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Résumé Le Provencal

du 19 novembre 1970

 

L'OM REPREND LA TETE !

SKOBLAR (2 buts) et BONNEL ont concrétisé la supériorité olympienne

TOULOUSE - on pouvait, hier soir, à moins d'une demi-heure du coup d'envoi, garer sa voiture à 50 mètres d'un guichet, prendre son billet et aller déguster les délicieux produits du pays avant de choisir tranquillement sa place parmi les 20.000 qui étaient, à ce moment-là, largement disponibles.

Et jamais l'enceinte ne nous parut alors plus lugubre que le Stadium plongé jusqu'au dernier moment dans la pénombre et balayé par un vent venu sans doute directement des cimes pyrénéennes enneigées.

Mais les groupes frileux et emmitouflés, survenu "in extremis" vinrent tout de même dissiper cette impression pénible.

Ce n'était peut-être pas le grand succès espéré par les responsables locaux du football, mais néanmoins un succès d'estime.

La partie était dirigée par M. Petit de la pelouse extrêmement lourde et spongieuse.

Magnusson en forme

Les premières minutes ne voyaient pas les deux équipes se livrer à fond : Bastia posait quelques banderilles, tandis que Skoblar et Magnusson se rappelaient à l'attention de leur garde du corps Tosi et Farina.

Le Suédois notamment réussit deux fois de suite à tromper le rude arrière sarde et à centrer dangereusement avant d'effectuer devant la tribune principale un véritable numéro de dribble.

C'était la première impression marquante de la soirée : Roger était en forme !

Sur la longue balle de Lopez, Skoblar tentait et manquait une reprise difficile.

À la fin du premier quart d'heure avec un Bastia prudent et un O.M. pas tellement agressif, il ne s'était strictement rien passé en dehors d'un centre de Franceschetti que Kanyan et Serra ne pouvaient reprendre.

Mais alors (15e mn) : Kanyan déclenchait un bon tir que Zwunka mettait en corner : le premier de la partie.

20e minute :

but de Bonnel

A deux reprises donc, les Corses avaient montré qu'ils pouvaient être dangereux. Mais à leur tour, ils étaient mis en danger par une erreur de leur capitaine Vincenti.

La 20me minute, Lopez prenait la balle à l'intérieur de son corps et fonçait le long de la touche, sans être attaqué par Farina, attaché aux pas de Magnusson.

L'arrière marseillais centrait à ras de terre pour Bonnel qui, de la limite, adressait le tir brossé qui arrivait tout juste dans la lucarne de Rossat, impuissant.

Cinq minutes plus tard, un mauvais renvoi d'Orlanducci mettait à nouveau Bonnel en possession de la balle et Franceschetti le contrait "in extremis".

Puis le public conspuait le juge de ligne, arrêtant pour hors jeu une très bonne combinaison Couecou - Skoblar.

Un coup franc à la limite tiré par Skoblar ne donnait rien et Couecou manquait un retourné spectaculaire sur centre de Lopez.

Nous étions à la 30me minute et Farina commettait sa première faute sur Magnusson. Ce dernier se vengeait tout de suite en provoquant une situation très dangereuse.

31e : le centre de Farina

Mais immédiatement, l'arrière insulaire menait une contre-attaque terminée par un centre tendu. La balle ricochait sur une aspérité et le rebond était à deux doigts de tromper Escale. On voyait ensuite Serra éviter au Hodoul et tirer nettement à côté (35e mn). Puis Franceschetti plaçait un retourné dans les bras d'escale. Peu avant le repos, un incident éclaté, Tosi demeurant au sol, alors que les joueurs corses protestaient longuement et se rendaient auprès de l'arbitre.

50e minute :

un tir de Skoblar

Après ce petit incident qui n'avait pas eu de prolongement puisque situé très près de la pause, on pouvait redouter que la seconde période ne soit moins calme que la première, jouée de façon trop fort correcte.

Mais les joueurs des deux camps revenaient des vestiaires lentement côte à côte et les premières actions notables étaient des tirs des artilleurs corses Kanyan et Serra, qui passaient au-dessus et à côté.

