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Résumé Le Provencal

du 14 septembre 1972

 L'O.M. AU-DESSUS DE TOUT ELOGE

Les Marseillais, diminués, ont étouffé la "JUVE" grâce à un courage exemplaire

LYON - Pour commenter une pareille rencontre, il faudrait l'âme d'un mathématicien.

Mesurer, comparer, diviser et arriver à un total de tirs au but assez voisin de zéro.

Entre l'O.M. diminué et la Juventus, d'une avarice qui eut enchanté Harpagon lui-même, nous avons assisté au match tactique archi prévu. De part et d'autre, un marquage individuel faisant ressembler les joueurs des deux camps à des frères jumeaux, d'où conséquence inévitable : un perpétuel embouteillage au centre du terrain.

On remarquera que ce football et la rançon du succès de la Coupe d'Europe et de ces matchs aller et retour.

Ce n'est pas la première fois, même quand de très grandes équipes sont en présence, que l'enjeu prime le jeu au point de rendre ce dernier insipide pour les spectateurs neutres.

 LA PEUR BLEUE

DE LA JUVENTUS

Avouons-le franchement, la Juventus nous a déçu. Sa réputation est largement surfaite, à moins que son entraîneur ne soit un grand indécis.

Quand on a la chance de rencontrer sur un terrain quasiment neutre (les supporters marseillais n'étaient pas majoritaires à Lyon) un adversaire privé de ses meilleurs attaquants de pointe, il est absolument stupide de jouer avec ce que nous appellerons une peur bleue, de la couleur du maillot des champions d'Italie.

L'indécision étant toujours punie, il est parfaitement logique, dans ces conditions, que le premier tir dangereux de l'O.M. dans l'encadrement (une tête de Bonnel sur un corner tiré par Leclercq) ait fait mouche.

Croire qu'une défense, même de fer, soit à l'abri d'un accident est une vue de l'esprit.

 L'O.M. NE POUVAIT PAS

FAIRE MIEUX

L'O.M., lui, par la force des choses, ne pouvait jouer ni autrement ni mieux qu'il le fit.

Il ne pouvait se lancer dans un grand jeu de mouvement, sous peine de se faire contrer par son adversaire.

Il devait donc jouer groupé, presque au coude à coude, tout en renforçant le centre de sa défense.

Il s'y employa avec un coeur exemplaire, un esprit de corps et de combat au-dessus de tout éloge. Dans la mesure où une équipe ne peut donner plus que ce qu'elle a, l'O.M. de Lyon a fait le maximum.

Nous ne pensons pas que les supporters présents à Gerland même les plus lucides, ayant constaté les imperfections de leur équipe d'un soir, aient pu adresser le moindre reproche au onze Olympiens.

Pour ces joueurs, il s'agit d'un exploit comparable à celui de notre équipe de relais dans le 4 x 400 de Munich.

 LECLERCQ A CONFIRMÉ

Parmi les joueurs olympiens, si tous méritent d'être félicité, Daniel Leclercq a plus particulièrement attiré l'attention sur lui.

À la fin de la rencontre, si la colonie olympienne a même scandé son nom sur l'air des lampions, c'est qu'au milieu du terrain Daniel Leclercq fut certainement le joueur le plus lucide et le plus précis de son équipe. Ses passes exécutées à la plus grande vitesse, c'est-à-dire parfois en déviation, trouvèrent presque toujours un partenaire. Il tira un corner qui permit à l'O.M. de prendre un petit avantage sur la Juventus.

En fin de rencontre, un de ses tirs de loin, de son fameux pied gauche, fit sensation, obligeant le gardien italien Zoff à réussir le seul véritable arrêt de la rencontre.

On accordera également une assez grande attention à la performance de Bonnel. Le plus vieux des joueurs sur le terrain se manifesta sur tous les points avec une jeunesse et une vivacité absolument remarquables. Faisant équipe, si l'on n'ose dire, avec l'Italien Capello, il prit souvent le dessus sur son adversaire en défense, tout en n'hésitant pas à se porter à la pointe de l'attaque.

Troisième olympien ayant joué au-dessus du lot fut Bosquier. Dans son rôle de libéro, il se montra absolument exemplaire. Mais répétons-le qu'une fois encore, aucun des olympiens présents ce soir à Lyon ne mérite la moindre critique.

