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Résumé Le Provencal

du 15 octobre 1970

 

 L'O.M. ACCROCHE !

En seconde mi-temps, dans une équipe inspirée

WATTEAU creva l'écran

Nous avons failli commencer notre article à la mi-temps.

Le titre était déjà trouvé : "L'O.M. sans problème".

Il aura été question d'une équipe de Sochaux, bien gentille, au jeu agréable, parfaitement orchestrée par Watteau et G. Lech, mais inefficace et incapable de suivre le rythme imprimé de la rencontre par les Olympiens.

Bref, quand le jeu reprit, nous ne pensions pas que le maillot jaune symbolique de l'O.M. put être menacé par les maillots jaunes de Sochaux.

Deux à zéro, au Stade-Vélodrome, il nous semblait que seule une grande équipe étrangère eut été capable de remonter ce handicap.

Notre optimisme était d'ailleurs partagé par la foule, venue là comme à une fête.

Durant la pause limonade, toutes les personnes rencontrées par le grand hall de Stade-Vélodrome nous avaient dit à peu près la même chose :

" - Match pratiquement terminé. Quatre à zéro, ou à un, à la fin !"

La passion excessive

C'était oublier qu'une partie dure 90 minutes.

Et même un peu plus, car moment ou nous écrivons ces lignes, dans la salle de presse du Stade-Vélodrome, quelques excités jouent à tout casser dans les couloirs.

Ce qui nous fait irrésistiblement penser à notre ami, l'ex-joueur rémois Lucien Perpère.

Jadis, il écrivit un livre, dans le titre était : "Football ma passion !"

Bravo ! Mais point trop n'en faut.

Il est vrai que la passion de l'ami Lucien était celle du ballon et certainement pas celle des boîtes de bière ou des cailloux...

...et, quand il parlait de casser, c'était de la baraque qu'il s'agissait, en termes populaires, et non des vitres du stade.

Tout cassait et pour un motif des plus futiles, une fois de plus.

Que reproche-t-on à M. Wurtz ?

D'avoir sifflé contre l'O.M. un penalty, qui se peut discuter, après en avoir refusé un autre à Sochaux, en première mi-temps, pour une faute de main qui crevait les yeux.

Discutons... discutons... et que ceux qui veulent se défouler allaient se faire inscrire à un club de boxe.

Le noble art manque de bras... et de punch.

Watteau : un match de classe

Cette digression, imposée par les circonstances, nous a éloignés de la rencontre.

Bref, en deuxième mi-temps on ne vit plus que du jaune sur le terrain, et les joueurs vedettes de cette période s'appelèrent Watteau, magnifiques d'aisance et de précision ; G. Lech, inspiré ; Largouet le barbu, Piat, Lechantre, et bien entendu le yougoslave Melic, auteur d'un but admirable.

On était venu au Stade-Vélodrome pour applaudir l'O.M., encourager avant son déplacement à Saint-Étienne, et l'on découvrit une forme bonne équipe : celle de Sochaux.

Une équipe complète, bien que privée assez vite de son meilleur défenseur, le yougoslave Selles, assez sûre en défense et imaginative en attaque.

Mais, s'il fallait accorder une préférence nous citerions Watteau.

Malgré sa petite bedaine, le super Leclercq fit, au centre du terrain, un match de classe.

Nous avons surtout remarque l'excellence de sa frappe de balle et la précision de ses passes.

Encore un footballeur français qui, comme Goujon, Leonetti et quelques autres, semble avoir raté une grande carrière.

Un incident de parcours

"Et l'O.M. ?", allez-vous nous demander si nous n'avez pas assisté à la rencontre.

C'est très simple. Après une première mi-temps, non pas exceptionnel, mais bonne, l'O.M. c'est complètement effondré.

Est-ce la fatigue ? Certains joueurs le prétendent.

En tout cas, à ne s'en tenir qu'aux faits, les Olympiens peuvent presque s'estimer heureux d'avoir conservé le bénéfice du match nul à l'issue des 45 dernières minutes.

Il ne faut surtout pas en faire un drame.

Le championnat est long, pénible et aucune équipe n'est à l'abri d'un incident de parcours sur son terrain.

Rien ne prouve d'ailleurs que ce demi échec ne servira pas la cause de l'O.M., dimanche prochain à Saint-Étienne.

Toujours Bonnel

Pour juger les joueurs de l'O.M., à titre individuel, il faut tenir compte des deux mi-temps.

Sur l'ensemble du jeu, le meilleur fut Bonnel, il tint les 90 minutes, et si son travail apparut moins en deuxième mi-temps, c'est parce qu'il jouait dans une équipe dominée.

Accordons aussi une mention "partie complète" à Hodoul et à Zwunka, ce dernier un peu irrégulier toutefois.

