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Résumé Le Provencal

du 06 juin 1971

 

Un pas de plus vers le titre

Victoire difficile mais méritée de l'O.M. à NICE (2-1)

NICE - Plus important évidemment, pour l'O.M., que pour Nice, le match va se disputer dans l'ambiance des grands jours.

En effet, l'orage d'une violence inouïe qui transforma vers 18 h. les rues de la ville en autant de torrents, n'a pas éteint, loin de là, l'enthousiasme des supporters inconditionnels des deux camps.

Ils ne sont sans doute que 10 à 12.000, mais la qualité incontestablement est là.

Et la soirée commence, par le traditionnel défilé des porteurs de pancartes olympiennes, bientôt suivis par les partisans azuréens brandissant des drapeaux aux couleurs rouges et noires.

Les deux chorales rivalisent d'ardeur, tandis que bombes, pétards et fusées éclatent de mille feux, sur une pelouse encore plongée dans la pénombre par suite d'une inopportune panne d'éclairage.

Nice va incontestablement se présenter diminuée face à l'O.M., par l'absence de Quittet opéré du ménisque, à laquelle est venue s'ajouter celle de Serrus, blessé à l'entraînement.

À 20 h. 45, M. Hélies parvient à donner le coup d'envoi, alors que la pluie tombe de plus belle, aux deux équipes qui vont se présenter dans les conditions suivantes :

NICE : gardien de but : Marchetti ; arrières : Cauvin, Isnard, Chorda, Leandri ; au milieu du terrain : Latour et Jouve ; avants : Fioroni, Ericksson, Kallenbrunner et Conil

Pour l'O.M. c'est l'équipe classique, c'est-à-dire :

Escale, Lopez, Hodoul, Zwunka, Kula, Novi, Gress, Magnusson, Bonnel, Skoblar, Loubet.

La partie début de façon assez confuse. Sur une pelouse lourde, glissante mais encore convenable, et les deux équipes bénéficient très vite, et à tour de rôle, d'une belle occasion d'ouvrir la marque.

C'est Marchetti à la 5me minute devant Skoblar, c'est Escale deux minutes plus tard face à Isnard sauvent leur camp de belle manière.

Les aiglons, dont on nous disait qu'ils n'avaient "affûté leurs crampons" paraissent en effet, malgré leur handicap, décidés à vendre chèrement leur peau.

Au football étudié et prudent de l'O.M., ils répliquent par un jeu large, aéré, très directe ardemment soutenus par leur public.

Et les incidents commencent, Chorda malmenant Loubet, sans trop de mal heureusement pour Charly.

Pour l'O.M., la partie promet d'être difficile. Il ne s'en tire cependant pas trop mal et construit les actions les plus tranchantes.

Marchetti doit dévier notamment un centre très dangereux de Magnusson.

Au cours de cette première moitié de première mi-temps, il a été beaucoup plus à l'ouvrage que son vis-à-vis Escale, qui doit pourtant détourner en corner un tir tendu de Fioroni.

Quant à Latour, bien placé sur une longue balle de sa défense, il rate complètement sa reprise de la tête.

Le jeu maintenant s'équilibre sur un terrain difficile. Les défenseurs ne prennent aucun risque et frappe fort dans la balle.

30me MINUTE :

BUT DE SKOBLAR

L'O.M. va parvenir à ouvrir le score grâce à un véritable carambolage. La balle glissante va de Magnusson à Gress, pour arriver à Skoblar, qui, toujours bien placée, la dévie à bout portant dans le but. Dans les travées louées par les supporters marseillais c'est l'enthousiasme le plus complet.

Mais Ericksson, que l'on n'a guère vu jusqu'alors, réussit une bonne reprise de la tête qui passe juste au-dessus de la barre.

De quoi rappeler aux Marseillais que rien n'est joué.

PENALTY DE SKOBLAR

Mais l'O.M. va parvenir très vite à prendre le large. Loubet s'étant infiltré la surface de réparation, est accroché indiscutablement par Jouve, et Skoblar, prenant une revanche sur le sort, transforme sans bavure le penalty accordé sans hésitation par M. Hélies.