 LE PARI EST TENU

Le pari un peu fou qu'avait fait Kurt Linder : voir l'O.M. gagné ce soir à Lyon contre un champion d'Italie avec une équipe privée de ses meilleurs avant de pointe, a été tenu. Il y a eu, c'est bien évident, une part indiscutable de chance.

En deuxième mi-temps, quand les Italiens voulurent partir un peu trop tard, de nombreuses situations extrêmement dangereuses se passèrent devant la cage de l'O.M. Mais, une fois de plus, comme il l'avait fait souvent la mise la saison dernière en déplacement, l'O.M. sut se regrouper devant son gardien de but, se battre, arracher les balles et faire en sorte de conserver un léger avantage que cette fois Josip Skoblar ne lui avait pas obtenu.

Nous avons ainsi assisté dans un match de Coupe à un spectacle qui, pour tous les suiveurs habituels de l'O.M. est assez classique.

 ET MAINTENANT TURIN

A l'issue de cette rencontre, que peut-on penser de la deuxième manche, laquelle, répétons-le, doit se disputer à Turin dans quinze jours.

L'O.M. possédera un avantage précieux d'un but. Skoblar jouera de façon certaine est sans doute Novi tiendra-t-il lui aussi sa place.

Mais malgré tous ces avantages, équipe marseillaise pourra-t-elle résister à son adversaire italien ? Il reste une grande espérance, mais pas une certitude. L'équipe italienne telle que nous l'avons vu ce soir en deuxième mi-temps semble disposer ; contrairement à ce que l'on dit généralement, d'atouts offensifs assez considérables.

Sur son terrain, soutenue par l'immense foule de ses supporters, elle est encore capable de renverser la situation.

Cependant, ce qu'a pu faire l'O.M. ce soir avec une équipe, presque de fortune, et très encourageant. De toute façon, le match retour à Turin mériterait d'être vu.

Si vous en avez l'occasion, ne manquez pas de nous rendre dans cette grande ville piémontaise.

Maurice FABREGUETTES

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Le but

de l'espérance

 LYON - Ils étaient venus 10.000 de Marseille, 2.000 de Turin, au rendez-vous de Gerland et de la Coupe d'Europe. Même loin du pays, les envahisseurs des temps modernes étaient prêts à éclater de joie, à brandir leur oriflamme, prêt à s'enflammer dans le cadre de cet événement qui bouleverse chaque année, à pareille époque, les habitudes et les coutumes.

Conscients de leur tâche, les mains moites, la barbe au montant, les Olympiens regagnaient l'arène avant de s'habiller et de partir à la fête. Dans les dédales du stade Gerland, les portes des vestiaires s'entrouvraient, se refermaient à double tour. De ces luxueuses coulisses on parvenait même à se croiser avec des gens venus de l'autre côté des Alpes, tout auréolés d'un blason brodé d'or. Certains baissaient même la tête.

Dans cette galère européenne, ce pauvre football français allait à nouveau prendre les eaux... d'autant plus que l'homme au soulier d'or n'était pas là avec sa botte magique.

Malgré tout il fallait combattre, affronter tous les risques vaille que vaille en recherchant l'équilibre et le partage, un premier résultat qu'il était bon de ramener sur la Canebière.

L'étroite surveillance ne donnant donner rien dans la première manche, malgré la volonté de Bonnel, le courage de Zvunka ou la finesse d'un Gress ou d'un Leclercq.

Alors ils ont osé. Les Marseillais, couverts de sueur debout, et Bonnel, d'un petit coup de tête donna le but de l'espérance. Un délire déchira le stade et 10 000 coeurs se mirent à battre à nouveau au rythme de l'O.M.

Les nerfs à vif, la rage au ventre, les Marseillais endiguaient toutes les brèches et déchaînaient les passions.

Mieux, les hommes de Linder donnait la leçon. Le briscard Joseph Bonnel venait de donner de l'argent à l'O.M. Maintenant, il ne reste plus qu'à savoir si Josip et Marseille ramèneront l'or de Turin.

René Castille

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Les Olympiens : "Tous les espoirs sont permis !"

Lyon - Il fallut attendre plusieurs minutes avant que les vestiaires des deux équipes se soient ouverts pour donner accès aux journalistes. Mais quand la porte s'ouvrit sur les joueurs marseillais, il va sans dire que tous avaient un large sourire étalé sur les lèvres. Il était évident que cette victoire ainsi courte fût-elle, comblait d'aise les champions de France.

