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Résumé Le Provencal

du 29 avril 1971

 

Match dramatique à Metz : l'O.M. battu (2-1)

LOUBET Expulsé !

METZ - Nos excellents confrères messins s'étaient montrés à tort bien pessimistes.

Il est vrai qu'au printemps le temps nous réserve souvent de pareils changement de température.

La veille c'était la pluie et le froid, hier nous avons vu la capitale lorraine sous un soleil printanier.

Elle ne manquait pas de charme avec ses grands arbres, ses pelouses, ses larges avenues et ses constructions massives, tours et donjons envahis de lierre et la mousse.

Sur les bords de la Moselle c'était une atmosphère de kermesse, de la musique, des marchands de frites et de saucisses, les spécialités savoureuses du pays et la bière dans les guinguettes et les buvettes du stade coulait à flots.

Dès 19 h. 30, les files de voitures et de piétons s'allongeaient en direction de Saint-Symphorien à tel point que le président Carlo Molinari espérait 15.000 spectateurs.

Lucien Leduc et son confrère Fuchs nous annonçaient des formations inchangées : Novi ayant effectué le matin encore un essai concluant.

 METZ DOMINE.

Les premiers échanges nous montraient une équipe lorraine décidée et alerte, pratiquant un jeu offensif plaisant, devant un O.M. très prudent. Cela se traduisait par deux corners et par une action très dangereuse de Bourgeois dont le tir à bout portant était bien arrêté par Escale (4me minute).

Deux reprises successives de Hausser et Lopez étaient repoussées tant bien que mal par la défense marseillaise massivement groupée. On n'avait pas encore vu l'attaque. Elle se manifestait par un centre de Skoblar, repris de volée par Loubet (6me minute).

La balle passait au-dessus.

Gress se faisait siffler par le public pour avoir longuement temporisé avant de passer en retrait à Escale. Magnusson touchait pour la première fois la balle à la 10me minute. Il amorçait un bon dribble, mais tirait du gauche "dans les nuages", imité peu après par Hausser.

Le forcing des Messins s'étant avéré improductif, le jeu se stabilisait au mieux de la première mi-temps, mais l'O.M. ne se montrait pas très brillant pour autant. On était loin de retrouver l'équipe que nous avions admirée sans réserve à Sochaux.

 DUCHÊNE SE DISTINGUE.

Duchêne allait pourtant être à l'ouvrage. À la 28me minute, il repoussait difficilement un premier tir de Lopez, intervenait avec décision sur la reprise de Skoblar et, sur le cafouillage qui s'ensuivait, Bauda parvenait à mettre en corner.

Metz, pour une fois, avait eu chaud.

En contre-attaque, Escale déviait en corner à la 30me minute un tir net et franc de Lassalette au ras de la transversale. Le gardien marseillais s'était montré d'ailleurs très sûr au cours de cette première demi-heure.

 43me MINUTE :

LASSALLETTE MARQUE.

Nous pensions que l'O.M. allait terminer cette première période mieux qu'il ne l'avait commencée. Mais Escale devait intervenir en plongeant sur un tir dangereux de Hausknecht.

La balle ne pouvait être dégagée par la défense marseillaise et continuait à voler devant le but. Escale intervenait encore, mais à la faveur d'un indescriptible cafouillage, Lassalette parvenait à la glisser dans le but.

Metz 1 - O.M. 0.

Cette réussite lorraine survenait au moment ou l'O.M., après un début difficile, paraissait, même en demi-teinte, en mesure de poser un problème à son adversaire, manifestant, par ailleurs, une réelle valeur.

Et les Messins revenaient sur le terrain apparemment bien décidés à augmenter leur avantage. Lassalette tirait à côté puis, quelques minutes plus tard, ne parvenait pas à contrôler une passe trop longue de Jeitz.

 50e MINUTE : MAGNUSSON

ÉCHOUE DE JUSTESSE

Mais, à la 50e minute, Magnusson, après un bon dribble croisait un tir à ras de terre qui passait à ras du poteau. Le Suédois démarrait ensuite fort bien sûr un très bon service de Gress, son centre étant intercepté par Jeitz. Roger réussissait encore à éliminer plusieurs adversaires, mais échouait in extremis à proximité du but (59e minute).

