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Résumé Le Provencal

du 28 mai 1971

 

PLUS DUR SERA LA BELLE

BETTA et AUBOUR en tête

les Rennais se sont rebiffés

On se demandait comment les Rennais s'y prendraient pour tenter d'éviter l'avalanche de buts.

Il ne fallut pas longtemps pour s'apercevoir qu'ils avaient décidé d'occuper fortement et massivement le milieu du terrain, sacrifiant ainsi leur attaque.

Rico, plus particulièrement, sous son numéro 11, évolua partout, assez souvent avec bonheur, sauf à l'aile gauche.

De ce fait, la première mi-temps ne ressembla pas du tout à celle de dimanche.

En dépit des encouragements du public : "Allez l'O.M. !" , "Allez l'O.M. !", des pétards multicolores multipliés, il manqua à ce 14 juillet l'essentiel, c'est-à-dire, en langage football, les tirs au but.

Nous en avons compté exactement - et ce ne fut pas difficile - deux dans l'encadrement au cours des 45 premières minutes :

Un de Skoblar qui fit mouche.

Un autre de Guy (de la tête sur corner) à quelques secondes de la mi-temps.

UN CHEF-D'OEUVRE DE SKOBLAR.

Le but de Skoblar a été un vrai chef-d'oeuvre et nous ne voyons pas quel autre joueur, en France, aurait pu le marquer.

Un centre long de Lopez et l'on vit Josip, pourtant serrer de très près par Chlosta, amortir le ballon de la poitrine, en plein vol, avant de tromper Aubour.

Chapeau !

Durant cette première mi-temps Magnusson, tout en réussissant quelques-uns de ces trucs dont il a seul le secret avait souffert du marquage énergie de Cardiet.

À ce sujet, il ne faut cependant rien exagérer, les attaquants rennais, eux aussi, voltigèrent plusieurs fois.

Gress avait couvert beaucoup de terrain et un supporter nous dit pendant la pause :

"Ils se réservent pour la télévision."

LENOIR RATE L'ÉGALISATION

Nous ne savons pas exactement ce que les téléspectateurs ont vu sur leur petit écran, mais nous, sur le grand écran du stade-vélodrome, nous avons assisté à une sérieuse réaction rennaise en début de seconde deuxième mi-temps.

Après avoir tiré le rideau rouge, pour limiter les dégâts, les Bretons essayèrent de jouer le rouge partout, pour tenter l'égalisation. Ils ne furent jamais aussi près d'y parvenir qu'à la 61e minute, quand Lenoir, absolument seul devant Escale, tira nettement à côté.

Un pareil loupé, en demi-finale de la Coupe, ne pardonne pas.

Ce fut certainement là le premier virage de cette mi-temps, surtout marquée par la prise de conscience des Rennais, lesquels se rendirent compte que l'ogre olympien pouvait être contenu, à condition de chausser les bottes de sept lieues de la volonté et d'une grande énergie dans la lutte pour la conquête du ballon.

C'est principalement au milieu du terrain que les Betta, Garcia, Rico et Naumovic prirent un certain avantage sur leurs rivaux de l'O.M., parmi lesquels Gress, Bonnel et Novi payaient sans doute, leurs efforts et leurs courses de la première mi-temps.

LE GRAND EXPLOIT D'AUBOUR

Bien que généralement dominé, durant cette deuxième période, l'O.M. eut cependant, quelques assez belles occasions de marquer un but supplémentaire.

On y crut, même, à la 69e minute, et ce fut le deuxième virage de cette mi-temps.

Sur une contre attaque olympienne, Magnusson ayant talonné en direction de Gress, ce dernier centrait de la droite.

Skoblar bondit et frappa la balle de plein fouet de, de la tête.

Le stade entier se dressa, tellement le but paraissait inévitable.

Mais un grand silence succéda au mouvement spontané de la foule. Couché sur sa ligne, comme un drapeau, Marcel Aubour avait le ballon entre les bras.

Josip lui-même n'osait y croire, tellement cet arrêt paraissait miraculeux.

Bravo Aubour ! et applaudissons (à la place du public) ce grand exploit comme il le mérite.

