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Résumé Le Provencal

du 26 février 1973

UN SERIEUX COUP DE FREIN

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NANCY, après PARIS

fat échec à l'O.M.

Nous avons, sous les yeux, le bulletin (fort bien fait et très intéressant) des supporters de l'O.M.

Le titre : "O.M.- Nancy nous offrira-t-il les prémices d'un printemps qui chante ?"

Eh ! bien non... et nous le regrettons..

Hier, au Stade Vélodrome, le printemps n'a chanté ni au propre ni au figuré.

Un fort mistral, qui nuisit à la qualité de la rencontre, l'élimination, que l'on souhaite provisoire de Skoblar... mais, surtout un ensemble de résultats sur tout le territoire de l'hexagone assez défavorable pour le club marseillais.

Bref..., L'O.M., qui devait avancer, a au contraire reculé par rapport à Nantes, Nîmes... et même Nice.

Une journée de dupes en sommes pour les Olympiens.

NANCY :

AVEC UN SUPER LEMERRE

Donc, ce qui devient un véritable gag continue.

Depuis la reprise du championnat, l'O.M. n'a marqué qu'un but (contre Bastia), sur son terrain, pour 9 marqués à l'extérieur, sans tenir compte de la Coupe de France.

Quoi que l'on puisse en dire, c'est tout de même anormale.

Hier, pour rester objectif, il faut prendre en considération un élément non négligeable : la valeur de l'adversaire.

L'A.S. de Nancy-Lorraine dans des conditions ne pouvant l'avantager, a pleinement justifié ses prétentions.

Indiscutablement l'O.M. a trouvé, devant lui une équipe du haut de tableau.

Un ensemble homogène possédant un fond technique assez remarquable et appuyé sur un trio défensif, Fouché, Lemerre et Lopez, de premier ordre.

Comme on pouvait le prévoir le centre de l'attaque de l'O.M. même quand Skoblar était là, a trouvé devant lui une forte opposition.

Lemerre, en particulier, a joué un match de classe internationale.

À la place de Georges Boulogne, nous recoucherions cet athlète du football sur nos tablettes.

LE RÔLE DU MISTRAL

Le mistral a, lui aussi, joué un rôle important.

En première mi-temps, il fut pour l'O.M., un faux ami.

Spécialiste du compte, l'attaque de l'O.M. a besoin d'espace pour mieux s'exprimer.

Or, jouant contre le vent, les Nancéiens, déjà prudent, se trouvèrent dans l'obligation de serrer leur jeu.

Ils jouèrent très bien le coup, il faut le reconnaître.

Procédant par passes courtes et ne prenant aucun risque, ils s'efforcèrent de conserver le ballon, tout en laissant entre leur dernière ligne de défense et leur gardien, un espace suffisant ou se perdirent les balles folles expédiées en avant par le Olympiens.

Ces derniers se trouvèrent-ils ainsi, dans la situation d'un sauteur en hauteur n'ayant que 5 mètres ou 6 d'élan.

D'où un nombre d'occasions de buts et deux corners (4) pas excessif, pour une équipe jouant presque constamment dans le camp de l'adversaire.

VITESSE CONTRE VITESSE

Zéro à zéro à la mi-temps, ce n'était pas inquiétant.

On pouvait espérer, qu'en deuxième mi-temps, l'O.M. allait être plus dangereux contre le vent.

C'est bien ce qui se produisit, mais pas à un point tel que le gardien de Nancy, excellent Fouché, ait eu à se surpasser.

Une fois Skoblar remplacé numériquement par Novi et à son poste par Bonnel, on commença à se demander sérieusement si l'O.M. finirait par faire la différence.

Les deux armes principales de l'O.M. restaient la vitesse de Di Caro, la vitesse (plus la subtilité) de Keita et, à la rigueur quelques tirs lointains de Leclercq ou de Novi.

Malheureusement pour les Olympiens, la défense de Nancy est faite de joueurs très rapides.

Un seul exemple : en fin de match, Keita s'envola deux fois, mais chaque fois et ne pu prendre un seul centimètre à Lemerre.

L'O.M. DES VEDETTES

Cet exemple nous servira de liaison pour la conclusion.

L'O.M., pour gagner, compte trop exclusivement sur les grandes qualités techniques, athlétiques ou les deux à la fois, de ses deux étrangers du moment.

