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Résumé Le Provencal

du 05 mars 1975

 

NOUVELLE VICTOIRE... 2e PLACE !

Le réalisme de l'O.M. a payé grâce à Victor Zvunka et PAULO (2-0)

MONACO - Il y avait longtemps, sans aucun doute, qu'on n'avait pas vu ça à Monaco. Un stade archi-comble, une ambiance du tonnerre, des airs de samba, et tout, et tout...

Quant aux spectateurs, fait aussi remarquable pour un match à l'extérieur, on notait autant de Marseillais que de Monégasques dans les tribunes.

On peut dire que la moitié de l'assistance s'est retirée enchantée du stade Louis II. Car l'O.M. a mis un point d'honneur à ne pas décevoir ses nombreux supporters.

Un match sérieux, appliqué, sinon génial et qui démontre sans équivoque que l'équipe marseillaise est bien sur la voie ascendante. Le tout conduit à une logique victoire et une deuxième place au classement général.

LA MATURITÉ OLYMPIENNE

La première mi-temps avait confirmé ce que l'on savait, à savoir que Monaco meilleure attaque du championnat, péchait aussi par un manque évident de rigueur défensive. Le grand mérite de l'O.M. allait être alors de s'adapter au jeu de l'adversaire.

Les Marseillais s'efforçaient dans les premières minutes de contenir les assauts des joueurs de la Principauté. Assauts que Jules Zvunka avait d'ailleurs prévus comme il nous l'avait laissé entendre avant le départ.

C'est à ce moment-là que la défense olympienne, grandement aidée il faut le souligner, par l'activité du milieu de terrain, joua un rôle que l'on peut qualifier de déterminant. Chomet, Onnis, Pleymelding contenus il était plus facile ensuite de s'organiser, ce qui fit l'O.M., pas toujours avec un brio étincelant mais du moins avec une maturité certaine.

LA PART DES BRÉSILIENS

Il est certain que les deux Brésiliens avaient, pour leur part, tiré leurs ficelles.

Les Monégasques, avertis par leur mésaventure du match aller, avaient bien sûr leur attention particulièrement fixée sur les deux vedettes olympiennes, il faut rendre hommage à Victor Zvunka d'avoir exploité cette situation pour ouvrir la marque.

L'O.M., légèrement dominé sur le plan territorial, avait choisi comme à son habitude d'opérer par contres.

On sentait déjà que les Marseillais pouvaient prendre le match en main. Mais il manquait toujours, soit par maladresse, soit par excès de précipitation, la dernière touche qui eut permit de faire la différence au tableau d'affichage.

Emon, notamment, qui réussit le plus dur, pour rater le plus facile, était presque arrivé à irriter ses supporters. C'est alors, comme il arrive souvent en pareil cas, que le jeune Albert allait mettre les rieurs de son côté, en se débarrassant de Mosca pour adresser un centre impeccable à Victor Zvunka, posté en position d'avant-centre. Toute la défense monégasque, comme nous l'avons dit, avait l'oeil sur les deux Brésiliens, et le cadet des Zvunka, si souvent décrié lui aussi, ne laissa pas passer l'occasion de faire trembler les filets. Un but précieux, ô combien, qui allait permettre à l'O.M. de bâtir sa victoire.

CHARRIER ET PAULO CEZAR

Car il faut préciser que l'équipe marseillaise connut par mal de périodes chaudes en 2e mi-temps. Dans le premier quart d'heure, notamment, Mosca eut trois ou quatre occasions on ne peut plus franches d'égaliser. Et là, nous sommes bien obligés de rendre à René Charrier les mérites qui lui reviennent. Si les Monégasques n'ont pu réussir à rétablir l'équilibre, le gardien marseillais en fut le grand responsable.

Il eut successivement devant Pastorizza, Dalger est encore Pastorizza, une série d'arrêts qui étaient autant d'exploits.

Victor Zvunka avait été l'homme de la première mi-temps, Charrier fut celui de la seconde. N'oublions pas, bien sûr, d'associer Paulo Cezar dans ces hommages. En marquant le deuxième but, tout en finesse, tout en classe pure, et ruina définitivement les espoirs de l'adversaire. Une passe lumineuse de Jair, une course folle de 40 m. environ, avec les gardes du corps à ses trousses, une pichenette pour éviter le gardien, et un but qui souleva les applaudissements mérités de tout le public. Sans contestation possible, on avait retrouvé le grand Paulo.

Il serait enfin injuste d'oublier les autre Olympiens. Tous se sont battus avec un coeur digne d'éloges pour forcer cette victoire. La troisième consécutive à l'extérieur. Bien sûr, on parlera encore du bonus raté d'un cheveu. Mais il ne faut pas exagérer, l'O.M. a largement rempli son contrat hier soir sur le terrain du stade Louis II, en battant un adversaire qui avait, plus d'une fois, prouvé son efficacité. Les joueurs marseillais se posent désormais comme de sérieux prétendants à une Coupe européenne. Allons, voilà qu'ils nous promettent une fin de saison palpitante.

Le réalisme affiché hier soir leur ouvre en tout cas, pas mal d'espérance.