C'est pourtant Skoblar qui allait passer à la 50me minute le plus près de l'objectif en décrochant, de la gauche vers la droite, un tir que Rossat avait toutes les peines du monde à dévier.

Peu après, un tir puissant de Leclercq passait juste à côté du poteau et le Nordiste mis en confiance résiste récidivait. Rossat étant cette fois à la parade.

On notait encore une passe de Leclercq, une très bonne reprise Skoblar, un débordement de Magnusson et une passe trop longue de Kanyan vers Serra.

62e minute :

Skoblar marque

Après une heure de jeu, l'O.M. obtenait son second but. Couecou prenait le meilleur sur Vincenti, s'avançait, attirait à lui Rossat et donnait calmement à Skoblar face aux buts qui, du plat du pied, marquait.

Des la remise en jeu, le Yougoslave et Magnusson donnaient vers le centre des balles qui ne pouvaient être prises par Bonnel.

À ce moment-là, Papi remplaçant Orlanducci, marquait son entrée par un tir assez sec contrôlé par Escale.

Mais les Corses qui rataient beaucoup de passes, ne semblaient pas en mesure de refaire le retard, malgré quelques tentatives comme celle de Franceschetti, stoppée par Escale à la 70me minute.

Le dernier quart d'heure était encore contrôlé par les Marseillais décontractés, et l'O.M. s'attribuait une victoire logique alors que nous apprenions le chiffre de la recette : 9 millions pour 10.368 spectateurs payants, ce qui n'est pas mal du tout, en définitive !

Encore Skoblar

Skoblar auquel on venait de refuser un but pour hors jeu allait parachever succès olympien en marquant un troisième but au moment du coup de sifflet final, avec la complicité d'une jambe bastiaise.

Louis DUPIC

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 Jules NAGY : "L' O.M.

était trop fort"

TOULOUSE - Jules Nagy qui n'a pris Bastia en charge que depuis 15 jours n'a pas accueilli sa défaite comme catastrophe.

"Je suis à Bastia depuis trop peu de temps pour que j'aie pu y arranger les choses".

"Aujourd'hui, nous avons surtout souffert de notre infériorité au milieu du terrain dans la préparation des offensifs. Car, en fait je n'ai pas grand-chose à reprocher à ma défense qui avait affaire à forte partie et qui n'a pas commis tellement d'erreurs, ni en attaque ou Kanyan et Serra ont été très actifs et très dangereux.

"De ce fait, il n'y a vraiment pas de quoi désespérer. Je crois que nous parviendrons à nous tirer d'affaire finalement".

Interrogé sur la valeur de l'O.M., Jules Nagy nous répondit :

"A l'O.M. tout est clair et net, la balle circule facilement. Il est probable que nous aurions causé à nos adversaires un problème beaucoup plus difficile à résoudre si nous avions opéré à Furiani devant notre public et dans une ambiance plus favorable.

"Je ne me faisais pas trop d'illusions sur ce match de Toulouse malgré mon optimisme naturel".

JUST FONTAINE : " BRAVO L'O.M. " !

Just Fontaine commerçant à Toulouse, était bien entendu un spectateur très intéressé de la rencontre.

"Des matches comme celui-ci, on en voudrait beaucoup ! Vous vous rendez compte : 11.000 spectateurs à Toulouse. Cela ne s'était pas vu depuis des lustres.

"J'ai trouvé que l'O.M. possédait une bien belle équipe où tout paraît facile. En tant qu'anciens attaquants, j'ai particulièrement apprécié la facilité de Magnusson et, bien entendu, l'efficacité de Skoblar".

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Le combat MAGNUSSON - FARINA :

victoire du Suédois par "k o" technique

TOULOUSE - Pour faire du bon football il faut deux bonnes équipes, c'est l'évidence même, mais aussi une bonne pelouse.

Celle du Stadium municipal de Toulouse, sans doute excellente pour le rugby, se prête assez mal aux finesses du jeu de la balle ronde.

