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Résumé Le Provencal

du 23 septembre 1973

 

Un O.M. sans inspiration

Normalement battu à TROYES (2-1) 

 

Les commentaires

TROYES - La première mi-temps fut caractérisé par l'extrême prudence des deux équipes. La lenteur et, pourquoi ne pas l'écrire, la médiocrité des débats.

Troyes commença par jouer sans son ailier gauche, le virtuose Petkovic se tenant, constamment dans l'entre-jeu. On ajoutera qu'il y fit un remarquable travail, grâce à ses dribbles et la subtilité de ses passes.

On devait par la suite, assister à des spectacles assez curieux. C'est ainsi que l'on vit Skoblar qui contrait son camarade yougoslave à une trentaine de mètres des buts de Carnus et même Petkovic s'opposait par un dégagement en touche à une montée offensive de Bracci.

Bref, les deux équipes étaient tellement désireuses de gagner ce match, qu'elles en arrivaient à déjouer complètement. Sais d'ailleurs s'en rendre compte. À notre avis on "gamberge" trop dans le football français.

UN BUT IDIOT

Le but qui permit à Troyes de prendre un léger avantage à la mi-temps, fut un pur accident plutôt que la conséquence d'une action logiquement construite.

Watteau, dont la frappe des deux pieds reste de premier ordre, voulut centrer de la gauche du terrain. Touchée ou ou effleurée par un pied pied olympien, le ballon prit de l'effet, et alla s'échouer entre la transversal et le poing de Carnus, lequel voulait vraisemblablement dégager en corner.

Le résultat fut que le ballon retomba à terre, en plein but de l'O.M., et que Tonnel qui avait suivi, ne laissa pas échapper une occasion aussi favorable.

Jusque-là, O.M. avait pris un avantage platonique aux corners, mais Carnus avait été plus menacé que Formici.

Ce dernier n'avait eu qu'à arrêter deux tirs, l'un de Franceschetti, autre de Kuszowski, deux bonnes interventions, mais pas deux exploits.

Durant cette première mi-temps, Magnusson et Skoblar marqués il est vrai au millimètre, n'avaient fait que deux ou trois bonnes choses.

Le reste de l'équipe avait été moyen, sans plus, avec mention spéciale à Trésor, Victor Svunka et Keruzore.

KERUZORE, PETKOVIC, PARIZON

Il faut tout de même faire un match de football.

Un double loupé de la défense centrale de Troyes allait permettre à Keruzore d'égaliser à la 52e.

Mais si la chance le favorisa, il n'en était pas moins certain que le tir du jeune Breton de Marseille était aussi net qu'imparable.

À partir de là, tout pouvait repartir. Psychologiquement la situation de l'O.M. semblait s'être grandement améliorée.

Eh bien non !

Le but pourtant venu au bon moment, n'avait pas guéri l'O.M. de son mal, un mal qui est le doute. La réponse ne fut pas immédiate, mais elle n'en fut pas moins éclatante. Un but superbe.

Après que Petkovic, redevenu ailier, ce qui est sa meilleure place, eut laissé Lopez sur place, grâce à un triple dribble, le centre du Yougoslave, d'une parfaite précision, fut repris de plein fouet par la tête de Parison.

LA MOYENNE SANS PLUS

On ne se montrera pas trop sévères pour ces joueurs de bonne volonté que sont les actuels olympiens. Ils sont sans doute les premiers peinés de ce nouvel échec contre un adversaire qui, en dépit de la valeur de certaines de ses individualités n'est pas un foudre de guerre.

Mais il faut honnêtement écrire que tout ce que nous avons vu faire par l'O.M., ce soir sur le stade de l'Aube, fut simplement moyen, honorable, courageux, mais jamais nous n'eûmes l'impression de retrouver une grande équipe capable de reconquérir son titre.

QUE DEVIENT SKOBLAR

Le plus inquiétant pour nous a été la contre performance de Skoblar. Depuis plusieurs saisons, nous avons vu Josip marqué de très près et le plus souvent irrégulièrement par des adversaires particulièrement coriaces. Mais il se battait, il se déplaçait, il sautait, il faisait tout pour conjurer le nouveau sort.

