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Résumé Le Provencal

du 08 février 1971

 

LES AILIERS ROIS !

Quinze minutes sud-américaines

Firent craindre l'arrêt du match

Une rencontre qui fit beaucoup de "pétards" et qui, dans l'histoire du football, de la Coupe et de l'O.M., ne fera guère de bruit.

Avec le recul du temps, on ne se souviendra que du résultat "O.M. 3 - Bastia 0" et ce sera, à la fois, un oubli et une juste estimation des choses.

On ne se souviendra plus que la rencontre faillit se terminer à la 39me minute, du fait d'une émeute très sud américaine, une sorte de "pronunciamento" pour ne plus retenir que la nette et indiscutable victoire du meilleur du jour...

...Et de toujours, aussi, sans doute.

39me : la révolution

éclate.

Mais quels furent ces incidents, ayant transformé le stade du Ray en mini-Etna bouillon et débordant de lave populaire ?

L'O.M. menait depuis 2 minutes par 1 à 0 et Gress, bousculé violemment par un défenseur corse, était restée tendue dans la surface de réparation de l'adversaire.

C'est alors que Magnusson choisit de partir, sur l'aile droite, dans son style si particulier.

Une percée, en solitaire, à laquelle la défense bastiaise au complet, ou presque, avait du mal à s'opposer.

Gress, constatant qu'il était hors jeu de position, se replia vivement vers son camp, comme pour bien montrer qu'il ne participait pas à l'action de son partenaire.

Pendant que les défenseurs corses regardaient l'arbitre de touche, pour réclamer un hors-jeu, Magnusson poursuivit sa course et marqua, sous un angle assez ferme.

Tout parti de là. Un joueur corse - nous tairons son nom, n'étant ni arbitre ni de la police - prit l'arbitre de touche au collet et l'on commença à échanger des coups de poing, ici et là.

La victoire finale

des forces de l'ordre

Ce n'était alors qu'un feu de broussailles, quand le mistral de la passion supportrice étendit le sinistre à une partie de la clôture du stade.

Elle éclata, avec la plus grande facilité, livrant passage à un fort commando de spectateurs justiciers.

La police était là, vous vous en doutez, mais pas assez nombreuse à ce point stratégique.

Le premier choc fut donc au net avantage des envahisseurs armés, seulement et heureusement, de battants légers et de boîtes de bière.

L'arbitre quittait déjà le terrain suivi de ses adjoints, les joueurs, calmés, attendaient la suite des événements avec philosophie, quand les forces de l'ordre, après s'être repliées en catastrophe, se regroupèrent et revinrent en force.

Sous leur assaut, énergique et organisé, la troupe perturbatrice vola en éclats, comme la barrière et, abandonnant le terrain conquis à la course arrière, regagna ses positions de départ.

C'était fini, mais on avait eu chaud.

Un bon match de Coupe

jusqu'aux incidents

Revenons, nous aussi, en bon ordre sur nos positions de départ.

Tout ce que nous avions pu voir, jusque-là, ne justifiait en rien cet accès de folies collectives.

Nous venions d'assister à un fort bon match de Coupe, d'une très grande intensité, viril sans doute, mais correct comme le disent nos amis du rugby.

Pendant les 20 premières minutes, l'O.M. avait conduit le jeu, sous l'impulsion de Bonnel et de Novi principalement, avec une réelle maîtrise.

Bref, à ne rien vous cacher, nous pensons dès ce moment-là, que l'O.M. ne pouvait être battu.

Mais, il faut le souligner, ces diables de Bastiais se défendaient fort bien. Leur défense centrale se surpassait, Dogliani orchestrait avec bonheur le jeu de sa nouvelle équipe au centre du terrain et Kanyan commençait à se manifester.

Tant et si bien, même, que, pendant près d'un quart d'heure, l'équipe bastiaise se permit de dominer sa glorieuse rivale.

Ce bon quart d'heure nous laisse supposer que le club corse a les moyens de se bien comporter en championnat, si ses joueurs savent mieux conserver la maîtrise de leurs nerfs.

Victoire archi-méritée

mais curieusement

obtenue.

Ce coup de chapeau donné aux Bastiais - et nous le faisons sincèrement, non par diplomatie - il reste que l'O.M. a très largement mérité sa victoire.

Cette victoire a, toutefois, été obtenue de façon curieuse.

