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Résumé Le Provencal

du 30 novembre 1970

 

PASSIONNANT SUSPENSE

UN "NUL" EQUITABLE

Un match fou, fou, fou qui

Tourbillonna comme le vent breton

RENNES - Il faut de tout pour faire un bon spectacle : un peu de chance, des tirs ratés, d'autres réussis, un grand engagement... et surtout, du "suspense".

Nous voudrions bien ajouter quelques actions de grande virtuosité, mais il nous a semblé que le public ne les appréciait pas tellement, car elles venaient en majeure partie d'un adversaire : Roger Magnusson. Tout ce que nous avons pu entendre hurler derrière nous à l'intention du Suédois dépasse l'entendement.

Il vaut mieux éviter la citation, nous serions certainement censurés.

Donc, ce Rennes - O.M. fut, comme le vent breton, tourbillonnant. Dans le ciel passer les nuages gris et noirs, la vitesse d'une comète. Sur le terrain, la situation évoluait sans cesse, à une vitesse presque aussi grande... Et c'est ce qui fit tout le charme de cette rencontre.

1o La grande période olympienne.

On crut tout d'abord que l'O.M. allait remporter une éclatante et nette victoire.

La Bonne Mère y ayant mis du sien, l'équipe marseillaise menait déjà par 2 buts à 0 à la 16me minute sans qu'Aubour et Escale eu à arrêter un seul tir en mouvement.

C'était magnifique, au moins pour les supporters olympiens, et inespéré.

Le grand et longiligne Cosnard commença par dévier nettement hors de portée d'Aubour un tir de Loubet. Le premier tir de la partie, alors que l'on en était encore au round d'observation.

Les Rennais, dont le moral paraît très friable accusèrent très nettement le coup.

C'est alors que Cardiet, qui ne sait plus par quel bout prendre Magnusson, choisit la solution la plus idiote.

Courant derrière le Suédois, il essaya d'une fois, deux fois, de le crocheter... En vain. La troisième tentative, en pleine surface de réparation, fut la bonne, et la mauvaise pour Rennes.

Un penalty gros comme une maison.

Magnusson à peine relevé demanda à Skoblar :

"Tu le tire : je ne me sens pas bien !".

"Non, répondit Josip, je te le laisse".

Aubour repoussa le tir mais au rendez-vous du ballon, il n'y avait que Skoblar, lequel s'empressa de marquer son 18me but de la saison.

Que faisaient les arrières rennais ? On se demande encore.

Sans doute estimaient-ils, à tort, qu'un penalty tiré par Magnusson été inarrêtable ! Skoblar ne le crut pas, et c'est là toute la différence.

2 o La victoire s'envole.

Là-dessus, les Rennais ayant le moral au-dessous de zéro, on ne vit plus que les maillots blancs sur le terrain. C'était le moment d'une accélération qui aurait pu être décisive.

Mais cette fois, la Bonne Mère dut penser qu'elle en avait assez pour les siens et un peu trop contre les Rennais.

Un tir de Magnusson fut repoussé par transversale. Loubet arrivant seul devant Aubour, logea le ballon dans les bras de son ancien ami de Nice et de l'équipe de France. Un but de Novi marquait de la tête sur centre de Skoblar fut refusé pour hors jeu.

Le 3 buts à 0 avaient été raté de très peu, et l'on peut penser que dans ce cas, les Rennais n'eussent jamais remonté ce lourd handicap.

3 o Rennes à toute vitesse.

Ayant échappé au k.o. décisif, les Rennais poussé à l'attaque par leur étonnant débutant Keruzore, le jeune hippie rennais, retrouvèrent des forces.

Le vent, une fois encore, venait de changer de sens et l'on ne vit plus que les maillots rouges sur le terrain.

L'égalisation devait se faire en deux temps.

Un tir tonitruant du pied de Lenoir avant la mi-temps et une reprise de la tête non moins tonitruante de l'arrière Cosnard dès la reprise.

Il sembla alors que la partie pouvait être gagnée par les Rennais. Généralement, quand une équipe remonte un handicap de 2 à 0, surtout sur son terrain, et qu'il reste encore près d'une demi-heure à jouer, elle devient irrésistible. Mais, curieusement, une fois de plus, le vent changea encore de sens. On vit la flamme rennaise s'éteindre peu à peu, l'O.M. retrouver son équilibre un moment compromis, et la partie prendre son rythme, jusque-là endiablé.

Il n'y a qu'à regarder notre carnet de notes pour en être persuadé. À partir du but égalisateur rennais, il est presque blanc.

