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Résumé Le Provencal

du 21 septembre 1972

 L'O.M., sans Skoblar, piégé à NANCY

Victoire logique des Lorrains sur une contre attaque de Flores (12e minute)

NANCY - Sans y avoir assisté, vous pouvez deviner que à travers ce match de Nancy, se dessinait en filigrane celui de mercredi prochain à Turin.

On a beau s'apprêter à disputer une rencontre important de championnat, il est difficile d'échapper, ne fût ce par la pensée, à l'emprise de la Coupe d'Europe.

Ainsi pouvait-on supposer que l'O.M. allait protéger ses objectifs en entrant sur le stade Marcel Picot. Eh bien, non, l'équipe marseillaise, même si elle en avait l'intention, eut tôt fait de procéder par ordre, c'est-à-dire de se consacrer à l'A.S. Nancy-Lorraine en priorité.

C'est le déroulement du match qui allait lui dicter de tels impératifs.

L'ABSENCE DE SKOBLAR.

Il faut, tout d'abord, faire une précision. Vous savez sans doute déjà que Skoblar, avait du déclarer forfait, par en dernière minute, mais presque. L'absence de Josip, bien entendu, eut une certaine influence sur le sort de la rencontre. Pour ne pas dire une influence certaine.

Mais il est curieux de constater que l'O.M., privé de son buteur patenté, n'a plus la même façon de procéder sur le terrain. Tout le monde, notamment, participe aux attaques, Leclercq, Gress, Magnusson qui sont à l'ordinaire des préparateurs pour leur camarade yougoslave, essayèrent, cette fois, d'être à la conclusion. Ce qui donnait, du haut des tribunes, un jeu plaisant, agréable, où l'O.M., du moins dans les premières minutes, donnait l'impression de contenir sans l'adversaire.

Mais, hélas dans toutes ses diverses combinaisons il est apparu que la présence d'un finisseur faisait grandement défaut dans l'attaque olympienne.

C'est pour cela sans doute qu'un technicien du football a dit récemment, à l'occasion du match de Lyon :

"L'O.M. joue mieux au football sans Skoblar. Seulement voilà, il marque beaucoup moins de but..."

En fait, c'est toute l'histoire de la partie vécue, hier soir, sur le stade Marcel Picot.

QUAND NAGY

JOUE LE "CONTRE"

Nous signalons, plus haut, que l'O.M. fut bel et bien obligé de sortir assez vite de ses réserves. Si tant est que ses intentions avaient été de s'économiser. Personnellement, ce match d'hier soir nous a rappelé celui joué à Sedan lors de la première journée de championnat : à cette différence près que les Lorrains ouvrirent le score, contrairement aux Ardennais.

Dans ces conditions, il est bien évident que la physionomie d'une rencontre change du tout au tout.

Nous avons signalé aussi que les champions de France semblaient avoir pris la direction des opérations. Mais on peut se demander si cette domination apparente n'était pas voulue par l'entraîneur Robin, et surtout par le maître tacticien qu'est Albert Batteux.

Car, Nancy avait misé sur le "contre", ce qui est peu habituel pour des équipes opérant à domicile.

Quoi qu'il en soit, la méthode allait être payante.

Alors que les spectateurs commençaient à dire, çà et là, que leur formation favorite se faisait "endormir", les Lorrains portèrent un coup qui, s'avéra définitif.

Que le tir victorieux de Florès soit consécutif à une erreur de placement de la défense olympienne ne change rien à l'affaire. L'O.M. sans avoir montré son plus mauvais visage, loin de là, n'en prenait pas moins le chemin de sa première défaite. Et ce sur un "contre" façon de procéder dont il connaît pourtant tous les secrets.

UN PREMIER ÉCHEC

ET SES CONSÉQUENCES

En deuxième mi-temps, comme le disait les rugbymen quelquefois, le jeu fut beaucoup plus ouvert. Nancy d'une part, n'avait pas du tout ferme sa garde pour conserver son mince avantage. Kuszowski, pour ne citer que lui, mena trois ou quatre actions tranchantes, et il fallut alors que tout le brio d'un Carnus étincelant pour éviter le pire.

Quant à l'O.M., il était forcé d'appuyer sur l'accélérateur, pour redresser sa situation compromise. Les olympiens auraient même un quart d'heure de nette domination ou l'on put se rendre compte que Nancy savait aussi se défendre.

Mais là, une fois encore, l'absence de Skoblar se fit cruellement sentir.

Combien de fois, pendant cette période, vit-on de maillots blancs arriver en bonne position ? On ne saurait le dire. Aucun, en tout cas, ne put tromper la défense Lorraine, ne fut-ce à la sauvette, comme seul c'est le faire Josip avec l'aide de sa botte magique.