En fin de rencontre, la domination du rouge s'accentua et Escale, heureusement vigilante et sûr, fut beaucoup plus menacé que son vis-à-vis.

Tant et si bien que notre excellent supporter et ami de la mi-temps nous dit très sportivement :

"Ces Rennais, ils auraient mérité le match nul, ce soir".

CE N'EST PAS JOUÉ.

Et maintenant ?

L'O.M. se trouver exactement dans la situation qui fut la sienne, après le match aller contre le Red Star.

Il se présentera à Rennes avec un petit but d'avance.

En Coupe, en deux rounds, c'est un strict minimum.

Il n'a pas échappé, en effet, aux observateurs que Rennes paraissait assez supérieur au Red Star au moins dans la partie offensive et au milieu du terrain.

Il restera, aux Olympiens, vraisemblablement dominés, la chance de quelques contre-attaques heureuses.

La victoire de l'O.M. - si victoire il doit y avoir - passera par les pieds de Magnusson et de Loubet, plus ou moins contrés hier soir.

Enfin, ce sera dur, très dur, mais pas impossible.

Une nouvelle bonne soirée de Coupe, en tout cas, est en perspective.

Maurice FABREGUETTES

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  Un seul but, mais quel but !..

Quelques nuages de ci, de là, mais rien en définitif qui puisse entraver l'élan populaire, pas même le cinglant résultat de dimanche dernier, surtout pas !

À Marseille, la Coupe est restée la Coupe, et, comme prévu, la première manche de la demi-finale entre l'O.M. et Rennes s'est relevée comme une grande fête du football.

Cela s'est traduit par un stade vélodrome plein jusqu'à ras bord d'une foule enthousiaste. Un public qui eut droit à un intermède inhabituel et fort apprécié avec les féminines olympiennes et leurs homologues niçoises.

Un match, entre parenthèse, qui n'eut rien de folklorique, ces demoiselles s'attirant plusieurs fois des vivats amplement mérités.

Pour en revenir au grand match de la soirée, les Rennais - on le savait déjà - alignaient trois hommes nouveaux par rapport à la rencontre de championnat, mais le jeune Keruzore, à la cheville toujours douloureuse, doit s'abstenir, la mort dans l'âme, comme on l'imagine.

À l'O.M., pas de problèmes. C'est l'équipe type qui se présente avec Delachet comme gardien suppléant. Pour mémoire, cela donnait les formations suivantes :

RENNES : Aubour, Cosnard, Cardiet, Cedolin, Chlosta, Garcia, Lenoir, Naumovic, Guy, Betta, Rico. 12e : Bernard ; 13e : Toutblanc.

O.M. : Escale, Lopez, Hodoul, Zwunka, Kula, Novi, Gress, Magnusson, Bonnel, Skoblar, Loubet. 12e : Couecou ; 13 : Delachet.

ALLEZ L'O.M. !

Dans le vacarme des présentations, on comprend vite que le maillot rouge agressif des Bretons n'attire pas la sympathie de la foule.

L'O.M., dans un feu d'artifice multicolore, est déjà accueilli comme un triomphateur. Mais les Rennais, cela se remarque aussi, ne sont pas entrés sur le terrain en victimes résignées.

Il faut attendre la 7me minute pour voir Skoblar s'enfoncer dans la défense bretonne. Hélas ! la balle va plus vite que lui et Aubour n'a aucune peine à enrayer cette première alerte.

Au tour de Magnusson maintenant de mettre Cardiet à l'ouvrage. Loubet aussi multiplie les centres dont l'un trouva la tête de Skoblar (14e minute). Aubour, encore une fois, n'a pas à s'inquiéter, la balle passe au-dessus.

L'O.M. domine donc, lorsqu'on atteint le premier quart d'heure, et Magnusson, que Cardiet ne peut décidément pas arrêter, place un tir qui frôla la cage d'Aubour (17e minute) ; la première action vraiment dangereuse !

SKOBLAR RECOMMENCE

Rennes, qui fait montre de plus d'autorité, notamment défensive par rapport à dimanche dernier, réplique par un tir de Guy, détourné par Escale en corner (18e minute).

