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Résumé Le Provencal

du 8 janvier 1973

 UN MATCH TOUT FOU ET UN POINT PRECIEUX

Skoblar et Di Nallo princes des buteurs de Gerland

LYON - Nous avions souhaité, pour la pleine satisfaction du public de Gerland, un match ouvert. Nous avons eu beaucoup mieux, sous la forme d'un match totalement découvert. La première mi-temps surtout fut affolante et passionnante à la fois. Ca butait comme à Gravelotte ! Tous les tirs faisaient mouche, toutes les occasions étaient bonnes.

Quatre à trois à la mi-temps pour l'O.M., alors que les deux gardiens Chauveau et Carnus n'avaient eu à deux qu'un seul arrêt à faire.

Un tir assez anodin de Lacombe, que Carnus arrêta sans forcer son talent international.

Des défenses élastiques

"Alors, et ces sept buts marqués ?" allez-vous nous demander. "Quelle en est la cause ?"

La générosité des vingt-deux joueurs, un peu de chance de part et d'autres, mais aussi l'imprévoyance des deux défenses. Lyon paya très chèrement l'usage d'une défense en ligne ne convenant pas du tout à son équipe.

L'O.M. tout en jouant groupé devant son but, ne put jamais s'opposer efficacement aux infiltrations de Chiesa, de Di Nallo et même de Lacombe. Bref, ça passait comme dans du beurre.

Il n'en reste pas moins que l'on s'est bien amusé, malgré le froid, durant cette première mi-temps fofolle. Voir marquer des buts est toujours un spectacle agréable, surtout quand ils se traduisent par une véritable course-poursuite.

Record battu

La deuxième mi-temps fut, et de beaucoup moins drôle. Les deux équipes accusant une certaine fatigue, on retomba dans le conventionnel, le déjà vu... et même, par moments, le jeu dur.

Lyon ayant marqué dès le début de cette deuxième période, on eut l'impression que les deux équipes se contentaient du partage des points. Il est vrai que l'O.M. privé des Keita, dut subir une pression presque constante de la part de son adversaire.

Tant et si bien que tous ceux qui espéraient, à la mi-temps, un 8 à 7 ou même simplement un 6 à 5, furent déçus.

Avouons tout de même que huit buts partagés au cours d'un ce match est chose rare. Entre l'O.M. et Lyon, on n'avait jamais vu mieux. Record battu donc !

Un point précieux

Après une belle rencontre, on se sent mal à l'aise pour juger et le jeu et les joueurs.

Si l'on fait la part belle à ce qui fut sympathique, il reste que les deux équipes manquèrent de rigueur dans la conduite du jeu et dans la protection de leurs buts.

À la mi-temps, un confrère neutre nous faisait remarquer que cette manière de jouer à la française ne faisait pas sérieux.

Il devait ajouter : "Il ne faut pas s'étonner, après cela, que sur le plan international, nous soyons légèrement dépassés". C'est vrai sans doute, mais comme nous devons faire avec ce que nous avons, il faut bien constater que l'O.M., handicapé par les absences de Trésor, de Novi et la demi-absence de Keita, a tout de même ramené de ce déplacement un point assez précieux.

C'est déjà une bonne chose acquise, car une défaite eût creusé encore plus dangereusement l'écart séparant l'O.M. de ses principaux adversaires.

DI NALLO

le petit prince de Gerland.

On attendait un duel entre les deux tandems Keita-Skoblar et Di Nallo-Chiesa. On eut en fait un match nul entre Di Nallo et Skoblar.

Deux buts chacun, et pour chacun aussi une action d'éclat qui fut à l'origine d'autres buts. Le petit Di Nallo fut égal à sa réputation et à sa légende de petit prince de Gerland.

Skoblar, moins bien entouré que son adversaire et jouant dans une équipe généralement dominée, n'en marqua pas moins deux buts diaboliques, en tirant le maximum de profit des erreurs de défense en ligne de Lyon.

Chiesa, presque insaisissable, fut également, l'un des grands atouts de l'équipe lyonnaise. Quant à Keita, après un début de match assez effacé, il commençait à se manifester, quand il fut obligé de quitter le terrain.

