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Résumé Le Provencal

du 20 novembre 1972

 SALIF SUR LE PAVOIS !

En deuxième mi-temps, la marée verte

faillit emporter les Olympiens

Hervé Bazin serait plus indiqué que nous, pour commenter cette rencontre.

Dans la mesure, toutefois, ou les équipes de football forment une grande famille.

C'est donc vipère au poing que Salif Keita, né au grand football à Saint-Étienne, a causé la défaite de son ancienne équipe.

Plus qu'une victoire, une revanche.

Les motifs ne nous intéressent pas, mais les faits, étalés au petit jour de cette grise journée d'automne, sont indiscutables.

Deux buts quasiment individuels. Deux buts ne devant que le minimum indispensable au jeu de l'équipe.

Dans le premier cas, la félinité du coup de patte de Salif a surpris deux défenseurs stéphanois, pourtant à la réception du centre de Skoblar.

Dans le deuxième cas, son extraordinaire détente verticale à propulser sa tête très haut par dessus la mêlée formée d'adversaires et de partenaires.

M. Gallian devait être, hier après-midi, le plus heureux des présidents.

Son coup de poker a doublement payé, dès la première donne.

Record de spectateurs pour la saison et victoire, sur Saint-Étienne (la bête verte des olympiens) grâce à Salif Keita.

 LE BON DÉPART

OLYMPIEN

Pourtant on a pu croire, jusqu'à huit minutes de la fin exactement que ces diables de Stéphanois, malgré la présence dans l'autre équipe de trois de leurs anciennes vedettes, allaient une fois de plus, se jouer du pronostic.

C'est que la rencontre avait comporté plusieurs épisodes.

À la 30e minute, l'O.M. menait par 2 à 0.

Ses deux premiers tirs dans l'encadrement avaient fait mouche.

On envisageait donc un succès olympien extrêmement net, en partant du principe que quand l'équipe supposée la plus forte a de la réussite, ce n'est qu'un petit commencement.

Mais, à cinq minutes de la mi-temps, Revelli réduisait l'écart.

Tant et si bien que l'on put se demander, pendant le quart d'heure de pause, si le plus difficile ne restait pas à faire pour les Olympiens.

 UNE DEUXIÈME

MI-TEMPS

STÉPHANOISE

On ne croyait pas si bien penser car, durant les quarante minutes suivantes, le vert prima le blanc sur le terrain.

Cette supériorité stéphanoise se marqua par 8 corners à 2 (9 à 5 en première mi-temps), et à plusieurs reprises, l'égalisation ne tint qu'à un trois fois rien.

A la surprise générale, l'O.M. sur son terrain devait jouer en contre-attaque, sa défense renforcée ne reculant devant aucun expédient, chandelles, dégagements en touche ou en corner, pour écarter la menace stéphanoise.

À mesure que le temps passait, une évidence commençait à se dégager du décousu du jeu.

Quand l'équipe dominatrice ne marque pas, elle s'expose toujours à encaisser un but d'elle-même.

C'est exactement ce qui se produisait. Un exploit athlétique et technique de Keita transformèrent le possible 2 à 2 en un net 3 à 1.

Rien de plus banal en football, ou l'inefficacité chronique est toujours pénalisée.

 L'O.M.

SANS AILIER

Il reste que nous avons assisté à une rencontre extrêmement vivante, fort disputée et passionnante jusqu'au bout, pour cause d'indécision.

Sur le plan tactique, le moins que l'on puisse écrire et que les deux équipes se cherchèrent.

Saint-Étienne, visiblement gênée dans son jeu par le marquage de Keita, mit une bonne mi-temps avant de s'apercevoir que changer Bereta de cette basse besogne était une colossale erreur.

L'O.M. et l'on devait s'y attendre, n'a pas encore assimilé la forte personnalité de Salif Keita.

Il apparut, également, que deux faux ailiers étaient toujours beaucoup pour une seule équipe.

Mais là, il semble bien que le problème soit presque insoluble, à ce niveau.

