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Résumé Le Provencal

du 22 mars 1971

 

Une victoire indiscutable

... mais une morne rencontre

Il existe un test sérieux pour apprécier l'intérêt d'une rencontre : la longueur apparente de la deuxième mi-temps.

Quand, au rythme d'un jeu bien enlevé, elle paraît durer 30 minutes, l'excellence de la partie ne saurait se discuter.

On vit, on vibre, on crie, on s'enthousiasme : 9 sur 10.

Tel ne fut pas le cas hier.

Sur le cadran de notre montre, les aiguilles tournaient à la vitesse d'un coureur de marathon lâché dès le 10me kilomètre en tenant tout de même à terminer, pour l'honneur.

Ca traînait, le ballon semblait englué et les Olympiens menaient alors par 2 à 0, faisaient de louables efforts pour essayer de relancer le jeu, en permettant aux Lorrains de marquer un petit but.

Que ces derniers ne soient pas parvenus alors est pur hasard, ou la preuve d'une rare faiblesse offensive.

La rencontre terminée, le directeur sportif de Nancy, l'ex gardien Jacques Fabre, n'est sorti de son mutisme que pour nous dire :

"Avec un semblant d'équipe, nous les tapions" (sic).

Un centre de Magnusson

réveille l'O.M.

Cette morne deuxième mi-temps ressemblait comme une soeur jumelle aux 37 premières minutes de la rencontre.

L'O.M., complexé ou en petite forme, faisait étalage de ses défauts au grand jour du stade.

Les passes n'arrivaient pas, les combinaisons ne dépassaient jamais le stade de trois pieds au moins, le jeu penchait vers la droite ou les ailiers se multipliaient... le tout à un train de sénateur.

On jouait à la ba-balle et c'est finalement un centre de Magnusson reprit de la tête par Bonnel qui permit aux supporters de respirer et à l'équipe de retrouver une partie de son aplomb.

Sentant, alors, que la victoire ne pouvait leur échapper, les Olympiens terminèrent cette mi-temps au sprint.

Le deuxième but chauffa longtemps, avant d'être marqué à la 46me minute par Skoblar, sur centre de Gress.

On remarqua que cette minute de prolongation se justifiait par un temps d'arrêt passait à soigner Magiera, tout à fait en début de match.

Le gardien ex-Valenciennois avait été, bien inutilement, blessé par Couecou.

Comme quoi le jeu dur a fini par payer.

Gress à la dernière minute

A la mi-temps, sur l'impression du dernier quart d'heure, l'opinion générale des spectateurs pouvait se résumer ainsi :

"Nous allons assister à une véritable promenade de santé. Cinq ou six buts au moins".

Vous savez déjà que c'est exactement le contraire qui se produisit, l'O.M. paraissant retomber en complète léthargie.

Exception faite d'un merveilleux exploit technique de Skoblar à la 49me minute - pied droit, pied gauche et tir sur le poteau - notre carnet de notes devait rester aussi blanc que le pâle maillot de l'O.M.

Avec un rien de perçant - Lazarevic et Wiberg n'ayant d'étrangers que le nom - les Nancéiens auraient pu alors renverser la situation.

Que se serait-il seulement produit si Druda n'avait tiré à côté un penalty causé par un mauvais réflexe de Kula ?

C'est la question que l'on n'eut pas, heureusement, à se poser...

...Et comme première mi-temps, Gress sortit de sa boîte à quelques secondes de la fin pour saler l'addition.

Une baisse de régime évidente

Trois à zéro, 2 points de plus, différence de buts améliorée par rapport à Saint-Étienne, que voilà, pensera-t-on, un bilan favorable.

Nous rendrions cependant, un très mauvais service à l'O.M. en concluant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes de M. Leclerc.

La vérité est que l'équipe, en ce moment, ne tourne pas rond, quel que soit son style.

Pour gagner à Angoulême et prendre une avance suffisante sur le Re Star, en Coupe, il faudra passer une vitesse supérieure.

Les quelques exploits de Skoblar, les numéros de haute voltige Magnusson ne suffiront pas toujours à pallier la carence générale de l'équipe.

Pour nous qui suivons l'O.M. partout en France, et même à l'étranger, depuis le début de la saison, la baisse de régime évidente.

Entre l'équipe qui joua si bien à Saint-Étienne et à Nantes, entre autres rencontres, et celle que nous avons vue hier, il n'y a pas plus qu'une marge, un fossé.

