, sur la gauche. Va-t-il servir Skoblar seul au centre ?

Non, la passe trop tardive et interceptée, mais c'est le festival Loubet.

Deux tirs coup sur coup, le second, une splendide reprise de volée sur un centre de Lopez, qui mettent Schuth en grand péril.

Le "punch" olympien va-t-il enfin se manifester ?

En tout cas, sur un tir à bout portant de Skoblar, Schuth doit concéder un corner.

La fin de cette mi-temps verra enfin une domination assez nette de l'O.M. et un nouveau tir de Skoblar, sur coup franc, qui passe à côté.

Mais l'arbitre siffle la fin de la mi-temps. Le score est toujours de 0 à 0.

52me minute :

exploit de Loubet

Roger Magnusson, sifflé à la sortie du terrain, à la fin de la première mi-temps, mais également lors de sa réapparition.

Décidément, le public alsacien tient rigueur au suédois de son geste inamical face à Grava. Cependant, il en faut beaucoup plus pour décontenancer l'ailier marseillais toujours maître de ses gestes, et qui porte néanmoins un bandage la jambe gauche.

Rien de saillant à signaler durant les premiers instants de cette seconde période sinon quelques coups-francs distribués équitablement par M. Ponsin, l'un étant violemment contesté par Skoblar présumé fautif.

Le blond Leclercq fait preuve d'assurance en défense, mais le jeu ne s'améliore guère. Pourtant, à la 50me minute, Kaniber, lui aussi porteur d'un emplâtre à la cuisse, oblige Escale, d'un excellent tir, à dévier en corner grâce à un remarquable réflexe.

Enfin, le but marseillais est marqué par Loubet, à la 52me minute. Au départ de l'action se trouve Magnusson contrant Kholer ayant tardé à centrer, et Charly après avoir effacé Lazarus, puis Burkhard, grâce un dribble magnifique, surprend Schuth trop avancé.

Sur cette action, l'ancien Niçois démontrait une rare vivacité de mouvement et son sens aiguisé du but.

L'O.M., sur sa lancée, poursuit sa domination et harcèle la défense strasbourgeoise.

Magnusson continue à lui poser quelques sérieux problèmes et il ne faut pas moins de trois adversaires pour lui subtiliser la balle. Bien sur, les Alsaciens tentent de réagir par Molitor ou Huck, mais leur jeu manque de vivacité, car, dans le camp local, il semble que le punch et la décision ne soit pas au rendez-vous.

Une reprise de volée de Skoblar, à la 65me minute, assomme littéralement Stieber touché au visage par la balle : et, après un court arrêt de jeu, celui-ci reprend son poste.

Charlie Loubet effectue de nombreuses montées offensives et, sur l'une d'elle ponctuée par un corner, Schuth est tout heureux d'être supplanté par la barre transversale.

Nous en sommes à la 71me minute et, à ce moment-là, Wintz, douzième homme, rentre à la place de Kholer.

Égalisation de Lemée

Aussitôt, coup de théâtre, l'arrière Lemée, judicieusement servi par Burkhard, tente sa chance de 20 mètres et réussit à tromper Escale, qui, pourtant, pousse le ballon de la main mais ne peut l'empêcher de pénétrer dans la cage.

Un à un, tout est à refaire. Et il reste 17 minutes à jouer.

Ce but follement applaudi par les nombreux spectateurs, émoustillait Strasbourg, qui se rue à l'attaque. Mais la défense marseillaise, sereine, veille au grain.

Un quart d'heure avant la fin, Leclercq échoue alors qu'il est sur son mauvais pied, le droit.

Grava sort à nouveau mais, mais doit passer à l'aile gauche.

Le 2me but pour Skoblar

Quatre minutes avant la fin, Magnusson effectue un dribble époustouflant sur l'aile droite et centre. Skoblar reprend de volée et loge la balle dans les filets de Schuth.

L'arbitre siffla la fin sur la victoire de l'O.M. : 2 à 1.

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 Le jour de Loubet

Strasbourg - On attendait Magnusson, on attendait Skoblar et c'est finalement Loubet qui ouvrit le but et le score pour l'O.M.

Son but marqué à titre presque individuel fut un modèle d'opportunité.

En un seul dribble, il élimina pratiquement trois défenseurs alsaciens, au demeurant fort mal placés, avant de surprendre adroitement le gardien Schuth. En fin de 1re mi-temps, Loubet avait d'ailleurs en deux occasions donné un aperçu de son art de profiter des moindres circonstances, pour jouer ce que l'on appelait jadis tout "droit au but".

À l'opposé, Magnusson, presque marqué au millimètre par Grava, et touché à la jambe en première mi-temps, parut s'empêtrer un peu dans ses dribbles, au point d'en prendre parfois le sens de des réalités.

Mais avec ce diable de Roger il faut toujours attendre la dernière minute. Et alors que Strasbourg croyait déjà au match nul, une passe de Magnusson, reprise de volée par Skoblar, sonna le glas de ses espérances alsaciennes.

Ce qui semble démontrer que la force principale de l'O.M. et de disposer d'une grande variété d'armes offensives : un jour Magnusson, un jour Skoblar, un autre Loubet, en attendant la nouvelle éclosion Couecou.

