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Résumé Le Provencal

du 10 août 1972

  

O.M. : "PREMIERE" réussie à Sedan

SEDAN - "Ce soir le directeur sportif est un peu plus décontracté que l'entraîneur, peut-on lui demander son pronostic ?"

À quelques minutes du coup d'envoi, nous avions posé cette question à Mario Zatelli, mêlé à la foule des spectateurs.

"L'O.M. nous répondit Mario, avec un léger sourire, va gagner par deux buts d'écart".

Tout cela pour dire qu'en dépit d'un long déplacement chez un adversaire nouveau promu mais réputé coriace sur son terrain, les responsables marseillais, intérieurement ou pas, affichaient une certaine confiance.

On ne saurait affirmer si ce sentiment fut conservé durant les premières minutes de la rencontre. Toujours est-il que du haut de notre tribune, nous avions senti déjà que l'O.M. ne pouvait pas perdre et que Zatelli, pour une fois, serait prophète en son pays.

Une intuition peut-être... mais aussi parce que les olympiens faisaient preuve à leur façon d'un comportement rassurant.

LA FURIA SEDANAISE

Sans avoir assisté aux débats vous vous doutez sans peine que les hommes de Dugauguez ont abordé ce match flamberge au vent.

Le public crie, encourage, et les maillots rouges sur le terrain essaient de démontrer à tous ses fidèles qu'ils étaient dignes de l'élite du football national. Et le champion en titre, bien entendu, lui en fournissant une bonne occasion.

On vit alors les attaquants ardennais lancer les premières offensives, obtenir même les premiers corners mais comme nous le disions plus haut, la défense marseillaise, dans son ensemble, fit preuve d'une telle assurance que Mario Zatelli, sur son banc de touche, ne dut pas regretter somme toute de nous avoir livré quelques instants plus tôt le fond de sa pensée.

Tant et si bien qu'en dépit de tentatives répétées de Cardoni sur l'aile droite, que Kula, comme il se doit, ne lâchait pas d'une semelle, Carnus n'eut pas jusque là à multiplier les promesses pour préserver ses buts.

QUAND SKOBLAR ENTRE EN SCÈNE

On attendait simplement la réaction marseillaise.

Elle vint, comme par hasard, par l'entremise d'un certain Skoblar qui, décidément, nous séduit de plus en plus à ce poste d'ailier gauche : et Dieu sait si le Croate s'était montré pourtant un avant-centre percutant.

L'arrière Beaurain se révélait comme un défenseur latéral de bonne qualité. Cependant, quand Josip se mit à élever le ton, balle au pied, l'O.M. n'allait pas tarder à en tirer bénéfice.

On vous conte par ailleurs comment Franceschetti hérita d'un penalty. La sanction, soyons honnête, nous parut quelque peu sévère. Il n'empêche que le travail préparatoire de Josip avait été tout bonnement remarquable.

De contre-pied pour éviter deux adversaires successifs et une talonnade pour son camarade avant-centre. Une pure merveille.

Signalons entre parenthèses que Skoblar a retrouvé aussi ce fameux sang-froid qui semblait lui faire défaut au moment de tirer les penalties. Chargé de réparer la faute il mystifia Tordo avec un calme olympien, malgré les sifflets de la foule.

UN MATCH SÉRIEUX

On aurait pu regretter, en fin de compte, une victoire aussi étriquée acquise, de surcroît sur un coup litigieux. L'O.M., heureusement, allait faire en sorte de donner à son succès un peu plus d'ampleur.

Centre en retrait de Nagy, reprise victorieuse de Skoblar : la cause, cette fois, était entendue sans discussion. On ne pourra pas parler, alors, un succès tiré par les cheveux. Et ma foi, c'est bien mieux ainsi.

Disons qu'en marquant son deuxième but, l'O.M., à Sedan, à dissiper toute équivoque.

Quels enseignements, en conclusion, doit-on tirer de cette première étape victorieuse pour les hommes de Kurt Linder ? Sans efefctuer une partie brillante au sens du spectacle proprement dit, l'O.M. a fait un match sérieux, selon la formule la mode dans le monde du football.

Il a fallu aussi faire preuve d'une ceratine maîtrise et même d'une maîtrise certaine, pour contenir les Sedanais, surtout à leurs périodes les plus chaudes.

Pas tous les clubs, c'est du moins notre avis, réussiront à glaner : aussi précieux sur le stade Émile Albeau. L'O.M., lui, y est parvenu, sans trop de panache diront certains.

Mais ces jours derniers nous avions mis l'accent, dans ces mêmes colonnes, sur la portée psychologique d'un bon résultat à Sedan. Voilà qui est fait. C'est certainement de bon augure pour l'avenir des marseillais.

Jean FERRARA

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Les deux buts de Skoblar

ont fait la différence (2-0)

SEDAN - C'était, hier à Sedan, la fête du football. Le public ardennais, qui n'avait plus eu depuis un an l'occasion de voir évoluer les équipes de hauts niveaux, s'était déplacé en masse pour assister au grand départ de ce championnat 72-73.