Il est tout de même dommage, alors que le tandem (encore en rodage) Skoblar - Keita contribue à créer de larges boulevards sur les ailes, qu'il n'y ait personne capable d'en profiter à plein.

Il est certain, dans l'actuel contexte olympien, qu'un véritable ailier se régalerait, si vous nous passez cette expression populaire.

 UN JEU

DE TRANSITION

Pour tous ceux qui suivent l'évolution du football, cette rencontre a confirmé une opinion majoritaire.

À savoir que le jeu actuel est encore de transition, entre celui d'hier et celui de demain.

Ce que nous avons vu hier, dans son intensité, ressemblait un peu trop à du rugby.

Des mêlées, une multiplication des passes courtes, comme si les joueurs doutaient de leur technique.

De part et d'autre, le flux et le reflux étaient très lents, le ballon plus porté que frappé.

En fait, aucune équipe ne réussit à mettre franchement l'autre hors de position, ce qui est, dû, essentiellement, à l'absence de prise de risque dans le jeu offensif.

Pardonnez-nous ce perfectionnisme.

Au niveau français, la rencontre fut de qualité et la victoire de l'O.M. prometteuse, même si très contestée par Saint Etienne.

Que demander de plus ?

Maurice FABREGUETTES

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L'offrande du matador

Il éleva les deux bras vers le ciel, les poings serrés, incantation probable et muette vers un Dieu, noir évidemment, du football. Puis il se souvint du public, et accomplit alors un assez extraordinaire "quart de tour" d'honneur, accompagné d'acclamations, tel un torero venant d'estoquer son toro de façon magistrale. Pourquoi fallut-il alors que passant devant Roger Rocher, Salif Keita ne lui adresse, venant après ceux du triomphe, un de ces gestes que l'on dit "vilains", la paume de sa main gauche frappant son avant-bras droit de façon significative ? Jeu de main, jeu de malien...

Il venait de "mettre à mort" Saint-Étienne d'un superbe coup de tête, mettant un terme à toute équivoque, alors que l'issue du combat était encore douteuse. Cela aurait pu suffire à son bonheur ! D'autant plus que l'O.M. grâce à ce haut fait de son dernier transfuge forézien prenait enfin l'avantage sur son éternel rival, une victoire lourde de conséquences, puisque coïncidant avec un échec du leader niçois.

Salif, qui avait eu, pour ainsi dire le dernier mot, avait également entrouvert la porte au succès marseillais, à la 22e minute, quand étendant sa longue jambe sur la trajectoire d'un centre de Skoblar, il avait dévié la balle hors de portée de Curkovic.

Entre ces deux actions marseillaises, et ô combien déterminante, Keita avait connu selon l'expression consacrée, des "fortunes diverses", montrant parfois le bout de l'oreille par les actions personnelles percutantes, mais parvenant difficilement à accorder son jeu avec celui de ses partenaires.

C'était ainsi qu'on attendait dans notre ville, monts et merveilles de l'association de rêve Skoblar - Keita, qui ne fonctionna pour ainsi dire jamais, car nous ne pouvons considérer comme une véritable combinaison l'action qui amena le premier but, si utile fut-elle. En fait, et en dehors des deux buts - un bilan dont la plupart se contenteraient - Salif ne se trouva que deux fois en position de tir, manquant sa tentative, à la 9me minute, mais inquiétant sérieusement Curkovic - déboulé, achevé par un tir très sec - à la 72me minute, le gardien yougoslave devant arrêter en deux temps.

Keita, on le sait, est un joueur de contre-attaque, le compas développé de ses longues jambes étant plus propice aux grandes chevauchées dans les espaces dégarnis que vraiment apte au combat de près.

Mais, en seconde mi-temps, alors que l'O.M. était à son tour dominé. La balle lui parvint rarement dans les meilleures conditions.

Salif Keita de toute façon, n'en a pas moins réussi ses débuts marseillais au-delà de toute espérance.

"N'oubliez pas, nous a-t-il dit après coup, que je n'avais pas joué un match, même amical, depuis six mois, et qu'il n'était pas aisé pour moi de débuté dans ces conditions, avec un match aussi serré, contre un adversaire qui me connaissait aussi bien.