La victoire

de toute une équipe

Cet hommage rendu à l'attaque, il convient d'ajouter que la victoire de l'O.M. et l'oeuvre de toute une équipe, et plus principalement de ce que l'on a baptisé les hommes de troupe.

Avec l'appui constant de Bonnel, la défense a fait un match exemplaire, et on ne saurait lui reprocher d'avoir pris un but à l'extérieur, contre une des meilleures attaques du championnat. Même quand Magnusson ne réussit pas un festival complet, et quand Skoblar n'est impérial qu'en une seule circonstance, l'O.M. n'en est pas moins une équipe capable de se faire respecter partout en France.

Car s'il ne s'agit pas d'un exploit inoubliable, ces deux points pris à Strasbourg sont très précieux.

Peu d'autres équipes françaises pourront en faire autant cette saison.

Novi à l'arrière :

une réussite

Il reste à parler des trois innovations de l'O.M. en début de saison. Novi à l'arrière gauche : c'est une réussite. Dur, solide, décidé et rapide, Novi a les moyens de faire oublier assez rapidement le départ de Djorkaeff.

Leclercq n'est pas encore complètement adapté à sa nouvelle équipe. En certaines circonstances, il parut lent et un peu emprunté. Mais il faut lui faire confiance, son travail au milieu du terrain peut être très efficace.

Cependant, à cette place, il ne saurait faire oublier Bonnel.

Couecou, avant-centre, se battit de bout en bout, à son habitude, mais sans grande réussite.

On ne saurait dire sur ce match qu'il est capable de faire oublier Joseph.

M.F.

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 ZATELLI : "Une victoire rassurante"

(D'un de nos envoyés spéciaux : Gérard PUECH)

Strasbourg - Dans le vestiaire des Marseillais c'était, bien sur, l'allégresse, une joie touchante de grands dosses réalisant l'importance de la victoire.

Zwunka, le capitaine, le faisait remarquer au premier chef :

"Nous avions peur, secrètement, de ce départ. Souvent, un début conditionne toute une saison. Je crois que, ce soir, nous avons fait coup double. Sur le plan du résultat et au point de vue moral. C'est, sans doute, un véritable doping !"

M. Leclerc et Mario Zatelli abondaient dans son sens, mais avec un peu plus de réserve.

Le président marseillais notamment affirmait :

"L'équipe doit mieux tourner encore, car nous aurions pu faire déjà la différence en première mi-temps. Nous avons encore manqué de sérénité, cette qualité qui constitue le label des formations internationales. Mais, ne nous plaignons pas que la mariée soit trop belle..."

De son côté, entraîneur enchaînait :

"Mes petits ont paru longtemps contractés jusqu'au but de Loubet. De toute façon, ce résultat positif comporte une importante signification. Il prouve que nous avons, cette année, un rôle important à jouer dans la compétition".

Et, lorsque nous lui annonçons que Saint-Étienne s'était incliné devant Nantes, Zatelli et tous les joueurs de l'O.M. souriaient encore un peu plus. Quant à Loubet, sautant de joie, laissait éclater un grand éclat de rire. Il est vrai que son premier but marqué au sceau d'un réalisme remarquable avait donné le ton.

Escale et Magnusson, pour leur part, ne voulaient pas croire à ce résultat inespéré.

"Ils sont battus ! Ça alors ! ", Répéter le gardien marseillais.

Interrogé sur le but encaissé par lui, il poursuivait :

"Je ne m'y attendais vraiment pas. Jamais je n'aurais cru que Lemee tire si fort. J'ai voulu prolonger le ballon par-dessus la barre sans prendre de risques, et son effet m'a trompé. Enfin, il n'y a pas de mal !"

Et, dans une mimique expressive, il concluait :

"D'ailleurs, il fallait ça pour permettre le suspense..."

Le Suédois, qui souffre d'un coup au genou (plus de peur que de mal heureusement), évoquait son duel avec Grava. Pas rancunier pour deux sous, il disait :

"C'est un bon joueur. Un peu dur, certes, mais il n'y a pas de quoi fouetter un chat..."

Décidément, notre Roger est un savoureux pince sans rire.

Le mot de la fin, nous le devons à Novi :

"Mes débuts à l'arrière furent difficiles, mais très vite le rythme vint. Je crois avoir prouvé que je n'étais pas trop dépaysé un poste habituel".

Nous en conviendrons volontiers, l'international ayant montré une grande sûreté de gestes dans ses interventions.

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Dans le camp strasbourgeois, la sérénité régnait. En effet, entraîneur des Pierrots de Strasbourg, qui ont fusionné, on le sait avec le Racing club de Strasbourg, affirmait :

"Le résultat est normal. Mes jeunes éléments ne sont pas encore habitués à ce niveau de la compétition. Dans quelques semaines nous tournerons à un meilleur régime".

Enfin Paul Frantz, l'entraîneur du Racing, expliquait :

"Avec un peu de chance, nous aurions pu arracher le match nul, mais de toute façon, l'O.M. a bien mérité sa victoire".

 

 

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