Hier soir, il nous a semblé - ce qui ne ressemble pas à son caractère, un brin apathique. Skoblar aurait-il déjà perdu l'espoir de redevenir le champion de France avec l'O.M. ? On peut poser la question.

Mais, dans le camp de l'équipe victorieuse, on notera plus particulièrement la grande performance du Yougoslave Petkovic, un joueur lucide, remarquable dribbleur, bon frappeur et qui sait aussi se battre. Certainement la meilleure recrue de cette saison du football français.

Maurice FABREGUETTES

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Ils disent

M. Gallian :

"Nous ne méritions pas de perdre".

Inutile de dire que la joie n'était pas à son comble dans les vestiaires marseillais.

C'était la douche froide au sens propre et figuré du mot, puisque le match n'était pas fini depuis deux minutes qu'un violent orange s'abattait sur Troyes.

Les joueurs, affaissés sur leur banc restaient la tête basse, tandis que Joseph Bonnel et l'équipe dirigeante, debout adossée au mur, parlaient à voix basse.

Le président Gallian, très calme, n'en était pas moins visiblement déçu.

"Je suis vraiment navré de perdre de la sorte. Car, en toute équité, un match nul eut été beaucoup plus conforme à la réalité. Car, enfin, nous n'avions pas mal joué, et les Troyens, en dépit de leurs qualités, ne sont pas des foudres de guerre. J'entends, par là qu'une équipe qui, comme la nôtre, doit jouer les premiers rôles, peut fort bien se tirer de match comme celui de ce soir. Et nous l'aurions d'ailleurs fait si le sort ne nous avait pas été contraire.

"Lorsque Keruzore eut égalisé, j'étais absolument certain que nous allions gagner, tant que nous donnions une impression d'aisance.

"Nous avions véritablement le match en main, mais le second but de Parizon nous a littéralement coupé les jambes.

Josip Skoblar, lui, roulait des yeux noirs, dans lesquels brillaient des lueurs de colère. "Je n'étais pas hors jeu en seconde mi-temps, sur le but que j'ai marqué, expliquait-il, car je suis parti nettement après le ballon. D'ailleurs sur cette action, arbitre était mal placé."

Joseph Bonnel, sans doute, était le plus abattu de tous, ce qu'on ne peut que regretter, le nouvel entraîneur marseillais ayant su faire la conquête de tous, par ses qualités humaines. Il ne cherchait pas de fausses excuses : "Nous avons beaucoup trop subi le jeu, surtout durant les 45 premières minutes, et, pour la confirmation que tout le monde attendait, disons que cette plutôt raté.

"Mais, à 1 à 1, j'étais redevenu confiant, non pas tant par cette égalisation que parce que l'équipe tournait beaucoup mieux. On me dit que le match de Luxembourg a pesé dans les jambes. Je me refuse d'y croire, cette partie ayant rien de particulièrement éprouvante.

"Les raisons sont ailleurs, et je pense surtout que nous n'avons pas été assez entreprenants au milieu du terrain".

Quant à savoir s'il envisageait de modifier la formation marseillaise, pour le match de mardi contre Rennes, Joseph Bonnel n'a évidemment rien voulu nous dire encore, mais a laissé entendre que, compte tenu des circonstances, un remaniement appartenait au domaine du possible.

Alain PECHERAL

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Pierre Flamion :

"Mes garçons m'ont fait plaisir"

Côté troyen, évidemment, c'était du délire. Le premier que nous allâmes voir fut Jean-Louis Hodoul afin de lui poser la question qui été sur toutes les lèvres : "Skoblar était-il hors jeu sur le but qu'il marqua à Formici en deuxième mi-temps ?"

Jean-Louis, un peu embarrassé, nous répondit qu'on ne pouvait aller à l'encontre des décisions de l'arbitre, mais il ajoutait : "De toute façon, je crois très sincèrement que Josip était hors jeu".

Quant à Pierre Flamion, l'entraîneur troyen, il est évidemment ravi :

"Je suis content de mes garçons. Ils ont démontré une fois de plus qu'avec des moyens inférieurs, mais avec une volonté décuplée, une équipe présumée plus faible peut s'imposer. Et ils ont aussi apporté la preuve que leur place en première division n'est pas usurpée.