Et en dépit du regret des dirigeants sedannais de voir un tel match de gala intervenir en pleine période de vacances, une foule nombreuse se pressait aux abords du stade Émile Albeau, bien avant l'heure du coup d'envoi.

Dans une lancinante odeur de friture, qui venait nous rappeler la proximité de la frontière belge, on avalait sur le pouce, sandwiches et cornets de frites.

L'avant match donna lieu cependant un véritable gag : Mario Zatelli avait oublié les licences à Marseille, et trois joueurs seulement ayant pris la précaution de se munir d'une pièce d'identité, on envisagea, un instant, ainsi que l'exige le règlement, de photographier un à un les éléments de l'équipe olympienne.

Tous arrangea, fort heureusement, Louis Dugauguez ayant sportivement déclaré qu'il n'avait nul besoin de leur effigie, pour identifier les vedettes olympiennes.

À l'appel de l'arbitre M. Baucourt les équipes se présentaient donc dans la formation annoncée :

Sedan : Tordo, Beaurain, Caron, Fugaldi, Medot, Rampant, Wicke, Le Bihan, Dellamore, Osim, Cardoni. 12me : Collinet.

O.M. : Carnus, Lopez, Bosquier, Zvunka, Kula, Novi, Gress, Nagy, Bonnel, Franceschetti, Skoblar. 12me : Leclercq.

SKOBLAR SUR PENALTY.

Les Sedanais, très vite en action, obtiennent un corner dès la première minute sur une action de Wicke contrée par Kula : il s'ensuivit une action confuse devant les buts de Carnus et Zvunka soufflait de justesse la balle à Osim. L'O.M. réagissait par une action Franceschetti - Nagy.

Le Hongrois cependant tirait trop mollement pour inquiéter Tordo.

Puis c'est Skoblar qui contraignait Beaurain à concéder un corner (5me).

Une minute plus tard, le Croate brûlait la politesse à son adversaire direct et adressait un centre qui faisait passer le frisson dans le dos des supporters sedannais. Tordo était tout heureux de se saisir de la balle dans les pieds de Franceschetti.

C'était encore Josip qui allait être à l'origine et à l'arrivée du premier but olympien : il dribblait trois Sedannais avant d'adresser une remarquable talonnade à Franceschetti. Le Bastiais s'engageait dans les 16 mètres, évitait Tordo, avant de s'écrouler victime d'un fauchage.

C'était le penalty indiscutable que Skoblar réussissait magistralement, prenant Tordo à contre pied (10me).

L'avance au score des Marseillais, qui avaient su se créer les meilleures occasions de but, était parfaitement justifiée.

RÉACTION SEDANNAIS.

Les Ardennais, un moment décontenancés, réagissaient vivement cependant, et le goal olympien devait repousser tour à tour deux terribles coups-francs d'Osim et Dellamore aux 15me et 16me minutes. Puis Carnus devait s'employer sur un tir de Rampant. C'était au tour de Sedan de dominer.

Les déboulées de Wicke et de Dellamore jetaient un certain désarroi dans défense olympienne, qui faisait front tout de même. Toutes les tentatives des hommes de Dugauguez allaient demeurer vaines.

Osim s'avérait être un véritable distributeur de balle, encore qu'il ait parfois tendance à trop ralentir le jeu.

Quant aux Marseillais, ils jouaient désormais repliés, ne laissant délibérément en pointe que Skoblar et Novi. Contre-attaquants redoutables, les deux hommes, qui avaient pris l'ascendant sur leurs adversaires directs, allaient d'ailleurs venir inquiéter à plusieurs reprises Tordo et ses défenseurs sans pour autant trouver le chemin des filets. La mi-temps intervenait sur le score de 1 à 0.

Il s'en était fallu d'un rien, pourtant, pour que Sedan égalisât lorsque Dellamore, à l'issue d'une course de 25 mètres, avait vu son tir repoussé par le poteau.

JOSIP ENCORE.

Menés à la marque malgré une assez nette domination en première mi-temps, les Sedanais avaient-il laissé passer leur chance ?

Probablement sermonnés aux vestiaires par Louis Dugauguez, ils attaquèrent en tout cas tambour battant la seconde période. Ainsi, un corner de Dellamore vint atterrir sur le poteau. Ce même Dellamore eut encore une occasion lorsque, bien placé sur le point de penalty, il ne parvint pas à contrôler la balle (50me minute).

Mais, c'est à la suite d'une action d'Osim que l'on crut l'heure de l'égalisation sedanaise arrivée. Servi de la tête par Rampant au centre du terrain, le grand Wicke, mettant à profit une glissade de Bosquier pour s'avancer à une quinzaine de mètres de Carnus, vit son tir croisé du droit roulait devant la ligne avant de sortir (54me minute).

Les quelques supporters marseillais présents avaient eu chaud...

Immédiatement après, Caron, blessé était remplacé à l'arrière par Cardoni, Collinet faisant son entrée.