L'O.M. semble bien avoir pris, là, un avantage décisif, Nice manifestant maintenant plus de bonne volonté que de réelles possibilités, les deux buts marseillais ayant apparemment tempéré sa belle ardeur du début de partie.

Les deux équipes reviennent sur le terrain sous une pluie fine, et, dès les premiers échanges Jean-Paul Escale se met à nouveau en évidence. Toujours vigilant, il dévie sur le poteau puis, de là, en corner, un coup franc très bien tiré à ras de terre de Chorda.

L'O.M. maintenant défend âprement s on avantage. La flamme niçoise parait quelque peu éteinte, chez les attaquants du moins. Car les défenseurs se battent toujours avec conviction, à l'exemple d'Isnard, le rude garde du corps de Skoblar.

Les Marseillais s'efforcent surtout de conserver la balle et de contrôler le jeu, leurs deux buts d'avance suffisant largement à leur bonheur.

On voit Latour, sur coup franc, tenter sa chance de trop loin pour inquiéter Escale qui arrête encore un tir appuyé de Jouve (60me).

Zwunka enraye une percée de Fiorini, et les deux hommes, enchevêtrées au sol après une glissade, entament un curieux palabres que l'on devine de loin à leurs gestes. M. Heliès distribue équitablement une quantité de coups francs, qui ne donnent pas grand-chose. L'un d'eux provoque une situation confuse, à l'occasion de laquelle les joueurs niçois réclament un penalty.

On chicane de part et d'autre, et le public se met à crier sur l'air des lampions : "Saint-Étienne champion", peut-être par sympathie pour un Niçois illustre qui porte le maillot stéphanois : Robert Herbin.

Le temps passe et travaille pour l'O.M. Escale se couche opportunément sur une déviation dangereuse de Kaltenbrunner (75e). Plus qu'un quart d'heure maintenant. La fatigue pèse dans les jambes des joueurs, et la pluie tombe de plus belle. De temps en temps, un projecteur clignote dangereusement, au grand émoi des supporters marseillais.

85me MINUTE : HODOUL CONTRE

SON CAMP

Les partisans de l'O.M. allaient certes connaître une rude émotion à la 85me minute ; juste au moment où Didier Couecou venait d'entrée en jeu à la place de Loubet, l'arrière niçois Léandri, monté à l'attaque, parvient à réduire la marque, sur un tir dévié au passage par Hodoul.

Les Marseillais, dans ces conditions, vont connaître une fin de partie difficile.

Les Niçois, en fin de match, se ruent impétueusement à l'attaque mais rien ne passe. M. Hélies donne le coup de sifflet final, à la grande joie des supporters marseillais.

L'O.M. vient de prendre une sérieuse option sur le titre.

Louis DUPIC

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  La pluie a lavé l'O.M.

de tous ses péchés bretons !

NICE - L'O.M. aura réussi à Nice ce qu'on aurait dû faire à Rennes dans des conditions au moins aussi difficiles.

Nous ne pouvons pas seulement parler du temps qui apporta une électricité supplémentaire à celle déjà existante en qualité plus que suffisante dans les tribunes et sur le terrain, mais de l'esprit de combat de l'équipe niçoise.

À quelques jours d'intervalle, l'O.M. a donc dû livrer un nouveau match de Coupe encore plus âpre, plus engagé que le précédent et agrémenté de plusieurs gestes nettement en deçà de la limite ordinaire de la correction.

Mais cette fois l'O.M. possédait tout son sang-froid et malgré l'acharnement des joueurs de Nice à s'assurer la maîtrise du ballon, il occupa le terrain de manière rationnelle, ce qui fut à la base de son succès.

On n'a pas revu l'O.M. inquiet et seulement appliqué à défendre de Rennes, mais une équipe sûre de son talent et donnant dès le premier quart d'heure à ses nombreux et bruyants supporters l'impression qu'elle finirait par vaincre.

