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Résumé Le Provencal

du 12 février 1973

 O.M. : La classe et le courage !

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Les Marseillais frappent deux fois d'entrée

puis résistent au forcing breton

RENNES - Les matches se suivent et ne se ressemblent pas. Heureusement, dirons-nous, dans le cas qui nous intéresse. Celui que nous avons vécu, hier, à Rennes, aussi dense, coloré, dramatique que celui du dimanche précédent au Vélodrome avait été morne et soporifique.

Pourtant, après un quart d'heure de jeu, nous étions plus de dix mille qui nous attendions à un cavalier seul de l'O.M., qui avait fait subir un knock down à un adversaire contracté, naïf et qui manifestait plus de bonne volonté que de réelle valeur.

Un véritable coup de poignard donné par des spécialistes en la matière, qui se nomment Salif Keita et Skoblar : en ces deux occasions, ils se jouèrent de la défense rennaise, opérant pratiquement sans couverture, ce qui part d'un bon esprit collectif, mais ne pardonne pas devant des attaquants de la trempe des deux compères marseillais.

DEUX COUPS DE POIGNARD

La première fois, il suffit à Salif d'un crochet du pied droit, pour éliminer Garcia et se mettre en position de tir, du gauche ; et quel tir ! un véritable bolide à ras de terre et, en coin. Un modèle du genre.

La seconde fois, une passe en retrait de Skoblar, suivi d'une reprise immédiate, géniale, de Keita, au-dessus d'une défense alignée par les quatre hommes, ensemble tête à gauche, en direction du juge de touche, tandis que Josip Skoblar, parti dès le coup de pied de son partenaire, s'en allait dribbler et battre son ami Escale qui, au bout d'un quart d'heure de jeu, n'avait pas encore touché la balle, sinon pour la ramasser au fond de ses filets.

Il n'y avait alors personne dans le stade pour ne pas croire à l'effondrement inévitable des gentils Rennais.

LA VOLONTÉ BRETONNE

C'est mal connaître la volonté bretonne. Un moment impressionnés par ce double coup du sort, Keruzore, Betta, Garcia et les deux petits ailiers Guermeur et David, mirent courageusement et talentueusement leur ouvrage et ce fut au tour de l'O.M. d'en voir de toutes les couleurs.

Carnus, heureusement pour son équipe, tout à fait remarquable, fut contraint de sortir le grand jeu, alors que l'attaque marseillaise ne voyait pratiquement plus arriver le ballon. Plus malchanceux jusque-là, le blond David, qui avait tiré successivement au-dessus, dans les bois de Carnus et sur la barre, réussissait une reprise de plein fouet, qui ramenait le score à de plus justes proportions.

Empressons-nous de le dire, il aurait sans doute était bon, dès lors, pour le milieu de terrain marseillais, qui été submergés, de rappeler Leclercq.

LA PATTE DU PATRON

Ce fut chose décidée, comme on pouvait s'y attendre, pendant le repos, et l'O.M. aborda la seconde mi-temps avec trois hommes dans l'entre-jeu, ce qui était nécessaire pour faire face aux entreprises du trio Keruzore, Betta, Garcia, qui continuèrent à imprimer à la rencontre un rythme infernal, tandis que qu'un grain, amené par le vent du Nord, se déversait abondamment, rendant la pelouse encore plus lourde.

Daniel Leclercq joua quarante-cinq minutes de façon admirable, ne perdant pas une balle, surprenant la défense bretonne en déplaçant le jeu en longues transversales.

Devant sa performance, les Rennais, qui connaissaient bien le football, eurent du mal à comprendre pourquoi le "grand" n'était à l'O.M. qu'un 12e homme, par protection et qu'il ne dut ce strapontin en équipe fanion qu'à la défection de Kula.

Hâtons-nous de dire que nous sommes de cet avis et que l'O.M. aurait tort de se priver de ses précieux services, à condition de l'utiliser de façon rationnelle.

UNE FIN ÉCHEVELÉE

Leclercq fut d'ailleurs à l'origine d'un troisième but qui mit fin à toute discussion, si l'équipe marseillaise ne s'était pas énervée au point de reperdre, deux minutes plus tard, une partie de son avance sur une nouvelle reprise de David. Il restait vingt-cinq minutes à jouer, difficiles pour l'O.M. et coriaces pour Carnus, ceci bien que Skoblar ait eu une dernière occasion de tromper Escale.

