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Résumé Le Provencal

du 29 mars 1973

 DEPUIS LE 20 DECEMBRE, NEUF MATCHES SANS DEFAITE

Est-ce le printemps de l'O.M.

Les Marseillais ont obtenu une victoire

difficile mais indiscutable

"Nous nous attendons à une soirée difficile, car l'O.M. ne peut pas se permet de perdre cette rencontre !" Nous avait dit, la veille, Lucien Leduc. Il ne pouvait mieux traduire la situation de l'équipe marseillaise, dont la belle victoire à Sochaux s'était avérée, non pas inutile, mais assez peu payante, els derniers concurrents dans la course au titre également vainqueurs, restant sur leurs positions.

Difficile, la soirée le fut peut-être plus pour l'O.M., malgré sa victoire, que pour les visiteurs champenois qui s'attelèrent à la tâche avec une belle résolution, menant la partie tambour battant, dominant territorialement d'un bout à l'autre un adversaire marseillais misant sur la contre attaque.

Un spectateur débarquant d'un notre pays et ne connaissant pas les équipes en présence et les joueurs, n'aurait pas manqué de prendre Reims pour la formation locale s'efforçant, devant son public, de mettre à la raison un rival parti clairement coriace.

COMME À SOCHAUX

Mario Zatelli, en effet, avait décidé de reconduire une formule qui lui avait donné satisfaction à Sochaux avec une variante, Skoblar remplaçant Magnusson.

Josip et son compère Salif étaient aux avant-postes, soutenus par tout un corps d'armée de demis : Bosquier, Leclercq, Bonnel et Gress s'échelonnant de l'arrière vers l'avant.

C'était le plus souvent Skoblar qui occupait l'aile gauche et c'est de cette position qu'il marquait dès les premiers échanges, sur une belle ouverture de Bosquier.

Quant à Keita, il tentait des percées par le centre, en partant de loin comme à son habitude. Joseph Bonnel se portant souvent en pointe pour servir de pivot à ses deux camarades.

Quant à l'aile droite, elle ne fut occupée vraiment quand seconde mi-temps, quand Gress se décida à abandonner un rôle d'intermédiaire pour tenter enfin des débordements.

...EN MOINS BIEN

Mario Zatelli avait également demandé à ses arrières latéraux de venir sur les "extérieurs" pour pallier le manque de véritables ailiers. Mais l'entraîneur propose et les circonstances imposent ! Reims dominant et maintenant sa pression, Lopez et Kula eurent tout autre chose à faire. Rico promenant Diego aux quatre coins du terrain, alors que Richard, toujours dangereux par sa vitesse de course ne pouvait être négligé par Édouard.

De ce fait, le "système" fonctionnant plus ou moins bien, Keita et Skoblar furent... plus ou moins bien soutenus, et, dans l'ensemble, plutôt mal que bien.

Cela ne signifie pas pour autant que l'idée directrice était mauvaise, mais il faut reconnaître qu'une équipe ne peut s'adapter du jour au lendemain à une nouvelle méthode.

Ce qui est vrai pour la Juventus le serait peut-être demain pour l'O.M., qui dispose de deux grands buteurs et d'un nombre important de demis, mais cela ne pouvait tourner rond tout aussitôt.

UN TRÈS BON MATCH

Nous ne savons pas très bien comment les spectateurs marseillais ont prient la chose, mais, pour nous, ce fut un très bon match de championnat joué sur un rythme extrêmement alerte et indécis jusqu'au bout.

Émoustillé par un but marqué dès la quatrième minute, le public qui n'a d'yeux que pour l'O.M., resta longtemps sur sa faim.

Il assista, atterré à l'égalisation rémoise, et ne retrouva sa voix qu'avec le final enlevé "allegretto" par les deux grands duellistes Josip et Salif.

Il se retira de se fait sur la meilleure des impressions, tant il est vrai qu'il faut toujours mieux terminer en trombe un match ou l'on la quelque chose peu souffert !

REIMS PÉTILLANT

Si nous avons eu ce bon match l'adversaire y est évidemment pour quelque chose, car il faut toujours être deux pour faire du bon spectacle en football.

Reims, qui ne dispose pas des "vedettes" de l'O.M., paille un certain manque de personnalité en attaque pas un esprit offensif extrêmement rare de nos jours. Dès que les maillots rouges sont en possession du ballon, commence un véritable ballet, joué par les Masclaux, Kranzyk, Zywica, Lech, Richard.

