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Résumé Le Provencal

du 21 mars 1975

 

4 A 0 : LA FETE CONTINUE !

L'O.M. a obtenu devant Lens son deuxième bonus consécutif

Il faut bien le dire, on attendait beaucoup mieux de ce match. Il est vrai qu'avec celui de samedi contre Nice sur lequel on ne comptait guère pour voir du beau jeu, cela doit faire une excellente moyenne.

Notre légère désillusion à deux causes : d'une part, l'équipe Lensoise n'a nullement justifié sa réputation. En la disait offensives et, pourtant, Charrier eut infiniment moins de travail que contre Nice et contre Paris-St-Germain, pour ne citer que les deux dernières rencontres disputées par les Olympiens.

À l'O.M., les deux grands chefs de fil, Paulo Cezar et Bereta, bien qu'ils aient été à l'origine d'actions très spectaculaires, n'eurent tout de même pas le rayonnement habituel.

Il n'en est pas moins certain que l'O.M. vient d'obtenir son deuxième bonus consécutif, se rapprochant ainsi très près de Saint-Étienne.

Cependant, pour ce qui est de ce dernier bonus, la Bonne Mère y a mis plus que du sien.

Le premier but fut acquis à la suite d'un corner que l'arbitre fut le seul à voir. Le deuxième a été marqué par Notheaux, le troisième par Cieleski... Par la suite, sur sa lancée victorieuse et devant une équipe complètement démoralisée par ces coups du sort, l'O.M. aurait pu marquer assez facilement deux ou trois buts de plus. Enfin, il faut tout de même un peu de chance pour faire du football.

Est-ce le temps très inhabituel, surtout à Marseille pour la saison, la première mi-temps fut jouée sur un rythme mineur.

Devant un public glacé, les deux équipes parurent disputer un match de hand-ball. Les manoeuvres, les échanges de passes se faisaient la plupart du temps au centre du terrain, souvent latéralement, ce qui permettait aux deux équipes de se regrouper en défense.

Tant et si mal, qu'il fallut attendre la 36e minute pour voir le premier vrai tir de la partie. Il eut pour auteur Bereta du pied gauche, bien sur, dépassa à droite de l'encadrement.

Lens avait joué la prudence, mais sans le trio offensif qu'on lui prête généralement. De part et d'autre, on avait noté beaucoup de fautes, ce qui ne contribua pas à dégeler les spectateurs.

Bref, mi-temps pour rien, seulement illustrée par les erreurs de l'arbitre principal et la hâte des deux arbitres de touche à lever le drapeau pour signaler des hors jeu très discutables, sinon inexistants.

LE TRIOMPHE DES PETITS RÔLES

La deuxième mi-temps fut beaucoup plus animée que la première et si l'O.M. fut servi par une chance insolente, il n'en termina pas moins le match au sprint.

Beau sujet de satisfaction pour l'entraîneur Jules Zvunka : si ses grands premiers rôles n'ont pas fait un match exceptionnel comme nous l'avons déjà écrit, ce sont les petits rôles qui se surpassèrent.

Or, entraîneur de l'O.M. tient essentiellement de la qualité collective de son équipe.

Donc, hier, on a noté avec plaisir l'excellente partie d'Albaladejo, toujours très précis et présent partout où il y avait le ballon, ainsi que le bon match de l'arrière droit Lemee.

Ces deux joueurs, qui n'ont pas eu les honneurs de la sélection avec Buigues, méritent aujourd'hui une mention spéciale.

On s'aperçut également surtout en première mi-temps, que Bereta était devenu indispensable au centre du terrain. Sans doute fatigué, ou peut-être mal guéri de sa récente blessure, Bereta joua le plus souvent au poste d'ailier gauche. Mais si, à cette place, il réussit quelques bonnes actions, il manqua énormément au centre.

Équipe de Lens, malgré sa prudence défensive en début de match commit énormément de fautes. Elle perdit trop souvent le ballon, ce qui est une façon classique de mal jouer.

Ses passes également, ne furent pas toujours bien assurées. Nous attendions beaucoup mieux de joueurs comme Bousdira, Élie, Notheaux ainsi que de l'ailier gauche Keiser, un Keiser n'ayant rien de commun avec l'ancien ailier gauche d'Ajax.

La fin de partie ayant été extrêmement brillante, le public, qui reste toujours sur la dernière impression, est parti très content de la soirée.

