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Résumé Le Provencal

du 11 septembre 1971

 

6 à 0 : le Red Star vole en éclats

l'O.M. en forme avant GORNIK

On avait parlé de répétition générale pour ce match OM - Red Star. Il faut croire que le public marseillais l'a entendu, lui aussi, de la même oreille.

Bien plus que l'invincibilité des Parisiens, bien plus peut-être que la première place convoitée par les Olympiens, les spectateurs sont venus surtout pour juger de la condition de leurs favoris avant la coupe d'Europe.

Et ils sont venus, comme prévu, en grand nombre. On peut dire alors, à quelques minutes du coup d'envoi, que l'ombre de Gornik plane sur le Stade Vélodrome. Dans les tribunes, on trouve même un témoin intéressé sans doute un peu plus que les autres : M. Tony Brzezanczyk, l'entraîneur des champions de Pologne est là, la pipe en bataille et l'oeil apparemment décidé à ne pas manquer la moindre parcelle des débats.

Comme on le comprend. N'est ce pas, Mario Zatelli ?

Quoi qu'il en soit, Lucien Leduc et Marcel Thomazover n'ont pas opéré de modification de dernière heure.

Les équipes s'alignent donc dans les formations annoncées :

O.M. : Carnus, Lopez, Bosquier, Zvunka, Kula, Novi, Magnusson, Bonnel, Skoblar, Di Caro. N.12 : Couecou

Red Star : Laudu, Guillolet, Ferrie, Monin, Guarrigues, Besnard, Simon, Garcia, Gonzales, Ahache, Gueniche. N.12 Donnat.

Arbitre : M. Debroas.

DOMINATION OLYMPIENNE

Les minutes d'observation ont été laissées aux vestiaires. L'arbitre n'a pas plutôt sifflé que Skoblar obtient un corner, après un déboulé sur l'aile gauche. Puis Di Caro, admirablement lancé par Skoblar, centre, et la défense du Red-Star connaît déjà des moments difficiles.

Encore Di Caro, qui se débarrasse de Guillolet, mais il ne peur cette fois assurer sa passe (6me).

Le jeune ailier gauche fait toutefois un début de partie prometteur, et l'O.M., domine, c'est incontestable.

Un centre de Magnusson est bien repris par la tête de Bonnel, mais la balle passe au-dessus de la transversale (8me). Sur le renvoi, Gonzales tente sa chance, de top loin pour inquiéter Carnus.

En revanche, un relais Magnusson - Gress se termine dans les pieds de Skoblar, dont la reprise fulgurante passe encore au-dessus (12me). Mais, cette fois, Laudu a eu chaud.

BUT DE SKOBLAR

Le gardien parisien doit encore s'opposer à un tir de Magnusson, qu'il capte du bout des doigts (14me). Le Suédois slalome ensuite au coeur de la défense du Red-Star et, au moment du tir, il est arrêté par l'arbitre pour une faute qui n'a pas paru évidente à tout le monde.

Magnusson, pourtant, ne va pas en rester là. Quelques minutes plus tard, il recommence sa même série de dribbles et oblige Laudu à une défense désespérée pour dégager son tir en corner.

Le coup de pied de réparation, donné par Di Caro, va apporter son premier but à l'O.M. La balle s'élève, Laudu ne peut la contrôler, tombe, et Skoblar, posté en embuscade, récupère, à le temps de contrôler et de secouer les filets parisiens (24me).

L'O.M. a pris l'avantage, et c'est ma foi, amplement mérité. Deux boulets de Skoblar, le mot n'est pas trop fort, soumettent Laudu à un traitement pour le moins sévère.

LE DEUXIEME POUR GILBERT GRESS

Et le public marseillais applaudit à tout rompre en voyant son équipe littéralement déchaînée faire feu de tout bois. Enfin, les spectateurs voient l'O.M. sous un jour véritable. D'ailleurs, ils ne vont pas attendre longtemps le deuxième but espéré.

Depuis un bon moment, Laudu a multiplié les sauvetages pour ne pas voir la note s'aggraver, mais Skoblar - qui se bat comme beau diable depuis le début de la rencontre - s'enfonce une nouvelle fois sans la défense parisienne. Il est bousculé par Monin, mais Gress est à ses côtés. Josip lui donne la balle, et le tir de Gilbert, pour la seconde fois, ne laisse aucune chance à Laudu (36me)

L'O.M. mène 2 à 0 et ne ralentit en rien son action. Tout à fait en fin de mi-temps, Magnusson enchaîne encore l'assistance par ses tours de diabolique passe-passe, mais le score n'a pas changé quand M. Debroas siffle la pause.