Un léger progrès

Pour ce qui est de l'équipe olympienne dans son ensemble, on constatera d'abord qu'elle semble avoir retrouvé tout son moral et son esprit de corps.

Elle ne céda jamais au découragement, et tous ses joueurs disputèrent le ballon de bout en bout, avec un louable acharnement.

Sur le plan collectif, on nota en première mi-temps une tendance à jouer groupé, à moins perdre le ballon par la faute de passes hasardeuses, et un désir évident d'attaquer une défense en nombre. Il y eut donc pas mal de bon à côté de ce qui fut critiquable.

Il est bien certain que cette équipe n'est pas la meilleure que puisse aligner Mario Zatelli, que de nombreuses retouches restent encore à faire, et que dans la lutte pour la possession du ballon, on constate trop de défaillances individuelles.

Mais en le savait déjà, l'O.M. ne se refera pas, en un jour.

Hier, on a pu constater un léger progrès, lequel s'est traduit par la prise d'un point à l'extérieur.

N'en demandons pas plus aujourd'hui.

Maurice FABREGUETTES

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Le président René Gallian :

"Ca va repartir"

LYON - Des matches comme celui que nous avons vécu à Lyon, il y a toujours deux façons de les commenter, selon qu'on se trouve dans un vestiaire au dans l'autre, les deux parties ayant également l'impression d'être passées tout à côté de la victoire.

Comment pourrait-il en être autrement après l'avalanche de buts, tous plus ou moins bête, dont nous avions été les témoins ?

Cependant, les deux adversaires, restant se sur une bien mauvaise série de trois rencontres sans victoire, se satisfaisaient du résultat car une nouvelle défaite aurait pris des allures de catastrophe.

C'est donc dans cette optique qu'il faut considérer la gerbe d'opinions qui suit, ou la joie se teinte évidemment de regrets.

Le président René Gallian : "Je suis plutôt satisfait du résultat, car il ne faut pas oublier que nous abordions cette rencontre privés de Trésor, Novi et Kula, et que nous avons perdu Keita à la mi-temps.

"Je suis même persuadé qu'avec Salif nous aurions gagné ce match.

"À ce sujet, je veux m'élever contre le jeu dur pratiqué par certains défenseurs Lyonnais. Je crois même que je risque d'écoper d'une suspension pour avoir dit à la mi-temps à l'arbitre M. Ulhen, ce que je pensais de son arbitrage. Cependant, notre équipe a montré beaucoup de combativité et j'estime que 'ça va revenir' ".

Mario Zatelli : "Je ne me trompe jamais dans mon pronostic. Je vous ai dit que Nice pouvait se faire accrocher par Reims. De cette façon, le nul obtenu aujourd'hui à Lyon n'en prend que plus de valeur".

Kurt Linder : "Il est évident qu'une équipe qui parvient à marquer quatre buts à l'extérieur n'a, en principe, pas le droit de perdre.

"Il est vrai que nous étions privés de trois défenseurs titulaires, ce qui peut expliquer la perméabilité de notre défense. D'autant plus que nous nous sommes trouvés dans une situation délicate, menant toujours à la marque, nous adversaires parvenant chaque fois à égaliser, avec le moral que cela donne en pareille circonstance.

Dans l'ensemble, j'estime que nous avons donné un spectacle susceptible de satisfaire le public.

"Mais toute médaille a son revers : il va nous falloir dimanche prochain, songer à remplacer Keita".

Georges Carnus : "Il n'arrive pas souvent que l'on encaisse trois buts hors-jeu (sic) au cours du même match. Heureusement que la dernière minute, le juge de touche a eu la bonne idée de lever son drapeau".

Bernard Bosquier : "Je suis complètement "crevé". Il est vrai que si Marius Trésor avait pu tenir sa place, je n'aurais jamais pensé à jouer ce match. J'étais considérablement affaibli par le traitement subi pour enrayer mon angine.

Jules Zvunka : "Evidemment, j'ai un peu souffert en début de match, car on ne peut impunément abandonner la compétition pendant un mois ; d'autant plus que la rencontre avait démarré très vite. J'espère que ce bon résultat, obtenu avec une équipe diminuée, nous donnera confiance".