Il faut mieux dire, en toute amitié, aujourd'hui, après une victoire par 3 à 0, qu'avoir à le répéter après demain, ou dimanche prochain.

Maurice FABREGUETTES

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  GRESS n'est pas SAMSON

Les matches se suivent, mais ne se ressemblent pas. Nancy n'a pas attiré plus d'un tiers des spectateurs qui s'étaient déplacés pour voir à l'oeuvre Saint-Étienne. Et encore, si ce dernier match avait eu lieu sous la pluie samedi soir l'accord des fidèles aurait été encore plus réduite !

LE SOUVENIR DE BOULOGNE

Il est en fait, chaque fois que l'entraîneur du onze tricolores assistait à une rencontre au Stade Vélodrome le club phocéen ne peut vaincre aussi un "aficionado" avait-il raison de s'exclamer avant le premier coup de sifflet : "Aujourd'hui l'O.M. va gagner, il n'y a pas Boulogne". Ce pronostic fut vérifié par le résultat final.

UNE VIEILLE CONNAISSANCE...

Dans les rangs nancéiens, il y avait une vieille connaissance, Erhardt, qui porta le maillot olympien quelques saisons plus tôt. Erhardt couvrit beaucoup de terrain, fut très actif, histoire de se rajeunir de plusieurs années.

GRESS A FÊTÉ SES CHEVEUX COURTS

On sait que Gress s'est fait couper les cheveux, sans doute pour complaire à certains supporters qui ignorent que Samson tirait sa force de sa chevelure ! Pour fêter cet événement le néo Marseillais a signé un but magnifique...

CHAQUE ÉQUIPE À SON YOUGOSLAVE

Chaque équipe française, à l'heure actuelle, possède son Yougoslave parce que l'on peut recruter à bon prix dans ce pays. Nancy a sacrifié, lui aussi, à cette mode ; il y a son Yougoslave, Lazarevic, mais évidemment il ne vaut pas Skoblar !

UN NOM CHASSE L'AUTRE...

Au cours du match O.M. - Saint-Étienne, la foule avait réclamé à cor et à cri la rentrée de Couecou. Hier, l'ex-Bordelais jouait, alors la "vox populi" a demandé Leclerc. Comme quoi un nom en chasse l'autre !

EXPLOSION DE JOIE DE JOSIP

Quand il shoota sur la transversale, Josip Skoblar bondit de joie ! Nous nous sommes demandés pendant quelques secondes s'il n'était pas devenu myope ; il n'en était rien. Skoblar nous a démontré dans les vestiaires... "Je suis formel, j'ai vu pénétrer ma balle dans la cage de Magiera !"

NOTRE-DAME DE LA GARDE

A la mi-temps, un supporter furieux tout en dévorant à belles dents un sandwich, s'est écrié : "Au lieu de les envoyer à Sainte - Baume on ferait mieux de leur faire gravir les effets de Notre-Dame de la Garde à genoux!"

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 Mission accomplie !...

Un petit sourire en coin et un hochement de tête. Sans dire un mot, Mario Zatelli nous livre tout son sentiment. En une seule mimique. Cela veut dire à peu près : "Oui, nous avons mal joué mais nous avons tout de même gagné. Alors..." Lucien Leduc, lui, la mine rassurée, reconnaît volontiers que la victoire avait été bien pénible.

"Oui, dit-il, ce fut une partie laborieuse. Je redoutais Nancy. À l'extérieur, les Lorrains ont souvent concédé des scores étroits, et j'étais persuadé qu'ils allaient nous poser des problèmes. À l'O.M., je ne sais pas ce qu'il se passe, les joueurs n'arrivent pas à se décontracter. Par instants on croit que le bon jeu va repartir et puis d'un seul coup, sans savoir pourquoi ni comment, le rythme s'éteint de nouveau. J'avoue ne pas trop comprendre. Enfin nos trois buts, malgré tout, ont été bien amenés. Avec la victoire c'est une autre consolation..."

Quant au président Leclerc il n'est pas trop mécontent non plus :

"C'est quand on joue mal qu'il faut savoir forcer le succès. L'O.M. aujourd'hui n'était pas dans sa meilleure forme. Il n'en a pas moins réussi à s'imposer nettement. Cela prouve que l'équipe a encore des ressources, bien que quelques joueurs, comme Novi par exemple, m'ont paru avoir les jambes bien lourdes. Comme quoi le dernier match international contre l'Espagne a laissé des traces."

