OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 05 février 1973

Indigne d'un champion !

----------------------------------------------

Un nouveau point

précieux qui s'envole

Ceux de nos camarades chargés de décrire la rencontre et d'aller dans les vestiaires interrogés les joueurs des deux équipes vous diront ce qu'il faut penser de l'incident à la 75e minute.

Du banc de la presse, ou de la tribune d'honneur si vous préférez, il était parfaitement impossible de distinguer le bon grain de l'ivraie dans cette sombre mêlée...

Mais une chose, elle, est évidente.

Tout ce bruit, même s'il fut justifié, pourquoi ?

Pour voir l'O.M., la meilleure équipe de France de ces deux dernières saisons, battre sur son Stade Vélodrome l'actuelle lanterne rouge du classement par 1 à 0.

Et sur penalty encore !

Cette remarque, qu'il est impossible de ne pas faire, vous montrera mieux qu'un long commentaire combien l'O.M. a raté son match de ce dimanche quasiment estival.

À LA MI-TEMPS

UN TRIPLE "HOU"

Excellente transition, au demeurant, car il n'est pas impossible que la température, tout de même anormal, même si agréable, pour la saison soit l'une des causes de la médiocrité de cette rencontre.

La première mi-temps pourrait être qualifiée de bucoliques.

L'O.M. déjouait au possible : passes répétées à l'adversaire, dégagements en touche, engagement assez mou... et interventions défensives hasardeuses.

Bref à la mi-temps, Mario Zatelli a du dire à ses joueurs :

- Vous venez très exactement de montrer à votre public ce qui ne faut pas faire.

Cet horrible début de match pesa très lourd sur la suite de la partie.

Point n'est utile en effet, d'être agrégé en psychologie pour comprendre que les footballeurs parisiens y puisèrent des raisons d'espérer et de se battre.

Le public, d'ailleurs, ne s'y trompa pas et quand les deux équipes regagnèrent les vestiaires pour la pause, ce fut sous une véritable bronca :

"Hou ! Hou ! Hou !"

LE PARIS F.C. :

UN BON STYLE

AMICAL

Toujours au cours de cette première mi-temps, on comprit pourquoi le Paris F.C., malgré la présence dans ses rangs de footballeur de qualité, était aussi mal classé.

Pendant que l'O.M. accumulé les erreurs, ces gentils jeunes gens se mirent à jouer de façon agréable, mais au pas.

Une bonne démonstration mais amicale.

Avec un peu plus de mordant en attaque, ils auraient pu prendre un avantage décisif.

En fin de mi-temps l'Israélien Spiegler, servi par Floch, eut le pain, le couteau et le beurre pour marquer facilement.

Il rata le contrôle du ballon.

Ce fut la plus franche occasion de but, en mouvement, au cours de la rencontre.

Certes, Gress imita-t-il Spiegler à trois reprises, mais dans des conditions beaucoup plus difficiles.

ICHE EN DEUXIÈME

MI-TEMPS

En deuxième mi-temps l'O.M., sans doute vexé, appuya sur l'accélérateur (9 corners à 2), mais dans un certain désordre.

Ce désordre est d'ailleurs le lot habituel des équipes voulant absolument s'imposer chez elles et qui perdent un peu la tête, à mesure que le temps passe.

Les Parisiens, chose encore très normale pour ne pas écrire banale dans le football, entreprirent de conserver leur précieux petit point du match nul.

Vous savez ce qui en résulte : mêlées obscures, durcissement du jeu, difficulté de plus en plus grande pour l'arbitre de se faire respecter, etc.

Il est bien certain que temps cette fin de partie de hourrah football, même en ne tenant pas compte de l'incident de la 75e minute, O.M. eut plusieurs occasions de prendre l'avantage.

Iché s'interposa trois ou quatre fois avec bonheur... et l'on parut s'en étonner.

Sans doute a-t-on pris l'habitude de voir, devant l'attaque de l'O.M., des gardiens médiocres ou malheureux.

Iché, qui avait débuté en catastrophe et auquel ses partenaires n'accordent qu'une confiance très limitée, fit une très bonne fin de match.

Il n'y a pas de quoi crier au miracle.

UN POINT (PERDU)

LOURD

DE CONSÉQUENCES

Le grand tournant du match fut ce penalty raté par Spiegler ou arrêté brillamment par Carnus au début de la deuxième mi-temps.

Ce penalty fut parfaitement inutile, mais indiscutable et visible de très loin.

Pousser ou ceinturer un adversaire des deux mains dans la surface de réparation est une faute capitale et qui crève les yeux.

Le plus grand reproche qu'un entraîneur puisse adresser à Zvunka et d'avoir commis cette faute alors que son but n'était pas en danger.