Mais l'O.M. va pourtant porter le coup décisif. À l'origine, Lopez, qui a hérité d'une bonne passe de Gress. L'arrière marseillais descend le long de l'aile droite et centre.

Skoblar est à la réception. Il amortit de la poitrine et son pied droit fuse comme une catapulte. Josip lève les bras. La balle est au fond des filets.

L'O.M. mène par un à zéro (23e minute). Encore un chef-d'oeuvre à l'actif du roi des buteurs.

Magnusson, après l'explosion de joie, est touché dans un choc avec Cardiet ; il se fait soigner un instant sur le bord de la touche, et rentre en boitillant, pour adresser une bonne balle que Skoblar ne peut exploiter.

Sur corner tiré par Loubet, Gress est à deux doigts de marquer, comme dimanche, sont but de la tête, mais cette fois Aubour est bien placée (33e minute).

Le jeu se durcit quelque peu, Cardiet ne ménage pas Magnusson, et Zwunka en fait autant pour Betta, alors qu'une reprise de volée de Rico passe nettement au-dessus (37e minute).

On aborde les cinq dernières minutes avec un centre tir de Loubet, bien captée par Aubour, puis c'est Jacky Novi qui tente sa chance de loin. Mais la foule à l'occasion de se déchaîner avec une nouvelle intervention suspecte de Cardiet sur Magnusson, ce qui vaut une bronca au capitaine breton.

Expédient ou pas, Rennes n'a qu'un but de retard à la mi-temps, malgré, précisons-le, une tête de Guy sur corner bien arrêtée par Escale à la toute dernière minute.

RIEN NE PASSE.

À la reprise, l'O.M. s'est très bien que l'avance n'est pas suffisante. Il s'emploie donc à attaquer et Rennes à défendre.

Dans le feu de l'action, Skoblar à une petite altercation avec Betta. Il faut dire que les Bretons, qui tiennent jusqu'ici le bon bout, mettent beaucoup d'ardeur dans leurs interventions.

Cela n'empêche pas Bonnel, toujours à l'affût, de profiter d'une bonne passe de Gress pour tirer fort vers la cage rennaise. Aubour cependant est sur la trajectoire (54me).

Il apparaît de plus en plus évident, d'ailleurs, que les hommes de Prouff n'ont pas tout à fait le même visage que dimanche dernier. Ils se défendent bec et ongles, et Lenoir se présente même devant Escale avec une bonne occasion d'égaliser. Mais il manque complètement son tir (61me).

Rennes sortirait-il de sa coquille ? Nous en avons en tout cas l'impression. Garcia, à son tour, amortit de la poitrine et tire sur Escale, heureusement bien placé (66me).

La reprise vient par Magnusson, dont le tir passe d'un rien à côté, puis par Loubet. Mais c'est encore une tête de Skoblar qui est la plus menaçante. Aubour en s'emparant de la balle sur une reprise à bout portant, réalise un véritable exploit (69me).

Rennes, en tout cas, tient toujours quand on arbore le dernier quart d'heure, un faux rebond faisant même passer le frisson dans le dos des supporters marseillais, Escale étant tout heureux, en l'occurrence, de voir la balle sortir en champ (75me minute).

MINCE AVANTAGE.

Encore un tir de Guy repoussé par Escale en corner (83me).

Puis une tête de Loubet sur centre de Skoblar (84me)

Mais toutes ces longues minutes, où O.M. se multiplie sans pouvoir trouver la faille, sont pour le public d'une tension insoutenable. "Encore un !" leur réclame-t-on, qui permettrait d'aborder le match retour avec plus de sérénité.

Ce but, Loubet l'a au bout du pied, alors qu'il ne reste que quelques seconds à jouer. Mais non, rien à faire : la balle passe encore au-dessus. C'était la dernière chance, car l'arbitre siffle la fin.

On avait raison de se méfier de ses "diables rouges" de Rennais.

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 Marcel LECLERC : "Je ne suis pas pessimiste !"

Nous venions d'assister au dernier quart d'heure entre les deux Marcel Aubour et Leclerc, protagonistes d'un numéro digne des "Rois du Sport" de rigolarde mémoire.

