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Résumé Le Provencal

du 08 avril 1973

 L'O.M. retrouve "son" maillot jaune

Les Olympiens devant le RED-STAR ont

poursuivi leur marche en avant (2-1)

PARIS - À un quart d'heure du coup d'envoi, on n'aurait pas misé un centime sur les chances du Red Star.

Comme on nous l'avait dit, l'équipe parisienne a amélioré son style, sous la direction de Farias.

Au pousse-ballon, a fait place un jeu ordonné, une tendance évidente à mieux occuper le terrain.

Mais pour l'O.M., dont l'ennemi principal et le rythme, l'engagement, cette manière de jouer est un gage quasiment certain de succès. Surtout quand l'adversaire, comme c'est le cas du Red Star, compte dans ses rangs un trop grand nombre de joueurs dont les limites techniques sautent aux yeux.

Donc, sur un rythme pas très élevé, mais de façon agréable, on vit l'O.M. entamer une promenade de santé, ses joueurs du centre du terrain ayant toute liberté de manoeuvrer pour diriger le jeu à leur guise, quelquefois au pas.

Quant aux réactions du Red Star, fort bien orchestrées par Ameijalda et Simon principalement, elles échouaient régulièrement avant la position de tir par suite de quelques erreurs techniques courantes : passes trop longues, mauvais contrôles, par exemple.

Toutes ces raisons réunies, firent que le but de Skoblar à la 15me minute, ne fut pas une surprise, mais la juste consécration de l'indiscutable supériorité olympienne.

KEITA :

LA BALLE DANS UN SOUPIRAIL

Là-dessus Bosquier ayant dû céder sa place à Novi, l'O.M. s'endormit un tantinet, sans doute bercé par le rythme du jeu. Après que le Red-Star eut laissé deux fois l'occasion d'égalisé, la troisième fut la bonne : un tir à bout portant de Ducing sur un corner.

La reprise de l'avantage par l'O.M. mérite la grande citation.

Depuis le début du match, Keita multipliait les prouesses techniques, dans le style extrêmement décontracté et tout de finesse que les habitués du stade-vélodrome connaissent fort bien à présent. Sur un corner tiré de la droite par Gress, on vit planer par-dessus tout le monde et loger la balle dans ce que nous appelons le soupirail, par opposition avec la lucarne.

Un grand exploit athlétique et technique à la fois !

LE RUSH DU RED STAR

EN 2me MI-TEMPS

La personne ayant misé le centime dont nous parlions au début de notre article, sur les chances du Red Star, aurait pu espérer en 2me mi-temps toucher la grosse cote.

Nous devions assister à l'un des classiques des succès de l'O.M. en déplacement : le rush de l'adversaire se brisant sur le mur défensif olympien.

Les joueurs du Red-Star ayant enfin compris qu'ils ne pouvaient surprendre, et partant, battre l'O.M. qu'en s'assurant la maîtrise du ballon, se mirent alors à appuyer sur l'accélérateur.

L'équipe olympienne perdant alors de la supériorité et de son sang-froid, ce fut acculé dans son camp.

Une fois encore, les rôles furent changés et aux Gress, Skoblar, Keita, Leclercq qui avait été les principaux acteurs de l'O.M., en première mi-temps, se substituèrent les défenseurs. Sur toutes les multitudes attaque du Red Star, on ne vit plus que la tête de Trésor, celle de Zvunka, la masse de Bonnel, les dégagements à la désespérée de Lopez ou Hatchi. Et puis, en dernier ressort, l'habilité de Carnus qui réussit à dévier en corner ou intercepter les tirs les plus dangereux de ses adversaires. Pour tous les supporters qui se trouvaient assez nombreux dans les tribunes, ce fut un moment assez pénible, mais auquel nous commencions à être habitué depuis bientôt trois ans que nous suivant l'O.M. champion, dans ses déplacements.

Il est certain que les joueurs du Red-Star obtinrent un nombre considérable de corners, et à plusieurs reprises furent sur le point d'égaliser. Mais, toujours, il y avait un pied, une tête et la densité des joueurs devant le but de Carnus était tel qu'elle rendait l'égalisation très difficile.

UNE VICTOIRE PRÉCIEUSE

Vous connaissez la fin. Il n'était pas utile d'y revenir. L'O.M. a conservé sa précieuse victoire jusqu'au bout. Pendant cette longue période passée dans le camp olympien, quelques contre-attaques menées par Skoblar, Keita ou Bonnel faillirent aggraver l'avantage de l'O.M. Pendant longtemps on balança entre le 2-2 ou le 3-1. C'est ce qui se produit le plus souvent au cours de ces rencontres, quand l'équipe qui se défend, bénéficie d'une grande liberté de manoeuvre en attaque.