"Je puis vous avouer que j'ai beaucoup souffert, ce qui explique une production par à-coups. Mais aussi que je suis doublement satisfait : par la victoire de l'O.M. ce qui est de loin le principal, et évidemment par ma réussite personnelle !"

Dans le vestiaire stéphanois, en revanche on n'appréciait pas tellement le "bras d'honneur" de Salif.

"Et dire qu'il s'agit d'un garçon qui doit tout à Saint-Étienne !" soupirait Pierre Garonnaire, alors que le président Rocher était plus violent dans ses propos.

Mais les anciens coéquipiers de Keita ne paraissaient pas autrement épouvantés par son attitude et en appelaient au calme et à l'autocritique, n'ignorant rien de ce qui peut échapper un athlète dans le feu de l'action, aussi incongru que cela puisse paraître !

Louis DUPIC 

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De KEITA

l'ardeur vengeresse

On peut toujours, comme certains sont toujours prêts à le faire, discuter du fond et de la forme du sport. Les mêmes le trouvent absurde et inutile.

Mais la passion sportive existe.

Méconnue quelquefois, franche et loyale souvent, elle existe.

La vie de tous les jours nous fait comprendre et admettre ce qui déchaîne les passions : le jeu qui précipite l'homme dans la déchéance ; l'amour qui peut en faire un assassin ; l'appât de l'argent qui le pousse, toute honte bue, à aller plus loin que ses ressources pour devenir escroc, faussaire et toucher à un degré qui n'est plus le sien.

Notre société admet, répétons-le, avec réticence peut-être, ce que l'autre par elle punit insuffisamment.

En regard, ce que le sport déclenche sur le terrain passionnel porte toujours à sourire. Que Akii Bua le vainqueur fou du 400 mètres haies de Munich tombe en prière sur la piste après sa victoire, que Jacky Stewart pleure sur le capot fumant de sa voiture accidentée arrêtée au bord de la piste, ou que le boxeur battu plonge dans un profond désespoir, sans autant d'exemples qui heurtent les bons esprits et les rigoristes jusqu'à les choquer.

C'est le côté théâtral, a-t-on pour habitude de dire de ces vedettes du stade.

Et pourtant, la passion sportive, comme les autres, n'a de valeur qu'en soi.

Il n'y a que Keita lui-même, et lui seulement pour sentir et analyser ce que fut sa réaction quand il signala son deuxième but. C'était six mois d'attente et d'espoir concentrés en un seul geste. C'était l'envahissante revanche dont il goûtait tout de sel et qu'il jeta en guise de vengeance à la fin de ceux qui furent autrefois ses dirigeants.

Oui, c'était l'éclatement d'une passion contenue mais trop durement exprimée et critiquable dans son essence.

Son tour d'honneur à la César prit un tout autre sens. Il était ni ridicule ni superflu aux yeux de quarante mille complices qui lui firent un triomphe.

À chaud, le peuple des stades comprend et partage des passions. Il userait même de sorcellerie pour faire gagner les siens. Il n'y a que l'observateur ou le témoin hors de la situation qui peut juger sereinement.

Keita voulait un fracas pour sa rentrée. Il l'a eu.

Cela dit, je n'affirmerais pas que Salif Keita est le sauveur de l'O.M.

Du moins, je ne l'écrirai pas encore.

Parce qu'avant lui il y avait déjà eu un messie de longue durée avec Josip Skoblar : et puis un apôtre du football qui, pour venir du Nord n'en avait pas moins le jeu vif des Latins. L'histoire des victoires de l'O.M. est remplie de son nom. C'était Magnusson.

Il faut, par ailleurs, attendre que l'extraordinaire transplantation du footballeur malien dans le corps jusqu'ici malade de l'O.M. n'offre aucune possibilité de rejet.