"Croyez-moi, ils en feront souffrir d'autres !"

A.P.

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Le fait du match

Le brancard inutile

Au cours de la rencontre, on a eu très peur pour les deux gardiens Formici et Carnus. Deux fois, le brancard fut sorti par les infirmiers de services, mais - heureusement - les deux fois cette sage précaution s'avéra inutile.

Plus de peur que de mal dira-t-on. Et en définitive, c'est Magnusson, auteur très involontaire de la chute de Formici, qui devait regagner les vestiaires.

Cependant, comme il vaut mieux prévoir qu'aller porter des oranges à des joueurs se trouvant sur un lit d'hôpital, il conviendrait que les arbitres se préoccupent un peu plus de la santé physique des joueurs de football, et plus particulièrement des gardiens de but.

Dans les deux cas, il s'agissait d'un accident fortuit. Magnusson heurta Formici en essayant de s'emparer du ballon, et Tonnel fit de même contre Carnus.

On ne saurait donc incriminer les deux joueurs coupables de ces charges. On sait d'ailleurs que Magnusson est le plus doux et le plus pacifique des footballeurs jouant en France.

Cependant, une remarque pourtant s'impose : les gardiens de but sont beaucoup plus exposés que leurs partenaires. Quand ils se jettent pour récupérer une balle, les deux mains en avant, en l'extension, toutes les parties de leur corps sont exposées dangereusement aux coups de l'adversaire.

Il serait bon que tous les footballeurs le sachent et qu'ils évitent de charger violemment un gardien de but quand ce dernier est en l'air.

Il y a eu dans le passé des gardiens de but tués. Il ne faudrait pas que de pareils accidents puissent se produire. C'est pourquoi nous demandons instamment aux arbitres et aux joueurs adverses de veiller attentivement sur toutes les interventions contre gardien de but.

M.F.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

L'avertissement

de Buigues était mérité

L'arbitre a sorti son carton jaune contre Buigues. Cet avertissement, le troisième de la saison en championnat, était-il mérité ?

- Malheureusement oui et certains arbitres auraient même expulsé l'Olympien tellement sa charge, le pied en avant à hauteur du genou de son adversaire, fut violente et dangereuse.

Nous savons parfaitement que Bouygues est un garçon fort sympathique et pas méchant du tout, mais il devrait, sur le terrain, surveiller ses impulsions.

Sous l'effet de la colère, il est capable de blesser un adversaire. Souvenons-nous que l'année dernière il toucha rudement Skoblar au cours d'un match de coupe.

Cette manière de jouer à une influence sur son jeu. Après avoir reçu un avertissement, il n'ose plus se livrer complètement et perd une partie de sa valeur. C'est grand dommage, car il s'agit d'un équipier précieux et qui n'a que le tort d'y voir rouge de temps en temps.

Nous devinons que Mario Zatelli et Jo Bonnel ont dû déjà lui dire et lui répéter ce que nous venons d'écrire.

L'O.M. a été battu par une grande équipe ?

- Certainement non. Nous pensons que Troyes, qui va être renforcé par un défenseur yougoslave Illich, capable de se maintenir en Première Division.

Mais il s'agit tout de même d'une équipe de la deuxième partie du tableau et qui, hier soir sur son terrain, devant son énorme public, a paru éprouver le tract surtout en première mi-temps.

Malheureusement l'O.M., hier soir, n'a jamais pu jouer en grande équipe. Nos voisins, tous Troyens, et qui étaient venus en pensant assister à un spectacle de première qualité, étaient très déçus par le match et surtout par le comportement de l'équipe visiteuse. Une équipe non point mauvaise, mais terne, sans saveur et sans piquant. Un O.M. qui, s'il continu sur ceux-ci rythme, terminera honorablement entre la 6ème et 10ème place sans faire beaucoup de bruit.

Que deviennent les vedettes de l'O.M. ?

-Les vedettes de l'O.M., celle qui au cours de ces dernières saisons jouèrent un grand rôle dans la conquête des deux titres et du doublé, sont essentiellement Skoblar Magnusson.