Alors que l'équipe olympienne, jouant l'un de ses bons matches, s'était créée de nombreuses occasions de buts, grâce à d'excellentes combinaisons, elle ne trouva la conclusion que sur des actions individuelles.

Loubet seul contre trois : premier but.

Magnusson seul contre quatre : deuxième but.

Lober chipant le ballon à l'imprudent Dogliani, en pleine surface de réparation : troisième but.

Trois exploits, donc, pour autant de fautes défensives de l'autre côté.

Nen soyons pas surpris, c'est ça le football et l'art de profiter, à plein, des fautes de l'adversaire n'est donné qu'aux bons joueurs et aux grandes équipes.

Encore 26 rencontres

à jouer, si...

Il est bien évident, qu'à partir du troisième but de l'O.M. (57me mn), il n'y eut plus de match.

Les Bastiais - et on les comprend - se mire à jouer sans morale et partant sans ressort.

L'esprit de combat ne résiste pas à une pareille désillusion.

Quant aux Olympiens, victoire en poche, ils se contentèrent de contrôler la partie, jusqu'au dernier coup de sifflet.

Rien de plus normal, aussi.

Pour l'O.M., la grande saison ne fait que commencer.

Si elle devait aller jusqu'à un double terme heureux, il resterait encore 26 rencontres officielles à jouer.

M. FABREGUETTES

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Ils disent

Lucien LEDUC : " Une victoire indiscutable !"

NICE - "Nous avons pris un bon départ, qui n'a cependant pas été concrétisé par des buts", disait aux vestiaires Lucien Leduc. "Heureusement, Loubet, sur action personnelle, a entamé le moral des Bastiais, gonflés à bloc. Malgré les incidents provoqués par le second but, je crois que notre victoire ne peut absolument pas être mise en doute. Le tournant du match pour moi : la tête de Serra à la 26me minute... alors que le score était encore vierge."

M. Marcel Leclerc :

"Score tout à fait

normal"

Cette victoire en Coupe confirme notre succès en championnat à Toulouse (3-0 également). Il est bien évident que malgré le courage leur volonté des Bastiais, c'était bien l'O.M. qui a fait le jeu aujourd'hui".

M. Smanietto, l'arbitre

de touche : "Pas

de hors-jeu sur le but

de Magnusson.

"Ma position est très claire : Gress, victime d'un choc avec Calmettes, revenez vers le centre du terrain sans faire action de jeu ; il est donc normal que l'action amorcée par Magnusson se poursuive".

Roger Magnusson : pour moi,

pas de hors-jeu.

"Pour moi, il n'y a pas de hors jeu ; c'est moi qui avais le ballon, et il aurait fallu que je sois fou pour jouer autrement que je ne l'ai fait, étant donné la position de Gress".

Mario Zatelli, directeur

sportif de l'O.M. :

"Un bon départ

comme en 68-69"

"Je constate que Nice réussit fort bien à l'O.M. N'oublions pas qu'en 68- 69, nous avions déjà battu Avignon (1 à 0) avant d'aller en finale. Alors..."

Pour Mario Zatelli également il n'y avait pas de hors jeu sur le but de Magnusson, et surtout pas de discussion quant à la victoire de l'O.M.

ZWUNKA : "Je n'ai jamais été vraiment inquiet. Je me suis aperçu dès le début que Serra était moins dangereux au centre qu'à l'aile. En tout cas c'est bien reparti, nous avons doublé les deux caps corses sans dommage".

NOVI : "Dès le début du match Dogliani m'a fait un petit pont. Il est toujours un fin joueur, mais en deuxième mi-temps je ne l'ai pas vu".

KULA : "Kanyan ? Je ne l'ai pas trop vu. Il est toujours dangereux par ses démarrages, mais finalement et ne nous a pas beaucoup gênés".

SKOBLAR : "Un buteur n'est pas une mécanique. Mais dans une bonne équipe comme la nôtre, il y a des buteurs de rechange. Je suis très confiant content pour Charly et pour Roger. Ils ont été terribles".

Le père de Loubet (il était là bien sur, et son sourire en disait long) : "Charly m'a fait plaisir aujourd'hui. Je trouve qu'il s'est encore amélioré. Jadis, c'était un brillant espoir, aujourd'hui c'est un joueur mur et efficace".