Kula, une bonne mi-temps mais quelques défaillances défensives en seconde.

Lopez commit l'erreur de se lancer trop franchement sur l'habile Lechantre.

Novi : fatigué sans doute, et par suite imprécis.

Magnusson et Skoblar, très discrets.

Couecou : une admirable bonne volonté, de bonnes choses, mais parfois une certaine imprécision dans ses passes.

Loubet nous a paru en forme, mais la réussite n'est pas de son côté.

Un dernier mot sur M. Wurtz. C'est un l'arbitre spectaculaire, mais pas meilleur que beaucoup d'autres.

Maurice FABREGUETTES

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 82e minute : 36.000 spectateurs frappés de stupeur

LECH exécute ESCALE

La victoire s'envole !

Comme prévu, ce duel au sommet opposant le leader marseillais à son dauphin Sochaliens, avec en filigrane la grande explication de dimanche prochain Saint-Étienne, s'est traduit par un nouveau succès populaire.

Dès 19 heures, les files de voitures venant de toutes les directions ont eu le plus grand mal à gagner le boulevard Michelet, où se tient dans une puissante odeur de merguez la petite kermesse habituelle. Sur la pelouse, une sévère explication, entre treizistes marseillais et avignonnais, a mis le public dans l'ambiance.

Une petite brume flotte dans l'enceinte quand le spectaculaire M. Wurtz donne le coup d'envoi de cette dernière nocturne de l'année avec le vieil éclairage.

Pour ne pas changer, les visiteurs ont été copieusement hués, alors que les Marseillais, en maillot rouge, étaient salués par une terrible bordée de pétards et de fusées. Dans le tintamarre, il y a été bien difficile de faire observer une bien courte minute de silence à la mémoire de Manu Aznar.

14e minute :

but de Bonnel

L'O.M. part très fort par Couecou et Magnusson, qui mystifia par deux fois le jeune Wassmer, sans mal pour Battmarin, bien protégé. Céles et Burkle, devant le danger, n'hésitant pas à concéder des corners.

À la 10me mn, Celes, le garde du corps de Couecou, est blessé à la cheville, et ne tarde pas à reprendre sa place en boitillant entre Piat et Jules Zwunka, le ton monte... Alors qu'une attaque menée par Couecou semble arriver au point mort, la balle, mal repoussée, parvient au centre ou Skoblar et Bonnel se trouve seul devant Melic. Une passe de Josip à son camarade et ce dernier ouvre le score à la 14me mn.

Mais pourquoi Sochaux ne remplace-t-il pas Seles, qui ne peut prendre appui sur son pied gauche ?

19e minute :

Bonnel sur la barre

Un peu plus tard, très près des buts, Bonnel redresse de la tête un centre de Magnusson, mais la balle échoue sur la transversale.

L'O.M. obtient corner sur corner : à la 22me mn, Sochaux remplace Seles par Duffez.

Couecou tente sa chance à deux reprises, mais ses tirs passent, le premier au-dessus, le second à côté. Devant une défense marseillaise impitoyable, Sochaux a du mal à développer ses attaques ; Dans le but de Battmann, Bonnel est magistralement fauché, les deux jambes à la fois, sans réaction de M. Wurtz.

Magnusson se fait applaudir pour ses actions spectaculaires et on le voit à la grande joie du public... dribbler à la fois Wassmer et M. Wurtz, qui a suivi l'action de trop près. A la 33e minute, Sochaux par Lech, obtient un corner donné par Watteau. Piat, de la tête, met la balle de côté.

C'est la première action dangereuse des visiteurs.

35e minute :

but de Couecou

L'O.M. croise l'écart sur un exploit de Magnusson qui efface plusieurs adversaires et centre juste.

Battmann repousse une première reprise de Bonnel, une deuxième de Skoblar, mais doit s'avouer battu sur une troisième tentative de Couecou.

Peu après sur l'action de Lech, les Sochaliens non sans raison, réclament un penalty pour une faute de main marseillaise.

Lechantre termine ensuite fort mal, par une mauvaise passe, une remarquable série de dribbles.

Sochaux va mieux, mais l'O.M., au repos, à la partie en mains.

57me minute :

but de Melic

Trop sur de la victoire, l'O.M. en ce début de seconde période, se laisse endormire par les Sochaliens qui obtiennent plusieurs corners.

Watteau, premier avertissement, place un tir plongeant au-dessus. Peu après Melic, venu de loin, s'engage avec décision sur un service de Lechantre et trompe imparablement Escale.

Ce but jette un certain froid sur les gradins où l'on entendait "Leclercq Leclercq". Skoblar tente de s'infiltrer, mais Melic, l'auteur du but Sochaliens, lui barre la route.