Un objectif : la cage adverse, de laquelle en approche par un réseau de passes exécutées à toute allure, ce qui ne va pas sans quelques ratés mais pose un problème aux adversaires.

En somme, Reims, où Lucien Leduc a fait de l'excellent travail, nous est apparu comme l'une des meilleures équipes du championnat, et mérite mieux qu'une place au milieu du tableau, due à un départ raté.

LES DEUX MONSTRES

On n'a pas dû manquer de regretter côté rémois : "Ah, si nous avions Keita et Skoblar" ! ce qui est d'ailleurs une réflexion très courante chez les adversaires de l'O.M.

Il est certain que ce dernier doit beaucoup et même presque tout, à l'efficacité des deux monstres sacrés du championnat. Deux buts pour Josip, pour un match de rentrée, et un pour Salif ! Ceci avec un strict minimum de réelles occasions. Le compte y est. Dans les conditions de jeu d'hier soir, cela tient presque du prodige.

"Ah si nous avions..." Mais Keita et Skoblar joueur à l'O.M., et non pas ailleurs, et leur talent fera toujours aussi les biens des imperfections de détail.

C'est ainsi que la défense, en ce moment à la "baraka". Elle peut se permettre deux fois consécutives d'encaisser un but stupide... sans que ça tire à conséquence...

Maintenant tout le de même, il faudrait faire attention, la cruche ne pouvant aller souvent à l'eau... sans risque.

En attendant, l'O.M. et invaincu depuis la trêve, il a grignoté un point sur Nantes et Nice. Son calendrier est favorable et chacun sait que c'est l'équipe du printemps !

 Louis DUPIC

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ZATELLI :

"Encore un peu de patience"

Dans les vestiaires de l'O.M. ou se trouvait beaucoup de monde, hier soir, après la victoire sur Reims, nous avons bien entendu retrouvé une ambiance de circonstance. Joueurs et dirigeants avaient appris que Nice et Nantes avaient partagé les points. L'O.M., selon les propres paroles de l'entraîneur, n'avait pas perdu sa soirée.

Le président Gallian, pour sa part, estimait que l'opération était des plus fructueuses.

"Certes, nous dit-il, nous n'avons pas réédité notre rencontre de Sochaux, mais nous avons quand même réussi à battre une bonne équipe rémoise. Et c'est ma foi le principal.

"On pourrait peut-être regretter quelques passages à vide, mais un match se joue sur 90 minutes et le résultat final nous démontre que l'O.M. était tout de même supérieur à son adversaire".

- Que pensez-vous du match nul réalisé à Nantes par les Niçois ?

"Là, encore, je crois que ce partage des points et une bonne affaire pour nous. Maintenant, il nous reste plus que jamais à continuer notre course-poursuite".

Mario Zatelli : "Je suis content

pour le public".

Mario Zatelli, lui, n'a pas perdu beaucoup de temps pour aller s'enfermer dans son bureau où, sans doute, il voulait récupérer de ses émotions. Quand nous sommes allés le trouver, il n'a pas cherché une seconde à nous cacher sa satisfaction.

"J'estime avoir vu un bon match, nous déclara l'entraî- se créer pas mal d'occasions. neur. Les deux équipes ont su. Peut-être à certains moments avons-nous donné l'impression de nous chercher sur le terrain, mais je vous signale que pour la nième fois, l'O.M. alignait une nouvelle équipe. Il faut tout de même le temps de s'acclimater à ces perpétuels changements de poste.

"Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on peut retrouver un O.M. fringant, efficace et spectaculaire. Mais, tout de même, après les récents résultats, j'espère que tout cela ne tardera plus".

- Le remplacement de Leclercq par Di Caro était-il prémédité ?

"Oui et non, nous a répondu Mario. En général, je ne suis pas partisan de changer un joueur en cours de rencontre, mais, je vous l'avoue, j'avais pensé à essayer cette formule.

"D'ailleurs, si j'ai choisi Di Caro, c'était un peu dans la perspective de le faire rentrer en cours de match, il fallait essayer quelque chose et finalement ce changement de joueurs nous a été bénéfique, d'autant tout à fait en début de partie".

- Que pensez-vous de votre tandem attaque ?