Quant aux deux grands buteurs jouent côte à côte, a affirme Maurice Fabreguettes, les possibilités de but ne s'additionnent pas, mais se complètent. Le ballon ne se trouve qu'à un endroit donné pour préparer le but. Et il n'est toujours que dans une seule paire de pieds.

Il faudra donc traiter dans le temps le complexe possible d'associabilité entre Keita et Skoblar. Il faudra aussi que les deux hommes se connaissent et s'apprécient. La vie de deux super-vedettes sous les feux de la célébrité ne s'accommode pas toujours des règles intransigeantes de la mise en scène ou des séquences du choc.

Pour avoir déjeuné en leur aimable compagnie quarante-huit heures avant le match dans leur repaire de Nans-les-Pins, je crois avoir senti que le pouvoir de réflexion de l'un pouvait fort bien se servir de l'intelligence subtile de l'autre.

Il n'y a que les sots pour se nourrir toujours des mêmes mets.

En allant au fond des réalités pour bien admettre qu'elles n'ont pas un caractère providentiel ou provisoire, on pourra peut-être dire que Salif Keita est, pour l'O.M., le trait d'union entre ce qui fut et ce qui sera.

C'est un premier enseignement heureux et rassurant.

Ce qui n'est pas si mal.

Mais ne signifie pas que l'O.M. a joué comme on s'y attendait sous les effets du sérum malien.

Ils étaient quarante mille pour le constater.

Quarante mille !

Que voilà des chiffres du bon vieux temps. Ce qui tentait à prouve que les foules ne s'intéressent qu'en dernier ressort aux soubresauts internes des clubs.

Ce sont les acteurs, et eux seuls, qui fixent leur fidélité et leur attention.

Mais ça, on le savait déjà.

Lucien d'APO

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Le choeur des Marseillais : "Enfin...!"

"Enfin !" C'était le mot du jour dans le vestiaire olympien.

Bien peu parmi les joueurs en effet avait déjà pu, depuis qu'ils portent le maillot blanc, venir à bout du grand rival stéphanois.

Pour Zvunka, Novi, Kula, Bonnel, Skoblar, ce dimanche était celui de la revanche, d'autant plus appréciée qu'elle avait été patiemment attendue...

Et pour les autres, ceux qui naguère encore, faisaient partie du club forézien, la victoire n'en avait pas moins une saveur particulièrement agréable.

Bernard Bosquier, par exemple, déclarait avec un large sourire :

"Ce qui compte avant tout bien sur, ce sont les deux points que nous empochant et que nous reprenons aux Niçois par la même occasion, puisqu'ils ont perdu à Nancy. Il y a trois semaines, on disait que Nice avait course gagnée. Aujourd'hui, je crois qu'on ne peut plus être aussi catégorique...

"Mais j'avoue ressentir aussi une très grande satisfaction personnelle ; une profonde joie intérieure qui me semble somme toute bien naturelle : lorsqu'on quitte un club dans des conditions peu particulières, comme Georges (Carnus), Salif et moi-même avons dû le faire, on a toujours une petite revanche à prendre. C'est désormais chose faite."

KEITA : LES DÉBUTS

QU'IL ESPÉRAIT

Georges Carnus était, lui beaucoup plus nuancé dans ses propos :

"Peu importe au fond que ce soit Saint-Étienne que nous ayons battu aujourd'hui. Il fallait gagner et nous avons rempli notre contrat nous devons nous tenir prêts à bénéficier, comme aujourd'hui de la moindre défaillance niçoise.

"Avec Salif et Josip devant, je crois que bien peu pourront nous résister. Il est bien connu que deux joueurs de classe ne peuvent que s'entendre... D'ailleurs vous avez vu comment moins ce qu'à fait Salif aujourd'hui..."

Le héros du jour précisément, vite rhabillé, était calmement assis sur un banc, en train de répondre aux nombreux journalistes qui s'empressaient autour de lui. Avec une exubérance beaucoup moins grande que celle qui venait d'afficher sur le terrain.

"Le 19 novembre est décidément une date qui me réussit. Il y a cinq ans, je jouais mon premier match avec Saint-Étienne et je marquais un but. Et cet après-midi, j'ai effectué le début que j'espérais.