Manque de sang-froid, tout simplement.

La conclusion facile de cette rencontre est que l'O.M. vient de perdre sur son terrain un point lourd de conséquences.

Par rapport à Nantes et un Nîmes, c'est une perte le terrain.

Pour se remettre en position favorable de poursuites, l'O.M. devra gagner, dimanche prochain, à Rennes.

Pourquoi pas ?

Maurice FABREGUETTES

----------------------------------------------

Des supporters

parisiens blessés

L'autocar qui devait emmener les supporters parisiens a été agressé, lapidé et endommagé. Trois supporters visiteurs ont été blessés et ont dû être transportés à l'hôpital de permanence par les marins pompiers.

Leur état n'est certes pas très grave mais voilà des gens qui garderont un bien mauvais souvenir d'un voyage qui avait très bien commencé.

Une plainte a été déposée.

----------------------------------------------

----------------------------------------------

OSCARNUS !

Plébiscité vendredi, lors de la triomphale Nuit des Sports, Georges Carnus a bien mérité, hier après-midi, de son Oscar.

Mieux, il fut le héros de la rencontre, se signalant par quelques arrêts de grande classe, sans oublier bien sûr, ça parade sensationnelle, lors du penalty concédé par Jules Zvunka, qui lui valait de préserver le point du match nul.

On ne dira jamais assez tout ce que doit l'O.M. à son gardien international, étincelant de brio en maintes occasions depuis qu'il porte le maillot blanc.

Même si sa modestie en souffre, comment passer sous silence la part prépondérante qu'il prit ses dernières saisons à la conquête des titres du football marseillais.

Face aux Parisiens, soutenus par une sympathique poignée de supporters vêtus aux couleurs tango de l'équipe et criant comme mille, Georges Carnus, donnait le ton dès les premiers échanges.

Et il rassurait tout son monde en stoppant net un tir appuyé de Prost, qui pouvait en d'autres occasions faire mouche.

Par la suite, tout ce qu'il entreprit le fut avec cette élégance du geste, cette sûreté de mains, cette vista qui lui sont propres.

Vint l'épreuve du penalty.

Homme seul sur sa ligne, il sut garder son self-control, avec l'assurance des joueurs d'exception et s'élancer sans la moindre hésitation, sur la trajectoire tendue du ballon pas mal du tout frappé, quoiqu'on pense, par Spiegler.

Merveilleux réflexe, lié à une rare expérience. Celle des grands bonhommes.

Mais pour lui, il ne s'agissait là que d'une simple péripétie ayant le sentiment intime d'opérer en véritable professionnel.

Suite à tel exploit, notre rédacteur en chef, Raymond Gimel, enthousiasmé, par une telle maîtrise, s'écriait : "C'est l'Oscarnus !".

Gageons que notre ami Georges sera apprécié ce mot.

Et vive l'Oscar 73 !

Gérard PUECH

----------------------------------------------

René Gallian :

"M. Mouchotte s'est laissé intimider"

On ne saura jamais pourquoi, M. Mouchotte dont l'arbitrage avait été plutôt bon - et qui n'avait pas hésité à siffler un penalty contre l'O.M. - perdit à peu près complètement les pédales, au point, de ne pas en accordé un à Skoblar, descendu en pleine surface, et de se laisser un peu plus tard influencé par les joueurs parisiens, alors qu'il venait d'appliquer la sanction suprême à Rostagni.

Évidemment, on parlait beaucoup plus de cet incident que du match lui-même, dans le vestiaire de l'O.M., où l'on manifestait des regrets d'autant plus vifs que l'on venait d'y apprendre la défaite de Nice à Metz.

Le président Gallian, qui avait raccompagné M. Mouchotte au vestiaire et avait effectué sa petite enquête chez les Parisiens nous disait :

"Je ne comprends pas pourquoi, M. Mouchotte a eu peur à ce point des joueurs Parisiens. Les premiers surpris de voir réussir leur manoeuvre d'intimidation ! Car Iche et Rostagni viennent de m'avouer franchement que l'arbitre avait bel et bien accordé un penalty à l'O.M. avant de se faire bousculer et de revenir sur sa décision.

Dans son vestiaire, il a expliqué que son juge de ligne avait vu une faute de Gress sur le gardien, et qu'il s'était vu de ce fait contrait d'accorder un coup franc aux Parisiens.

"J'ajouterai que M. Mouchotte aurait pu siffler un autre penalty contre les défenseurs parisiens quand Skoblar a été abattu dans la surface.

"Il n'empêche que penalty ou pas, nous avons joué un assez petit match, mais c'est une autre histoire !.."