Quand, pour des raisons diverses (petite forme ou valeur de l'adversaire), ce truc simpliste ne marque pas, on s'aperçoit que le jeu offensif de l'équipe se réduit à trois fois rien.

Le meilleur de ce jeu (des séries de passes latérales) a surtout pour but de conserver le ballon.

Il est, par conséquent, plus défensif qu'offensive, dans la mesure où la course du ballon se fait latéralement.

C'est sur ce point que les techniciens de l'O.M. devront porter leur attention.

Maurice FABREGUETTE

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SPECTATEUR ATTENTIF DU MATCH O.M.-NANCY

M. Gaston DEFERRE :"Les Marseillais

Auraient dû marquer deux buts !"

En dépit des exigences de la multiplicité de ses obligations, M. Gaston Defferre, député maire de Marseille, avait tenu à venir encourager hier après-midi, l'équipe olympienne. A l'issue de la rencontre, ils nous a confié ses impressions : "Dommage que l'O.M. n'est pas remporté cette rencontre, car il aurait dû marquer deux buts ! J'ai appris que l'O.M. allait rencontrer au tour prochain de la Coupe de France, Lille, un adversaire à sa portée. La Coupe de France peut encore offrir une belle affiche de consolation l'équipe marseillaise".

Le docteur Robert Vigouroux, conseil général, avait accompagné M. Gaston Defferre dont il est le suppléant dans la 3e circonscription. Il nous a dit, de son côté : "J'ai été déçu par le comportement des olympiens, je m'attendais à mieux ! Il leur sera très difficile, cette saison, de conserver leur titre de champion de France !"

A.D.

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LINDER : "L'O.M. doit faire son mea culpa"

La première question à poser en entrant dans le vestiaire de l'O.M. concernait bien sur l'état de Josip Skoblar. Disons-le tout de suite, le buteur olympien sorti du terrain peu après le début de la 2e mi-temps affichait une mine plutôt sombre.

"J'ai reçu un coup, nous dit-il, au-dessous du genou. Au même endroit où j'avais été blessé dimanche dernier. Je crains que cette fois, le mal soit beaucoup plus grave. J'ai en effet l'impression que les ligaments sont touchés. Enfin, nous verrons bien comment va évoluer cette blessure. Je devais me rendre en Yougoslavie et sans doute je vais être obligé de différer mon départ de quelques jours".

Et sur le match quelle est votre conclusion ?

C'était difficile ! Le vent nous a beaucoup gênés. N'oublions pas non plus que Nancy et une très bonne équipe. Mais nous avons tout de même manqué beaucoup d'occasions. La réussite en un mot n'était pas de notre côté. Cela arrive, hélas, dans le monde du football. Cependant, voyez-vous, quand notre équipe ne parvient pas à montrer son meilleur visage, il faut savoir se contenter du match nul. Aujourd'hui, nous avons perdu qu'un point. Vous le savez comme moi, le résultat aurait pu être pire".

En ce qui concerne le professeur Luccioni et le masseur Yansanne, tous deux ont réservé leur pronostic après avoir examiné la blessure de Josip.

On devrait en savoir davantage ce matin. Souhaitons en tout cas que l'avant-centre yougoslave soit bien vite sur pied.

On s'est aperçu hier encore que l'O.M. avait bien besoin de ses services.

M. GALLIAN :

"JE NE COMPRENDS PAS"

Revenons aux impressions d'ensemble. M. Gallian saisi par le froid, l'avait été plus encore par ce nouveau partage des points sur la pelouse du stade vélodrome.

"C'est bizarre, vous l'avouerez. Nous gagnons à l'extérieur devant les meilleurs adversaires. Et ici, alors que tout est avec nous, nous gaspillons un nombre de points impressionnant".

- Comment expliquez-vous ces résultats contradictoires ?

"Eh bien, je ne comprends pas. On a beau chercher les raisons, personne ne trouve une réponse valable. Je sais bien que l'O.M. est une équipe de contre. Et partant elle est plus à l'aise quand l'adversaire fait le jeu. Mais cela n'explique pas tout".

Le président nous a encore signalé que Mario Zatelli, malade, n'avait pas assisté à la rencontre. Ce qui nous a privé du même coup des commentaires du directeur sportif.

LINDER : "C'EST DE NOTRE FAUTE"

Kurt Linder, lui, ne cherchait pas à couper les cheveux en quatre.