"Car, je dois dire qu'après six mois passés sans disputer le moindre match, j'ai tout lieu de me montrer satisfait... Je crois que le problème de mon intégration à l'équipe a vite été résolu. C'est là l'essentiel car le championnat est encore long".

KURT LINDER : "IL NE

FALLAIT PAS DOMINER" !

Adossé à un mur, un peu à l'écart comme toujours après le match, Kurt Linder donnait son sentiment. En tentant, sans toujours y parvenir, de conserver un masque impassible :

"Si je suis heureux ? Bien sûr et c'est normal, surtout après une telle tension nerveuse ; car, durant un long moment en deuxième mi-temps, le sort du match aurait bien pu basculer.

"Mais, je crois que nous avons joué aussi ainsi qu'il convenait. Contre une équipe comme Saint-Étienne, il ne faut pas dominer. Vous remarquerez d'ailleurs que nos deux derniers buts ont été consécutifs à des contre-attaques.

"Si nous avions commis l'erreur de supporter entièrement la conduite du match, nous aurions certainement été beaucoup plus exposés.

"Il reste que je suis extrêmement satisfait du comportement de Keita qui va nous donner désormais beaucoup plus de mordant en attaque.

"Cette semaine, on a beaucoup parlé des exploits d'un certain Gerd Muller. Eh, bien, je ne suis pas sûr du tout qu'il aurait réussi le deuxième but qu'à inscrit Salif.

Avec un peu plus de compétition dans les jambes, il devrait former avec Skoblar un fameux tandem".

Mais, comme le disait quelqu'un dans le brouhaha général, il suffira qu'ils en fassent autant à chaque match... et dès dimanche contre Bordeaux !

M. ROCHER : "NOS JOUEURS

NE MÉRITAIENT PAS

CETTE DÉFAITE "

Dans le vestiaire stéphanois, les joueurs se montraient déçus, mais non pas abattus.

"Cela fait bien longtemps que nous n'avions pas perdu ici, confié le président Rocher. Et, cette défaite me peine, surtout pour nos jeunes éléments, qui se sont bien battus et aurait mérité d'obtenir un meilleur résultat.

"Mais, ils ont fait ce que l'on attendait d'eux et c'est là pour nous un élément de satisfaction non négligeable".

Quant à Robert Herbin, il déplorait surtout que ses garçons soient entrés sur le terrain beaucoup trop contractés : "L'ambiance et le climat créé autour du match les ont paralysés, durant de trop longues minutes. Nous sommes tout de même passés bien près d'un match nul !"

Alain PECHERAL

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3-1 pour l'O.M. : St ETIENNE vaincu... NICE en vue

À l'appel de M. Frauciel sous un ciel nuageux très menaçant, les deux équipes se présentent sur le terrain, follement acclamées. Les formations sont conformes à celles annoncées, c'est-à-dire pour Saint-Étienne Curkovic, Broissart, Lopez, Piazza, Farison, Bereta, Larqué, Santini, Revelli, Sanlaville, Repellini et pour l'O.M. : Carnus, Trésor, Bosquier, Zvunka, Kula, Novi, Bonnel, Gress, Keita, Skoblar, Leclercq, Franceschetti est absent, souffrant à nouveau de maux d'estomac.

Dès l'engagement, Keita exécuta sur l'aile gauche une percée décidée, Piazza, l'argentin intervient avec beaucoup de décision et de fermeté pour dégager son camp, quelques instants plus tard, Gress descend à son tour et adresse une "pichenette" à Curkovic. À la 2e minute, Saint-Étienne obtient le premier corner de la rencontre. Repellini le donne sans résultat, une minute plus tard, un deuxième corner et à l'actif de Gress. L'O.M., se voit attribuer un coup franc à la limite des 18 mètres. Skoblar expédie une balle arrêtée avec aisance par Curkovic. C'est le round d'observation mais on sent les deux équipes nerveuses et contractées. Un centre de Leclercq permet à Skoblar de faire une tête qui passe au-dessus de la transversale (6e). Stéphanois et Marseillais sont tous à l'ardeur de la bataille et en oublient les questions de tactique et de placement sur le terrain. Kula (9e minute) envoie un centre dangereux que le gardien yougoslave stoppe avec beaucoup de facilité et puis c'est un méchant coup de pas de Keita gêné par Piazza (10e minute), Sanlaville (17e) adresse un tir méchant à Carnus bien placé. Gress, bénéficie d'un nouveau corner (18e), puis le Repellini de volée essaie de surprendre Carnus, mais celui-ci s'attendait à cet effet (20e). Les deux équipes se surveillent et opèrent pratiquement à égalité, leur football n'est pas d'une tenue époustouflante.