Mais il se trouve que si les attaquants du Red-Star ne trouvèrent jamais l'ouverture, ceux de l'O.M. ratèrent quelquefois même de façon incompréhensible les quelques occasions qu'ils purent se créer.

En définitive nous avons vu deux O.M. : un O.M. offensive en première mi-temps, jouant sur toute la largeur du terrain avec une habilité certaine. Pendant cette première mi-temps on se plut à noter la vitesse et la précision des passes de Gress, les longs services de Leclercq, et bien entendu la diabolique habilité de Keita, dont certaines prouesses enchantèrent les spectateurs, et le sens du but de Skoblar.

En deuxième mi-temps, comme nous l'avons écrit plus haut ce fut au tour des costauds de l'équipe, des Trésor, des Zvunka, des Bonnel et compagnie de jouer le principal rôle.

Il est bien certain que pendant cette longue deuxième mi-temps, les plus fins parmi les joueurs olympiens passèrent un peu inaperçus.

Mais, comme le dirait Mario Zatelli, seul le résultat compte et, hier soir, contre une équipe du Red Star, qui nous a paru assez supérieur à Strasbourg et à Ajaccio, l'O.M. a réussi à poursuivre sa marche en avant.

Maurice FABREGUETTES

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ZVUNKA : "Quelle belle aventure !"

PARIS - Dans le vestiaire marseillais, tout en savourant les joies de la victoire sur le Red Star, les joueurs avaient deux autres préoccupations : la première, c'était de connaître le résultat de Nantes à Reims et aussi celui de Nîmes contre Lyon. Vous comprenez aisément pourquoi.

Tout d'abord, la défaite nantaise valait à l'O.M. d'occuper le soir même la première place du classement général. Quant au comportement des Lyonnais, on s'en inquiétait, bien sûr, en vue de la prochaine rencontre de Coupe.

Le président Gallian, aux côtés de M. Philippe Seguin, était évidemment radieux de la partie jouée par ses hommes :

"Eh bien ! voilà l'O.M. en première position, nous déclara tout d'abord le président. Qui l'aurait cru il y a seulement quelques mois, alors que tout le monde nous avait pratiquement condamné ? Je reconnais ce soir que mes joueurs ont fait un excellente première mi-temps devant une équipe du Red-Star survoltée.

"Alors, même si notre première place n'est due qu'à un goal average favorable, c'est tout de même une très bonne performance. Quelque chose me dit que nous allons vivre une bien belle ambiance, samedi prochain contre Lyon, en Coupe".

 MARIO ZATELLI :

"BRAVO À TOUS LES GARS !"

De son côté, Mario Zatelli, entouré par une nuée de reporters, essayait à son tour d'analyser cette rencontre.

"Jusqu'à la blessure de Bosquier, je pense que mes joueurs ont fait d'excellentes choses.

Après bien sûr, ils ont été quelque peu désorganisés par la sortie de notre N. 6, mais à ce sujet je dois signaler que je suis entièrement satisfait de la rentrée de Jacky Novi. Il a rassuré sur l'avenir, car nous aurons encore certainement besoin de lui.

"Que dire de ce match ? Beaucoup d'observateurs prétendent que nous avons eu une deuxième mi-temps difficile, mais je répondrai que le Red-Star a été toutes ses forces dans la bataille. Et c'est normal.

"L'équipe parisienne, ne l'oublions pas doit lutter pour sa survie. Dans ces conditions, les gars ont, non seulement maintenu le rythme, mais ils ont aussi endigué tous les assauts adverses. Vous savez, on nous reproche aussi d'avoir manqué un peu de panache. Mais le championnat est une épreuve de longue haleine, et une équipe qui a des ambitions doit savoir, de temps en temps, s'économiser. C'est ce qu'a fait l'O.M. ce soir, et, à mon avis, l'équipe a eu entièrement raison car le championnat, quoi que l'on pense, n'est pas encore terminé.

"Vous me demandez maintenant quelle est mon impression de nous retrouver en tête du classement général ? Eh bien ! croyez-le, j'en éprouve une bien belle satisfaction, et sans doute je ne serai pas le seul à Marseille. Encore une fois, toute l'équipe a droit aux plus vives félicitations".

 JULES ZVUNKA :

"C'EST MERVEILLEUX !"