Mario Zatelli, le premier, ne tarda pas à être entouré ont entouré par la meute des envoyés spéciaux, aussi bien français qu'italiens :

- Oui, j'avais pronostiqué un zéro à zéro, mais nous avons marqué un but. Vous pensez alors si mes espérances ont été comblées. Maintenant, nous espérons en marquer un autre à Turin, pourquoi pas... Dans ces conditions, les Italiens devraient marquer trois buts pour espérer la qualification.

 LINDER : "ILS AURAIENT PU FAIRE MIEUX !"

Quant à l'entraîneur Kurt Linder, lui aussi pressé de toutes parts de questions, il s'efforça d'analyser cette rencontre le plus logiquement possible.

- Je suis content, bien sûr, de ce succès, mais je ne comprends pas pourquoi toutes les équipes françaises, lorsqu'elles jouent contre les étrangers, paraissent contractées en entrant sur le terrain et ne veulent prendre aucun risque et, à mon avis, ce n'est pas normal.

"Quand on joue sur son terrain, même si celui de Lyon n'était pas le Stade-Vélodrome, il faut être, je pense, un peut plus audacieux. Surtout ne croyez pas que je veuille faire de critiques. J'estime même que tous les gars ont fait une partie remarquable de courage. Tout le monde s'est bien battu. Mais je ne vous le cache pas, j'avais espéré deux buts d'écart avant cette rencontre. Maintenant, ne faisons pas la petite bouche. Je n'oublie pas qu'il nous manquait Skoblar, Novi, Nagy, c'est-à-dire les meilleurs atouts offensifs. Cette rencontre s'annonçait difficile. Nous savions pertinemment que les Italiens allaient se grouper en défense, en essayant de ne pas prendre de but. La tête de Bonnel a tout de même eu le dernier mot. Désormais il nous reste à défendre ce résultat lors du match retour".

 ZVUNKA : "AH SI NOUS AVIONS JOUÉ AU STADE VÉLODROME !..."

Les joueurs, eux, sitôt rentrée au vestiaire, ne tardèrent pas à sabler le champagne de la victoire.

Le capitaine Zvunka offrait un visage radieux en lançant des tapes amicales à la ronde.

- Dans les conditions où nous abordions ce match, nous dit-il, nous n'étions pas dans une position favorable Nous sommes tout de même parvenus à forcer la victoire. Je crois que l'O.M. ce soir a rempli sa mission. Je regrette, bien sûr, l'absence de Skoblar, qui nous aurait permis sans doute d'apporter un succès plus net. Mais il me semble que ce stade du Gerland manquait un peu d'ambiance. Ah ! si nous avions joué au stade vélodrome !...

"Mais le temps n'est pas aux regrets. Nous avons gagné, chacun a fait son boulot. Le plus dur reste à faire peut-être, mais nous avons quand même fait honneur à notre titre de champion de France, et pourquoi pas, en définitif, ne pas espérait la qualification ?

C'est aussi l'avis de Bernard Bosquier, que l'arbitre, hélas, avait sanctionné d'un avertissement.

- Oui, je reconnais que j'ai demandé à l'arbitre pourquoi il avait sifflé un coup franc contre l'O.M., alors qu'à mon avis le contraire s'imposait. Vous savez dans le cours du match, on a souvent du mal à contrôler ses nerfs. Enfin, nous n'y pensons plus. Ce soir, il faut considérer seulement notre victoire. La Juventus, maintenant, devra se méfier même au match retour devant ses milliers de supporters. Car nous aurons alors Skoblar.

"Vous me demandez mon avis sur la Juventus ? Personnellement, j'avais trouvé l'équipe de Cagliari beaucoup plus "saignante" quand je jouais à Saint-Étienne. Mais, alors, nous avions pris cette équipe en pleine saison. Les Turinois, eux, n'ont pas encore atteint leur pleine condition.

"Quoi qu'il en soit, il n'y a pas de raison de ne pas être confiant. Si l'O.M. fait un match sérieux, comme en Pologne, je crois aussi que nous avons les meilleures chances de disputer le deuxième tour. Gornik souvenez-vous ce n'était pas non plus un match facile..."

Magnusson, comme tous ses camarades, avait dans les mains le verre de champagne.

- Je suis vraiment content, disait-il à qui voulait l'entendre. Tout le monde a fait son travail. Vous vous rendez compte : nous avons gagné sans Skoblar ! Je ne vous le cache pas, Je n'en espérais pas tant. Quelque chose me dit maintenant que l'O.M. va se qualifier.