Reconnaissons que le président, très fair-play, donnait une réplique valable au joyeux Tropézien.

"Je vous l'avais bien dit, M. Leclerc... triomphait le gardien rennais. La Coupe n'est pas le championnat !"

- Nous irons vous battre à Rennes ! rétorquait le boss...

Le dialogue, en même temps que la partie, s'étant terminé sur le coup de sifflet, de M. Petit, nous sommes revenus aux vestiaires dans le sillage du président.

"Évidemment, le match de ce soir n'a pas ressemblé, c'est le moins qu'on puisse dire, à celui de dimanche. Je dois dire que je craignais un peu. Rennes devait logiquement tirer un enseignement de sa lourde défaite et agir en conséquence.

"Mais je dois dire que ces Bretons, dont je connaissais les qualités techniques, m'ont surpris par leur vigueur athlétique, leur détermination, leur rage de jouer. En somme, ils ont disputé ce soir un vrai match de Coupe. Mardi, nous aurons à jouer une carte difficile. Rennes, devant son public, va opérer avec un rythme endiablé. Mais je ne suis pas pessimiste. Estime que nous devrions tirer notre épingle du jeu !

Quelques secondes plus tard, nous étions au vestiaire, ou plutôt dans l'antichambre ou "Riri" Neumann vitupérait le président rennais Rohou.

"Je veux bien qu'il soit satisfait du résultat, mais après un match aussi dur, il a failli créer un incident entre les joueurs avec ses "Bravo Rennes ! ". Il a fallu l'intervention du service d'ordre !"

À l'intérieur, comme à l'accoutumée, Lucien Leduc analysait calmement la partie :

"Vous savez très bien que je craignais la réaction des Rennais après leur lourde défaite, et j'avais mis nos hommes en garde. Je n'ai rien à leur reprocher. Ils se sont attaqués convenablement au problème difficile que leur posaient leurs adversaires.

"En seconde mi-temps, ils ont eu un fléchissement normal après avoir accompli beaucoup d'efforts. Sans doute aurions-nous pu marquer un autre but qui aurait bien arrangé nos affaires. Mais après tout, nous avons gagné et, comme le dirait M. de la Palisse, c'est mieux que si nous avions perdu !"

Nous avons toujours prétendu que "Lulu", ce bon nordiste, aurait mérité d'être normand !

Sur son banc, à son habitude, Gilbert Gress récupérait après les gros efforts fournis.

"Avant tout, j'estime que nous aurions du marqué un second but qui nous aurait permis d'aborder le match retour dans de meilleures conditions. Ce but, j'ai bien cru qu'il était notre quand Josip a repris mon centre de la tête de façon admirable. Mais Aubour était là !"

Roger Magnusson, pour sa part, n'avait pas reconnu Cardiet, son vieil adversaire.

"J'ai joué 5 fois contre lui, et il s'était toujours montré excellent, mais aussi très correct. Ce soir il a encore été très mon, mais il a joué de façon non pas virile, mais irrégulière. Il est assez fort pour n'avoir pas besoin de donner des coups de pied dans les jambes... Bien sûr, je n'ai pas, non plus reconnu équipe de Rennes. Là-bas, ça va. Je crois être très dur pour nous !"

Jules Zwunka et Charly Loubet se faisaient la barbe de concert.

Le second regrettait d'avoir eu à deux reprises la balle du second but sur la tête, puis sur le pied gauche :

"J'ai piqué une crise quand j'ai vu ce ballon s'envoler au-dessus du but !"

Le capitaine, de son côté, estimait :

"Le match de ce soir n'a pas ressemblé à celui de dimanche. Celui de mardi ne ressemblera pas à celui de ce soir. Devant son public, Rennes ne pourra geler le jet et nous opposer un milieu de terrain à 4 ou 5 hommes. Il lui faudra se découvrir et attaquer pour vaincre et cela devrait faire notre affaire !"

Nous laisserons à Jules ce mot de la fin.

Louis DUPIC

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"Les matches se suivent et ne se ressemblent pas"

LES MERGUEZ CONTRE GUEMENE.