Les Olympiens quant à eux, étaient tout à fait à la joie, comme on l'imagine. À commencer par le capitaine Jules Zvunka qui, un jour, au moment de la trêves d'hiver, nous avez annoncé que l'O.M. enlèverait son plus beau championnat. Nous lui avons rappelé cette prédiction. Zvunka, sourire aux lèvres, n'avait pas oublié, lui non plus.

"Oui, nous sommes premiers. Quelle belle aventure ! Il s'agit maintenant de nous maintenir à cette place. Sur la rencontre proprement dite, vous avez peut-être l'impression que l'O.M. a vécu des moments difficiles, mais franchement je n'ai jamais eu peur, car mes camarades donnaient l'impression d'avoir la situation en main. Je crois que nous avons tous jouer le match dans un esprit remarquable. Maintenant, il faut penser à Lyon".

Nous avons demandé l'opinion de Jacky Novi, qui effectuait aussi sa rentrée :

"Voilà bien longtemps, nous répondit Novi, que je n'avais plus gagné un match avec l'O.M. J'ai un peu souffert, au début, lorsque j'ai remplacé Bernard : mais par la suite tout a bien marché".

Skoblar, en sortant de la douche, affichait lui aussi, son plus large sourire :

"Nous avons dû livrer une partie difficile, reconnaissait Josip. Nos adversaires jouaient, eux aussi, pour enlever les deux points de la victoire. Vous me demandez comment j'ai réussi à inscrire mon but. Je dois surtout au centre impeccable de Gilbert Gress. Allons je crois maintenant que c'est bien reparti".

C'est également l'avis de Georges Carnus qui disait en ce rhabillant :

"Sur le but parisien, j'ai été gêné par un attaquant adverse, de sorte que je n'ai pu m'employer comme je le désirais ; mais qu'importe, du moment que l'O.M. a eu le dernier mot..."

Salif Keita, lui aussi, avait marqué un but remarquable :

"Oui, je suis content d'avoir pu tromper la défense parisienne, nous confiait Salif. Mais le principal est bien que l'O.M. ait gagné. Il reste maintenant à maintenir ce rythme".

Donnons quelques nouvelles de Bosquier qui a dû sortir au cours de la partie. Bernard souffre d'une contracture à la cuisse. Il sera vraisemblablement indisponible pour jouer samedi contre Lyon. Nous lui avons demandé comment il avait vécu cette rencontre du bord de la touche.

"C'est vrai, O.M., par moments, a été un peu bousculé, disait Bernard. Mais je n'ai jamais eu l'impression que nous serions vraiment inquiétés. Je sentais, je ne sais pas pourquoi, que la victoire serait au rendez-vous".

Le jeune Ropero, lui aussi, avait à peu près le même avis. Après avoir joué en lever de rideau contre les juniors cannois il avait suivi ses camarades :

"C'est difficile, en effet, de suivre ses équipiers du bord de touche ; mais moi aussi, je me suis tout de suite aperçu que l'O.M. avait la situation en main".

 TOMAZOVER :

"NOUS AURIONS MÉRIT

LE MATCH NUL"

Dans le camp du Red Star, on se plaignait un peu de la vigueur avec laquelle François Bracci avait neutralisé son ailier. Garcia souffrait, en effet, d'une double entorse à la cheville ; mais le direc- pensait surtout résultat :

"L'O.M., nous dit-il, était ce soir bon à prendre, mais les Marseillais ont su jouer le résultat en faisant un match sérieux".

"Skoblar et Keita ont fait la différence. Ce sont bien les deux grands joueurs que tout le monde connaît.

"Je pense cependant que sur le vu de notre deuxième mi-temps, nous aurions mérité de partager les points.

"Nous avons manqué de réussite, et c'est cela souvent qui fait pencher la balance".

Nous avons interrogé aussi Christian Donnat, qui porta autrefois les couleurs olympiennes.

"L'O.M. a marqué deux buts splendides, nous a-t-il dit. Mais peut-être avec un peu moins de précipitation, nous aurions pu les éviter.

"Il n'empêche que l'équipe marseillaise a maintenant atteint son but de croisière et il sera bien difficile de le détrôner. Quant à nous, j'espère que nous réussirons à nous sortir d'affaire et pourquoi pas ? - réaliser une belle carrière en Coupe de France.

Jean FERRARA

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SKOBLAR ET KEITA : deux exploits

SAINT OUEN - La venue de l'O.M. à Paris suscite toujours un grand intérêt dans la capitale.

Ainsi, le vieux stade de Saint-Ouen était-il abondamment garni quelques minutes avant que l'arbitre de la rencontre, M. Frauciel, ne donne le coup d'envoi.