Les vestiaires bastiais ne recevaient pas, contrairement ce que l'on pourrait croire, une "horde de loups" en quête de pâture, mais une équipe calme et au sein de laquelle les joueurs étaient en train de se détendre sous une douche réparatrice.

Jean Vincent ne manqua pas de faire allusion au deuxième but des Olympiens : "Je ne discute pas la valeur de l'équipe marseillaise, qui a du répondant ; elle a même atteint une maturité certaine, qui la classe sur le plan européen, alors que des joueurs tels que Skoblar, Magnusson, Loubet lui confèrent un éclat particulier. Ajoutons-y la venue de Gress, qui leur a apporté une plus grande subtilité, et l'on comprendra aisément les possibilités olympiennes. Mais il faut avouer que le deuxième but marqué par Magnusson relève de la pure fantaisie, car, indépendamment de la position de Gress, indiscutablement hors-jeu, et qui, par sa position, influença le comportement de mes défenseurs, qui s'arrêtèrent, Magnusson était hors jeu lorsqu'il reçut la balle. Aussi, lorsqu'une équipe comme Marseille mène 2 à 0, il ne nous reste plus qu'à jeter l'éponge, car sa maîtrise individuelle et collective lui permet de faire courir la balle et l'adversaire, et d'attendre la suite des événements en toute sérénité. Par ailleurs, comme les joueurs étaient toutes de même quelque peu paralysés par l'enjeu du match, et surtout par la personnalité de l'équipe adverse, on comprendra aisément le dénouement de la rencontre, surtout si l'on considère que mes joueurs n'ont pas opéré avec la même maîtrise que devant Rennes. À présent, il nous reste à reporter tous nos efforts sur le championnat, et à lutter ferme pour quitter la zone dangereuse".

M. Filippi : "Deuxième

but discutable"

Pour le directeur sportif bastiais, c'était le même son de cloche : "Il ne nous vient pas à l'esprit de discuter la supériorité de l'O.M., mais on pourra toujours se poser la question quant à l'issue du match si l'arbitre n'avait pas accordé le second but".

J.P. Dogliani :

"Une bonne équipe"

Jean-Pierre Dogliani, qui avait effectué une bonne première mi-temps avouait : "Marseille est une bien belle équipe, solide dans toutes ses lignes, sans aucun doute la meilleure que nous avons rencontrée".

Calmettes, Rossat, Kanyan, abondaient dans ce sens : "Les Marseillais ont acquis le rythme international ; c'est vraiment la bonne équipe".

Aucune rancoeur donc, dans ses propos bastiais, et beaucoup d'admiration pour leurs adversaires.

Dominique FIGARELLA

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  Les questions que vous vous posez

M. Uhlen eut-il raison ou pas, en suivant son juge de ligne et en validant le second but de l'O.M. ?

1. - Gress avait été "balancé" dans la surface bastiaise et était resté étendu, alors que son adversaire, Calmettes, dégageait son camp. Mais la balle revint très vite vers la ligne médiane, alors que Gress se relevait et se disposait à reprendre sa place.

Lorsque Zwunka lança Magnusson, Gress se trouvait dans le camp bastiais, derrière la défense bastiaise, donc en position de hors-jeu, mais il se trouvait aussi en dehors de l'action qui se déroule à 50 mètres de lui.

M. Smaniotto ne voulut voir que l'action de Magnusson. Il suivit le ballon et assura n'avons même pas vu Gress ! Il ne commit donc aucune faute contre l'esprit du règlement, de ce règlement que les arbitres interprètent à leur guise et finissent par modifier, au fil des saisons.

La surprise fut bien de voir M. Smaniotto interpréter à l'ancienne, alors que les juges de ligne ont pris des habitudes diamétralement opposées, ne prenant aucun risque. Mais M. Smaniotto après le repos, ne persévéra pas dans cette voie et gratifia alors l'O.M. de plusieurs hors jeu de position tout à fait discutables.

Peut-être n'avait-il tout simplement pas vu Gress ?

2. - Plaçons-nous maintenant au point de vue des Bastiais. Leurs protestations étaient fondées, car les quatre défenseurs savaient bien que Gress était dans leur dos, et cela pouvait les influencer dans leur placement.

Où commence et où finit l'action de jeu ? Là est précisément la question, laissée au jugement des arbitres.

Que se serait-il passé si la partie interrompue 12 minutes n'avait pu reprendre ?