Or, hier soir tous deux furent très moyens. Nous n'avons jamais reconnu Magnusson dont on vous avait dit monts et merveilles après son match au Luxembourg. Face à l'ancien arrière d'Ajaccio Le Lamer, un défenseur qui n'est tout de même pas de classe internationale, il se contenta de très peu de choses. Quant à Josip, il commence à nous inquiéter. On peut se demander si à son âge - il aura 33 ans au mois de mars - il n'est pas en train de descendre le côté de la montagne.

M.F.

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Le match en bref

Beaucoup de monde au stade de l'Aube à Troyes ou la venue de l'O.M. avait suscité un tel engouement que le match se jouait à guichet fermé.

C'est par une température idéale et sur une pelouse en parfait état qu'allait se dérouler ce qui était presque, pour le public aubois, le "match de l'année".

Skoblar adressait le premier tir du match (3e minute), mais bien vite les Troyens allaient inquiéter Carnus, par Parizon, Petkovic et Tonnel.

La première occasion sérieuse était pour Skoblar, servi de la tête par Franceschetti : Josip, bien que ce heurtant à Formici, parvenait à dévier la balle que Jacques repoussait sur la ligne à la 13e minute.

Ce même Jacques obtenait un but fort justement refusé pour hors jeu à la 26e minute.

Buigues quant à lui, commettait un bien inutile geste de violence sanctionnée par un avertissement (28e minute), et à la 35e, les Troyens ouvraient le score par Tonnel, fusillant à bout portant et de volé Carnus qui n'avait pu que repousser sur la transversale en voulant renvoyer en corner un centre aérien et vrillé de Watteau.

La fin de cette première période allait être pénible pour les Marseillais.

En seconde mi-temps, l'O.M. reprenait fermement la direction des opérations et après plusieurs essais infructueux, les Olympiens obtenaient la récompense de leurs efforts : Bracci, démarqué à l'aile gauche, effectuait un centre en retrait et prenait toute la défense troyenne à revers. Et Keruzore d'un très beau tir croisé de 20 mètres trompait Formici (52e minute).

Dans la minute suivante, le gardien aubois se heurtait avec Magnusson. Les deux hommes restaient au sol quelques minutes avant de reprendre leur place.

Mais 10 minutes plus tard, le Suédois sortait, remplacé par Le Boedec.

Le 2e but troyen allait être l'oeuvre de Parizon qui reprenait joliment de la tête un centre de Petkovic (74e).

Carnus, comme Formici précédemment, restait à terre sur une charge de Tonnel.

Le gardien marseillais d'ailleurs allait être encore à l'ouvrage jusqu'à la fin de la partie.

A.P.

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Sachez que

TROYES - Comme nous l'avait laissé entendre notre correspondant en Champagne, le match a suscité un engouement extraordinaire dans toute la région auboise, le public local étant sevré de rencontre à l'échelon le plus élevé depuis douze ans, date de la descente de Troyes en Seconde Division, les journaux troyens "Libération Champagne" et "L'Est Eclair" avaient-il consacré une page entière à l'événement. Fait, signalons-le, absolument exceptionnelle par chez nous... en dehors de la région marseillaise.

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L'ambiance, par ailleurs, était particulièrement optimiste avant le match dans les rangs des supporters troyens et même de nos confrères du cru. "Libération Champagne", par exemple offrait sous l'énorme titre : "20.000 regards sur le T.A.F", une excellente caricature de Pierre Flamion, en tenu de ménagère, s'interrogeant sur la meilleure façon de laver les maillots troyens des souillures infligées par Sochaliens et Bastiais. La réponse valable, vous l'avez deviné, était bien sûr : "Avec le savon de Marseille".

Quant au gardien de but, Guy Formici, il était plus catégorique encore : "Nous allons les manger", déclarait-il sans ambages.

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Jean-Louis Hodoul n'a pas oublié Marseille, sa ville natale, et tous les amis qu'il y compte et qu'il nous a d'ailleurs chargé de saluer pour lui. Également rencontré dans la cour d'honneur du stade de l'Aube, Jean-Claude Scotti désormais Chaumontais et un peu dépité par la lourde défaite subie par sa nouvelle équipe la veille à Lille.

A.P.

 

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