Cette victoire semblait écrite dans la disponibilité de Magnusson toujours bousculer mais prompt à profiter avec son inimitable virtuosité, de la moindre faille ; dans l'art de Skoblar à éviter le marquage de ses adversaires, et surtout dans la tenue d'un milieu de terrain qui fit oublier son effacement de Rennes.

35e MINUTE : SKOBLAR DÉPASSE KEITA

Pourtant, ce ne fut pas facile et il fallut sous une pluie semblant tomber du ciel de Cherbourg, deux arrêts magistraux d'Escale pour éviter en première mi-temps un but qui aurait certainement fait mal.

Encore une fois, Escale le mal-aimé, venait-il d'apporter à son équipe le poids précieux de son expérience. Mais nous ne pouvions ignorer qu'à travers ce match, Skoblar visait deux buts : la victoire et Keita.

À la 30e minute, l'ancien record était déjà égalé et, à la 35e minute, nouveau record de Keita était dépassé. Cette fois, Josip tira et réussi un penalty de façon modèle.

Comme il doit, sans doute, les tirer tous à l'entraînement.

Il ne faut pas s'en étonner. À Rennes, Skoblar, ce paquet de nerfs devait bouillir intérieurement. Les supporters niçois, la chose ne reprendra personnes, ont violemment contesté ce penalty : du haut de la tribune où nous nous trouvions, on n'avait qu'une vue lointaine de l'événement. L'arbitre ayant jugé qu'il y avait faute, pourquoi ne pas le suivre, d'autant que sa décision fut prise sur terrain adverse.

L'INDISCUTABLE VICTOIRE DES MEILLEURS.

La deuxième mi-temps, jusqu'à quelques minutes de la fin, perdit beaucoup en intensité et en qualité de jeu. L'O.M. menait par 2 à 0, il devint conservateur. Nice essaya de combler une partie de son retard, mais son équipe montra encore ses limites.

Équipe de tempérament et sachant indiscutablement se battre, l'O.G.C. de Nice est encore à la recherche de son style, faute sans doute de pouvoir comme l'O.M. disposer de joueurs de grande classe aux places essentielles.

Les vingt deux joueurs étant assez fatigués, car la première mi-temps sous l'orage et sur une pelouse fusante avait été très dure, la différence de valeur entre les deux équipes apparut encore plus nettement.

Pour tout observateur objectif, le doute n'était pas permis et si l'esprit de combat des Niçois méritait des éloges, la victoire était revenue aux meilleurs.

UN PAS VERS LE TITRE.

Avant la rencontre, on se demandait quelle serait l'influence de la défaite de Rennes suivi du coup de foudre que fut le résultat de Saint-Étienne - Sedan sur le comportement des Olympiens à Nice. La réponse est aisée. L'O.M. c'est complètement retrouvé, il a su hier soir à Nice, non seulement se battre surtout en fin de rencontre car le but marqué par Hodoul contre son camp vint relancer le suspense, mais encore bien jouer et compte tenu de l'état du terrain.

L'O.M. a donc fait ainsi un pas très important vers le titre. Il conserve son avantage d'un point et d'une meilleure différence de buts sur Saint-Étienne alors qu'il ne reste plus que trois rencontres à jouer.

Ce succès de Nice constitue donc un important virage dans la carrière de l'O.M. Dès à présent, au titre, on peut y croire.

Maurice FABREGUETTE

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 MAGNUSSON : "Maintenant je le dis :

"l'O.M. sera champion"

NICE - dans les vestiaires marseillais, tout le monde sans exception, est encore sous le coup de l'émotion. De la peur, même, pourquoi ne pas le dire, car le malheureux but concédé en fin de partie avait semé dans les rangs olympiens un véritable vent de panique.

René Gallian, affalé sur son banc, souffre, s'éponge le front, essaie de récupérer :

"J'ai davantage souffert ce soir que notre jour à Rennes, et, croyez-moi, ce n'est pas peu dire".

Lucien Leduc, lui, essaie de donner une explication à cette performance simplement moyenne de l'O.M.

