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Résumé Le Provencal

du 20 septembre 1970

 

L'O.M. N'A JOUE QUE TROP EPISODIQUEMENT

EN GRANDE EQUIPE

Loubet expulsé à la 65e minute

(D'un de nos envoyés spéciaux : Louis DUPIC)

NANCY - Pour une rencontre de football, le baromètre du succès est certainement le temps mis pour gagner le stade. A cet égard, nous avons bien failli, à Nancy, battre un record, les embouteillages commençant dès la sortie de la ville pour croître et embellir tout le temps du trajet.

Deux heures avant le coup d'envoi, les enceintes du stade Marcel Picot sont déjà confortablement garnies, le temps magnifique se prêtant remarquablement à un pique-nique sportif : bière, frites et saucisses.

Toute la semaine, on n'a fait dans l'agglomération, que parler de la rencontre de ce soir et les organisateurs ne pouvant mettre à la disposition du public que 1.500 places assises et numérotées, ont été dépassé par les événements, le vieux stade, avec ses deux tribunes basses et minuscules, : ne répondant plus aux besoins actuels.

Pour l'équipe locale, le problème est simple : il lui faut vaincre à tout prix, pour améliorer sa position encore précaire au classement, mais aussi pour répondre à l'engouement du public en or : l'A.S. Nancy-Lorraine comptant 6.000 abonnés.

Roland Erhardt, ancien Marseillais, est venu rendre visite aux Olympiens, et ne leur a pas caché amicalement que ses camarades et lui-même allaient tout mettre en oeuvre pour leur faire mettre genou à terre.

"Toute la semaine, nous avons aiguisé nos crampons et vous n'aurez qu'à bien vous tenir, tout à l'heure, leur a-t-il dit en plaisantant. Mais plaisantait-il vraiment ?

Quant aux Marseillais, nous les avons vus toute la journée, très tendue, concentrés au maximum, et ardemment désireux de se racheter à Nancy, en championnat, de leur déconvenue tchécoslovaque.

Voilà donc comment se présentent les choses au moment où nous nous apprêtons à suivre du haut de notre perchoir le cours des événements, l'éclairage étant remarquable et l'arbitre le Nordiste, M. Verbecque.

Le match va débuter dans une ambiance extraordinaire, les spectateurs s'accrochant aux endroits les plus insolites. Les familiers assurent qu'il doit y avoir 16.000 ou 17.000 spectateurs.

Le nom de Mario Zatelli, ancien entraîneur de Nancy, a été fortement applaudi, et l'équipe de l'O.M. saluée, à son entrée sur le terrain, par un triple "Hourrah !". Une belle marque de sportivité.

Les Marseillais prennent un bon départ, et Maggiera doit plonger à deux reprises pour sauver son camp.

Quant au premier accrochage, sans gravité, il oppose deux anciens messins Zwunka et Erhardt.

À la 8me minute, Loubet, rabattu au centre, place, de la limite, un excellent tir à ras de terre que Maggiera va chercher, en plongeant, dans le coin de son but.

Au cours du premier quart d'heure, le gardien lorrain a été incontestablement plus sollicité que son vis-à-vis.

Nancy joue avec une énergie peu commune, un véritable match de Coupe, mais l'O.M. en a vu d'autres et ne se laisse pas impressionner.

L'ardeur un peu brouillonne des locaux ne leur rapporte rien, bien qu'un mauvais rebond à la 23me minute, et une glissade de Hodoul mettent Escale en fâcheuse posture devant Zenier.

L'O.M. réplique par un coup franc de Skoblar que Maggiera a du mal à stopper.

25e minute :

panne de courant

A la 25me minute se produit un fâcheux incident : l'un des quatre pylônes supportant les projecteurs se refuse à tout service et contraint l'arbitre à interrompre la partie un.

Une certaine fatalité semble d'ailleurs peser sur les matches disputés par l'O.M. à Nancy, l'un d'eux ayant été arrêté, il y a quelques années, par le brouillard.