KEITA BAT CURKOVIC

A la 22e minute, fureur dans le stade, Skoblar centre, Kula s'efface et Keita glisse le cuir hors de portée de Curkovic (O.M. : 1 - Saint-Étienne : 0).

Voilà une garantie pour les locaux que devait leur permettre d'envisager la rencontre avec davantage de sérénité.

À la 25e minute, un superbe but de Bonnel est refusé pour un hors jeu manifeste.

Piazza toujours très en vue, effectue une montée et décroche son tir sévère sur le gardien des blancs.

BUT SURPRISE DE NOVI

A la 31e minute, surprise Novi, en position d'ailier droit shoote très vite et surprend Curkovic. O.M. : 2 - Saint-Étienne : 0.

Après une série de "séquences" confuses, arbitre accorde aux Foréziens un coup franc à l'intérieur des 18 mètres, Bereta le botte, Carnus lâche la balle P. Revelli surgit en trombe s'empare de la sphère et la loge dans la cage phocéenne. O.M. : 2 - Saint-Étienne : 1.

Une balle vicieuse de Bereta oblige Carnus à concéder un septième corner ! mais l'on s'achemine doucement vers la mi-temps. Le ciel s'assombrit de plus en plus quand M. Frauciel rappelle les deux onze.

L'O.M. contre attaque et Bonnel fait un heading de près à ras de terre que Curkovic a bien du mal à repousser (56e minute), Lopez riposte de la même manière mais en hauteur et à côté de la cage. À la 61e minute, Sanlaville tente sa chance. Carnus bloque mal le cuir ! Encore un heading de Lopez, un centre de Sanlaville, l'O.M. n'est pas très à son aise. Bosquier "descend" Lopez qui paraît souffrir (68e minute) on va chercher un brancard mais le stéphanois reprend sa place.

TÊTE VICTORIEUSE

DE KEITA

Keita fonce et parcourt 40 mètres la balle au pied, shoote dans sa foulée mais le gardien stéphanois est à la parade (73e), Zvunka dégage mal une balle qui frôle la transversale, c'est un corner pour Saint-Étienne, sur une combinaison Repellini, Bereta, Carnus à des ennuis (80e) on entame dernière acte toujours un but d'écart.

À la 84e minute, sur une passe de Kula, Keita estoque Curkovic, d'un heading superbe.

O.M. : 3 - Saint-Étienne : 1.

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions que l'on se pose

La revanche de SALIF...

La première question concerne évidemment le fameux "geste" après le 3e but de l'O.M., signé Salif Keita ?

M. Marcel Poujenc, qui est un spécialiste de ce genre d'affaires nous a dit d'un air pessimiste après la rencontre.

"J'ai peur. J'ai même très peur que Salif écope d'un ou deux matches de suspension. Vous savez en général, cette sorte de plainte, car plainte, il y aura, ne pardonne guère..."

Le président Rocher, à qui en principe s'adressait la manifestation que l'on sait, était bien entendu en colère. Son éternelle pipe entre les dents, il ne se privait pas dans les vestiaires stéphanois de dire sa façon de penser.

"C'est inadmissible ! Quand on est un footballeur professionnel, et surtout de la classe de Salif, on n'a pas le droit de se comporter ainsi sur un terrain de football. En tout cas, je ne laisserai pas les choses en état. 40 000 spectateurs étaient présents, une fois de plus Keita devra rendre des comptes..."