Quand on s'approche du Stade-Vélodrome, il flotte un parfum de senteur méditerranéen. Ce sont les merguez que l'on fait griller. Un Breton qui en faisait la découverte nous a confié : "Cela me paraît goûteux, mais moi, je crois que je continue à préférer andouille de Guemène.

DES SIFFLETS QUI NE SONT PAS DE MISE

Le public marseillais n'a pas bonne réputation. Il est versatile, passionné, mais hier soir, avant le premier round de cette demi-finale de Coupe de France, les coups de sifflet à l'adresse du onze rennais étaient-ils de mise ? les vrais sportifs nous répondrons certainement par la négative !

CARDIET, SEUL RESCAPÉ

En 1965, le Stade Rennais remportait la finale de la Coupe de France aux dépens de Sedan, après avoir discuté deux rencontres. De la formation victorieuse, il ne reste plus qu'un seul joueur, Cardiet. C'est peu, comme quoi en football le temps passe très vite et on renouvelle encore plus vite les équipes professionnelles.

36 ANS APRÈS.

L'O.M. et le Stade Rennais ont souvent eu l'occasion de s'affronter en championnat et en Coupe de France, mais naturellement, le choc majeur qui les opposait se situe à un certain dimanche de printemps 1935 ou les deux clubs se retrouvèrent à Colombes en finale.L'O.M. l'emportait par 3 buts à 0.

JEAN PROUFF RECONNAÎTRA DONC LE CLIMAT DU MIDI

Jean Prouff aurait bien voulu trouver un chaud soleil méridional dans sa retraite de Cavalière. Hélas, la pluie fut plus souvent au rendez-vous que Phoebus ; aussi, le coach breton avait-il raison de s'écrier : "On me parle toujours du soleil du Midi, chaque fois que je viens dans cette région, je me fais mouiller. "Hier soir, il faisait une douce température, bien que le ciel fut très noir du côté de Mazargues.

Prouff était réconcilié avec le climat sudiste.

UN NAÏF

A 20 h. 25, un supporter un peu trop naïf s'approcha d'Escale en train de s'entraîner dans l'allée centrale et lui demanda le plus innocemment du monde : "Jean-Paul, tu n'aurais pas une place pour un ami ?" Et le gardien olympien de lui répond très gentiment : "Si seulement tu étais venu un peu plus tôt !"

LE SOUVENIR D'ANGERS

Un supporter nerveux consultait sa montre et disait à son voisin : "Oh l'ami, ça fait 20 minutes que l'O.M. joue et nous n'avons pas encore marqué". Et l'autre de lui répondre en essayant de le consaler : "Les matches se suivent et ne se ressemblent pas et puis souviens-toi en 1969, en demi-finale contre Angers, nous avons dù nous contenter d'une victoire par un but d'écart est un match nul !"

POURQUOI PAS RICO ?

Les matches les plus palpitants n'empêchent pas l'esprit de vagabonder. Certains au-delà O.M. - Rennes, songeaient hier soir à la prochaine saison et l'un de nos amis en voyant l'ailier gauche breton se distinguer une fois de plus murmura : "Si Loubet part la saison prochaine à Nice ou à Madrid, Rico ne ferait pas mal dans l'attaque olympienne".

PÉTARD SUR UNE VESTE.

Les spectateurs veulent bien faire des sacrifices pour applaudir les exploits de l'O.M., mais ils ne veulent pas que cela leur coûte des brûlures ou des vêtements. C'est ainsi qu'un pétard mal lancé d'une deuxième série Jean Bouin tomba sur la veste d'un client des 1res séries, qui s'empressa d'ôter cette veste avant qu'elle ne flambe.

DES INDIENS...

AUX FOOTBALLEURS.

Notre célèbre confrère Lucien Bodard, qui est également un talentueux romancier, ayant écrit aussi bien sur la guerre d'Indochine que sur le massacre des Indiens d'Amérique du Sud, était hier soir parmi nous : "Je ne me suis pas transformé en chroniqueur sportif, je suis ici pour écrire deux papiers sur le milieu de football à Marseille, au moins j'ai trouvé de l'ambiance."