"Si l'O.M. n'a pas gagné, affirme-t-il, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Il ne sert à rien de dire que le vent a embrouillé les cartes, que Nancy a bien joué le coup, et que nous avons raté des tas d'occasions.

"En football, vous le savez, seul le résultat a de l'importance. En dépit de tous arguments avancés, l'O.M. avait la possibilité de s'imposer. Il ne l'a pas fait. C'est donc de sa faute.

"Quand on a l'ambition d'être champion de France, il faut avant tout gagner à domicile. Notre point perdu est d'autant plus désolant que nos principaux adversaires, eux, jouaient à l'extérieur. Et de plus ils en ont tiré le meilleur parti".

"Enfin, nous tacherons de rattraper ce faux pas..."

CARNUS :

"PAS TROP

ENCOURAGEANT !"

Passons à l'opinion des joueurs. Daniel Leclercq, le premier regrettait ses deux buts ratés d'un cheveu.

"En première mi-temps, la barre transversale à renvoyer un de mes tirs. Mais c'est surtout en fin de match que la chance m'a abandonné. J'avais pourtant bien frappé la balle. Elle se dirigeait dans le coin de la cage vide, quand le vent a dévié la trajectoire.

Il était dit que nous ne devrions pas gagner".

Di Caro n'était pas loin de partager le même avis. "Nous avons eu pas mal d'occasions. Mais il existe des jours, comme cela, où rien ne réussit. C'est le football ! Je pense toutefois qu'à Marseille, nous abordons nos rencontres trop contractés".

Le mot de la fin à Georges Carnus, le gardien, contrairement à son habitude, n'était guère optimiste.

"Ce match nul chez nous, n'est pas un signe encourageant. C'est bien beau de l'emporter à l'extérieur. Encore faut-il faire la loi devant ses spectateurs. Si nous continuons de la sorte, je crois que nous nous aurons bien du mal à conserver notre titre. Enfin, souhaitons que la série noire s'arrête là..."

Il serait temps en effet.

 Jean FERRARA

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ALBERT BATTEUX : "NANCY PAS ASSEZ ENTREPRENANT"

Alors que dans le vestiaire marseillais on aurait entendu voler une mouche, celui des visiteurs retentissait de chants d'allégresse, les Lorrains, dès la porte refermée, ayant poussé le cri de guerre de l'A.S. Nancy-Lorraine avec une conviction étonnante. Après que l'entraîneur Redin eut félicité ses hommes, le capitaine Roger Lemerre nous disait :

"Dans l'ensemble, je ne de pense pas que nous ayons volé le match nul. Le résultat me paraît logique si l'on considère la valeur du jeu collectif des deux équipes en présence. Notre première mi-temps a été bien meilleure que la seconde. Nous avions su nous adapter au vent contraire en jouant court et en conservant bien la balle.

"Au contraire de la seconde période, votre attitude fut dictée par des raisons psychologiques et nous avons été de plus en plus réservés au fur et à mesure que le temps passé et que nous songions de plus en plus à préserver le résultat".

C'était aussi le point de vue d'Albert Batteux qui confirmait :

"Evidemment, un nul à Marseille, c'est bien, mais il nous aurait fallu plus d'audace et jouer de non pas pour le nul mais pour la victoire. En première mi-temps, c'était très bien. En seconde, nous n'avons pas été assez entreprenants.

"L"O.M., de son côté, n'a pas fait un bon match, ce qui me laisse croire qu'avec un peu plus de confiance de notre part, les champions étaient à notre portée.

"Quant à Keita, malgré ses efforts de la seconde mi-temps, il est certain qu'il ne trouva pas à l'O.M. les appuis et les automatismes qui lui étaient familiers à Saint-Étienne".

Il est évident que les joueurs lorrains, qui venaient de réussir une performance de marque, faisaient moins la fine bouche que leur célèbre aîné.

L.G.

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KEITA pris à partie a

après la rencontre

Alors qu'il s'apprêtait à quitter le stade, dans la voiture du masseur Yansanne, Salif Keita a été pris à partie par un groupe de spectateurs, déçus par l'issue de la rencontre mais aussi par les récentes déclaration du Malien.

On ne peut pas faire état d'incident grave, heureusement. Une légère bousculade et des invectives, sans plus. Espérons toutefois que les réactoins de toute façon déplacées, s'arrêteront là.

J.F.