L'affiche, il est vrai, s'annonçait alléchante tant les deux équipes en présence avaient montré de bonnes dispositions lors des matchs précédents.

L'O.M. d'une part, qui malgré les incidents de parcours, est revenu petit à petit au peloton de tête et s'affirme maintenant comme un candidat sérieux au titre ; le Red Star d'autre part qui, cette année, étonne ses supporters par la qualité de son jeu et dont les récentes performances autorisent à espérer des jours meilleurs.

De plus, la rencontre revêtissait un intérêt particulier du fait de l'importance de l'enjeu.

Pour l'O.M., la route qui conduit, au titre passait irrémédiablement par une victoire à Saint-Ouen ; quant au Red Star, la nécessité d'un succès était capitale pour la survie du club banlieusard en première division.

Autant dire que le match s'annonçait des plus disputés.

 SKOBLAR, COMME

A LA PARADE,

OUVRE LA MARQUE.

Comme il fallait s'y attendre, les deux équipes entamèrent le match sur un rythme endiablé et, si le Red-Star faisait de nombreuses incursions dans le camp marseillais, ce sont ces derniers qui se montraient les plus dangereux, notamment à la 2me minute sur un tir de Skoblar, le ballon passant de peu à côté des buts de Laudu.

Aux actions rapides des Audoniens, les Olympiens posèrent le jeu et évoluèrent avec calme. Cette tactique devait s'avérer payante, car, après un premier exploit de Keita qui ne donna rien, le mê- Salif éliminait deux adversaires, évitait Laudu et centrait sur Skoblar qui ouvrait la marque comme à la parade.

Loin de se décourager, les Parisiens se ruaient à l'assaut des buts de Carnus, mais Trésor, impériale au sein de la défense phocéenne annihilait les essais des joueurs de la capitale.

Mais, un peu après que Bosquier, grimaçant, cède sa place à Novi, le Red-Star allait se créer deux belles occasions d'égaliser : à la 25me minute tout d'abord lorsque Ducuing après avoir débordé sur l'aile droite, adressait un tir qui trompait Carnus, mais passait de peu à côté.

La minute suivante, c'était au tour de Simon d'inquiéter Carnus, sur une balle reprise de la tête, consécutive à un centre de Besnard. Mais là encore, le ballon frôla le poteau.

ÉGALISATION PARISIENNE

La pression parisienne se faisait de plus en plus menaçante et, après que Carnus ait sauvé devant Ameijenda, sur un corner, Ducing hésitait de la balle et marquait (32e).

Toutefois, la marque n'allait pas en rester là très longtemps, puisque trois minutes plus tard, sur un coup franc tiré de 25 m par Gress, Keita s'élevait au-dessus de tout le monde, et plaçait la balle au ras du poteau, marquant ainsi le second but phocéen.

2 à 1, ce devait être la marque à la mi-temps.

Il faut croire que la période de repos à des conséquences bénéfiques car les deux équipes fournissaient, en ce début de seconde mi-temps un football vif et alerte qui enthousiasmait le public de Saint-Ouen.

Le Red-Star jouait crânement sa chance et l'O.M. ne réagissait que par Salif Keita qui, passé maître dans l'art des exploits techniques en faisait voir de toutes les couleurs à ses adversaires.

DOMINATION PARISIENNE

Mais à partir de la 60me minute, Marseille allait devoir essuyer un véritable orage. Les Parisiens encouragés par la totalité du stade, acculaient les Phocéens devant leurs buts et les obligeaient à concéder par moins de 5 corners en 3 minutes.

Toutefois, devant ce véritable raz-de-marée, Carnus, Trésor et Zvunka faisaient bonne garde et sur les rares contre-attaques marseillaises, Gress, Keita et Leclercq laissaient planer la menace dans la surface de réparation audonienne.

À la 61me minute notamment ou Keita et Skoblar tergiversaient, Monin parvenant à dégager.

À la 77me minute, Skoblar fut encore à deux doigts d'aggraver la marque en reprenant un centre de Gress, la balle heurtant le poteau avant de sortir.

Alors que le Red-Star avait repris sa domination les tirs de Pintenat, Ducing, Simon et Ameijenda n'étant pas voués à la réussite. Bonnel s'infiltrait dans la défense du Red-Star et adressait un tir sur lequel Laudu était tout heureux de se trouver à la réception (82me minute).

À partir de ce moment, l'O.M. s'accrocha à sa victoire, évoluant le seul Skoblar en pointe et malgré les efforts désespérés des Parisiens, Marseille conservait une victoire qui le moins que l'on puisse dire, était heureuse et surtout très précieuse.

 

 

 

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