UN BOLIDE DE SKOBLAR

Après 45 minutes de rêve, au cours desquelles Carnus n'a pratiquement pas touché le ballon, le Red Star essaie de réagir, notamment par Ahache, dont le tir est bien arrêté par le gardien marseillais.
Mais l'O.M. ne vas pas laisser à son adversaire le temps de sortir de sa coquille.

Sur l'aile gauche, Kula s'est infiltré, l'arrière marseillais se débarrasse de Garrigues avec la même élégance qu'ait employée Magnusson lui-même.

Après ce petit exploit, une passe de Skoblar, seul à 20 m. des buts parisiens, et un tir du "roi des buteurs" qui soulève encore une fois la foule.

Laudu n'a même pas esquissé un geste de défense, la balle, mue comme par une catapulte, est au fond de sa cage (49me)

LE QUATRIEME POUR DI CARO

La défense du Red Star, réputée jusqu'ici pour sa solidité, surtout en déplacement, a trouvé à qui parler en la circonstance. Et ce n'est pas fini !

Laudu n'est pas au bout de ses peines. Le public, qui commençait à scander le nom de Couecou, est rappelé à l'ordre, vous l'avez deviné, par le jeune Di Caro en personne.

Au départ de l'action, Skoblar a obtenu un coup franc ; il le donne lui-même sur la tête de Di Caro dont la reprise fait mouche (64me).

On entend alors retentir le nom de l'ailier gauche comme quoi la versatilité des foules n'est pas une légende.

MONUMENTALE ERREUR DE LAUDU

L'O.M., lui, est fort de ses quatre buts d'avance. Laudu, peut être passablement écoeuré par la tournure des évènements, va lui offrir un 5me sur un plateau.

Le gardien parisien dégage, en effet, à la main sur Di Caro, qui ne s'attendait sans doute pas à pareille aubaine, une déviation sur Skoblar, démarqué, et un 5me point que Josip allait inscrire avec la même facilité qu'à l'entraînement (73me).

ET DE DEUX POUR DI CARO

Rien ne va plus au Red Star, qui, fait eau de toutes parts comme une barque à la dérive.

Encore une échappée de Kula sur l'aile gauche, une passe à Skoblar, un centre. Di Caro est de nouveau à la réception. Coup de tête et le 6me but pour l'équipe olympienne déchaînée comme jamais (79me).

L'entraîneur de Gornik, la pipe toujours entre les dents, ne doit pas regretter son voyage !

Les dernières minutes ne font qu'accroître le calvaire des visiteurs. Laudu, cependant, ne connaîtra pas de 7me humiliation. Mais quelle soirée tourmentée il vient de vivre ! Car, à l'O.M., personne ne pourra lui reprocher de ne pas avoir joué en champion !

Voilà une excellente publicité pour le match de mercredi prochain, si tant est qu'il faille encore en faire !

Jean FERRARA

 

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MAGUSSON et SKOBLAR

Un partage égal du vedettariat

Deux à zéro pour l'O.M. à la mi-temps, ce n'était pas cher payé !

Ajoutons même que c'était excessivement bon marché, en regard des multiples occasions de buts que se créèrent les Olympiens au cours de cette première période.

Il est vrai que Magnusson avait sorti de son sac à malices tous les tours les plus fumants qu'un footballeur puisse imaginer.

Depuis quatre saisons qu'il joue à l'O.M., nous commençons à bien connaître le numéro de haute virtuosité du Suédois.

Eh bien, hier soir, il a réussi à nous étonner et à rendre complètement fou son adversaire direct, le pauvre Garrigues.

Comme Gress sait parfaitement se glisser dans toutes les portes ouvertes par son compère Roger, le plus beau, le plus fin, le plus déroutant de la partie se passa à l'aile droite.

L'entraîneur de Gornik, présent à la rencontre, a du en prendre bonne note, et il est vraisemblable qu'il a demandé, mercredi soir, à ses défenseurs d'essayer de colmater cette voie d'eau.

Une voie par laquelle passèrent toutes les multiples et excellentes occasions de buts olympiens durant la première mi-temps.

Le Red Star a tout essayé, mais...

Pourtant, le Red-Star, en dépit de cette plaie béante sur son flanc droit, avait en partie justifié son bon classement.

Bien que dominés et archi-dominés par une équipe intrinsèquement plus forte, les Parisiens ne s'étaient pas confinés dans une défense outrancière.