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Les réponses aux questions que vous vous posez

PLUS D'ACCELERATIONS A MARSEILLE

- Paris F.C., Nancy, deux matches à domicile. Deux occasions favorables. Résultat : deux points perdus. Alors pourquoi ?

Gilbert Gress dans les vestiaires a été le premier à examiner le problème sous cet angle :

"C'est un peu a-t-il dit, la question que nous posons tous. A l'extérieur, nous parvenons à inscrire, trois et parfois quatre buts. Ici notre attaque reste muette. Personne n'arrive à comprendre..."

En ce qui concerne la partie d'hier, les joueurs dans leur ensemble ont affirmé que le vent les avaient gênés.

Oui, mais alors selon la formule consacrée, le vent soufflait pour tout le monde.

Il faut alors chercher ailleurs.

La tactique ? Les changements incessants d'équipiers premiers ?

Ce sont peut-être des raisons. Mais tout les Olympiens consultés ont avoué comme un seul homme que toutes ces affaires ne les concernaient pas : "Tout cela disaient-ils, regarde les entraîneurs !"

Quand nous avons retrouvé la question aux responsables, ils ont ouvert des yeux ronds avant de répondre.

"Comment faire autrement ? Nous sommes bien obligés de composer avec les événements. Ce n'est pas de notre faute si nous avons été accablés, depuis le début de la saison, par des tas de blessures".

C'est également vrai. Mais, il est incontestable d'autre part que l'O.M. sur son terrain du moins, est désormais incapable d'imposer sa manière. Les accélérations, les changements de rythmes qui faisaient sa force dans un passé récent ont désormais disparu.

Est-ce la foi qui manque ? On ne sait.

Toujours est-il que cette équipe olympienne doit retrouver bien vite un style de jeu. Pour conserver d'avoir sa suprématie nationale. Et à fortiori pour figurer dans le concert européen.

15.000 spectateurs se sont aperçus hélas, que nous étions encore loin du compte.

- Skoblar, blessé contre Ajaccio était-il en mesure de tenir sa place ?

C'est une autre question que les spectateurs ont évoquée quand Josip a dû quitter le terrain. Certains s'estimaient qu'il aurait mieux valu titulariser Magnusson.

Nous avons suivi personnellement d'entraînement de l'O.M. durant toute la semaine écoulée. Nous avions même rapporté que la blessure de Josip ne présentait plus aucune inquiétude. C'était la vérité. Le Yougoslave a toujours donné l'impression de posséder tous ses moyens.

Mais dans un choc avec un défenseur nancéien il a bel et bien été blessé hier après-midi. Le malheur a voulu qu'il soit touché exactement au même endroit. Ce fut donc une coïncidence que personne ne pouvait prévoir.

"Kula et Zvunka titulaires, à part entière, il n'y a pas si longtemps, ont subi hier la partie du bord de touche. Qu'en pensaient-ils ?"

Kula tout d'abord estimé que les conditions atmosphériques n'étaient guère favorables.

"Il n'empêche, a poursuivit Édouard, que l'O.M. sur son terrain a peur de mal faire. Personne ne veut prendre de risques. Ce fut mon sentiment de spectateurs. Mais chacun sait que sur la pelouse les problèmes ne sont plus les mêmes".

Quant à Jules Zvunka avant d'assister à la rencontre il avait joué et gagné avec la Troisième division.

"Je suis bien placé, dit-il pour affirmer que ce mistral était un véritable poison. Mais vous savez, il ne faut pas s'affoler si l'O.M. marque le pas en ce moment. C'est toutes les années pareilles. Nous n'aimons pas le plein hiver. Mais tout ira mieux, vous le verrez, avec les matches en nocturne".

- Et Keita ?

Une partie du public l'a plus ou moins conspué hier après-midi. Vous devinez pourquoi.

À la fin de la partie nous avons essayé en quelque sorte de recueillir ses impressions.

"Tout cela n'est pas grave, a répondu Salif. Les spectateurs sont là pour vous applaudir, et aussi pour vous conspuer quand quelque chose les chagrines.

J'ai eu des bravos devant Saint-Étienne, j'ai été sifflet face à Nancy. Tel est le lot de tous les footballeurs. Mais n'ayez crainte, je suis habitué".

Comment ne pas regretter cependant que la communion ne soit pas parfaite ? Dernière question, vous le savez, qui n'est pas de notre ressort

 J.F.

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