Linder, en dernier ressort remplaça Nagy par Le Boedec. Rien n'y fit !

C'est encore Bonnel qui eut la meilleure occasion, mais Fouché, dans un excellent réflexe, fit s'envoler ce dernier espoir marseillais.

Soyons objectifs : sur le vu de cette partie, Nancy n'a pas volé sa victoire.

Un match nul aurait même été flatteur pour les olympiens.

Est-ce à dire qu'il faille s'alarmer outre mesure après ce premier échec de la saison ? Bien sûr que non.

L'O.M., singulièrement diminué, s'est heurté de surcroît à une très bonne équipe lorraine.

Nancy, c'est certain, en battra beaucoup d'autres, surtout s'il opère toujours de la sorte.

Il n'en reste pas moins que le Linder devra revoir quelques points de détail avant d'envisager la deuxième manche avec les champions d'Italie.

Mais, là, il récupérera Josip Skoblar. Le match d'hier soir nous a prouvé qu'il s'agit d'un argument de poids...

Jean FERRARA

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ZATELLI : " Ca devait arriver"

LINDER : "Nous avons été pris de vitesse"

NANCY - Cela faisait bien longtemps que nous n'avions pas vu, dans les vestiaires marseillais, des mines aussi défaites et des visages aussi atterrés.

Si l'on excepte le match des champions, joué à Toulon contre Bastia, c'est en effet au printemps dernier qu'il faut remonter pour trouver date de la dernière défaite olympienne.

L'annonce de l'invraisemblable défaite niçoise au stade du Ray ne parvenait même pas à dérider les visages.

En l'absence du président Gallian, souffrant toujours une tenace sciatique, c'est Mario Zatelli qui devait nous dire :

"Cela devait arriver. D'habitude, notre première défaite intervient environ à la mi-octobre. Cette année, elle arrive un peu plus tôt, au mois de septembre. Et il vaut mieux que cela nous arrive à l'extérieur, qu'au stade vélodrome.

"Regardez, Nice : ce qui lui est advenu ce soir est beaucoup plus grave que notre propre mésaventure ; les Niçois payent à mon avis le contrecoup de leur récent exploit de Saint-Étienne".

Retrouvant sa légendaire bonne humeur, le coach ajoutait dans un sourire :

"Et puis, il fallait bien perdre un jour : alors, autant le faire ici, à Nancy, où je ne compte que des amis".

ZVUNKA :

"AH CETTE DÉFAITE"

Rasoir en main, le capitaine Jules Zvunka était visiblement très déçu.

"Nancy, reconnaissait-il, est décidément notre bête noire. On n'arrive que rarement à obtenir un résultat positif ici.

"Je pensais que nous y parviendrons cette fois-ci. Mais après tout, c'est notre troisième match en 8 jours. N'importe, la première défaite est vraiment dure à avaler".

Kurt Linder, pour sa part, arborait un visage impénétrable, semblant n'accorder à cette défaite que l'importance qu'elle mérite.

"Ce soir, il n'y avait rien à faire. Les gars n'avaient pas de jus et n'étaient visiblement pas dans le coup, alors que les Nancéiens se montraient beaucoup plus agressive, plus rapides sur le ballon et, de ce fait, ont dû prendre un peu un très net ascendant. Et je crois qu'il faut rendre hommage à nos adversaires qui n'ont vraiment pas volé leur succès.

"Mais, à toute chose, malheur est bon ; car je crois que la victoire d'Angers à Nice est une bonne chose pour nous".

Antal Nagy, déjà rhabillé, roulait à la ronde des yeux noirs :

"Que voulez-vous, lorsqu'on joue à l'extérieur, il convient avant tout de ne pas prendre de but car, alors, la tâche devient insurmontable. Nous n'avons pu y parvenir en dépit du grand match de Carnus.

"En ce qui me concerne, je ne suis évidemment pas satisfait car je n'ai pas conscience d'avoir donné le meilleur de moi-même. Je crois que je ne suis pas fait pour occuper le poste d'avant-centre. À l'aile, j'aurais peut-être pu rendre de plus grands services, surtout si Josip avait été là".

Opinion corroborée par Georges Carnus, le héros du match qui déplorait l'absence du Yougoslave : "Avec lui, les choses ne seraient passées différemment, car nous n'avons pas été vrais m'a vraiment dangereux, mises à part les deux occasions de Zizou".

Bonnel, avec qui ces propos étaient adressés, acquiesçait de la tête. "Oui, nous avons tenu le coup une mi-temps, puis nous nous sommes désunis".

Le mot de la fin été pour Lopez qui ne pouvait s'empêcher de jeter lugubrement : "Et en plus j'ai écopé d'un avertissement !".