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COSNARD :"Nous allons jouer la finale !"

Dans le camp rennais, tous les visages étaient extrêmement souriants.

Cardiet, le mal-aimé, exulte : "Jamais je n'aurais subi une telle bronca, elle m'a paru injustifiée, mais cela n'a pas d'importance, ce qui compte c'est le résultat final, à Rennes nous devons faire la décision !" L'entraîneur Jean Prouff afficiat quelques légers regrets : "Je pensais qu'on pouvait, au moins, faire match nul ! Nous avons terminé dans un meilleur état de fraîcheur que les Marseillais, mais il ne faut pas se leurrer, ce sera difficile sur notre terrain !"

Marcel Aubour était dans un état littéralement euphorique : "Un but d'écart ce n'est pas terrible. À Rennes, nous aurons de sérieuses chances, avec l'aide de notre public, je crois que nous allons nous qualifier !"

Cosnard faisait remarquer : "Evidemment nous sommes contents de ce résultat qui laisse nos chances intactes ! Chez nous, cela carburera mieux, je pense que nous allons aller en finale !"

Betta s'écriait d'un ton joyeux : "Cette fois-ci les Marseillais ne nous ont pas dévoré ! Il ne manquait pas grand-chose pour arracher le match nul ! À Rennes, nous allons essayer de frapper un grand coup".

Guy ajoutait : "Nous avons causé des soucis aux Olympiens, à Rennes, ils ne seront pas tellement rassurés et puis nous, nous n'avons rien à perdre !

A.D.

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D'un direct à l'autre...

par Louis-Paul SEMENE

Deux façons de voir

Lorsqu'un match est télévisé en direct, il y a deux catégories de spectateurs : ceux qui pourront dire qu'ils y étaient, et ceux qui doivent se contenter de dire qu'ils l'ont "vu".

La nuance, au demeurant, ne tient ni à la question d'yeux, ni à une question d'oreille, le petit écran restituant l'image et le haut-parleur le son. C'est autre chose. Un petit rien, dont nous avons voulu, mon réacteur en chef et moi - l'idée venant de lui, il ne pouvait faire moins que de la partager - percer le mystère par ce qu'on pourrait appeler une "expérience coordonnée".

Encore tout imprégnés des émotions vécues "en direct" durant les 45 premières minutes du match, nous avons dès le repos, sauté dans nos voitures, traversé la ville en moins de temps qu'il n'en faut pour masser un muscle noué, pour nous retrouver devant le poste de télé au moment précis où Arsène Lupin libérait l'écran d'un un suspense pour laisser place à un autre, à moitié consommée.

Je vais livrer mes impressions en vrac, comme elles sont venues.

Primo, j'ai mis plusieurs minutes à me rendre compte qu'un radio-reporter parlait. J'en demande pardon à M. Michel Drey, mais sa voix se fondait dans un bourdon de foule dormir mon oreille se trouvait encore encombrée.

Et ce bourdon, assez singulièrement, se trouvait maintenant couvert par quelques dizaines de voix dominantes - les plus près du micro, assurément - qui me donnaient la curieuse impression d'un bruitage monté comme dans une émission à figuration limitée.

J'ai vu, évidemment, la partie se dérouler sous des angles divers, c'est le privilège de la télé ; mais j'ai observé qu'il me fallait chaque fois rectifier l'estimation des perspectives, et que mon jugement sur la géométrie du jeu s'en trouvé faussé.

En revanche, j'ai vu du plus près ce qu'il ne m'aurait pas été permis d'aussi bien admirer de la tribune de presse : un tir magnifique de Magnusson et une tête splendide Skoblar sur une passe du même.

Mais c'est ce que je n'ai pas vu qui m'a le plus inquiété : ce drapeau de l'arbitre de touche dont je n'ai appris que par Michel Drey - le son va beaucoup moins vite que la lumière - qu'il avait été effectivement levé. Inutile de vous dire qu'il s'agissait, alors, d'une action particulièrement brûlante des Rennais...

Et je venais, sans doute, de découvrir là ce petit rien dont nous cherchions le mystère, et qui fait que la transmission la plus brillante et la plus colorée qui soit ne remplacera jamais le témoignage réel.