Jean FERRARA

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BRAVO VICTOR

Peut-être certains ne seront pas d'accord, mais disons les choses comme nous les pensons : nous avons vécu hier un très bon match de championnat. Certes, rien ne fut parfait. Il y eut ici et là quelques imperfections, quelques maladresses, mais personne ne pourra soutenir qui s'est ennuyée, au stade Louis II, quatre-vingt-dix minutes durant. Les Marseillais, vous vous en seriez doutés, sont les grands triomphateurs de cette soirée passée en Principauté.

Huit matches consécutifs sans défaite, trois victoires à l'extérieur pour le compte du Championnat de France voilà une série impressionnante.

Si les Olympiens peuvent pavoiser, les Monégasques, par contre, sont les grands perdants. On attendait Onnis, on ne l'a pas vu ; on attendait Pastorizza (l'Argentin au coup de patte diabolique), il n'a pu réussir dans ses entreprises en face de lui se trouver Charrier, toujours aussi étonnant de brio et de sûreté. On attendait Jair, il n'a pas fait un malheur, mais bien souvent les défenseurs au maillot rouge ont tremblé en le voyant partir balle au pied. On attendait Paulo, Il a fait enfin honneur à sa réputation : ses dribbles, ses contres, ses amortis, ses passes ont fait merveille.

Son but a soulevé l'enthousiasme du stade, mêlant dans un même élan supporters marseillais et monégasques.

Bref, on attendait tout ce beau monde, mais il y en a avec un que l'on n'attendait pas à pareille fête : Victor Zvunka.

Le petit frère de Jules a su montrer, et de quelle façon, qu'il était là et bien là. Naguère contesté, Victor, depuis trois mois, n'a cessé de progresser. Hier, il a éclaté. Non seulement il a muselé Dellio Onnis, le roi des buteurs, mais, en outre, il a fait mieux. Il a mieux fait que son adversaire en réussissant ce que celui-ci n'avait pu faire : marquer un but, le premier depuis qu'il porte le maillot blanc de l'O.M. Un but dont il gardera à jamais le souvenir et dont il racontera les péripéties le soir de la veillée, alors que le grand-père parlera de ses exploits de jeunesse à ses petits-enfants.

Le but de Paulo Cezar fut sans doute le tournant du match, celui de Victor a comblé d'aise tout le monde, surtout ses amis et on sait qu'ils sont nombreux.

À Monaco, il fallait tenter le banco, Victor n'a pas hésité. Il a réussi. "Bravo !".

A. de R.

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Choeur des Olympiens : une immense joie !

Il est sans doute inutile de préciser que dans les vestiaires marseillais une joie sans mélange régnait. Chacun se tapait sur l'épaule, les rires fusaient ici et là, et sous la douche les joueurs chantaient à tue-tête.

Il nous fut inutile de demander à Félix Meric - qui fut la première personne que nous avons rencontrée - s'il était satisfait.

En effet son sourire en disait long.

Jules Zvunka, l'entraîneur, nous confiait : "Avant le match j'étais confiant et je l'avais fait savoir à mes joueurs. Le résultat de ce soir me comble au-delà de toute espérance. Voilà huit matches que nous jouons sans perdre, c'est quand même pas mal. Je sais que certains vont nous dire qu'une fois encore c'est Charrier qui a sauvé la baraque, mais, que je sache, René fait parti de notre effectif. Alors, de grâce, contentons-nous de prendre ces deux points sans chercher midi à quatorze heures".

Jacky Lemée, assis sur un banc, répétait : "Nous avons connu des moments difficiles, je le concède, je crois que nous avons fait un match plein. Dalger m'a donné quelques soucis parce que, à vrai dire, c'est un truqueur, il a raison d'agir ainsi, neuf fois sur dix les arbitres se laissent prendre au piège".

Jairzinho très entouré, était volubile. Il arborait le sourire des grands jours : "Vous me demandez si je suis content ? Mieux, je suis très content. L'O.M. ne perd plus, que voulez-vous de plus. Notre défense ne prendre pas de but, et en attaque nous réussissons à marquer, c'est formidable.

Ceci dit, j'ai un petit regret car voici que pour la troisième fois pratiquement coup sur coup, nous ratons d'un rien le bonus. À vrai dire, ce soir nous aurions pu l'obtenir notamment si l'arbitre avait sifflet un penalty qui s'imposait sur une charge contre Paulo".

Trésor, se contenta de murmurer : "Encore une victoire à l'extérieur, une belle série sans connaître d'échec, que demander de plus".

Paradoxalement, Robert Buigues était en colère, il nous en expliqua la raison : "Au lendemain de notre match contre Montluçon, nous avons reçu une volée de bois vert parce que soi-disant nous nous étions "reposés" ; peut-être que si nous nous étions défoncés ce soir là nous n'aurions pas occasionné de fêter une victoire.

Nous sommes des professionnels et nous raisonnons en tant que tel. À quoi cela nous serait-il servi de partir flamberge au vent en terre montluçonnaise. Regardez les autres résultats de coupe et vous verrez que les équipes de 2e division ont toujours fait souffrir celles de première. Maintenant c'est à nous de jouer au stade Vélodrome. Ceci dit, je suis satisfait de notre victoire."