M. CUNY :

"LA MANIÈRE AVANT TOUT"

Il est évidemment superflu de préciser que l'ambiance était bien différente dans les vestiaires nancéens. Chacun éprouvait le sentiment du devoir accompli et savourait la victoire acquise de haute lutte.

M. Cuny, le président, nous disait : "Cette victoire nous fait doublement plaisir d'abord parce qu'elle a été acquise sur le champion de France, et surtout parce qu'elle a été acquise en y mettant la manière. Je crois que notre victoire est indiscutable et c'est peut-être là la meilleure preuve des progrès que nous avons pu effectuer sur le plan technique".

Yves Herbet, auteur d'un match excellent, était félicité par ses amis : pour ses performances, bien sûr, mais aussi parce qu'il avait pronostiqué la victoire nancéenne par 1 à 0.

"Il n'y a pas de problème, lançait-il à la ronde ; il faudrait être vraiment de mauvaise foi pour prétendre que nous n'avons pas mérité cent fois de nous imposer, ce soir. Mais j'espère que cette désillusion ne nuira pas à la carrière européenne de l'O.M."

Alain PECHERAL

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Première défaite

de l'O.M. à Nancy (0-1)

NANCY - Le stade Marcel-Picot est l'un des rares terrains de France - il n'y en à guère que 4 ou 5 - ou l'O.M. ne détient pas le record d'affluence.

Celui-ci, qui est de 19.172 spectateurs, appartient depuis le 19 avril dernier à un Nancy - Reims de Coupe de France.

Et du côté de la place Stanislas, on se demandait depuis plusieurs jours avec insistance si ce chiffre allait être dépassé.

Mais, qu'il le soit ou non, il reste que la venue des champions de France en Lorraine aura suscité un engouement assez extraordinaire, ainsi qu'en témoigne la location qui, dans les heures même précédant le match, a continué de fonctionner à cadence accélérée.

Et bien avant l'heure de coup d'envoi, les tribunes étaient déjà abondamment garnies.

Deux raisons à cela : tout d'abord le fait que le public nancéien n'avait pas eu l'occasion de voir évoluer les champions de France depuis deux ans, puisque l'édition 71 avait eu lieu à Reims. Ensuite, une température exceptionnellement douce et véritablement idéale pour une soirée de football.

C'est donc dans les meilleures conditions requises pour ce sommet que M. Uhlen libéré à 20 h. 30 précises les deux équipes, alors que les tribunes continuaient de se garnir.

Côté marseillais, on le sait, Skoblar avait dû renoncer, Magnusson retrouvant ainsi son numéro 8.

La défection aussi chez les Nancéiens : l'Argentin Castronovo, victime d'une élongation et qui était remplacé au centre de l'attaque par Antoine Kuzowski.

Les deux équipes s'alignaient donc comme suit :

O.M. : Carnus, Lopez, Bosquier, Zvunka, Kula, Buigues, Gress, Magnusson, Bonnel, Nagy et Leclercq.

Douzième homme : Le Boedec.

NANCY : Fouche, Palka, Formica, Lopez, Lemerre, Chenu, Herbet, Vicq, Kuzowski, Forest et Mariot.

Douzième homme : Flattini.

FLORES OUVRE LE SCORE

Avant même que les hostilités ne s'engagent, le public nancéien avait l'occasion de manifester sa sportivité en applaudissant l'équipe marseillaise : une attitude totalement ignorée dans l'arène du boulevard Michelet.

La première action dangereuse avait été marseillaise : un long centre de la gauche de Bonnel contraignant Fouche à dégager aux poings.

La balle, récupérée par Magnusson créait une situation confuse devant le but lorrain, et l'O.M. obtenait son premier corner qui d'ailleurs ne donner rien.

Puis c'était au tour de la défense olympienne d'être l'ouvrage sur un bon tir appuyé de Vicq décoché des 25 mètres, la balle passant légèrement au-dessus de la transversale (4e).

Le jeu, pour l'instant, n'était guère rapide, chacune des deux formations demeurant visiblement sur une certaine réserve.

Mais un loupé de Zvunka allait quelque peu ranimer l'ambiance : manquant sa reprise de volée, il servait Kuzowski dans d'excellentes conditions. Heureusement, le blond Nancéien croisait trop son tir (7e).

C'est ensuite Carnus qui devait intervenir de belle façon sur un long centre aérien de l'arrière Formica.

Nancy prenait peu à peu la direction des opérations alors que l'O.M. opérant au petit trot et occupant massivement le milieu du terrain, cherchait, de toute évidence à geler le jeu.

Mais une action confuse sur l'aile droite aller coûter cher aux marseillais coupables de deux erreurs de défense consécutives : Chenu récupérait le ballon et servait Flores qui, des seize mètres, légèrement en coin, tromper Carnus d'un tir remarquable de finesse et de précision (11e).