"Oui, c'est justement à Skoblar et Keita que je fais allusion. Quand on a deux telles individualités, il faut penser aussi à aérer le jeu, c'est-à-dire jouer aussi avec des ailiers de débordement. Cependant la partie réalisée par les deux vedettes se passe de commentaires. Josip dont c'était la rentrée a réussi à marquer deux buts. Quant à Keita, vous l'avez vu, il y a lui aussi eu une action remarquable. Personne ne songera à nier que nos deux vedettes ont rempli leur contrat. Je voudrais dire aussi un mot sur les Rémois qui nous ont donné une très bonne réplique.

"Tout compte fait, cette information champenoise n'était pas si facile à battre.

"Alors il n'y a aucune raison de ne pas se satisfaire de notre résultat".

Mario Zatelli sur ces entrefaites s'est informé du nombre de spectateurs :

"Plus de 22.000 personnes, enchaîne-t-il. Allons le public a recommencé à bouger, cela aussi est un signe encourageant".

Daniel Leclercq, nous l'avons dit, a été lui aussi victime d'un coup, au début de la rencontre, mais lui aussi, au dire du masseur, sera rétabli pour le match de samedi.

Nous avons bien sûr, demandé à Jules Zvunka son opinion sur la victoire, et surtout sur son fameux but qui permit à Onnis d'égaliser.

"La balle, nous dit le capitaine, nous venait dessus, mais j'avoue que j'étais un peu entrepris avec mes mains. J'avais peur de toucher la balle dans la surface de réparation. Je croyais Carnus juste derrière moi. J'ai voulu lui passer l'initiative, hélas je m'étais trompé de quelques mètres. Ce sont des choses qui arrivent.

"Quant au match, lui-même, je crois que le résultat est encourageant. Bien sûr, nous n'avons pas réalisé devant nos spectateurs le grand match que j'attendais. Mais quand une équipe comme la nôtre remonte le courant, il faut savoir se contenter de victoires comme celle-là ! N'oublions pas que nous avons repris un point à Nice et à Nantes. L'O.M. est donc, plus que jamais compétitif".

Voyons maintenant l'opinion des joueurs. En premier lieu, celle de Josip Skoblar qui avait marqué sa rentrée de façon plutôt explosive.

- Alors Josip, ce match ?

"Eh bien, tout cela fait deux fameux sourire sur les lèvres

points, répondit Josip avec son

- Deux points pour le classement des buteurs aussi, avons-nous enchaîné.

"Oui, mais cela n'est pas tellement essentiel. Il faut d'abord penser à l'équipe".

- Votre premier but fut pourtant sensationnel !

"Vous savez, je connais bien Aubour pour l'avoir pratiqué en de nombreuses occasions. Cette fois j'ai attendu qu'il esquisse un geste pour mettre la balle du côté opposé. J'ai réussi à tromper deux fois sa vigilance. Mais, je le répète, Marcel est un excellent gardien".

Signalant que Josip, à l'issue de cette rencontre souffrait encore un peu de sa blessure au-dessus du mollet. Il présentait même une légère enflure, mais Yansanne, le masseur, nous a vite rassuré :

"Ne vous inffuiétez pas, Skoblar sera présent samedi contre Metz".

Voyons le point de vue de Keita qui, lui aussi, marqua un but sensationnel.

"C'est une belle victoire, nous dit Salif en sortant de la douche. Elle nous vaut deux points qui compteront certainement à la fin de la saison".

Georges Carnus, de son côté, était beaucoup plus souriant que le soir du match de Sochaux :

"Cette fois, nous confia le gardien, en plaisantant, j'avais changé de gants. Vous avez vu tout est allé beaucoup mieux.

"Pour être sérieux, poursuivit-il, j'ai eu pas mal de travail, mais tous mes camarades et aussi se sont bien défendus, d'autant que nous avons été remontés au score. Une fois de plus, personne ne s'est découragé. À mon avis, tout cela est de bon augure".

 Jean FERRARA

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BONNEL, pour vous c'était

"marche ou crève !"

C'était votre 500ème match, Joseph Bonnel.

Passe encore de jouer au terme d'un si long périple, mais bien jouer à cet âge est peut-être l'offense la plus sévère que vous puissiez faire à des jouvenceaux déjà blasés par le combat.

Cinq cent fois vous vous êtes apprêté dans ces vestiaires de stade qui se ressemblent tous et ne diffèrent que par leurs secrets.

Cin q cent s fois vous avez compté, au retour de la charge, les horions qui tatouent vos tibias, comme on compte ses points de retraite.