Dix fois, vingt fois peut-être, la vague des maillots rouges déferla vers le but marseillais, d'où elle était chassée encore par Carnus, la tête de trésor, un dribble de Bosquier ou de Bonnel ou une intervention énergie de Bracci ou Le Boedec. Mais le plus souvent, c'était Leclercq qui recueillait cette balle brûlante et, comme nous l'avons expliqué, la transformait en une balle d'attaque.

UNE COMPARAISON

FLATTEUSE

Ainsi, Rennes a perdu cette rencontre alors qu'elle pouvait espérer le nul, la règle l'avoir disputée de façon continue.

Les dires les mérites d'une équipe jeune dans l'ensemble, dont le style demeure, à travers les générations différentes. S'il a regretté la défaite de ses favoris, le public, pourtant, s'est retiré satisfait pour avoir assisté à une rencontre de championnat comme en voit peu.

À cet égard, les spectateurs rennais ont pu faire avec le derby de la semaine précédente, des comparaisons extrêmement flatteuses, la plupart estimant que l'O.M., sans être exempt de défauts, possédait des arguments supérieurs à ceux de Nantes, en un mot, qu'il était bien parti pour mener à bien cette course-poursuite et conserver son titre.

Voilà, n'est-ce pas, qui est de bon augure.

Louis DUPIC

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ESCALE : "Carnus, quelle classe !"

Dans le camp rennais, on était évidemment un peu déçu. L'entraîneur le premier estimait que ses hommes auraient au moins mérité le match nul. "Oui nous dit-il, l'O.M. a surtout valu cet après-midi par les exploits individuels de Keita et de Skoblar. Les Marseillais, de plus, ont eu la chance d'avoir devant leur but un excellent Carnus. En toute sincérité, l'O.M. lui doit une fière chandelle".

Jean-Paul Escale, très entouré par les journalistes, a tenu lui aussi à rendre hommage à son successeur devant la cage olympienne : "Georges a fait un match éblouissant, reconnaissait-il avec sportivité, mais il me demande pourquoi l'O.M. s'obstine à laisser Leclercq sur la touche ? À la mi-temps, j'ai entendu Mario Zatelli qui réclamait l'entrée de Daniel. Je suis persuadé que sa décision a pesé lourdement dans la balance. Sans lui, j'en suis certain, nous aurions arraché un point. Quelle force il a dans son pied gauche ! Enfin l'O.M. a gagné, je souhaite qu'il poursuive sur sa lancée. Profitez-en pour donner le bonjour à mes amis marseillais..."

Voilà qui est fait avec d'autant plus de plaisir que les paroles étaient prononcées du fond du coeur.

J.F.

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M. GALLIAN : "Excellente opération

Pour la conquête du titre..."

RENNES - Si les joueurs marseillais ont mis quelque temps à reprendre leurs esprits à l'entrée du vestiaire, c'est qu'ils avaient dû faire face en deuxième mi-temps notamment à une véritable furia rennaise.

Le président Gallian ne tarda guère cependant à se dérider car il demeurait, après pas mal d'émotions, toute la portée de cette victoire.

"Un match difficile, nous dit-il. Rennes à une équipe beaucoup plus volontaire que Nantes et je dois avouer que ses joueurs nous ont donné pas mal de fil à retordre.

"Menés deux à zéro, les Bretons ont eu le mérite de ne jamais renoncer et, vous l'avez vu, nous avons été forcés de rester vigilants jusqu'à la fin.

"Quoi qu'il en soit, nous voilà maintenant libérés. Mais pour ne rien vous cacher, j'avais prévu que notre troisième voyage en Bretagne, après Angers et Nantes, se terminerait par un troisième succès.

Je l'avais d'ailleurs annoncé à Mario Zatelli et notre directeur sportif est là pour vous le confirmer".

- Comment expliquez-vous ces quelques passages à vide avons nous demandé ?

"Eh bien ! c'est chaque fois pareille a répondu le président. Nous avons deux buts d'avance, la partie paraît gagner et puis nous vaissons les bras inexplicablement. Je n'arrive pas à comprendre, heureusement, nous avons eu la bonne idée de faire rentrer Leclercq en deuxième mi-temps. Daniel a fait une remarquable exhibition pendant les 45 dernières minutes.