Dans la mesure de leurs moyens, ils essayèrent de construire, de contre-attaquer et de ce fait, le jeu, ne se déroulant pas exclusivement dans un camp, fut très spectaculaire.

Il faut rendre cette justice aux footballeurs du Red-Star, lesquels eurent aussi le mérite de lutter jusqu'au bout, dans des conditions pour eux très malheureuses.

Car, contre l'O.M., hier soir au stade vélodrome, nous ne pensons pas que beaucoup d'équipes françaises auraient pu faire nettement mieux.

Skoblar sur l'avant-scène

Ayant laissé l'avant scène à Magnusson, en première mi-temps, l'orgueilleux Skoblar ne pouvait faire moins que de l'occuper avec brio durant les dernières 45 minutes.

De l'art pour l'art, de la performance millimétrique, nous passâmes au football des frappes fulgurantes, des centres à effet, du tout pour le but.

Le résultat vous le connaissez, et si, en première mi-temps, Gress avait tiré le meilleur parti des exploits funambulesques de Magnusson, le grand gagnant de la deuxième période fut Di Caro.

Il commença à jouer de "la tête d'Ange" précisément au moment ou le public commençait à réclamer Couecou sur l'air des projecteurs.

On ne saurait parles des lampions, quand l'intensité sonore des clameurs populaires, si elle se chiffrait en lux au sol, égalerait au moins celle de l'éclairage du stade.

En forme au bon moment

Il reste que ce résultat, le plus tranchant obtenu par l'O.M. contre une équipe professionnelle depuis très... très longtemps, constituer la meilleure des publicités pour le match de mercredi contre Gornik.

Cependant, le précédent récent de la victoire sur Rennes au stade vélodrome, en championnat, par 5 à 0, incitera les responsables olympiens et leurs supporters à une saine prudence.

Nous n'avons jamais vu jouer le champion de Pologne, même pas à la T.V., cependant tout laisse supposer qu'entrelui et le Red-Star il y a, vraisemblablement, une bonne classe d'écart.

Cela écrit, pour ne pas tomber dans un optimisme délirant, il est évident que l'O.M. est arrivé en forme optima au bon moment.

Hier soir, confirmant la première mi-temps de bordeaux, les différents rouages de l'équipe ont paru parfaitement huilés et aptes à une tâche extra-hexagonale.

Attention aux mains

Nous ne ferons qu'une remarque déplaisante. Les défenseurs de l'O.M., surtout Zwunka, se servent beaucoup trop des mains et des bras pour arrêter l'adversaire.

M. Debroas a certainement vu beaucoup de matches de rugby pour n'être point choqué par cette façon coupable de jouer.

Mais la plupart des arbitres étrangers sont beaucoup plus stricts sur ce point.

Novi, héros malheureux de Suède - France à Stockholm, ne nous contredira certainement pas.

Maurice Fabreguettes

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Marcel LECLERC :

"Il faudrait en garder trois pour GORNIK !"

Qu'on le veuille ou non, il s'agissait d'un des premiers sommet de la saison, puisque la rencontre d'hier soir opposait deux formations invaincues jusqu'alors.

A ce titre, la très large victoire de l'O.M. et l'exhibition irrésistible de l'équipe marseillaise sont d'excellent augure avant le match de mercredi.

Le président Leclerc, comme il a l'habitude de le faire quand il est content, a pris la chose de façon plaisante et à ceux qui rentraient de vacances glissait :

"Vous pouvez le constater, nous avons bien travaillé pendant votre absence et nous avons maintenant une bonne petite équipe (sic). Il est intéressant que nous ayons dominé les Parisiens, mais mercredi, les choses se présenteront sans doute de façon tout à fait différente. Enfin, nous verrons bien !"

Lucien Leduc, on le sait, n'est pas particulièrement expansif. Il était cependant normal qu'il réagissent en techni-

"Nous devons considérer que le Red Star n'avait pas encore perdu cette saison et, à cet égard, notre large victoire est à la fois méritoire et satisfaisante, à la fois sur le plan collectif et sur celui des individualités.

"C'est ainsi que Di Caro, avec les deux buts réussis aujourd'hui, se trouvera désormais plus en confiance. Vous avec remarqué que le public commençait à le prendre à parti lorsque la réussire lui a souri... C'est là une bien mauvaise façon de s'y prendre avec un jeune joueur..."

Ange, l'un des héros de la soirée, ne savait trop s'il devait rire ou pleurer... de joie, bien entendu. Il répondait avec le sourire, toutefois, à ceux qui l'appelaient : "Ange, tête d'or !"