Rien n'était donc perdu pour l'O.M., les Messins étant souvent réduits à la défensive, Skoblar serré de près, contrôlait cependant un centre de Loubet et reprenait la balle au bond. Son tir était contré par Pauwert, son impitoyable garde du corps.

 70e MINUTE :

SKOBLAR ÉGALISE

L'O.M. allait arriver à ses fins à la 70e minute, ou Skoblar, s'élevant au-dessus de partenaires et d'adversaire, reprenait victorieusement de la tête un long centre de Loubet. Rien de plus logique, la seconde mi-temps ayant été nettement marseillaise.

D'ailleurs, la chance tournait, Escale parvenait à saisir dans sa lucarne une balle déviée bien involontairement par Hodoul.

Jean-Paul, très brillant, récidivait peu après sur un tir très sec de Bauda, monté à l'attaque (75e minute).

 75e MINUTE :

PAUWERT EXPULSÉ.

Nous allions avoir droit à un sérieux incident à la 75e minute. Skoblar se faisait prendre la balle par Pauwert, poursuivait son adversaire, attaquait par derrière et l'abattait. Dans un tumulte indescriptible, nous avions droit alors un sérieux incident et le geste de révolte et de violence du Messin à l'égard de son adversaire du valait l'expulsion. Metz allait donc jouer le dernier quart d'heure à dix.

 80e MINUTE :

COUECOU REMPLACE GRESS

A la 80e minute, Lucien Leduc faisait sortir Gilbert Gress, qui avait accompli un travail énorme et le remplacer par Didier Couecou. La partie se poursuivait dans la confusion la plus totale. Dans l'équipe de Metz, Natouri remplaçait à son tour le jeune Zwunka, mais Jules, l'aîné, avait droit, sur le terrain de ses débuts, à une magnifique "bronca" pour avoir attaqué et descendu Lassalette.

Au milieu des cris du public, l'O.M. menait une dangereuse contre attaque. Skoblar réussit à passer à Bonnel qui tirait en plein dans les bras de Duchêne.

 85e MINUTE :

NATOURI MARQUE

On n'est jamais trahi que par les siens. Natouri, ce jeune Algérien de Marseille, qui venait de faire son entrée dans l'équipe, marquait, dans l'enthousiasme général, un très joli but sur un son de Hausser. Ainsi, les Messins, handicapés, venaient-ils de réussir un étonnant renversement de situation.

L'O.M. perdait ainsi une rencontre qu'il avait cru, un moment, à sa portée. Une rencontre qui se terminait malheureusement par une énorme bagarre générale dans la surface de réparation de Metz.

Spectacle auquel on n'assiste heureusement pas souvent sur les stades réservés aux professionnels. Et ce pugilat faisait une victime, le Marseillais Loubet, expulsé par l'arbitre, M. Poncin, pour des raisons qui ne pouvaient nous apparaître dans une pareille confusion.

Louis DUPIC

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  C'est un Marseillais

qui a mis l'O.M. k.o...

METZ - Nous sommes dans la situation d'un journaliste spécialisé assistant à l'arrivée d'une course contre la montre.

Nous connaissons les performances de l'O.M., mais pas encore celle de Saint-Étienne.

Tout est possible en football - la victoire des Grecs de Puskas sur l'Etoile Rouge de Belgrade en étant la dernière preuve - il nous faudra attendre demain soir pour conclure.

Mais, dès à présent, on peut écrire que la position de l'O.M. ne s'est pas améliorée.

On souhaitait un match nul dans le camp olympien et c'est une défaite, au demeurant assez méritée, qui est venu conclure le débat extrêmement houleux auquel nous avons assisté.

Il faut dire, surtout, que l'O.M. est tombée, hier soir, sur ce que l'on appelle vulgairement "un os" !

Une équipe de Metz qui joua fort bien en première mi-temps et qui, en fin de rencontre, se battit, avec tellement de force et d'énergie, que l'on se serait cru à une finale de la Coupe.

L'O.M., pour sa part, n'a pas réalisé un bon match. Il se laissa dominer tout au long de la première mi-temps, jouant avec une trop grande prudence, se reprit bien en début de deuxième mi-temps, sombra en fin de rencontre dans la confusion.