"Il nous a bien aidés.

"Enfin, en considérant les résultats de la journée je crois que l'O.M. a réalisé aujourd'hui une excellente opération. Nice et Nîmes ont été accrochés. Comme quoi, notre titre est loin d'être perdu.

ZATELLI :

"HOMMAGE À LECLERCQ"

"Pour moi, nous affirma de son côté Mario Zatelli, la grande satisfaction du jour vient, bien sûr, de la victoire, mais aussi de la grande partie réalisée par Leclercq. Je savais déjà que notre bonhomme était pétri de qualités, mais cet après-midi il a littéralement éclaté dans un rôle qui lui va comme un gant.

"Aussi, notre deuxième mi-temps a été bien meilleure. Je n'ai rien à reprocher au jeune Ropero qui débutait dans des conditions difficiles. Mais il faut avouer que la part prise par Daniel a été prépondérante dans la confession du succès.

Ne me faites pas dire que ses camarades ont démérités. Au contraire ! Je suis satisfait de tous mes joueurs. En attendant que Salif retrouve sa peine conditions, je pense par exemple que nous avons bien fait de lui confier une place pas trop bien définie. Il pouvait ainsi évoluer sur tout le plan d'attaque, et cela ne nous a pas mal réussi. Dommage, nous avons encore connu certains passages à vide. Rennes pose toujours des problèmes que nous parvenons heureusement à résoudre à chacune de nos confrontations, à part peut-être une certaine demi-finale de Coupe... Enfin, le verdict de la journée nous démontre que l'O.M. conserve toujours ses chances maintenant. Le championnat va observer une petite trêve alors je dis bien haut : "Tout pour le la Coupe !"

Kurt Linder, lui aussi, savourait cet excellent résultat.

"La situation était la même qu'avant le déplacement à Nantes nous affirme entraîneur. Nous n'avions pas le droit de perdre. Nice et Nîmes ont été accrochés et je suis persuadé que maintenant que l'O.M. a de bonne chance de conserver son titre".

KEITA :

"DEUX POINTS PRÉCIEUX"

Nous n'aurions pas besoin de faire de longs commentaires pour vous situer l'état d'esprit des joueurs olympiens. Ils avaient souffert sur la pelouse, mais tous avant de passer sous la douche étaient, comme il se doit, rayonnant, à commencer par Bosquier, qui hier, portait les galons de capitaine : "Il nous fallait cette victoire, nous dit-il mais franchement, je savais que nous obtiendrons un bon résultat contre Rennes. J'avais parlé que Keita, pour sa rentrée, marquerait deux buts et comme Josip a tenu à mettre aussi son grain de sel tout est parfait... Dans ces conditions, peu importe que notre adversaire nous ait posé quelques problèmes, l'important c'est de vaincre. Regardez Nice, une nappe plus sa belle autorité, entre nous, je crois que l'espoir a nettement changé de camp.

C'était aussi l'opinion de Skoblar : "on est toujours content, affirmait Josip, de revenir avec deux points précieux d'un voyage aussi difficile. Le match a été dur mais personne, je vous assure, ne se plaindra aujourd'hui de la fatigue".

Et Leclerc, que pensait-il de sa rentrée en cours de jeu ?

"Content de participer, à souri Daniel. J'étais en forme mais surtout parce que je jouais à ma véritable place."

Voyons aussi le point de vu du jeune Ropéro : "Je ne pense pas avoir démérité, nous dit-il, seulement nous avions reçu Di Caro et moi-même des consignes spéciales pour nous replier notamment au milieu du terrain. La tactique a parfaitement réussi puisque Skoblar et Keita sont parvenus l'un à l'autre à retrouver le chemin des filets".

Nous avons gardé le mot de la fin pour Keita : "J'ai un peu hésité à me servir du pied droit, nous a confié Salif, mais tout va bien, ma blessure est maintenant guérie. Vous me demandez si je suis satisfait de ma rentrée ? Bien sûr ! Puisque l'O.M. a gagné, ce sont avant tous les deux points qui comptent. Nous avons certes marque les buts assez Josip, honneur du succès revient cependant à toute équipe".

Jean FERRARA 

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