Sur-le-champ, nos émotions éclatèrent comme ces bourgeons qui explosent au moindre contact. Devant la télé, elles gèlent en nous, fautes de ces reflets qui viennent de la pleine lumière.

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JOSIP : Le sang et la lumière du football

Existe-t-il un moyen plus sûr que le sport pour restituer à des hommes d'âge certain de toutes conditions l'enthousiasme turbulent de leur vingt ans ?

Je ne crois pas. Et c'est tant mieux.

Mais le spectacle de cette soirée de liesse est deu ceux qui, à la fois, rassurent et inquiètent. Il rassure en ce qu'il nous prouve, qu'après tout, les foules savent encore se nourrir de passions inoffensives et oublier, le temps d'un match, ce monde réduit en formule qui se consume peu à peu.

Il nous inquiète en laissant entrevoir ce que pourrait être les réactions de cette même foule joyeuse et pacifique par vocation, mais aussi dangereuse que la poudre près de la flamme, si le spectacle n'est pas à la mesure de ses ambitions ou s'il ne satisfait pas ses désirs.

L'art du président Marcel Leclerc - cet homme montré du doigt dans toute la France sauf à Marseille bien entendu - est d'avoir réussi à dispenser une "éducation" à sens unique et inspiré des "amours immodérés" à tout un peuple de fidèles plus fanatiques que dévots et il faut bien le dire sans aucun goût pour la tolérance.

Un latiniste nous dirait qu'il s'agit là d'un trait de caractère propre aux Méditerranéens, prêts à s'enflammer sous le moindre prétexte pourvu qu'il soit celui qu'ils considèrent être le bon.

Cela dit, c'est un match de football, un vrai, que nous étions venus voir. L'une de ces confrontations où la moindre erreur, la faute vénielle et le geste supposé prennent des proportions considérables. C'est au cours de ces matches à résonance exceptionnelle qu'on épie ses idoles pour les abattre ou les canoniser.

Et de choisir Skoblar.

Inévitablement ou presque. Sans avons fait un grand match, il est et reste Skoblar.

Avec lui, le football ne peut être souillé.

Chaque rebond de la balle le fait rejaillir comme le soleil un fragment de vitrail. Et si en sport la vraie noblesse et celle de la manière et du geste, les titres nobiliaires de Josip lui sont définitivement collés aux crampons.

Il y a tout dans son jeu : l'intnseité et la lucidité, la violence et la concision, le romantisme et le classicisme. Tout se mêle et se retrouve dans un équilibre qui est celui de l'accomplissement et de la perfection du style.

C'est aussi un joueur généreux au sens cartésien. Il semble vouloir offrir au football sinon une morale du moins une philosophie.

L'avez-vous remarqué quand il marqua le but vainqueur. On pouvait croire à une démonstration. Il décortiqua ses mouvements, effaça Chlosta, immobilisa Cosnard avant de clouer Aubour sur ses buts devenus croix. Artiste et bourreau, metteur en scène et acteur, tout à la fois.

Skoblar démontre que si le football à ses règles de jeu au ras du sol, il a son centre de réflexion tout de même un plu plus haut. Ses jambes sont le feu et sa tête de glace. Car s'il est "plein de sang" comme on dit à Marseille, il ne se contente pas du bouillonnement de ses globules rouges. Il sait aussi y ajouter l'irradiante lumière et sa technique et de sa ferveur du jeu.

En fait, on découvre toujours Skoblar. Lui-même est l'homme des conquêtes qui se succèdent et s'ajoutent. Suprême coquetterie ou vanité de vedettes, il laisse son public le conquérir match après match, comme s'il avait encore besoin d'entretenir la passion de ses fans.

Ce n'est pas ce niveau que "monsieur un but par match" a emprunté lors de ses débuts. Ni celui par lequel il quittera l'arène sportive.

Il y a des gens qui sont faits pour les altitudes. Là, où l'on ne reste qu'en petit nombre. Sans concurrent, mais en n'utilisant qu'un seul langage : le talent

Lucien D'APO

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