Il est bon d'ajouter que l'arbitre M. Poncin, fut en grande partie responsable de tout ce que nous avons pu voir, et qui ne ressemble en rien au football. En fin de rencontre, l'arbitre commit l'erreur de sortir consécutivement deux joueurs : Pauwers de Metz et Loubet de l'O.M., qui n'étaient pas les principaux responsables des bagarres auxquelles nous avions assisté. Cependant, on ne saurait écrire obligatoirement que l'O.M., hier soir, a fait la conquête du public messin.

Même quand la partie se déroula normalement, les Olympiens jouèrent en demi-teinte, et certains de leurs meilleurs joueurs furent extrêmement intermittents.

 À L'IMAGE DE HONGRIE - FRANCE.

La première mi-temps avait ressemblé à Hongrie - France, à cette différence près que les Messins finirent par arracher un but à la 44e minute.

Un but qui ressembla à un essai de rugby issu d'une mêlée ouverte sur la ligne.

Donc, les joueurs de Metz, dans un style fort agréable, au centre du terrain ou Bourgeois, Hausknecht et Lopez faisaient la loi, avaient largement dominé.

Mais l'O.M., très vigilant en défense et même très prudent, s'était, au bénéfice de quelques fulgurantes contre-attaques, créé autant d'occasions de buts que ses adversaires. Pourtant, jusqu'à la 44me minute, Escale et Duchesne avaient fait pratiquement match nul l'un et l'autre s'étant dégagé en deux occasions.

Nous assistions en somme, au scénario presque traditionnel des matchs de l'O.M. en déplacement : on laisse venir adversaire et on essaie de le surprendre.

La chose faillit bien se produire, les Skoblar, Lopez et Magnusson, le trio de pointe magique olympien, se heurtaient à une défense sûre et expérimentée.

Nous ajouterons, pour être complètement objectifs, que Metz, jusqu'à la fin, avait fort bien joué, conduisant plusieurs brillantes attaques assez mal terminées, il est vrai.

 L'O.M. PASSE À L'ATTAQUE.

Sans y avoir été, vous devinez ce qui se passa en deuxième mi-temps, et l'O.M. ne pouvant se contenter d'être battu par 1 à 0, se trouva dans l'obligation de passer à l'attaque.

Sur le plan tactique, cette louable et inévitable intention se manifesta par le passage de Gress aux avant-postes, en soutien direct de Skoblar.

L'amélioration ne tarda pas à se faire sentir, car Gress, jusque-là très faible dans la défense sur l'homme, sut faire étalage de certaines de ses qualités à la pointe du jeu olympien.

À l'inverse, les Messins, vivant sur leur petite avance, purent se permettre de pratiquer à leur tour la contre attaque.

Pendant environ 30 minutes, l'O.M. fit son meilleur jeu de la rencontre : un but splendide de Skoblar vint ponctuer cette nouvelle période.

 UNE FIN DRAMATIQUE.

Mais le dernier quart d'heure de la rencontre devait être un véritable drame. Tout commença par une charge violente par derrière de Skoblar sur Pauwers. Le Messin furieux, se releva et rendit des coups à Skoblar. L'arbitre ne voyant que la vendetta, expulsa l'arrière central messin.

Aussitôt, le public se déchaîna, lança des bouteilles sur le stade et se mit à encourager fortement son équipe. Cette dernière à dix contre onze, se déchaîna complètement et, finalement, c'est un joueur ayant fait toutes ses classes à Marseille, l'Algérien Natouri qui mit l'O.M. k.o.

Les incidents n'étaient pas encore terminés, on se battait sur tous les points du terrain, sous l'oeil de M. Poncin, qui ne voyait pas tout.

À quelques minutes de la fin, un croc-en-jambe de Loubet sur Bourgeois déchaîna une bagarre devant le but de Duchêne. Tout le monde s'y mit : des coups de pied, des coups de poing furent échangés. On se serait cru à un match de rugby qui tourne mal.

Finalement Loubet fut expulsé et l'arbitre, peu après siffla la fin de la rencontre.