L'O.M., comme précédemment avait laissé passer l'orage. Mais les olympiens allaient, peu à peu, prendre la direction du match. Ils eurent même a la 60me minute la balle de 2 à 0 lorsque Nagy se retrouva seul devant Tordo et la suite d'une action lumineuse de Gilbert Gress sur l'aile droite, mais le Hongrois temporisa et tira sur le gardien sedanais.

Il allait se racheter de magnifique façon 10 minutes plus tard. Lancé par Novi, il dribblait Beaurain sur l'aile gauche, filait le long de la ligne de but et adressait un tir précis en direction de Skoblar.

Josip évitait Fugaldi d'une feinte de corps et battait Tordo en finesse pour la seconde fois (70e minute).

Le match était joué. Mais les Marseillais appuyaient de plus belle sur l'accélérateur. Gress échappait à Fugaldi, mystifié Tordo avant de se voir dépossédé du ballon d'une façon pour la moins spectaculaire (74e minute).

Nagy, à son tour, était arrêté in extremis par Medot, alors que, un peu plus tard, on craignait pour Skoblar qui, victime d'un coup, restait quelques minutes au sol avant de se relever.

Le public lui, réclamait un penalty pour une balle de Bosquier.

Sedan brûlait ses dernières cartouches et un tir de Dellamore venait secouer l'extérieur des filets.

Mais il était trop tard pour les Sedanais, qui ne pouvait même pas obtenir la consolation de sauver l'honneur.

Alain PECHERAL

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Le président René GALLIAN :

"La victoire qu'il nous fallait"

SEDAN - C'est une ambiance particulièrement tendue qui régnait dans les vestiaires marseillais.

Chacun, qu'il soit joueur ou dirigeant, avait conscience d'avoir joué et gagné une partie importante, comme le soulignait le président René Gallian :

- Cette victoire, et nous la fallait absolument pour toutes les raisons que vous pouvez imaginer. À la suite des événements qui ont secoué le club et notre arrivée à la barre, nous ne pouvions nous permet de perdre. C'était en outre un match très difficile, car Sedan a véritablement fait le match de sa vie.

Jules Zvunka, après s'être longuement désaltéré, reprenait les paroles de son président :

- Nous, joueurs, sommes bien sûrs satisfaits d'avoir gagné. Mais nous sommes surtout très heureux pour les dirigeants et notre entraîneur, qui sont désormais sur la même barque que nous.

 KURT LINDER :

"JE SUIS SATISFAIT !"

Kurt Linder tirait sagement la leçon du match :

- Je suis satisfait, devait il nous dire, l'équipe a très bien tourné ce soir. Il fallait à tout prix gagner ce match, car prendre un bon début est toujours très important pour la suite du championnat. Les Sedanais, d'autre part, avaient une motivation formidable : battre pour leur retour en Division Nationale, le champion de France et le vainqueur de la Coupe, ce qui compliquait notre tâche d'autant, mais nous avons très bien su contrôler le jeu.

"Et les périodes de domination ardennaise n'ont été imputables qu'à des erreurs de notre part, ce qui revient à dire que nous n'avons jamais subi la loi de nos adversaires".

 MARIO ZATELLI :

"NE SOYONS PAS EXIGEANTS"

Mario Zatelli arborait aussi un large sourire qui contrastait singulièrement avec la mine sombre qui était la sienne avant le match, lorsqu'on s'aperçut que les licences des joueurs étaient restées à Marseille...

- Il ne faut pas être trop exigeant, lança-t-il. Gagner 2 à 0 à l'extérieur, pour le premier match de championnat, ce n'est pas mal du tout. Et cela va nous permet d'aborder le match contre Lyon dans d'excellentes conditions. Je parie qu'il y aura 30.000 personnes, mercredi, au stade vélodrome !

Novi, enfin, nous disait en se dirigeant vers la touche :

- On n'a pas raté notre entrée. J'ai eu peur un petit moment lorsque, alors que nous ne menions que 1 à 0, ils se sont mis à dominer pendant cinq bonnes minutes. Mais je crois que nous avons mieux joué le coup et que notre victoire, en fin de compte, est parfaitement méritée.

 DUGAUGUEZ :

"RÉSULTAT NORMAL !"

Du côté Sedanais, on était loin de se laisser gagner par l'abattement. Louis Dugauguez, un verre d'eau à la main, analysait les raisons de sa de la défaite :

- Il n'y a rien à dire. C'est un résultat normal. Pour les battre, il aurait fallu avoir de la réussite et commettre moins de maladresse. Eux, ils ont eu de la chance et ont été adroits : c'est sans doute cela la classe...

"Et puis, ils ont bénéficié d'un penalty discutable et d'un contre favorable sur le deuxième but. Que voulez-vous faire contre les choses-là ?

"De toute façon, cette défaite ne compromet en rien notre avenir, mes gars m'ont fait plaisir ce soir et, s'ils continuent comme cela, ils feront parler d'eux. D'ailleurs, ils ne joueront pas toujours contre l'O.M...."

A.D.

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