Gilbert Gress : "Il est dommage, après avoir marqué quatre buts, que nous ne soyons pas parvenus à enlever cette rencontre. D'autre part, je trouve scandaleux que Domenech, après la série d'agression auquel il s'est livré, n'ait écopé que d'un avertissement gratuit".

Daniel Leclercq : "Il m'a été très difficile d'entrer en action après une mi-temps aussi ahurissante que celle que nous venions de vivre. Je dois vous dire que je m'étais vraiment gelé en assistant à la première sur le banc de touche".

Ange Di Caro : "Je suis évidemment content du résultat. Mais je regrette de m'être laissé emporter par le feu de l'action et d'avoir répliqué bêtement aux provocations de Domenech. J'ai déjà écopé d'un avertissement au cours d'un match amical disputé cet été en Allemagne. Je serais stupide de perdre ma place dans l'équipe à cause d'une suspension".

Josip Skoblar (que nous venions de féliciter pour son magnifique second but) : "Il faut savoir prendre des risques pour réussir. J'ai vu que Chauveau s'était avancé et, lorsque j'ai brossé mon ballon du pied gauche, je savais qu'il entrerait dans le but".

François Bracci : "Nous nous connaissons tellement, Serge Chiesa et moi, que nous en arrivons à nous neutraliser mutuellement. Il est véritablement impossible d'empêcher un tel joueur de passer plusieurs fois par match. Mais bien que ce ne soit pas à moi de le dire, j'estime que, dans l'ensemble, nous avons fait à peu près match nul".

X X X

Nous avons entendu, dans l'ensemble, à peu près les mêmes sons de cloche dans le camp Lyonnais :

Aimé Mignot : "Après la mauvaise série que nous venions de traverser, nous craignions beaucoup ce match contre l'O.M. qui avait, lui aussi des raisons de vouloir se surpasser. À cet égard, et bien que nous ayons eu la possibilité de gagner cette rencontre, nous ne sommes pas trop déçus par le résultat.

Fleury Di Gallo : "Je ne pense pas que l'arbitre ait eu raison de refuser le but marqué par Chiesa à la dernière minute. Il se trouvait peut-être en position de hors-jeu à l'arrivée du ballon, mais il s'était engagé avec tant de décision sur la remise de Ravier qu'il a surpris tout le monde. D'autre part, il est possible que je me sois moi-même trouvé en position de hors-jeu lorsque j'ai marqué mon second but sur la passe en retrait de Bosquier à Carnus.

Louis DUPIC

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4-4 : L'O.M. et LYON

se partagent huit buts !

LYON - Match du rachat, hier après-midi, à Gerland, pour les deux olympiques, qui avaient, l'un comme l'autre, bien mal achevé l'an de grâce 1972.

L'O.M., rappelons-le, avait réussi le nul à Nice contre une défaite à Bordeaux et une autre subie au stade vélodrome, devant Nîmes.

Lyon avait fait encore plus mal, puisque, après s'être fait remonter et battre par Nantes, il avait concédé le nul à Nancy, avant d'aller lourdement s'incliner à Paris.

C'est donc deux équipes ayant le plus impérieux besoin de repos redorer leur blason qui allaient s'affronter par un temps gris et froid, devant un public massé dans les deux grands tribunes, mais ayant laissé de large vide dans les rangs glacés des immenses virages.

L'O.M. alignait la formation prévue, nous voulons dire par-là que Bernard Bosquier, malgré son angine, tenait sa place, alors que Lyon s'était décidé au dernier moment de faire rentrer Baeza pour servir de garde du corps à Skoblar.

UN CORNER DE DI CARO

Les premiers échanges nous montraient clairement que les Lyonnais avaient choisi de multiplier les permutations pour déjouer la surveillance des défenseurs marseillais.

Chiesa, dès la première minute, adressait un tir qui ratait de peu la "lucarne", alors que Di Nallo, après avoir échappé à Bonnel, était arrêté in extremis par Bosquier.

Enfin, sur centre de Chiesa, Baeza, à bout portant, de la tête, envoyait la balle dans les mains de Carnus.

Tout cela au cours des cinq premières minutes.