- On appréhendait un peu cette partie, disait pour sa part Édouard Kula, mais je crois que, en fin de compte, tout s'est bien passé pour l'O.M. Il ne faut pas à se plaindre, c'est un meilleur résultat.

L'avis était tout à fait partagé par Georges Carnus.

- J'avais dit qu'il ne fallait pas prendre de but, nous confié le gardien. Non seulement nous n'en avons pas pris, mais nous en avons marqué un. Certes, tout n'est pas encore terminé, mais disons, si vous voulez que nous sommes sur la bonne voie.

Bonnel, le buteur du jour, était assis dans son coin, l'air passablement rêveur. Mais ce n'était qu'une apparence. Joseph, comme tous ses camarades, savourait sa joie :

- Oui, c'est vrai, nous n'espérions pas battre la Juventus avec tous nos petits malheurs. Ma foi, j'ai réussi à marquer un but on tachera de faire un meilleur match encore à Turin.

Leclercq, lui, était en train de se raser devant la glace, lorsque nous avons recueilli ses confidences :

- J'espère que les supporters seront contents. Hélas ! mon tir, tout à fait en fin de match, n'a pas pu surprendre le gardien turinois. Mais je crois qu'il ne faut pas se plaindre de la performance.

Enfin, le point de vue de quelques dirigeants.

M. CAUSSEMILLE : "Avant la rencontre j'aurais signé sur ce 0 à 0. Heureusement qu'on n'a pas proposé un tel choix. Je l'aurais certainement regretté.

M. BICIAIS lui, n'était pas moins heureux : "La Juventus ne nous a pas marqué de buts. Je vous fais un pronostic : l'O.M., lui, arrivera à trouver le chemin des filets à Turin".

Ce qui laissait sous-entendre que notre interlocuteur espérait fermement la qualification.

Enfin, le sentiment du président : "Comment voulez-vous, nous disait M. Gallian, que je ne sois pas satisfait, tous les gars ont fait un match remarquable. Il suffit maintenant de partager les points et tout sera bien pour la carrière de l'O.M. en Coupe d'Europe.

Jean FERRARA

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Les Turinois : "Rien n'est encore perdu..."

Si les vestiaires de l'O.M. ne restèrent fermés que quelques minutes, ceux des Italiens, par contre le, ne s'ouvrirent que bien longtemps après la fin du match.

"C'est toujours comme cela, nous disait un confrère italien, quand la Juventus perd. Elle n'aime pas beaucoup se laisser aller aux confidences".

Vicpalek, pourtant, sortit pour donner satisfaction à tous les supporters : "Que voulez-vous que je vous dise ? Quand on n'est pas capable de marquer des buts, il ne faut pas se plaindre d'être battu. Nous avons au moins quatre occasions aujourd'hui de prendre Carnus en défaut et ces quatre occasions ont été chaque fois gaspillées. Heureusement, un but de retard n'est pas un bien gros handicap. Nous essaierons de renverser la vapeur à domicile. Mais la faute de Salvadore nous coûte cher".

Le président Boniperti, lui, n'avait pas perdu tout à fait son sourire : "Nous n'avons pas eu de chance, disait-il, notre équipe s'est plusieurs fois trouvée en position favorable. Elle n'a pas pu les exploiter. Vous savez, le football est ainsi fait. Il ne faut tout de même pas désespérer. Il reste encore une rencontre à jouer, alors je reste confiant. Car cette rencontre se déroulera devant nos supporters. Il n'empêche qu'on peut se montrer quelque peu déçu par ce match fourni par nos joueurs.

Enfin, Anastasi, qui avait eu le but égalisateur au bout du pied, a affirmé, lui aussi, que ses camarades ne devaient pas se désespérer.

1-0, ce n'est pas un résultat catastrophique. Il reste encore un match à jouer.

J.F.

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2.000.000 de lires pour les Italiens en cas de qualification

On a appris, hier soir, que chaque joueur de la Juve toucherait la somme de 2.000.000 de lires en cas de qualification aux dépens de l'O.M pour le tour suivant. Il est vrai que le "Calcio" nourrit son homme...

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JOSEPH BONNEL (53me)

donne à l'O.M. une

victoire précieuse sur la "Juve" (1-0)

LYON - Vingt-mille spectateurs, peut-être un peu plus, disséminés dans l'immense nef de Gerland où subsistent d'immenses places vides, ça fait un peu triste. Les supporters des deux camps n'ont pas fait, comme on dit, un malheur.