Quand par-dessus le marché, l'humidité ambiante a rendu cette pelouse grasse à souhait, les intentions des joueurs sont souvent trahies par la maîtrise du terrain.

On ne réussit pas des coups de billard sur un pré à vache.

Le grand numéro

de Magnusson

Voilà pourquoi le début de la rencontre fut assez curieux. Les vingt-deux joueurs cherchant leur équilibre, et se cherchant eux-mêmes n'arrivaient pas à accorder leurs passes, lesquelles sont en football ce que les cordes sont au violon.

Un seul joueur, cependant, paraissait particulièrement à l'aise sur ce bourbier, Roger Magnusson, grand spécialiste il est vrai du patinage artistique, sport très en vogue dans son pays.

Ce que Magnusson put en faire voir de toutes les couleurs à l'infortuné Farina durant la première mi-temps est à peine croyable.

Tout y passait : les feintes à gauche, à droite, les sauts par-dessus la jambe, le grand pont, le petit pont, un véritable jeu du chat et de la souris.

C'est d'ailleurs Magnusson, qui fut sans toucher le ballon, à l'origine du but de son équipe. Farina et Serra, obnubilés par la présence du prestigieux Suédois, regardèrent partir Lopez, ce dernier servit Bonnel et Rossat fut battu. De véritables hurlements s'élevèrent alors des tribunes, c'était les supporters de Cierp qui se manifestaient.

La vendetta de Skoblar

Sur l'ensemble de cette première mi-temps, l'O.M., plus calme, plus homogène et meilleur pour tout dire, avait conduit le jeu malgré de très vives réactions bastiaises, à l'origine des quelles on trouvait le plus souvent le jeune et dynamique Franceschetti.

Bref, tout bien pesé, ce 1 à 0 en faveur des Olympiens était très mérité.

C'est alors qu'il ne restait plus qu'une dizaine de minutes à jouer que l'on put craindre que la partie en restât là, faute de combattants, par excès de combativité.

À force de courir aux côtés de Magnusson sans pouvoir l'attraper, Farina finit par expédier son adversaire au tapis.

Un peu plus tard, alors que le ballon était revenu au centre du terrain, Skoblar, voulant sans doute jouer les justiciers, mis K.O. le jeune Tosi, trouvant pas tellement vigilante en cette circonstance l'intervention de l'arbitre.

Les Bastiais y virent rouge et la partie fut interrompue par quelques minutes ; faisons une remarque : il ne faut rien exagérer car en seconde mi-temps Magnusson et Tosi courraient comme des lapins.

Serra toujours serviteur

La dernière mi-temps n'a fait que confirmer la supériorité de l'O.M. Une supériorité qui malgré les espoirs renouvelés de Magnusson et la maîtrise de Skoblar, s'exprima de façon collective.

Par ailleurs, à titre individuel, les Bastiais furent nombreux à faire étalage d'indiscutables qualités.

Tosi, Franceschetti, Kanyan, Serra... pour ne citer que les meilleures, se mirent souvent en évidence.

Mais c'est l'équipe tout entière qui n'a pas encore trouvé son homogénéité, son style.

Pour tout dire, Mekloufi n'a pas été remplacé.

Nous prenons qu'un seul exemple : la saison dernière, Serra était servi sur un plateau d'argent, pour user d'une expression vieille comme le football.

Hier, à Toulouse, il devient le serviteur des autres.

Le point d'orgue

mis en sourdine.

Bien que le deuxième but olympien, Couecou - Skoblar, ait été un peu favoriser par ailleurs d'assez grossière erreur de la défense bastiaise, il n'en fut pas moins le reflet fidèle de la deuxième mi-temps, assez contrôlée par l'O.M. de bout en bout.

Certes, par une domination écrasante, car Bastia se défendit fort bien, et eut des contre-attaques fort dangereuses, mais un avantage constant fait de ces mille petites choses qui séparent une équipe arrivée à maturité d'une équipe qui en est encore au stade de l'expérience, de la recherche.