Quelques mini-tirs de part et d'autre, quelques esquisses de combinaisons, mais rien qui ait obligé Aubour ou Escale à se surpasser, ou même à s'employer sérieusement.

Tant et si bien qu'une fois la fin sifflée par le dynamique M. Wurtz, les deux équipes parurent satisfaites de ce match nul en définitive équitable.

4 o Le régime de la douche écossaise.

Le quatrième point peut se résumer en une phrase : que faut-il en penser ?

Il est certain que l'O.M. a soumis ses dirigeants et ses supporters au régime de la douche écossaise.

Nous avons vu à la fois le meilleur O.M. et le moins bon au cours de la partie.

En pourrait dire aussi la même chose des Rennais.

Preuve que ce match "fou, fou, fou" est assez difficile à analyser et à juger.

Cela dit, on peut estimer que prendre un point à Rennes dans des conditions très difficiles, contre une équipe très bonne par épisode, et soutenue de bout en bout par son public, est une bonne chose.

Dans la course au titre, ce point sera précieux.

Parmi les réflexions faites par nos voisins rennais, il en est une que nous retiendrons.

Au meilleur moment de leur équipe, ils trouvèrent celle de l'O.M. prise de vitesse et parfois lourde.

Mais grâce à son métier, à ses automatismes en défense, elle sut toujours se reprendre à temps.

Dans une épreuve longue de 38 rencontres, dont 19 en déplacement, cela va de soi, le gagnant est celui qui sait tirer un avantage, fut-il d'un seul point, des rencontres les plus difficiles.

Pour conclure, nous donnerons l'opinion de l'entraîneur national Henri Guérin, ex-Rennais :

"L'O.M. est devenu une belle mécanique de championnat. Son équipe sait souffrir et, même si elle ne paraît pas toujours irrésistible, elle réussit à tirer son épingle du jeu.

Maurice FABREGUETTES

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 L'événement au transistor

Le Tout Marseille sportif vivait à l'heure du transistor. Il faut dire que tout se prêtait à cet événement. Un ciel gris et bas n'incitant guère à la traditionnelle sortie dominicale en voiture, un Roumanie-France de rugby dont nous connaissions le résultat avant que les images apparaissent sur le petit écran de la T.V.

Autant dire que ce Rennes-O.M., même à 1.000 kilomètres de distance, polarisait l'attention.

Attention constamment soutenue car nous imaginions volontiers que les dizaines de milliers d'auditeurs concernés ont, comme nous, vibré durant ces 90 minutes de suspense. Telle une pièce savamment mise en scène, cette rencontre au sommet devait entretenir notre passion.

Lorsque des la 18me minute le radio-reporter nous apprit que l'O.M., notre O.M., menait à la marque par 2 à 0, nous en eûmes l'eau à la bouche.

Et nous sommes certains que nous ne fûmes pas seuls à déguster avant coup le café... de la victoire.

Plus tard l'inquiétude puis l'angoisse prirent rendez-vous. C'était tout d'abord Lenoir qui grignotait quelque peu l'avance des Olympiens puis Cosnard, héros malheureux de la première mi-temps rétablissait l'équilibre.

Oui, alors vraiment Marseille eut peur.

Peur que les promesses d'un tonitruant début de match deviennent lettre morte.

Et nous nous prîmes à compter les minutes.

Alors que le commentateur passait le relais aux autres stades de France, nous rêvions d'un nouvel exploit de Skoblar ou d'un coup de patte magistrale de Magnusson.

Enfin, c'était le résultat. Ce score de 2 à 2 remarquable au demeurant car acquis dans des circonstances difficiles. Un "nul" qui permet à Zwunka et ses camarades, troupe courageuse entre toutes, de conserver le commandement de la Division nationale.

Le cap était dangereux. Pour avoir su le franchir sans dégâts l'O.M. mérite une excellente note.

Ce ne sont pas les auditeurs du dimanche qui diront le contraire.

Gérard PUECH

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 Marcel LECLERC :"Nous pouvions

creuser définitivement l'écart"

RENNES - Dans le vestiaire marseillais, on était partagé entre la joie d'avoir pris un point sur le terrain des principaux adversaires et le regret de s'être laissé remonter à la marque mais, dans l'ensemble, tout le monde estimait le nul logique.

Le président Leclerc estimait :

"Nous avons réussi aujourd'hui, devant une bonne équipe une excellente opération et c'est cela qui compte. Je crois aussi que nous avons plu au public, ce qui ne gâte rien.

"Ce fut une partie très difficile, mais je pense que nous aurions pu mieux le faire et creuser l'écart définitivement après l'avoir mené bien vite 2 à 0. Loubet et Magnusson en ont eu l'occasion".