Quant aux éléments locaux, dont on sait qu'ils ne se précipitent même pas pour venir applaudir leur équipe, et n'ont pas assuré le succès total de la soirée. Il faudra vraiment que les deux adversaires en présence se déchaînent, nous l'espérons tout au moins, pour que l'ambiance devienne digne de la Coupe d'Europe.

Aux vestiaires, les Marseillais nous sont apparus beaucoup plus tendus et contractés que leur adversaire. Ils vont se présenter dans la formation prévue, avec Magnusson, Bonnel et Franceschetti aux postes de pointe.

Les Piémontais, eux, en ont vu d'autres. Nous avons vu Salvador plaisanter avec son vieil ami Magnusson et croisé l'Allemand Haller qui sifflotait un air de jazz.

Leur entraîneur a choisi pour porter le N. 8 le Sarde Cuccureddu. Mais l'on murmure dans les coulisses que selon les fluctuations de la partie, il pourrait appeler le vétéran Altafini ou le jeune convalescent Bettega, qui sont inscrits sur la liste des remplaçants.

Ajoutons, pour achever de planter le décor, que le match va être dirigé par l'un de ces arbitres allemands que l'on sait sévère, M. Biwersi.

 UNE MI-TEMPS POUR RIEN

Après qu'une minute de silence ait été observée à la mémoire de notre ami Pierre Robin et d'un ancien président de la Juventus, l'O.M. s'attelait courageusement à sa tâche, face à une rivale tout de bleu vêtu pour la circonstance, et occupant fort judicieusement le terrain.

La première percée était, à la 3me minute, l'oeuvre de Franceschetti, qui tirait à côté, imité peu après par Buigues. Mais ces tentatives peu dangereuses montraient combien il était difficile d'approcher des buts italiens.

Des deux gardiens, ces Carnus qui devait intervenir le premier en dégageant du poing, de justesse sur la tête de Capello menaçant.

Bosquier tenter sa chance de loin, mais son tir ne pouvait évidemment surprendre Zoff, le numéro un des gardiens transalpins. Quant à Franceschetti, il n'était pas plus heureux, sa reprise de volée à la 15me minute passa nettement au-dessus.

Plus dangereux était la tentative de lobe de Capello intercepté par Carnus (19me).

Cela donnait des idées à Kula, qui, de loin, plaçait la balle nettement à côté.

C'était encore Causio, qui, de la limite, décochait du gauche un tir assez sec qui passait de peu au-dessus (25me).

Une chute de Buigues permettait à Furnio de récupérer la balle, mais le demi italien ratait son tir, heureusement pour Carnus, car il était fort mal placé.

Des percées s'opéraient régulièrement de part et d'autres, provoquant des coups francs, donnés sans résultat, par Capello et Bosquier.

Premier blessé d'une partie correcte, le capitaine marseillais Zvunka, touché au visage d'un coup de tête d'Anastasi, et qui devait recevoir des soins sur la touche avant de reprendre bien vite sa place.

Il ne se passait pratiquement rien au cours du troisième quart d'heure : le jeu se déroulait le plus souvent au milieu du terrain, en dehors du centre de Capello qui surprenait successivement Anastasi et Haller.

À la mi-temps donc, atteinte sur le score de un corner à un, tout était encore à faire pour l'O.M.

 53me MINUTE :

BUT DE BONNEL

La seconde période débutait de façon pour encourageante pour l'O.M., puisque Spinosi ayant concédé un corner, celui-ci était tiré par Leclercq et repris habilement de la tête par Bonnel, prenant à bout portant Zoff à contre pied.

Les supporters se déchaînaient et donnaient à la partie l'ambiance qui lui manquait jusqu'alors. Carnus s'opposait avec bonheur à une tentative dangereuse Anastasi. Puis, un centre de Leclercq, bien servi par Magnusson, était repris par Franceschetti, qui déviait la balle juste à côté.

Le match était enfin lancé et l'O.M. maintenant souvent contraint à se défendre.

 OCCASIONS ITALIENNES

C'est ainsi qu'Anastasi recevant, complètement démarqué, un centre de Causo, manquait l'occasion, au grand désespoir de ses camarades. Il se rachetait en donnant à Capello une balle aérienne que ce dernier reprenait nettement de la tête. Carnus réussissait à dévier en corner (65me).