En tout cas, ici, après un quart d'heure d'attente, les joueurs sont rentrés au vestiaire.

Les "Majorettes" s'efforcent courageusement de faire prendre patience au public. Autant dire qu'elles n'y parviennent pas malgré leur bonne volonté.

M. Neumann, le secrétaire général de l'O.M., vient à la tribune de presse nous éclairer sur le règlement : il prévoit 45 minutes interruption au maximum.

Le temps passe.

On nous apprend que les infiltrations d'eau dans les installations électriques ont causé la panne.

Après 43 minutes d'arrêt

la partie reprend.

La partie reprend donc après 43 minutes d'arrêt, l'attaque de l'O.M. jouant sur le but éclairé, alors que celle d'Escale demeure dans une pénombre relative.

Magiera lâche un tir de Couecou, sous la menace de Skoblar.

Cop intercepte de la main une superbe passe de Loubet à Skoblar, mais Lech ajuste un tir qui ne passe pas loin du cadre et place peu après un coup franc dangereux. Escale se distingue à son tour.

La partie se durcit, Bonnel écope d'un avertissement. Les coups francs pleuvent drus contre l'O.M., Escale sauve devant Dublin.

On arrive ainsi au repos. La première mi-temps a duré exactement une heure et demie !

Malgré toutes ces péripéties, la pause n'en dure pas moins près d'un quart d'heure et cela n'est pas du goût du public qui siffle copieusement tout ce qui se présente sur la pelouse à la reprise.

50me MINUTE :

BUT DDE LECH

À la 50me minute, Escale repousse des poings une tentative de Wyberg, mais renvoie malencontreusement la balle en direction de Lech qui, d'assez loin pourtant, la reprend fortement de la tête et la loge dans le but en lobant le gardien marseillais !

L'O.M. réagit immédiatement et, dès la remise en jeu, Skoblar rate de quelques centimètres une passe de Loubet alors qu'il était très bien placé pour égaliser.

Le public chante sur l'air des lampions "Nous avons gagné ! Nous avons gagné !"

Et Lech, encore lui, reprend remarquablement un centre de Dublin. La balle s'écrase sur le côté du filet.

58me MINUTE :

Jules SAUVE

A ce moment-là, Cop mène une terrible contre attaque, il la termine par un tir du gauche qui trompe Escale. C'est Jules le Capitaine Courageux qui sauve à genoux sur sa ligne.

65e minute :

Loubet expulsé !

C'est décidément le soir des incidents et arrêts de jeu.

À la 65e minute, Loubet accroche et touche l'arrière Palkas et, à la grande surprise, il se fait expulser du terrain par M. Velbecque.

Quelques secondes auparavant Formica avait pourtant descendu Couecou dans la surface !

70me minute :

but de Wyberg

A la 70e minute, Lech, de la droite, alerte remarquablement Erhardt qui échoue à bout portant sur Escale, bien placé, mais la balle va droit sur Wyberg, qui marque facilement dans le but vide.

Cette fois c'est bien fini pour l'O.M.

Estelle repoussa un nouveau tir du danois.

Magiera arrête une reprise de volée à demi ratée de Skoblar, puis détourne du pied plusieurs tentatives à ras de terre du Yougoslave.

Mais Wyberg et Lech manquent de belles occasions d'aggraver le score.

Celui-ci ne sera pas modifié au cours des dernières minutes et Nancy remporte une victoire somme toute méritée.

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 Un drôle de match

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

NANCY - Commencé sous un éclairage électrique et qui se termina aux bougies. La partie la plus éclairée de la rencontre qui dura exactement 25 minutes, fut la plus obscure. Disons que nous n'avions rien vu ou presque quand les équipes se retirèrent dans leurs vestiaires pour un entr'acte imprévu de 42 minutes.