Mais, à la 7me, sur une très belle ouverture de Bracci, Skoblar obligea Baeza à sauver en corner.

Ce dernier était bien donné par Di Caro, et Chauveau, gêné par l'un de ses défenseurs, devait laisser aller la balle dans ses filets.

But-surprise donc, mais l'action menée par Bracci et Skoblar avait été si dangereuse qu'elle aurait bien fort pu aboutir.

À la 13me minute, sur un centre de Di Caro, Domenech manquait complètement son dégagement du pied gauche, et même interceptait involontairement de la main une balle qui allait parvenir à Skoblar.

DI NALLO OPPORTUNISTE

L'O.M., après avoir fait creuser l'écart, n'allait pas conserver longtemps son avantage.

À la 15me minute, sur attaque de Lacombe, Di Nallo toujours aussi opportuniste parvenait, d'une dizaine de mètres, à égaliser d'un tir à ras de terre, et en coin, après avoir devancé l'attaque de Zvunka.

Comme la plupart des matches opposant l'O.M. à Lyon, celui d'hier après avoir donc démarrer très vite, pour le plus grand plaisir des spectateurs, oubliant le froid.

REPRISE DE VOLEE

DE FRANCESCHETTI

Alors que le rythme avait quelque peu baissé, l'O.M. allait reprendre l'avantage à la suite d'une faute de main inutile et instinctive de Chiesa.

Gress adressait, devant le but, une balle aérienne rabattue remarquablement de la tête par Skoblar, dans les pieds de Franceschetti, qui marquait de volée à bout portant, à la 25me minute.

La réaction lyonnaise était dangereuse, la balle voltigeant, à la 28me minute surtout, devant le but de Carnus, sans que Di Nallo et Baeza puisse en tirer parti.

AVALANCHE DE BUTS

Mais cette rencontre délirante allait nous valoir d'autres émotions : à la 34me minute, Di Nallo, toujours aussi rusé et sans doute en position de hors-jeu, profitait d'une passe en retrait imprudente de Bosquier vers Carnus pour infiltrer entre les deux Marseillais et égaliser d'un coup de patte.

"Bobosse" n'avait pas fini de s'arracher les cheveux de désespoir, quand Skoblar parti limite du hors jeu, sur un service de Gress, résistait à la charge de Baeza et fusillait à bout portant Chauveau (35me minute).

Même scénario à la 40me minute Josip, sur passe de Keita, ayant l'élégance de brosser son tir du gauche pour tromper l'infortunée Chauveau.

Les Lyonnais, à la 43me minute, allaient cependant réduire l'écart, grâce à un tir de Prost. Sept buts en 45 minutes, on n'avait pas souvent eu l'occasion de voir ça.

LE DERNIER MOT A LACOMBE

On se demandait ce qu'allait nous réserver la seconde période car l'O.M. devait jouer - Keita étant blessé aux genoux - avec Gress à l'aile droite et Leclercq au milieu du terrain.

52me minute, Lacombe égalisé pour la troisième fois, d'un très joli tir de volée, et les choses se calmaient tout de même un peu.

Après le déchaînement auquel nous avions assisté, des actions pourtant rondement menées paraissaient maintenant insignifiantes. Di Nallo, à la 80me minute, ne trouvait aucun partenaire à la réception d'un centre dangereux.

Chiesa, en marquant, à la dernière minute, un but refusé pour hors indiscutable, faisait passer un dernier frisson dans les rangs marseillais.

Mais on n'en restait au but de Lacombe, qui laissait les deux adversaires sur un nul somme toute logique.

 Louis DUPIC 

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Entorse du genou pour Keita

Au cours d'un match extrêmement disputé, il y eut beaucoup de heurts et de menus incidents. Dans les deux camps, on voyait des tibias badigeonnés de mercurochrome. Mais, en fait, cette rencontre très disputée n'a fait qu'une victime dans le camp marseillais : dès le début de la partie, Salif Keita, attaqué par un adversaire, fut victime d'une entorse du genou droit.

Il est déjà certain qu'il ne pourra pas tenir sa place dimanche contre Bastia et qu'il sera remplacé, tout simplement, par Roger Magnusson.

L.D.

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