"Que voulez-vous ? Les deux heures jouées en Coupe de France nous ont certainement éprouvés, tant sur le plan physique que moral. Alors, bien sûr, les gars ont marqué le coup. Mais nous avons tout de même gagné, c'est le principal !"

Nous avons demandé à Hodoul comment était arrivé son petit incident.

"Ne m'en parlez pas ! Mon coeur n'a jamais autant battu la chamade et pourtant je vous assure, ce but marqué contre mon camp est vraiment un coup malheureux. Je ne jouais même pas le ballon. J'avais été accroché par un Niçois, j'étais en déséquilibre et je cherchais à revenir le plus vite possible pour défendre. C'est à ce moment-là que la balle a frappé la pointe de mes chaussures. Je ne veux pas chercher de mauvaises excuses, mais je vous le répète, c'était de ma part sans intention. Enfin, heureusement, nous avons eu quand même le dernier mot".

"Oui, reprend Lopez, nous avons gagné et la victoire fera vite oublier ce match difficile, surtout dans les dernières minutes. Nous avons toujours notre petit point d'avance, et ma foi, l'objectif est donc atteint".

Gress, aussi, tout en récupérant de ses efforts, nous confie sa satisfaction. Mais le plus heureux de tous, c'est encore Magnusson.

"C'est vrai, nous clame-t-il, je n'ai jamais été content comme ce soir, d'abord parce que nous avons gagné contre Nice, et puis parce que moi, personnellement, j'ai marqué une victoire sur mon compatriote Ericson. C'est un très grand joueur, mais pour s'exprimer il a besoin de jouer dans de très bonnes équipes, et ce soir il s'est surtout contenté de jouer en défense. En tout cas, je vous le dis maintenant, O.M. sera champion de France. J'en suis sûr ! Il ne reste plus qu'à faire match nul contre le Red Star et a remporté deux victoires à domicile. À mon avis, maintenant c'est gagné !"

Quant à Édouard Kula, qui fit pour sa part une bonne partie, il est persuadé, lui, que l'O.M. a su contrer son adversaire :

"Nous avons essayé de garder le ballon, et je crois que nous y sommes à peu près parvenus. Nous avons été plus collectifs qu'à Rennes, où, bien sûr, nous avons souffert, mais notre victoire prouve que nous avons bien joué le coup".

Nous avons essayé de féliciter Jean-Paul Escale, qui a réalisé hier soir des arrêts vraiment sensationnels.

"J'ai fait mon travail comme les autres, dit-il. Mais j'avoue qu'en plusieurs occasions, j'ai été à l'ouvrage, notamment en première mi-temps, deux fois coup sur coup, dont un tir de Fioroni que je croyais déjà dans la cage".

Le point de vue des dirigeants maintenant : M. Leclerc, comme toute son équipe, a passé une soirée assez mouvementée :

"L'O.M. n'a pas mal jouer, un peu baissé de pied peut-être à vingt minutes de la fin, mais il faut considérer que le match de Rennes avait laissé des traces. Vous me demandez maintenant à combien se montrent nos chances d'être champions de France ? Je vous dirai, tout en étant raisonnable : 75 p. 100. Nice était le match qu'il fallait enlever. Maintenant on peut attendre la suite avec sérénité".

Quant à Mario Zatelli, il nous souffle dans le creux de l'oreille : "Plus que cinq points à enlever. Après, on sera un peu plus à l'aise pour respirer".

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Léon Rossi :

"Les Marseillais étaient plus complets !"

NICE - Pas de déception dans les vestiaires niçois. Joueurs et entraîneurs s'inclinaient devant le résultat.

Léon Rossi faisait cependant une petite réserve sur la validité du premier but marqué par Josip Skoblar, but entaché d'un hors-jeu indéniable.

"Les Marseillais ont fait preuve de plus de maturité, ajouté Léon Rossi, cependant assuré que ses joueurs auraient peut-être pu accrocher le match nul, surtout si Isnard avait marqué dans les premières minutes de la rencontre".

Désiré CARRE

 

 

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