Il réussit à nous dire :

"Il est évident que je suis très heureux. Bien sur, on me "charrie" pour ce doublé, réussi de la tête. Je croix que dans ce domaine, la réussite est une question de moral. Il faut s'engager franchement, et voilà tout... Ensuite, il suffit que la balle aille dans un... coin..."

Roger Magnusson renchérissait :

"La réussite, il faut la mériter et Ange a été excellent ce soir. Et je dois même dire, tout à fait surprenant. S'il continue dans cette voie, nous avons en lui le successeur de Charly Loubet tout à fait indiquée."

Le capitaine Zvunka était, bien sûr, satisfait de ses troupes.

"Aujourd'hui, tout a tourné dans l'huile. Peut-être avons-nous eu un peu plus de réussite que précédemment, face à Lyon et Angers. Déjà, en ces deux occasions, nous aurions dû obtenir 4 ou 5 buts.

Nous laisserons le mot de la fin au président Leclerc, qui nous jeta en nous quittant :

"Six buts ce soir, c'est bien. Mais il aurait été préférable d'en garder la moitié pour affronter Gornik ! Trois buts, mercredi soir, suffiraient à notre bonheur !"

Louis DUPIC

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Marcel TOMAZOVER :

"Nous les avons aidés !"

L'entraineur parisien Marcel Tomazover a accepté la défaite avec fair-play et s'il manifestait quelque rancoeur, c'est à l'égard de certains de ses hommes.

"Les Marseillais étaient très forts, ce soir. Nous, nous n'étions pas terribles. Aussi, il a été impardonnable de leur donner un bon coup de main, à l'occasion de quatre de leurs six buts. Ils n'en avaient vraiment pas besoin !"

La défaite a été plus cruellement ressentie par les deux anciens Olympiens Gueniche et Donnat qui faisaient grise mine.

Hubert nous disait :

"Après une première mi-temps honnête, nous avons craqué à plusieurs reprises. Je crois que nous y sommes pris vraiment très mal.
"Mais il n'y a pas à épiloguer. Les Marseillais étaient très forts, et nous n'avons, au mieux, qu'une équipe du milieu du tableau".

Le président Zenatti prononça le mot "amendes" et au moment où nous sortions, un joueur parisien lança :

"Le Red Star est redevenu ce qu'il était !"

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L'entraineur de Gornik :

"Tous formidables !"

M. Tony Brezanczyk, tout comme Mario Zatelli quelques jours pus tôt, a apprécié à sa juste valeur le jeu de son prochain adversaire.

L'entraîneur de Gornik, grand fumeur de pipe devant l'éternel, avait après la rencontre, une moue significative.

De toute évidence, l'O.M. l'avait apparemment convaincu.

Nous nous sommes servi des connaissances en allemand de M. Neumann pour recueillir ses impressions. Le secrétaire général de l'O.M. a même remué le couteau dans la plaie en guise de préambule.

"Et encore, dit-il, nous avions ce soir cinq remplaçants !..."

M. Brizezanczyk heureusement était bien informé.

"Oui, reconnaît-il, l'O.M. a une très bonne équipe. Les Marseillais ont réalisé un match excellent. Ils ont montré le vrai visage du football moderne.

- Quels sont les joueurs, avons-nous demandé, que vous avez particulièrement remarqués ?

Tous sans exception ! L'O.M. est une équipe sans faille ou tous les éléments savent participer avec le même bonheur à la confection d'une victoire. Je crois que nous aurons une grande rencontre mercredi prochain.

Cela voulait dire entre autres que l'entraîneur polonais était sûr de la condition de ses hommes.

- Et le public ?

- Egalement formidable ! Ce genre d'assistance est digne vraiment d'avoir un grand club à encourager."

M. Neumann fait alors remarquer que notre interlocuteur est plutôt versé sur les paroles élogieuses.

"Que peut-on dire d'autre, a ajouté le responsable des champions de Pologne. Quand une équipe gagne 6 à 0, elle ne mérite que des louanges !"

Le mot de la fin a été pour Roger Magnusson, présent à l'entretien :

Et dire qu'ave un peu plus de chance, l'O.M. pouvait marquer deux buts de plus !"

M. Brzezanczyk n'a pas dit le contraire : c'est la preuve qu'il n'était pas loin d'avoir la même opinion. Reste à savoir s'il aura mis sur pied un plan de bataille pou mercredi prochain.

Son petit sourire, en coin, en tout cas, nous a laissé supposer qu'il n'avait pas livré hier soir tout le fond de sa pensée.

Nous en saurons davantage au soir du 15 septembre !...

J.F.

 

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