L'argentin avait su merveilleusement utiliser le premier ballon qu'il touchait !

KUZOWSKI RATE LE K. O.

L'O.M. réagissait timidement par un tir de Nagy (12e). Mais C'est Mariot qui, à la suite d'un slalom ponctué d'un tir puissant, donnait une fois encore le frisson aux supporters marseillais (15e).

L'O.M. pourtant ne baissait pas les bras. Un "une-deux" Nagy - Gress mettait même ce dernier en bonne position de tir : Gress cependant ne faisait contrer.

L'action suivante voyait Magnusson signaler hors jeu, mais non sifflé, ne pas croire à sa chance, et laisser échapper une belle occasion.

Un bon tir de Gress (22e) passait lui aussi à côté du but de Fouche, cependant que Carnus devait intervenir en catastrophe sur une action de Flores et Kuzowski.

L'ex-Rémois excellent au demeurant, allait à la 27e mn laisser passer l'occasion du K.O. définitif. Servi dans des conditions idéales par Vicq, auteur d'une splendide descente. Il ne pouvait que tirer sur Georges Carnus bien sorti à la 27e mn.

Dans la minute suivante, Leclercq donnait un aperçu de son désormais célèbre pied gauche en plaçant un bolide à quelques centimètres de la cage de Fouche.

Mais ce sont les Nancéiens bien emmenés par Herbet, virevoltant en diable qui menaient les actions les plus dangereuses, alors que chacune des tentatives marseillaises venaient inexorablement butter sur infranchissable rideau rouge tendu par défense lorraine.

Incontestablement, il manquait un finisseur dans l'axe des buts. C'est donc fort logiquement que l'O.M. se voyait mené au score à la mi-temps.

CARNUS SAUVE L'O.M.

La deuxième mi-temps commençait bien mal pour l'O.M., Lopez et Zvunka heurtaient et le capitaine restait quelques minutes au sol avant de reprendre courageusement sa place.

Mais c'est surtout un centre aérien de Mario, cueilli par Carnus du bout des doigts et en deux temps, que venait le danger.

S'il n'avait à la pause procédé à aucun changement numérique dans son équipe Kurt Linder avait toutefois permuté Leclercq et Nagy.

Une action de Mario allait, une fois encore, jeter le désarroi dans les rangs de l'O.M., son centre aérien surprenait tout le monde hormis Florès, dont la reprise de la tête à bout portant n'était arrêtée par Carnus qu'au prix d'une incroyable envolé (49e).

Puis, Vicq, une fois de plus, brûlait la politesse à une nuée de maillots blancs avant de s'écrouler à la limite surface de réparation.

M. Uhlen n'accordait qu'un coup franc au grand dam des Nancéens qui réclamaient un penalty, mais il était bien évident que les choses se présentaient de plus en plus mal pour l'O.M. incapable d'imposer sa loi.

Le public ne s'y trompait pas qui scandait sur l'air des lampions à l'adresse des marseillais "ils sont vexés, ils sont vexés".

Un nouveau bolide de Kuszowski venait percuter la transversale (58e).

L'O.M. pourtant allait à son tour bénéficier d'une occasion très nette lorsqu'à la suite d'un coup franc tiré par Gress, Bonnel échouait in extremis devant Fouché et Lopez (62e).

Kurt Linder décidait alors de remplacer Nagy, assez effacé, il faut le dire, par Le Boedec.

Mais c'est Kuszowski, encore lui, qui à la suite d'une ouverture de Chenu, puis d'un corner contraignait Carnus à effectuer deux nouveaux arrêts extrêmement difficiles (67e et 68e minutes).

N'en doutons pas, à défaut de préserver le point du match nul, le gardien international était en train d'éviter à son équipe une véritable déroute.

Il était à nouveau à l'ouvrage sur un centre tir de Mario, décidément très en verve (75e minute), puis sur une action d'Herbet qui amenait un corner, et une reprise de la tête de Kuszowski (77e minute).

On attendait le 2e but nancéen, avouons-le largement mérité. Mais il tardait à venir. Kuszowski, démarqué par Herbet, et seul devant Carnus à terre tirait.. à côté (80e minute).

Dans la minute suivante, le gardien marseillais était tout heureux d'arrêter du postérieur, un tir fulgurant de Chenu.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'O.M. allait rater d'un cheveu l'égalisation lorsque, reprenant de plein fouet un centre de Leclercq, Bonnel plaçait un tir terrible du point de penalty, repoussé à grand-peine par Fouché.

Mais c'était là la dernière cartouche de l'O.M. et c'est dans un stade en délire que M. Uhlen sifflait la fin du match, ponctuant la victoire nancéenne sur le champion de France.

Alain PECHERAL

 

 

 

 

 

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