L'un des principaux acteurs de l'incident Josip Skoblar, nous donnait sa version de l'affaire :

"Personne chez nous, n'a pu commettre de faute sur le gardien qui avait été assez nettement lobé et dépassé par la balle de Leclercq. J'étais derrière lui, et j'ai pu, de ce fait la reprendre de la tête et la rabattre vers le but, ou Rostagni l'a contrôlé de la main avant de dégager. À ce moment-là, quand l'arbitre à siffler c'était la faute du défenseur parisien et pas autre chose !"

Gilbert Gress, lui se défendait d'avoir commis la moindre faute et soupirait :

"C'est désespérant d'avoir raté de cette façon une pareille occasion de revenir à quatre points de Nice".

Roger Magnusson en était, lui au but refusé à Bonnel à la 36e minute :

"Etes-vous sûrs, que Zizou était hors jeu ? J'avais l'impression d'avoir centré en retrait ! Pour le penalty pas de problème ! L'arbitre avait sifflet la faute de Rostagni et pas autre chose !

"Ceci dit, il ne faut pas oublier dans cette affaire de penalty, que Paris en a raté un !"

Grâce on le sait, un très bon réflexe de Carnus, désireux de fêter l'Oscar à sa manière :

"Je ne savais pas comment Spiegler tire les penalties, et je n'ai pas anticipé craignant d'être trompé par ce joueur d'expérience. Je ne suis donc parti qu'au moment du tir, qui été suffisamment appuyé, mais pas assez en coin surtout à mi-hauteur. Cela m'a bien arrangé, car ce sont les plus faciles à repousser. Les tirs à ras de terre, on n'a pas le temps d'aller les chercher !.."

Laissons le mot de la fin à Kurt Linder, ce qui nous permettra d'abandonner les penalties pour revenir au jeu lui-même :

"Nous aurions peut-être pu gagner ce match qui ce fameux penalty nous avait été accordé, mais il n'empêche que nous n'avons pas joué une très une bonne partie, et que, nous n'avons jamais pu imposer notre jeu, face à une équipe parisienne qui m'a surpris agréablement.

"Les Parisiens ont de bons joueurs qui bougent beaucoup, et nous ont posé des problèmes.

"Pour notre part, nous n'avons pu construire que deux très belles actions. Quand Skoblar a lancé Gress et lorsque Bonnel a servi Skoblar, mais même si nous avions pu marquer à chaque fois, ce qui est tout à fait possible, cela n'aurait rien changé au problème et cela n'aurait pas fait notre match meilleur!..."

Ce que ce bon Marcel Pougenc exprimait ainsi :

"Je me demande ce qui est arrivé à notre équipe. En effet, je n'ai pas reconnu l'O.M. si brillant à Nantes !..."

Évidemment

Louis DUPIC

----------------------------------------------

Jean Djorkaeff :

"Ca va faire

du bien !"

Jean Djorkaeff est resté longtemps dans les bureaux du Stade en compagnie de ses vieux amis Zvunka et Lopez. Il ne s'est pas spécialement étendu sur les incidents, mais nous a dit :

"Voilà un résultat qui va nous faire beaucoup de bien ! En effet, notre équipe qui a repris confiance est désormais capable de pratiquer un bon jeu collectif, comme elle a su le faire en première mi-temps.

"Sans doute lui manque-t-il encore un peu de mordant, de perçant, pour traduire nos bonnes intentions au tableau d'affichage, mais il n'y a pas à désespérer et je suis persuadé que nous allons nous en sortir !"

Quant à la charmante Madame Djorkaeff, elle nous a dit, avec son sourire habituel :

"La première mi-temps pour Paris, la seconde pour Marseille ? Il me semble que le nul est équitable !"

La famille Djorkaeff a bénéficié d'un jour de "permission" qu'elle devait passer avec amis et parents avant de regagner aujourd'hui la capitale.

Quant à l'entraîneur Dalla Cieca, il avait évidemment confirmé la déclaration de son capitaine.

"Notre bonne partie d'aujourd'hui montre que nous avons trouvé la cohésion, et que notre fin de championnat sera sans doute satisfaisante. Pour nous, c'est le début de l'escalade !"

Nous le souhaitons à la sympathique équipe parisienne.

L.D.

----------------------------------------------

----------------------------------------------

Les réponses aux questions que vous vous posez

HISTOIRES DE PENALTIES

Les circonstances ont voulu que ce match O.M. - Paris F.C. ait été marqué par des histoires de penalty. Si l'O.M. avait gagné, nous aurions, bien sûr, parlé d'autres choses. Hélas !...

Voyons donc le premier.

- Zvunka de l'avis de l'arbitre, a commis une faute indiscutable sur la personne de Chapulsat, dans la surface de réparation.