À la 65e minute, Battmann cueille un long centre de Lopez et se blesse en retombant au sol. On le soigne sur la ligne de but et, retenu à sa place, il doit immédiatement sortir au devant de Skoblar.

Piat, à la 70me minute, tire de très peu à côté. L'O.M. a perdu sa sérénité de la première période. Loubet, cependant, oblige Battmann a plongé après avoir éliminé Watteau et Largouet.

Les deux adversaires attaquent à fond à tour de rôle. Tir de Loubet et corner pour Sochaux. Le dernier quart d'heure va être un véritable quitte ou double, Battmann stoppe un tir de Novi (75e), Loubet, attaqué par Burkle, reste étendu au sol et Leclercq le remplace (77me minute).

Batmann repouss peu après un centre de Leclercq vers Hodoul qui tire sec mais au-dessus (82e minute).

83e minute :

Penalty de Lech

Immédiatement c'est le drame. Hodoul accroche Lechantre et M. Wurtz accorde à Sochaux un penalty transformé par Georges Lech.

La foule grande et la police se prépare à toute éventualité. Escale a du mal à mettre en corner un coup franc de 35 mètres de Watteau (88m) et les choses en restent là.

L'O.M. a perdu son problème point à domicile.

Louis DUPIC

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SOCHAUX DU TAC AU TAC

Ce n'était plus les O.M. - SOCHAUX d'antan

Le Football-Club de Sochaux ne s'est jamais fait remarquer par le renom de ses entraîneurs. Il y eut même des saisons ou on ignorait pratiquement le nom de son coach.

Barret est en train de combler cette lacune. Cet ancien ailier gauche du club au maillot jonquille, qui ne fut pas un grand nom comme footballeur peut se faire un nom comme entraîneur, car il a convaincu ses joueurs que le moral et la condition physique comptaient autant que le talent, et il a bien raison.

 Le président Deur, du F.C. Sochaux, avait déclaré sur un ton péremptoire, il y a une semaine : "La cuvée 1970-71 est la meilleure que nous ayons eue depuis une dizaine d'années". Nous avons l'impression que la prédiction du président est en train de se réaliser.

 Notre ami Paul Guillaume, président du Syndicat des producteurs de vaches laitières de Marseille, mais Franc-Comtois d'origine, avait été, il y a bien des décades, l'un des plus chauds supporters de l'O.M. et avait même été un des membres les plus actifs de l'A.F.O.M. Depuis il avait pratiquement déserté le Stade-Vélodrome. Mais, hier soir, il était venu spécialement de Bonetage (Doubs) pour assister au match au sommet.

 Me Paul Lombard, avant de devenir avocat de Papillon, garda, à une certaine époque, avec brio, la cage équipe de Barreau de Marseille. Aussi faut-il lui faire confiance quand il affirme : Battmann a de la classe. Je ne m'étonne pas qu'il ait déjà arrêté trois penalties depuis le commencement de la saison. Aujourd'hui il a eu beaucoup de travail, mais il s'en est bien sorti.

 Hier soir nous avons eu l'impression de rajeunir de nombreuses années : lorsque l'O.M. - Sochaux constituait un des grands duels de la Première division. En ce temps-là, ces deux clubs se disputaient souvent le titre. Trente ans après c'est plus forts qu'Alexandre Dumas.

 On dit que l'histoire est un éternel recommencement. Ce n'est pas toujours vrai, mais dans ce cas de cette affiche, cette formule prend une nouvelle résonance.

 Quand on a annoncé le résultat du match Saint-Étienne - Nice à la mi-temps, qui se jouait au stade Geoffroy Guichard : Nice 0 - Saint-Étienne 2, un soupir de désappointement a jailli des milliers de poitrines dans l'enceinte du boulevard Michelet.

Décidément, le tenant du titre n'est pas décidé à abandonner sa couronne.

 On n'avait pas vu beaucoup Melic durant la plus grande partie de la rencontre, jusqu'au moment où il marqua un but superbe.

Quoi comme quoi, il faut se méfier des eaux dormantes.

"Donne-lui tout de même à boire, dit mon père". M. Neumann doit reconnaître le fameux point de Victor Hugo puisqu'il a donné de l'eau à Georges Lech lors d'un arrêt de jeu.

 Le jeune Nordiste, Leclercq, est populaire à Marseille. Nous l'avons vu à la manière dont il a été applaudi lorsqu'il a fait son entrée après la blessure de Loubet, dix minutes avant le coup de sifflet final.

Alain DELCROIX

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 Quinze interpellations

des blessés

Le stade-vélodrome sera peut-être interdit et les Marseillais, pour la même occasion, risquent de ne plus voir de matches de football, alors que leur équipe, l'O.M., possède, pour la première fois depuis vingt-cinq ans, les atouts pour devenir champion de France.