Donnons maintenant la parole au Docteur Corenthin, conseiller du joueur malien.

"Je reconnais, nous a dit, que Salif aurait pu se dispenser d'une telle réaction. Je lui avais d'ailleurs demandé avant la partie de jouer au football. Sans tenir compte d'autres considérations.

"Seulement, vous savez, il faut se mettre à la place de ce joueur, injustement suspendu pendant six mois par la faute de son ex-président.

"Salif à un moment donné, ne savait plus s'il pourrait de nouveau le retrouver toute sa condition. Je l'ai vu pour ma part, au bord du désespoir en plusieurs occasions.

"Alors qu'il ait voulu extérioriser ainsi un long sentiment contenu, et presque normal. Je pense qu'on ne doit pas, considérer la faute plus grave qu'elle ne l'est en réalité.

"C'est bien plus une revanche intérieure qu'une geste de méchanceté. Il faut l'excuser..."

Et Keita que dit-il

de tout cela ?

"Eh bien moi, affirme-t-il, je n'ai rien à me reprocher. Tous les buteurs, quand ils ont trouvé le chemin des filets, manifeste leur joie d'une façon ou d'une autre.

"Certains jettent leurs bras vers le ciel. Moi je les ai lancés vers la terre. C'est tout !

"Maintenant, vous comprendrez mon bonheur d'avoir battu Saint-Étienne. Pas pour les copains, bien sûr. Mais pour tout ce qui s'est passé de désagréable à mon départ.

"Je vous l'avais déjà dit, il existe certains faits que je ne peux pas oublier.

"Il n'empêche que mon désir désormais est de jouer au ballon. Et de réussir avec l'O.M. Le reste est secondaire. À partir d'aujourd'hui je peux l'affirmer..."

Quelles conclusions apportées ?

Bien difficile à dire ! Doit-on rappeler cependant qu'entre l'O.M. et Saint-Étienne, c'est la réconciliation. Alors, mieux peut-être serait de parler d'autre chose...

2e question : le public et l'entent avec Skoblar ?

Salif répond lui-même : "Les spectateurs marseillais ont été formidables avec moi. Quant avec Josip c'était notre premier match officiel. Entre nous, je crois que nous pouvons mieux faire quand j'aurai retrouvé tous mes moyens".

C'est aussi notre avis.

3me question :

les faux ailiers ?

Il est curieux de constater que l'O.M. et Saint-Étienne, ont tous deux opéré sans véritables ailiers.

En ce qui concerne l'équipe marseillaise, il est évident que l'absence forcée de Magnusson modifie un peu la façon de conduire les attaques.

Et puis Skoblar et Keita, on l'a vu, ont concentré beaucoup de défenseurs autour de leur personne.

Ce qui n'a pas empêché, entre parenthèses à Salif de marquer deux buts.

Au fond peu importe la façon de tromper le gardien adverse. Le principal n'est-ce pas, est d'enlever les deux points du match.

Vu sous cet angle, Linder avec toutes les raisons d'être satisfait, du rendement de ses attaquants.

4me question :

Herbin a-t-il eu raison

de faire marquer Keita

par Bereta, l'un

de ses meilleurs atouts

offensifs ?

La physionomie de la partie semble prouver le contraire, puisque Bereta, peu avant la fin de la 1re mi-temps a délaissé Salif pour se consacrer à un rôle plus offensif. Saint-Étienne, pensons-nous n'a rien perdu au change.

Le président Rocher, lui estime que Bereta n'avait pas du tout été sacrifié : "Nous avons modifié notre tactique dit-il, simplement parce que nous avions deux buts à remonter".

Oui, mais n'est-ce pas un peu tard.

5me question :

Et maintenant ?

Et bien maintenant, Nice n'a plus que quatre points d'avance. C'est toujours important ! La course poursuite semble en tout cas bien engagée.

Les spectateurs sans doute ont regretté de ne pas voir ensemble Skoblar, Keita et Magnusson.