M. Klein lui aussi était satisfait et précisait : "J'ai surtout apprécié le progrès de notre équipe dans le jeu collectif et je tiens aussi à mettre en exergue l'excellent travail d'Albaladejo qui, à mon avis, a fait un très grand match".

René Charrier, comme toujours très modeste, analysait le match : "Nous avons connu des moments pénibles, c'est vrai, mais le football est ainsi fait que c'est au moment que l'on s'y attend le moins que l'on fait la différence est que l'on réussit les choses les plus difficiles ! C'était un bon match je suis très content pour l'équipe et nous que nous ayons signé une victoire. Maintenant nous sommes bien placés en championnat, tant mieux, mais pour moi l'important reste la Coupe. Je n'ai que des amis au sein de l'équipe marseillaise et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'on la gagne".

Ecoutons Bereta : "Je vous avoue qu'en début de seconde mi-temps j'ai eu très peur, je pensais que l'on risquait de payer le match de Montluçon, puis nous nous sommes bien repris et j'ai noté avec satisfaction que l'on faisait très bien circuler la balle".

Enfin, autour du héros de la soirée, Victor Zvunka, vous l'avez deviné, nous a dit dans un clin d'oeil : "Il y a longtemps que je courais après ce but, j'ai maintenant réussi à marquer, j'espère que beaucoup d'autres vont suivre". Optimiste le cadet des Zvunka.

Laissons la conclusion à Ernest Stojastal qui fut voici une vingtaine d'années un des meilleurs joueurs mondiaux : "Je savais que l'O.M. avec des vedettes. J'ai découvert ce soir que l'équipe avait une très belle cohésion, à partir de là elle peut se montrer dans un proche avenir irrésistible". C'est le plus bel hommage que l'on pouvait rendre sans doute aux Phocéens.

André de ROCCA

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MURO : "Manque de chance"

Dans les vestiaires monégasques on était déçu bien sûr, mais non pas abattu et l'entraîneur du club de la principauté déclarait : "Je n'ai rien à reprocher à mes joueurs, je suis même satisfait de leur match et surtout de la deuxième mi-temps au cours de laquelle ils ont bien suivi les consignes et attaqué sans cesse pour essayer de percer une défense marseillaise qui été souvent renforcé. La chance n'était pas avec nous, et, de plus, nous sommes tombés sur un gardien de but de classe qui évita à son club l'égalisation. En revanche, les Marseillais ont bien joue le coup, et ils ont su profiter à merveille des rares occasions qu'ils se sont créés".

Dalger : "Ca en devenait décourageant de dominer et de ne pas pouvoir trouver la faille".

Jean Petit, capitaine : "Il ne nous reste plus qu'à jouer de la même manière et d'essayer de rattraper à Sochaux les deux points que nous venons de perdre sur notre terrain. L'équipe marseillaise a impressionné par sa solidité défensive et par la classe de Paulo Cezar et le travail inlassable de Bereta, deux joueurs qui sont à la base du succès de nos adversaires".

Désir CARRE

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Les réponses aux questions que l'on se pose

- Dans les matches de football il est souvent question de l'arbitrage. Alors commencé comportait hier soir M. Hélies ?

- Le directeur de jeu n'eut pas à se montrer d'une sévérité excessive pour tenir les deux équipes. Pour la bonne et simple raison que Marseillais et Monégasques jouèrent toujours un match correct. Indépendamment de cela, il s'appliqua à diriger la rencontre d'une façon assez large. Ce qui n'est pas une critique, car le spectacle n'en a jamais souffert.

- Monaco a-t-il appliqué un marquage spécial sur les Brésiliens ?

- Non, pas de consigne particulière. On se souvient pourtant que Monaco avait été lourdement battu au match aller par la faute des Brésiliens et notamment de Paulo Cezar. Alberto Muro s'était contenté, hier soir, de faire surveiller Paulo Cezar par Samuel, qui n'a pas employé, comme nous le signalons par ailleurs, des moyens illicites. Quant à Jairzinho, c'est Chomet, remplaçant Guesdon au pied levé, qui fut chargé de sa surveillance. Il s'en acquitta d'ailleurs avec un certain bonheur. Il n'empêche que les vedettes brésiliennes ont grandement contribué une deuxième fois à la victoire de leur équipe.

- Comment expliquer le but de Victor Zvunka ?

- Il est en effet assez rare de voir un stoppeur filer vers la cage adverse et tromper le gardien. Jules en sait d'ailleurs quelque chose. Mais son cadet, hier soir, sut magnifiquement exploiter la situation. Les Monégasques étaient surtout obnubilés par la présence des brésiliens. Très intelligemment Victor s'engouffra dans les espaces libres pour recevoir le centre d'Albert Emon. Son mérite d'ailleurs ne s'arrête pas là, car il fallait encore tromper Montes, ce qu'il fit avec un sang-froid remarquable.

J.F.

 

 

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