Mario Zatelli était encore très plus heureuse : "Je pense que ma formule s'est avérée bénéfique car je ne sais pas ce qui se serait passé si nous avions joué dans notre formation habituelle. J'avoue que je suis très content, notamment, de la partie fournie par Leclercq. Il a fait exactement ce que j'attendais de lui".

Henri Guérin, adjoint sélectionneur national, était là tout près : "Ce fut un très bon match, je crois que les deux équipes se sont neutralisées mutuellement. C'est ainsi que Rennes, contrarié par le jeu plein et énergique de l'O.M., n'a pu développer son jeu collectif habituel".

Le capitaine Zwunka était très satisfait : "C'était un match que nous craignions beaucoup. À ce titre, nous pouvons nous contenter du résultat, même en ayant raté l'occasion de creuser l'écart".

À ce sujet, René Gallian reprochait amicalement à Charly Loubet d'avoir raté la balle de match et ce dernier n'était pas d'accord. "Je ne pouvais faire autrement que tirer de ma position. Si je m'étais avancé un peu plus, je n'avais plus aucune chance, car l'angle de tir aurait été complètement fermé".

Jean-Paul escale expliquait qu'il n'avait rien pu sur le but égalisateur. "Cosnard est venu de loin comme le V2, il est passé entre Charly et Édouard et son coup de tête pas très franc m'a complètement trompé". Le gardien de l'O.M. assurait aussi qu'il n'y avait pas penalty pour Rennes.

Hodoul avait éloigné le ballon quand Lukic est venu trébucher sur sa jambe tendue. D'ailleurs le Yougoslave riait franchement tandis qu'il attendait allongé sur la pelouse, la réaction de l'arbitre.

Roger Magnusson déclarait qu'il n'avait pas eu trop mal au genou malgré les rudes charges de Cardiet, mais qu'il avait eu l'intuition qu'il allait rater son penalty : "Je ne voulais pas le tirer, mais Jules, le capitaine, m'a recommandé de le faire".

En un sens, c'est un bien car cela a permis à Skoblar de marquer un but supplémentaire qui lui servira pour le challenge du meilleur buteur.

Enfin, Mme Leclerc, que nous n'avons pas souvent l'occasion d'interroger, nous répondit avec une belle franchise que, pour elle, l'O.M. ne s'en sortait pas mal du tout.

Une scène de ménage en perspective !

L.D.

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 Les questions que vous vous posez

M. WURTZ EST-IL UN GRAND ARBITRE NATIONAL ?

RENNES - Que M. Wurtz soit l'un des bons arbitres français, grâce à sa mobilité, son impartialité et la rapidité de ses jugements, ne se discute pas.

Mais on peut se demander si ce jeune dynamique arbitre alsacien n'a pas été un peu trop louangé par la presse.

Nous pouvons, aujourd'hui affirmer une chose à son avantage : il n'essaya jamais d'avantager une équipe au détriment de l'autre, et toutes ses décisions ont été d'une grande impartialité.

Cependant, il nous a bien semblé que, parfois, M. Wurtz confondait vitesse et précipitation. A vouloir arbitrer au sprinte - ce qui est louable - il lui arrive de négliger la règle de l'avantage et de prendre, à l'issue de chocs entre joueurs, des décisions souvent contraires à la logique.

Mais, à ces quelques réserves près, on peut honnêtement estimer que M. Wurtz est un arbitre d'avenir.

Les défauts de jeunesse sont ceux qui se corrigent le plus vite.

Magnusson est-il guérit ?

Avant la rencontre, Magnusson a dit : "Je ne suis pas complètement guéri".

Sur le terrain, on ne s'en aperçu pas. Ses dribbles furent aussi déroutants que d'habitude, ses passes furent excellentes, et même l'un de ses tirs trouva la transversale.

Nous ne sommes ni médecin ni masseur, mais qu'un joueur touché au genou puisse faire une partie d'une telle qualité nous laisse rêveur.

Loubet a-t-il marqué le premier but de l'O.M. ?

Le premier but de l'O.M. a été, rappelons-le, marqué à la suite d'un tir de Loubet, dévié au passage et hors de portée de Aubour, par Cosnard.

Alors faut-il attribuer ce but à Loubet ou dire qu'il a été marqué par Cosnard contre son camp ?

C'est assez discutable.

D'une part, sans le tir de Loubet il y aurait jamais eu de but.

D'autre part, sans Cosnard, qui se trouvait à une dizaine de mètres de Loubet, Aubour aurait sans doute arrêté ce tir.

Alors, concluez vous-même !

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