Mais ceci est une autre histoire...

Jean FERRARA

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43.000 fidèles pour le "classique"

- La tension montait rapidement aux avancées du stade aux alentours de 15 heures. Le ligne de défense paraissait friable, et les dirigeants de la Fédération avaient signalé le point faible, celui-ci devait finalement céder sous la pression des candidats spectateurs et une centaine d'entre eux réussir à percer. Ils n'ont pas marqué d'essai, mais ils se sont familiarisés davantage avec la technique de l'ovale que celle du ballon.

UN BOUCHON

- Habituellement, les embouteillages se produisent aux points chauds des autoroutes, hier après-midi, un bouchon s'est produit à l'entrée de la porte olympique, une centaine de personnes s'étaient agglutinées et battirent la semelle vant de pouvoir pénétrer à l'intérieur de l'enceinte. Déjà un pessimisme s'écriait : "Si ça continue, nous ne verrons que la seconde mi-temps du match !"

COMME DES SARDINES

- On a souvent parlé de la sardine qui a bouché le port de Marseille, hier, 43.000 spectateurs étaient entassés comme des sardines en boîte, mais ils ne le regrettaient pas, que n'auraient-il pas fait pour assister à l'événement footbalistique de l'automne.

NE TOUCHEZ PAS À SALIF !

- Tous les spectateurs avaient les yeux de Chimène pour Rodriguez Keita, et quand le Malien fut expédié au sol dans un choc un peu rude, des cris de réprobation fusèrent. Ne touchez pas à Salif ! C'était le mot d'ordre au stade vélodrome.

LOPEZ APPLAUDI, ET SIFFLÉ

- Quand Lopez fut stoppé un peu plus trop rudement par Bosquier, le joueur stéphanois parut bien touché, on alla chercher un brancard, et on le coucha dessus. Et, au moment ou on allait le transporter aux vestiaires, le public applaudit en signe de considération, puis Lopez se ravisa, se leva et alla rejoindre ses camarades. Alors, on le siffla !

PROSPECTIVE FOOTBALLISTIQUE

- A la mi-temps, de nombreux spectateurs qui avaient emporté leur transistor pour écouter les résultats, exultèrent en entendant que Nice était mené à Nancy, par un but à zéro et se mirent à faire de la prospective footballistique. "Si nous gagnons et que les Niçois perdent aujourd'hui, nous n'aurons plus que quatre points de retard, et nous serons de nouveau dans le coup pour le titre !" 45 minutes plus tard, c'était vrai...

LA PREMIÈRE SORTIE DE FIAWOO

-Frank Fiawoo, l'ancien joueur olympien, qui est en traitement à l'heure actuelle l'hôpital Nord, a profité de sa première sortie pour venir encourager ses anciens partenaires au stade Vélodrome.

Les émotions de la rencontre lui faisaient oublier en partie tous les malheurs qui se sont abattus sur lui au cours de ces derniers mois.

LE MAUVAIS OEIL

- A Marseille, sans être superstitieux, on avait l'impression que Saint-Étienne avait le mauvais oeil pour l'O.M. Pour s'en convaincre, il suffisait de se rapporter aux dernières batailles qui s'étaient déroulées entre ces deux clubs, en 69, 70, le match fut interrompu pour envahissement du terrain et l'O.M. perdit sur le tapis vert, en 70-711, Saint-Étienne fit match nul 2 à 2 et en 71-72 il l'emporta 3-2. Cette fois-ci, le mauvais oeil est vaincu ! On pense que les Foréziens n'ont plus la baraka face aux joueurs de l'ex-antique Phocée.

KEITA COMME UN TORERO

- Chaque fois qu'il réussit un but, Keita salue la foule des deux mains, un peu comme De Gaulle, mais aussi comme un torero qui vient d'estoquer une bête, et en fait don à ses aficionados !

Alain DELCROIX

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(autres photos)

 

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(Photo : Collection personnelle Pierre Lanfranchi)

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(Photo : Collection personnelle Christophe Geraud)

 

 

 

 

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