Il reste que l'O.M., n'a pu prendre le moindre avantage à Saint-Étienne hier soir, et qu'il a surtout montré à Metz son esprit de corps, son courage, sa bonne volonté. Pour ce qui est du jeu lui-même, on aurait pu tout de même espérait mieux.

Maurice FABREGUETTES

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 Le président Marcel LECLERC :

"C'est un véritable scandale !"

Lorsque nous sommes entrés dans le vestiaire marseillais, le président Leclerc nous accueillit par une question.

"Pouvez-vous me dire ce qui s'est passé. Je n'y ai absolu rien compris, mais j'estime que c'est un scandale. L'arbitre M., M. Poncin, s'est montré en dessous de tout. On voudrait faire perdre le titre de champion de France à l'O.M. on ne s'y prendrait pas autrement".

Il faut dire que le président de l'O.M. avait été mêlé à la bagarre qui avait éclaté au cours des dernières minutes et qu'il avait eu mal à partir avec un délégué.

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L'entraîneur Leduc se montrait extrêmement déçu :

"Nous n'avons certes, pas joué une bonne part première mi-temps, il est possible que notre équipe ait été handicapée par la présence de plusieurs joueurs convalescents ou mal rétablis, mais nous avions, en seconde mi-temps, suffisamment redressé la situation pour mériter au moins le nul. D'ailleurs, même au cours de nos mauvaises périodes, nous avons su nous créer autant d'occasions que nous adversaires".

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Le capitaine Jules Zwunka était, bien sûr, en tant qu'ancien Messin, un des plus concernés par le match de ce soir. Il avait de la peine à cacher sa déception.

"Je suis extrêmement déçu, aussi bien par les incidents qui ont éclaté en fin de match, que par le résultat. Je crois que c'est un peu le titre qui nous échappe ce soir. J'estime que l'arbitre, M. Poncin, à été tout à fait lamentable. Quant à moi, une fois de plus, je n'ai pas gagné à Metz."

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Charly Loubet avait été l'un des héros malheureux de la soirée :

"Je n'ai absolument rien compris à ce qui m'est arrivé. Bien sur, j'ai attaqué Bourgeois, et je l'ai fait tomber, mais sans intention de mal ; il a essayé de me crocheté, et je l'ai simplement poussée du pied. Quant à la bagarre, non seulement je n'y ai pas participé, mais j'en ai été la victime. En effet le gardien Duchene, à qui je n'ai rien fait, a cru bon de me donner un coup de poing en plein visage".

M. CARLO MOLINARI :

NOUS AVONS JOUE AVEC NOS MOYENS

Le président messin, M. Carlo Molinari est évidemment satisfait du résultat mais désolé de la tournure prise par les événements.

"Ce soir, nous avons joué avec nos moyens. Il ne peut être question pour nous de pratiquer une politique de vedettes comme celle de l'O.M. Nous misions avant tout sur l'ardeur de nos joueurs, leur esprit de corps et leur enthousiasme.

"À cet égard, ils ne m'ont pas déçu, ce soir, tout au contraire. Il est dommage qu'au cours du dernier mois nous avons eu un problème, mais en éliminant Vico qui manifestait un mauvais esprit, nous avons su extirper le vert qui était dans le fruit.

"J'estime que le résultat de ce soir est logique, mais je déplore évidemment que la partie se soit terminée par une telle confusion".

BOURGEOIS : UNE ISSUE NAVRANTE

Daniel Bourgeois, le capitaine de Metz, qui avait beaucoup payé de sa personne et s'était montré l'un des meilleurs joueurs sur le terrain, était étendu sur la table de massage. Une blessure à la cuisse qui le handicapé depuis plusieurs mois venait en effet de s'aggraver.

"J'ai provoqué bien involontairement la bagarre qui est venue ternir la fin de la partie. J'ai tenté de dégager mon but dans un dribble quand Charly Loubet est venu m'accrocher le pied sans aucune intention de me nuire. Ce sont des incidents tout à fait fréquents sur le terrain de football. Ils ne justifiaient en rien un tel déchaînement. Il est certain que mes camarades, comme les Marseillais ont fait preuve en l'occurrence d'un regrettable effet de nervosité.

L.D.

 

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