Cinq cent fois vous avez entendu ces foules tendres, passionnées, belliqueuses ou stupides, vous acclamer comme à Delphes ou vous reconduire comme à Grenoble.

Tout dépendait d'une mauvaise passe, d'un tir raté, de la forme précaire ou de l'état de grâce qui met au bout du pinceau de l'artiste la couleur que dix générations n'avaient pas trouvée.

Cinq cent fois, Monsieur Bonnel, le coeur en fête ou la rage aux lèvres, vous vous êtes approché des buts adverses ou votre cheminement de Sioux, apparemment paisible, n'était quelquefois pas remarqué.

Car vous êtes rusés comme un renard, adroit comme un singe et malin à n'en plus finir.

Qui plus est, avec votre taille "garçonnet", vos bons yeux de professeurs dévoués et vos silences, vous vous laissez volontiers ignorer.

Mais voilà, par-dessus le marché, jusqu'ici vous étiez un vorace, un battant, un lutin qui vous glisse entre les mains, vous trompe, vous déconcerte et vous laisse tout maraud.

Avec tout cela, vous jouez bien, M. Bonnel. Tous les ballons que vous avez frappés, de votre pied gauche, de votre pied droit ou de votre tête pensante, pourraient dire, qu'ils avaient la parole, combien les coups intelligents que vous leur donniez les conduisaient tout droit dans la gloire ou le paradis des filets.

Cinq cent fois, cher Bonnel, vous avez joué aux côtés de grands joueurs, qui le savaient, et aussi au milieu de modestes exécutants, qui ne le savaient pas.

Vous n'en avez rien dit.

Parce que vous êtes bon, large, et votre générosité de coeur, dans cette jeune du professionnalisme, ressemble à la violette perdue sous les buissons.

Pour vous, chaque match est un appel, un défi, une mission.

Pour vous, pendant seize ans de carrière, ce fut "crève ou marche". Comme dans le désert.

Et, souvent, vous avez préféré crever.

Maintenant, au final de ces "500", vous avez un droit. Oui, vous avez le droit, vous, désormais, de "gueuler" si d'aventure des hommes, des joueurs à préparer vous sont confiés pour accomplir leur destin professionnel.

Vous avez le droit d'entrer dans le Sénat du football et d'y faire entendre votre voix.

C'était, hier soir, votre 500ème gala. Vous avez bien joué ? C'est normal, c'est courant.

Il y a quelque temps, j'écrivais "Bonnel-le-magnifique".

Puis-je vous le répéter.

Uniquement - si votre modestie s'en offusque - pour faire plaisir à des tas de gens.

Lucien D'APO

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LEDUC :" Nous avons manqué

la victoire en deuxième mi-temps"

Dans le camp rémois, l'entraîneur, Lucien Leduc, était beaucoup moins satisfait de la tournure des événements :

"J'estime, nous dit l'entraîneur rémois, que nous avons manqué la victoire en 2me mi-temps. Nous avons encaissé un but, juste après avoir manqué une magnifique occasion.

"J'estime que mes gars n'ont pas à rougir d'une telle défaite. J'ajoute même que le score est un peu sévère sur le vu de la partie".

- Votre opinion sur l'O.M. ?

- Et bien, répondit Lucien Leduc, les Marseillais sont toujours en course pour conserver le titre. Ils ont fait, je crois, de bonnes choses en première mi-temps, mais je pense que leur victoire est due surtout à leur extraordinaire tandem Keita - Skoblar".

Bernard Lech, de son côté, était de la vie de l'entraîneur :

"Oui, cette victoire est excellente pour l'O.M. ; les Olympiens sont plus que jamais en course pour conserver leur titre, mais le score de ce soir est tout de même un peu injuste pour mes camarades".

Nous avons enfin demandé à Marcel Aubour son opinion :

"Je suis tout à fait de l'avis de Bernard. Quand une équipe à la chance de posséder dans ses rangs deux hommes de la trempe de Skoblar et de Keita, c'est pour elle une grande partie du travail de fait.

"Vous avez vu comme tous deux sont parvenus à mettre la balle au fond de mes filets. Vraiment, ce sont des grands bonhommes du football.

"De plus on disait que l'un et l'autre n'étaient pas complémentaire. Eh bien, ce n'est pas du tout mon avis. J'estime, au contraire, qu'ils ont su se trouver en maintes occasions. En un mot : ce sont eux qui ont fait la différence".

J.F.

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