À ce moment-là l'O.M. menait indiscutablement aux points : trois tirs dans l'encadrement à zéro. Il avait aussi sans atteindre les sommets, fourni le meilleur jeu. Plus calme, plus précis, mieux organisé.

Égalité méritée à la mi-temps.

À la reprise du jeu, les Nancéens pesèrent alors à l'attaque, surtout par leur côté droit ou Erhardt aidé de son arrière Formica, se rappela au bon souvenir de son ancienne équipe. Même s'ils se montraient assez efficaces dans l'attaque du ballon, qu'ils essayaient aussi de jouer à la vitesse supérieure, les Nancéiens étaient trop brouillons pour mettre réellement en péril la défense de l'O.M. Tant et si bien qu'à la mi-temps chaque équipe restaient sur ses positions.

L'O.M. paraissait légèrement supérieur, mais Nancy était arrivé à rétablir l'équilibre par une activité plus grande.

Le k.o. des Olympiens.

Il fallait un coup de chance pour permettre à Nancy de prendre un avantage réel.

Un dégagement des deux poings d'Escale expédiant le ballon sur la tête de Bernard Lech fut le doigt du destin. Mais on doit objectivement préciser que ce but heureux récompensait l'équipe ayant la plus grande envie de gagner.

L'O.M. ne jouait que trop épisodiquement en grande candidate au titre national.

De temps en temps, quelques bonnes périodes, quelques tentatives pour ordonner le jeu, sortir de la grisaille ambiante, mais sans grande consistance, et surtout sans durée.

L'expulsion de Loubet, venant après l'avertissement infligé à Bonnel n'arrangea rien au compte, au contraire. Il est vrai que l'arbitre avait la fâcheuse tendance de ne voir que les fautes olympiennes.

Le but du danois Wyberg sonna le glas des espérances marseillaises dans un stade sur lequel l'humidité tombait.

Après Trnava, Nancy ! L'O.M. malgré le soleil qui ne l'a jamais quittée, le repos à La Voisine et un excellent esprit aura complètement raté sa tournée. Pourtant, hier soir, l'adversaire n'était même pas au niveau français, que de qualité assez moyenne. Ce qui nous a le plus frappé ce fut l'espèce d'impuissance de l'équipe marseillaise à construire un jeu digne de sa réputation.

La liaison entre les différentes lignes ne fut presque jamais correctement assurée, et si l'on peut louer le courage des uns, l'ardeur des autres et quelques exploits techniques ici et là, tout cela est nettement insuffisant pour constituer une grande équipe. Expulsion de Loubet est certes une excuse de taille ; à 10 contre 11, la tâche devenait très difficile, cependant, même au complet, les Olympiens, n'avaient pas prouvé grand-chose. C'est ce qui tout de même commence à être grave.

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 M. VERBECQUE sur la sellette

NANCY - Les joueurs marseillais sont rentrés dans les vestiaires plus furieux que déçus.

Dans le camp de l'O.M., on ne parle plus de l'incident de la panne de courant, mais de la curieuse attitude l'arbitre, M. Verbecque, mis carrément en accusation.

Jules Zwunka, le capitaine était formel : "Monsieur Verbecque ne me l'a pas envoyé dire : "Avec moi, vous n'aurez jamais la loi ! Et, à la fin, il m'a rappelé ses bonnes paroles en me disant : "Vous avez vu, je vous l'avais bien dit !"

Couecou renchérissait : "Il ne cessait de dire aux joueurs de Nancy : "Vous avez vu comment je le tiens en main ce Couecou ?". Il s'est vanté aussi d'avoir, selon son expression "déjà aligné Skoblar à Marseille". Alors, à Nancy, vous comprenez...

Quant à Charly Loubet, il nous disait avoir eu une parole malheureuse envers l'arbitre : "C'est la première fois que je suis expulsé. Mais, tout de même, ce n'est pas une parole lancée dans l'énervement de la bataille qui aurait du me valoir une telle punition".