À la 72me, Kula parvenait à contrer au départ un tir de Claudio, qui aurait été sans doute dangereux, l'attaquant italien se trouvant fort bien placée face aux buts. Carnus se distinguait à nouveau en mettant en corner un tir appuyé de Cucurreddu. Leclerc de son côté, prenait sa chance et décochait le meilleur tir du match, bien arrêté d'ailleurs par Zvunka.

À deux minutes de la fin, Bettega remplacé Haller sans résultat.

L'O.M. conservait la balle et sa mince et précieuse avance.

Louis DUPIC

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 Le président GALLIAN et Mario ZATELLI :

départ en Argentine (peut-être) samedi

LYON - Comme nous l'avons annoncé dernièrement, le président Gallian, accompagné de son directeur sportif, Mario Zatelli, s'apprête à partir pour l'Argentine pour y superviser l'international Oscar Mas. Avant le coup d'envoi de la rencontre, le président marseillais nous a annoncé que son départ était prévu pour samedi. Tout dépend, a-t-il ajouté, d'un coup de téléphone que nous recevrons dès aujourd'hui.

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Un seul drapeau flottait hier dans le stade de Gerland : celui de la Juventus.

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Les olympiens ont précédé la délégation italienne. Édouard Kula, en costume sombre, a été remarqué pour son élégance.

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L'entraîneur rennais Proust était présent, dans les tribunes centrales. "Un espion de plus a ajouté le rusé Diego Lopez avant notre match de championnat fixé à samedi".

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Kurt Linder a retrouvé, sur la pelouse, tout juste avant le coup d'envoi, sur l'ancien coéquipier et ami Mignot, l'ex-Lyonnais.

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De son côté Roger Magnusson a été salué par le solide arrière de la Juventus Salvadore.

- C'était mon meilleur ami, a ajouté le Suédois. Un grand un amateur de spaghettis, comme moi, a conclu le souriant et très décontracté Roger Magnusson.

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Jacky Novi et Josip Skoblar ont tenu à venir dans la cuvette de Gerland.

- Une épreuve très pénible, nous a dit le Yougoslave. Je préfère souffrir sur le terrain.

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L'entraîneur marseillais Kurt Linder était enfin sorti de sa réserve :

- Je suis optimiste pour le match retour !

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Les joueurs italiens, en survêtements noirs, ont été surpris du confort du stade de Lyon.

- Le couloir ressemble à celui d'une clinique, a déclaré l'entraîneur tchèque Vicpalek.

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L'entraîneur de la Juventus a été quelque peu vexé des déclarations d'avant match des journalistes spécialisés français. Aux envoyés spéciaux transalpins il a déclaré :

- Dites bien que la "Juve" n'est pas l'inter. Nous ne pouvons nous contenter d'un 0 à 0 même à Lyon !

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1.800 supporters italiens seulement ont effectué le déplacement Turin - Lyon. Armées de banderoles, colifichets et casquettes, les "tifosi" se sont manifestées d'une manière assez brillante dans l'austère et froide cuvette de Gerland.

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Fait rarissime, les épouses des joueurs olympiens ont boudé ce premier tour de coupe d'Europe. Au forfait de dernière heure de Mmes Lopez, Magnusson et Novi sont venus s'ajouter les absences de Mme Skoblar et de Mme Linder. Nous avons toutefois reconnu dans les tribunes centrales inférieures, Mme Gress, bien emmitouflée et Mme BOSQUIER. Voilà qui mérite une prime de fidélité.

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"Deux cents lires pour une poule populaire : la note est très salée. Tel était le titre que nous avons pu lire dans l'édition spéciale O.M. - Juventus de notre confrère "La Stampa". Pour les Italiens, le football français est trop cher.

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En lever de rideau, les juniors de l'O.M. ont donné la réplique au Lyonnais. "C'était en quelque sorte un nouveau match de l'amitié, nous a dit un dynamique et dévoué dirigeant rhodanien. Car il faut bien vite oublier les incidents du dernier O.M. Lyon", a-t-il ajouté.

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De nombreux joueurs stéphanois ont assisté à la rencontre. "En 'espion' et en 'ami', nous a déclaré Robert Herbin. Histoire aussi de se détendre avant le choc de Saint-Étienne - URSS."

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Venu d'Annecy par la route, Lucien Leduc, accompagné de son épouse, a tenu à être présent à l'événement. L'ex-entraîneur, qui cherche toujours un club, est resté nous en avons maintenant la preuve, un fidèle supporter des marseillais.

R.C.

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(Photo : Collection personnelle Christophe Geraud)

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 (Photo : collection Jacques Fonteneau)

 

 

 

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