- Il ne faisait de doute pour personne que les supporters bastiais, descendus sur la pelouse au nombre d'une centaine, étaient les responsables des incidents. Leur club, le S.E.C.B., en aurait subi les conséquences : on l'aurait déclaré battu par pénalités ! La saison dernière curieusement l'O.M. et Bastia ont connu cette mésaventure. Le premier en championnat, contre Saint-Étienne ; le second à Nimes, en coupe devant Angers.

Nos supporters méridionaux en la tête trop près du bonnet...

Skoblar n'a pas marqué, à Nice, son but hebdomadaire. Voilà qui fait figure d'événement, que faut-il en penser ?

- Surtout, n'en pensez rien ! Et ne croyez pas que Josip dédaigne les buts marqués en Coupe, qui ne comptent pas pour certain challenge... Cessons de plaisanter, expliquons plutôt qu'il se trouvait à la plus mauvaise place, là où la défense corse était la plus solide et la plus dense. Il ne fut pas ménagé, ajoutons-le, par Luccini et Calmettes et ne bénéficia que d'un strict minimum d'occasions.

Jean-Pierre Dogliani, longtemps convoité par l'O.M., apporte-t-il quelque chose à la nouvelle équipe ?

- Considérant les talents de Jean-Pierre, le contraire serait à coup sûr étonnant ! Si Bastia - en première mi-temps - tint la dragée haute à l'O.M., et pratiqua souvent un jeu clair et précis, nous paraissant en nets progrès par rapport au match de Toulouse, il y était bien pour beaucoup. Il sera certainement un guide précieux pour des joueurs encore jeunes comme Tejedor, Franceschetti et Giordani, dont les qualités sont évidentes, et pour les "flèches bastiaises" Kanyan et Serra.

En première mi-temps, Dogliani fut l'égal de Gress.

M.F.

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  Charly LOUBET

maître chez lui  

Depuis son transfert à l'O.M., c'était la deuxième fois que Charly Loubet foulait la pelouse du stade du Ray à Nice. Une pelouse qu'il connaît parfaitement bien et sur laquelle il a toujours à coeur de briller.

Déjà, avec l'équipe de France, il avait été excellent devant les Tchèques, mais hier, il a fait mieux puisqu'avec l'O.M., il a été véritablement l'homme du match car il a réussi, ce qui est souvent le plus difficile en Coupe, c'est à dire ouvrir la voie, mais surtout parce qu'il a joué un match "plein".

Le premier but, il l'a marqué dans un style que le public lui connaissait bien, à la fois classique et rageur : deux crochets successifs pour effacer Juillard et Luccini... une balle que l'on croyait perdue mais que Loubet récupérait grâce à son extrême résolution... un tir et un but.

"Un but qui compte drôlement", devait-il nous dire après le match, dans les vestiaires.

Mais hier, devant son ancien public, Charly ne s'est pas contenté d'ouvrir la marque, il a également assuré définitivement la qualification de son équipe en inscrivant un troisième... but, puisqu'il est avant tout un battant, toujours à la pointe de l'action, et enfin qu'il a montré hier que son jeu collectif s'était grandement amélioré.

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  Les supporters corses mettent le feu

aux gradins après le match O.M.-Bastia

Nice - Après le match de football qui a vu, à Nice, la victoire de Marseille sur Bastia, les supporters de cette dernière équipe, contestant la décision, ont arraché les bancs en bois des gradins sur 350 mètres carrés environ, les ont entassés et y ont mis le feu L'incendie a été rapidement éteint par le service de sécurité des pompiers de Nice.

A la fin de la première mi-temps, déjà, les mêmes supporters avaient brisé les barrières et envahi le terrain, au moment du deuxième but de l'O.M. (Magnusson).

Il y avait eu alors des blessés légers.

Dès le début de la rencontre, le médecin de service a posé des points de suture à un supporter marseillais blessé à la tête qui, ne voulant pas manquer le spectacle, a préféré être soigné à vif.

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  Réclamation bastiaise

contre Gress

Bastia a déposé une réclamation contre Gress.

Peine inutile, M. Leclerc, c'est lui-même qui nous l'a confirmé a demandé et obtenu (comme tout le monde) une dérogation avant d'engager Gress.

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VIRIL, MAIS CORRECT 

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(photo : Collection Jac79)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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