C'est une éventualité qui risque fort de se vérifier, après les violents incidents hier soir.

Dès le coup de sifflet final, les boîtes de bière vides commencèrent à pleuvoir sur la pelouse. Puis les pierres remplacèrent les boîtes, et puis, à bout de munitions, se bataillon de l'imbécillité mit le feu aux journaux traînant dans les gradins du stade.

Chassés par le service d'ordre, les manifestants refluèrent dans la cour d'honneur du stade, où ils avaient à leur disposition tout le matériel souhaitable pour relancer la violence : la cour, en voie de réfection actuellement est jonchée de cailloux et pendant près de vingt minutes les vitres des portes d'accès ont été soumises à des jets de pierre.

Outre les dégâts causés aux portes, quelques spectateurs, qui n'avaient pu sortir du stade, ont été blessés, heureusement sans gravité.

À l'extérieur du stade, cependant, sur le boulevard Michelet, les récalcitrants continuaient à harceler les forces de police massées dans la cour d'honneur. Celles-ci ont dû charger, sur le boulevard Michelet, à l'heure où la circulation est particulièrement intense.

Plusieurs jeunes gens ont été arrêtés et conduits à la permanence de police pour contre l'identité. On note également quelques blessés parmi ces jeunes gens, mais sans gravité heureusement.

François MISSEN

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Ils disent

Mario ZATELLI : "C'est vraiment bête !"

M. Leclercq

L'O.M. n'a pas joué ce soit en grande équipe. Le jeu était beaucoup trop lent. Il fallait attaquer par la droite, car c'est là que résidait la faiblesse sochalienne. Magnusson passait son arrière comme il le voulait et nous n'avons pas su profiter de cette aubaine.

"Il ne faut cependant pas lever les bras au ciel, car il convient de ne pas se décourager après les échecs, de même qu'il ne faut pas s'emballer trop vite après les victoires".

Didier Couecou

"C'est une catastrophe. Je ne comprends pas ce qui a pu nous arriver. Nous avions très bien débuté, et puis nous sommes tombés dans la facilité. De ce fait, les Sochaliens ont pris confiance et nous ont "mis" deux but. Et encore bien heureux qui n'en aient pas marqué un troisième. Sochaux possède milieu de terrain de grande valeur.

"Ce que l'on peut déplorer, c'est que le public ne nous aide pas lorsque nous avons besoin de lui. C'est dans des matches comme celui-là que nous avons besoin d'être applaudis, pas lorsque nous menions 5 à 0 !"

Mario Zatelli

"C'est vraiment bête de concéder ainsi un point à Saint-Étienne. Mais aussi cela devait arriver : le public attendait trop de nous. Ce n'est tout de même pas un drame, compte tenu des rencontres très dures que nous venons de disputer (Trnava, Nantes et Valenciennes).

"Mes joueurs ont besoin de récupérer. Et nous en retirerons au moins quelque chose de positif : nous n'irons pas à Saint-Étienne en triomphateurs, et nous éviterons ainsi de tomber dans un excès de confiance".

Jacky Novi

"C'est toujours dommage pour les fidèles qui espéraient nous voir gagner.

"Sochaux à une très bonne équipe et surtout des attaquants de grande valeur.

"Je crois que tous ces voyages nous ont un peu fatigués ; nous avons avant tout, besoin de repos. Maintenant, il faut penser à Saint-Étienne, car le championnat risque de se jouer là-bas.

Alain PECHERAL

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 L'arbitre M. Wurtz :

"Il y a beaucoup à dire

sur le public

"C'était un match très crispant, plus particulièrement sur la fin. L'O.M. m'a fait grosse impression en première mi-temps, avec un Magnusson insaisissable. En deuxième mi-temps, les Marseillais se sont complètement relâchés. Je pense qu'ils étaient obnubilés par leur prochain match contre Saint-Étienne et qu'ils ont ainsi perdu leur influx nerveux. Quant à l'attitude du public, il y aurait beaucoup à dire là-dessus".

 Georges Lech :

"Je crois avoir fait un bon match et je suis heureux de l'avoir effectué en présence du sélectionneur. Et puis, bien sûr, ce point pris à Marseille sera très précieux. Nous avions très peur en pénétrant sur le terrain et nous avons joué presque toute la première mi-temps avec l'estomac noué. L'O.M. a fait une très bonne première mi-temps, mais après le repos nous nous sommes enhardis, et notre réussite nous a décontracté. L'O.M. à un public en or et cela doit être formidable de jouer tous les matches devant de tels supporters. Mais il est tout de même trop versatile : sur la fin du match, il nous encourageait, ce qui est tout de même un comble.

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