Le capitaine marseillais affirme que son adversaire ses lui-même déséquilibré. Son appui sur Chapulsat n'était alors qu'un geste instinctif de défense. Mais là n'est pas tellement la question puisque le directeur de jeu avait choisi de prononcer la sanction suprême.

Tout d'abord, comment Carnus à pu s'y prendre pour stopper le tir de Spiegler ?

Le gardien olympien répond lui-même :

"Je ne voulais, en aucun cas, partir avec un temps d'avance. Je savais que Spiegler était un bon technicien. J'ai préféré attendre son tir. La tactique ne m'a pas trop mal réussi..."

Toujours à propos de ce coup de pied parisien manquer, les spectateurs ont pu voir Bosquier s'avancer et venir "taquiner" le joueur israélien.

Qu'en est-il exactement ?

Bosquier affirme avec un léger sourire, qui n'a rien fait contre les bonnes règles. "Un peu de cinéma, sans plus".

Dans le camp parisien, on entendait évidemment un son de cloche tout à fait contraire.

Le gardien Iche, par exemple, nous a donné sans détour son point de vue.

"Spiegler, nous dit-il, est un tireur de penalty extraordinaire. Jusqu'à ce jour, je n'ai vu aucun gardien lui résister dans ce genre d'exercice. Pour ma part, à l'entraînement, il m'a été toujours impossible de stopper un de ses tirs arrêtés du point de penalty.

"Dans ces conditions, je suis catégorique, ciment camarades a, cette fois, échoué, c'est qu'il a été gêné par Bosquier. Et l'arbitre aurait dû s'en apercevoir..."

C'est une excellente transition pour passer au second penalty. Celui que M. Mouchotte a semblé accorder, puis refuser à l'O.M.

Là encore quels sont les faits ?

Le premier lieu nous avons consulté les spectateurs placés derrière les buts parisiens au moment de l'incident. Tous sont unanimes :

"L'arbitre a clairement indiqué le point de penalty après l'intervention douteuse de Rostagni sur la ligne de ses buts. Mais il s'est empressé de réviser son jugement quand il a vu toute l'équipe parisienne se précipiter sur lui. Pour nous, pas de doute possible, M. Mouchotte s'est bel et bien dégonflé".

Autre témoin à charge Josip Skoblar.

- Bien sur que l'arbitre avait sifflé la faute ! La preuve, j'avais déjà pris le ballon pour m'apprêter à tirer le penalty. J'avoue ne pas comprendre ce changement de décision".

Laissons la parole à la défense

Pour le directeur de jeu, il n'y a pas de problème non plus.

"Tout le monde s'est mépris, nous a assuré M. Mouchotte. Je n'ai lancé qu'un seul coup de sifflet pour sanctionner une faute de Gress sur le gardien parisien. Il n'a jamais été question de penalty. Et je ne suis pas revenu sur ma décision".

Le moins qu'on puisse dire est donc que les avis sont plutôt contradictoires.

Si nous avions à rendre un jugement, il ne serait certainement pas favorable au directeur de jeu. Et nous aurions, pour appuyer notre verdict, la position des joueurs parisiens eux-mêmes.

Après le match, ils étaient prêts à reconnaître que la décision de M. Mouchotte a été prise en deux temps. Et puis, s'ils se sont précipités vers lui avec une telle fureur, c'est qu'ils avaient une bonne raison de le faire.

- Toujours est-il que, penalty ou pas, l'O.M. a de nouveau perdu un point précieux sur son terrain du stade vélodrome. D'autant, ne l'oublions pas, que l'adversaire se traînait dans les profondeurs du classement. Alors, Pourquoi ?

On a avancé la grande partie du gardien Iche et aussi une certaine malchance des avants olympiens.

"Oui, confirme, pour sa part, Carnus, nous avons eu la "poisse". Mais, vous savez, quand on n'a pas de chance c'est souvent que l'on ne joue pas très bien, non plus"

A dire vrai, l'O.M. n'a jamais pu se décontracter pour trouver la bonne carburation. Merschel, en témoin averti, estimait qu'un tout petit but marqué d'entrée aurait sans doute changé la face des choses.

Certes ! Mais ce petit but n'est pas venu et vous connaissez la suite.

On voit de là tout les mérites de Georges Carnus. Que serait-il advenu si Spiegler ?

On se le demande en effet.

Quoi qu'il en soit, Carnus a démontré hier qu'il n'avait pas volé son "Oscar"/

Quant à l'O.M., eh bien il lui reste à se rattraper à Rennes. Mais les données, on le sait, se seront plus les mêmes.

Jean FERRARA

---------------------------------

 

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.