Roger Magnusson n'y allait pas par quatre chemins. Il nous disait : "Je vais finir par croire qu'il y a une véritable mafia contre l'O.M. Cette fois, je n'étais pas sur le terrain, mais à la tribune, et je pèse mes paroles !".

Dans son coin, Jean-Paul Escale souffrait en silence de son épaule meurtrie, et soupirait : "Non seulement je me suis aligné avec cette épaule douloureuse, mais encore je n'ai jamais autant pris de coups dans un match ".

En somme une bien mauvaise soirée pour l'O.M.

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 EN DIRECT DE NANCY

NANCY - Partout où passe l'O.M., c'est match de gala. Entendez par-là que les clubs visités par l'équipe marseillaise appliquent le tarif maximum.

Tel est le cas, ce soir, à Nancy, où les embouteillages sur le chemin du stade, une heure et demie avant le coup d'envoi, laissaient prévoir une foule record.

- Parmi cette foule record, il y avait au moins trois supporters olympiens venus à Nancy en voiture

Ce sont d'ailleurs des supers-supporters qui, sous la direction de M. François Roux de Mazargues, ont déjà fait plusieurs fois le tour de France et même quelques déplacements à l'étranger.

Ils se qualifient eux-mêmes d'inconditionnels de l'O.M.

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- L'ancien masseur de l'O.M., sympathique M. Petronio est venu également à Nancy en mission spéciale. Skoblar l'a chargé de lui apporter son collier - fétiche avec médaille en or oublié à Marseille.

Avec ce collier autour du coup, Josip pense retrouver la "baraka" perdue à Trnava.

- Dans le car nous conduisant au stade, un excellent confort confrère de Paris a dit à Loubet : "Si tu marques 2 buts ce soir, tu auras droit à et une page en couleur dans mon magazine".

Et l'astucieux Charlie de répondre : "Si je marque 2 buts ce soir, ce sera de toute façon une action de Grasse".

- Un transfert s'impose de toute évidence : celui du footballeur de Strasbourg Molitor, à Nancy.

La rue jouxtant le stade nancéien s'appelle en effet Molitor. Un footballeur ayant sa rue dans la ville où il joue, c'est du jamais vu encore.

Nous écrivons encore, car il est question d'offrir à Pelé une rue à Sao-Paulo.

- Nous verrons deux fois le match ce soir. Sur le terrain, bien sûr, mais aussi sur un écran miniature de télévision placer devant nous.

Il ne s'agit pas de le l'O.R.T.F. Cet écran et la caméra enregistreuse appartiennent à l'A.S. Nancy Lorraine.

Tous les matches sont ainsi filmés et projetés aux joueurs le lendemain. Une excellente initiative.

LE CLAIR OBSCUR

- C'est le match de la grisaille. Skoblar a devant lui son ancien capitaine de Belgrade Cop, Bernard Lech, le Lensois, n'est pas très loin de notre Lensois Kula. Quant à Escale, il surveille d'un oeil vigilant le petit Erhardt avec lequel il monta en Première Division il y a de cela cinq ans déjà.

- C'est la preuve fois que nous entendons cela : l'O.M. venait d'entrer sur le terrain quand le speaker annonça : "Voici la grande équipe de l'O.M. entraînée par notre vieil et excellent ami Mario Zatelli. Alors, tous avec moi pour l'O.M. et pour Barrios Zatelli, criez le triple "Hip, Hip, hip, Hourra".

Et la foule docile de hurler un triple et sonore "Hip, Hip, hip, Hourra" à l'intention des marseillais.

Il faudra le faire à Marseille quand Nancy viendra.

- Coup franc pour l'O.M., tir éclair de Skoblar et panne de projecteurs. Nous nous apercevions alors que M. Leclerc, pas le joueur, le président, venait d'arriver en voiture de Paris, ce qui a notre connaissance fait trois Leclerc sur le terrain : les deux de l'O.M. plus le clair-obscur de Nancy.

  

 

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