Les joueurs, eux, sont surtout satisfaits d'avoir renoué avec le succès. Même si la manière ne fut pas toujours impériale, Jean-Paul Escale en ajustant sa moustache par de savants coups de rasoir, le laisse clairement entendre.

"Oui, ne faisons pas la fine bouche. Ce fut une bonne journée. Je me contenterai pour une part de remporter tous les matches de cette façon jusqu'à la fin du championnat".

Opinion partagée par Jean-Pierre Lopez. Lui non plus ne fait pas de réserves.

"Nous avons pris deux points. Alors tout va bien..."

Hodoul n'est pas loin d'être du même avis.

"Vous comprenez, aujourd'hui il nous fallait une victoire, à tout prix. Nous l'avons obtenu c'est déjà pas mal. Cela nous permettra de reprendre confiance et qui sait, de poursuivre par une brillante série".

Le capitaine Zwunka n'est pas trop enclin à faire des commentaires :

"Rien de particulier à signaler !"

Nous demandons à Kula des précisions sur "son" penalty:

"J'ai peut-être eu un mauvais réflexe, répondit-il. Mais deux attaquants nancéiens étaient tout prêts à reprendre la balle. Comment l'on dit, le danger était pressant. Cependant j'étais juste sur la ligne des 18 m et le penalty à mon avis était sévère. Quant à la partie, je dirai que nous n'avons pas très bien débuté, mais par la suite nous avons tout de même prouvé que nous étions les plus forts".

Novi, lui, fait son autocritique : "Je n'ai rien réussi de bon ! Je me ressentais encore de la partie de Valence. La fatigue m'a fait rater des "trucs" apparemment faciles. Enfin, le principal est d'être vainqueur."

Bonnel comme à son habitude, se contente du résultat à partir du moment où il est positif :

"Tout va bien. Nous avons enlevé les deux points. C'est suffisant pour dire : mission accomplie !"

Magnusson et sur la table de massage, où il reçoit les premiers soins pour un hématome à la base du mollet gauche.

"Nous aurions dû remporter un succès plus net et livrer un match plus facile. Nancy nous a inquiétés et pourtant ce n'est pas une bien grande équipe. Ma foi, disons que nous n'étions pas dans un de nos meilleurs jours".

Gilbert Gress, malgré son magnifique but et le succès retrouvé, n'est pas tellement réjoui.

"Nous avons gagné. Maintenant attendant la suite".

Skoblar, par contre, nous paraît toujours guilleret.

"Trois à zéro, c'est un score sans bavures. Nous avons mal joué. D'accord ! Mais cela vaut mieux qu'une bonne partie sanctionnée par des mauvais résultats. Par d'ailleurs, je croyais bien avoir marqué un deuxième but quand la balle a frappé la transversale".

Le mot de la fin à Couecou :

"Ma rentrée a été plutôt ratée, mais l'essentiel n'est-il pas de vaincre ? Surtout par trois buts d'écart, il y avait longtemps que cela ne nous arrivait plus. La manière ? L'O.M. l'a gardée pour battre Angoulême".

Contentons-nous de conclure sur cette note optimiste.

Jean FERRARA

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  MAGIERA

le mal connu

Quand on établit un classement des meilleurs gardiens de but, on énonce habituellement les noms de Carnus, Laudu, Baratelli et on oublie toujours celui de Magiera. L'ex-Valenciennois devenu Nancéien a prouvé, une fois de plus, hier après-midi, qu'on avait tort de l'oublier !

QUESTION DE TACTIQUE

Durant l'entracte, les stratèges s'en donnent à coeur joie. Si certains se perdre dans des théories nébuleuses, d'autres font preuve de beaucoup de bon sens. C'est ainsi que l'on nous a fait remarquer que le médiocre comportement des olympiens à domicile provenait du fait qu'on obligeait les "blancs" à jouer le "4-3-3" à l'extérieur et le "4-2-4" sur leur pelouse !

LA PALKA... DU ROI

C'est un mauvais calembour en souvenir d'une chanson célèbre de Charles Trenet. Palka n'a pas dansé la polka devant Skoblar, car il n'a pas toujours été à la fête !

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