Le but absolument merveilleux Magnusson - Skoblar aurait pu être le point d'orgue de cette rencontre, mais l'arbitre ne voulut point.

Peut-être eût-il raison, tout en semblant se tromper.

3-0 comme Bastia, déjà obligé de jouer le match à Toulouse c'était assez cher.

F. FABEGUETTES

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 Mario ZATELLI :

"Un très bon match !"

TOULOUSE - Nous avons pris l'habitude de ces scènes de joie dans le vestiaire marseillais, qui nous changent, fort heureusement, de ce que nous avons pu connaître dans le passé.

Hier soir, à Toulouse, la satisfaction des Olympiens était double : non seulement ils venaient de remporter sur Bastia une précieuse victoire, mais encore venaient-ils d'apprendre que Saint-Étienne n'ayant réussi que le nul à Saint-Ouen, face au Red-Star, ils se trouvaient en tête du championnat de France.

Ce fut une véritable explosion de joie qui accueillit cette information donnée par notre confrère de Radio-Monte-Carlo, Yvan Médecin.

Pour Mario Zatelli, l'Olympique de Marseille venait de jouer un très bon match dans des conditions difficiles.

Non seulement parce que Bastia est une équipe combative et rugueuse, mais encore parce que l'état du terrain, extrêmement lourd, boueux et bosselé, se prêtait très mal à la démonstration.

L'entraîneur marseillais nous disait :

"Je pense que nous sommes moins livrés en première mi-temps parce que notre défense craignait les raids des rapides ailiers bastiais : Kanyan et Serra. Cela a beaucoup mieux marché par la suite : la seconde mi-temps et surtout la fin du match, ont été pour nous faciles".

Le capitaine Jules Zwunka mettait l'accent sur la difficulté que les Marseillais avaient éprouvée pour maîtriser la balle sur un terrain extrêmement défavorable et estimait que pour ses camarades et lui c'était une nouvelle mission qu'ils venaient d'accomplir, à la satisfaction générale.

Roger Magnusson protestait :

"Lorsqu'à trois minutes de la fin j'ai donné la balle à Skoblar et que l'arbitre a refusé le but, Josip ne pouvait être hors jeu puisque j'ai centré en retrait, depuis la ligne de but. D'ailleurs, même mon adversaire direct, Farina, a reconnu ce fait et la validité du but. Je n'ai pas compris la décision de l'arbitre".

Jean-Pierre Lopez était l'un des plus heureux parmi les Marseillais :

"Je tenais à cette victoire devant mes amis de Cierp qui étaient venus nombreux m'applaudir !"

Enfin, Josip Skoblar rayonnait littéralement, lui qui venait d'améliorer après encore sa position de leader du classement des buteurs.

Louis DUPIC

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 EN DIRECT DU STADIUM DE TOULOUSE

Les joueurs olympiens ont fait la moue en découvrant la pelouse. Une véritable éponge suant l'eau par tous ses pores.

Pour des raisons qui nous échappent, l'état du terrain a semblé au contraire réjouir les Bastiais.

Leur ancien et nouvel entraîneur, Jules Nagy, nous a même dit :

"Bravo, ce terrain est une prime au courage. Cela va égaliser nos chances".

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Diego Lopez aura pour une fois ses supporters personnels. Un petit commando de braves gens venus de Cierp pour encourager l'enfant du pays. Nous les avons trouvés très enthousiaste :

"Avec nous dans les tribunes, nous a dit l'un d'eux, l'O.M. ne peut pas perdre. A Cierp nous avons l'habitude de faire beaucoup de bruit avec un minimum de personnes".

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En apprenant que son ami, l'entraîneur de Bastia, Jules Nagy en était à son 28e club, Mario Zatelli s'est mis à réfléchir avant de nous lancer le nombre des équipes avec lesquelles il avait collaboré comme joueur et comme entraîneur : 11.

Pour un jeune homme de 57 ans, ce n'est pas beaucoup.

 

 

 

 

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