Toutefois, sur l'ensemble de la partie, ce qui est nous avons vu n'avait aucun rapport avec un grand match de première division.

L'O.M., s'il veut poursuivre sa série rose, nous doit une revanche.

Mais de toutes façons, la fête continue.

Maurice FABREGUETTES

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Le premier de Bereta

"Un match peu banal" ! C'est un spectateur anonyme qui fit cette réflexion au moment ou l'arbitre venait de mettre un terme à la partie.

Et le moins que l'on puisse dire est que cette réaction "à chaud" reflétait bien à la fois le déroulement et le résultat d'une rencontre au cours de laquelle les spectateurs visiblement ne se sont pas ennuyés.

Oui, un match peu banal en ce sens que l'O.M. large vainqueur, parut gêné tout au long de la première mi-temps par le système défensif des Lensois. À la pause, il ne se trouvait certainement pas beaucoup de personnes qui auraient pu prévoir une telle conclusion. Que les Olympiens durant ces 45 premières minutes aient été moins à l'aise que devant les Niçois, c'était une évidence. Les vedettes notamment ne parvenaient pas que très rarement à sortir de leur coquille.

Mais c'est justement au cours de cette période en demi-teinte que l'équipe marseillaise allait démontrer qu'elle allait d'autres ressources à sa disposition.

Des hommes comme Lemee, Albaladejo, Buigues, dont on n'a pas toujours l'occasion de vanter les mérites à leur juste valeur, accomplissaient pour leur part un parcours sans faute et même brillant.

Ce sont des joueurs comme cela qui ont su déclencher la machine. Ensuite il faut bien entendu rendre aux "Cezars" ce qu'il leur appartient. Même si la défense lensoise, affolée leur donna un sérieux coup de main, ils ont su prouver les uns et les autres qu'ils savaient aussi se montrer à la hauteur de leur réputation.

Nous passerons sur le but libérateur de Jairzinho. Le public marseillais est déjà habitué aux réactions victorieuses du Brésilien. Nous passons aussi sur les deux malheureuses interventions des défenseurs lensois qui étaient la conséquence de la pression marseillaise. Mais tous les spectateurs du vélodrome se sont levés comme un seul homme quand Georges Bereta s'en vint clôturer la marque d'un remarquable coup de patte. Tout le monde a accueilli ce quatrième but comme la logique récompense d'un joueur qui s'était multiplié depuis son arrivée à l'O.M. pour faire triompher ses nouvelles couleurs.

Disons que le premier but de l'ex-Stéphanoise s'inscrit comme un symbole dans la nouvelle légende olympienne. Devant autant de classe, de détermination, de conscience professionnelle, on cherche des mots pour dresser des louanges.

Contentons-nous d'un seul : Bravo Georges !

Jean FERRARA

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Jules ZVUNKA :"A la mi-temps j'étais confiant !"

Pour la douzième fois consécutive, c'était la joie dans les vestiaires marseillais. Il n'est sans doute pas utile, aujourd'hui, de préciser pourquoi. Chacun l'aura compris très aisément.

Le président Meric, moustache en bataille, coupe de champagne à la main, était tout radieux :

"Je suis un président de plus en plus comblé, devait-il nous dire en préambule. La victoire de ce soir me satisfait à plus d'un titre, d'abord parce que nous avons obtenu le bonus, et ensuite parce que mes joueurs qui étaient rentrés aux vestiaires sans avoir fait la difficile décision à la mi-temps, on fait preuve d'un état d'esprit remarquable.

"Certes, on dira que Lens nous a un peu aidés, mais si le score peut paraître sévère, je crois qu'il ne faut pas oublier que nous aurions pu marquer deux ou trois buts de plus.

"Face à une équipe comme Lens, qui, à son sens, est une très bonne formation, il fallait le faire !"

Très entouré, l'entraîneur Jules Zvunka dégustait une cigarette :

"Je ne suis pas d'un naturel optimiste, mais à la mi-temps j'étais confiant. Contrairement à ce que l'on peut croire, je n'ai pas "enguirlandé" mes joueurs, je leur ai simplement dit de continuer à manoeuvrer comme s'ils l'avaient fait en première période.

Il ne faut pas perdre de vue que Lens et une d'équipe très consciencieuse qui possède une excellente condition physique. Nous avons pu paraître lents pendant les 45 premières minutes. C'était une fausse impression. Après le repos, nous avons pris le dessus, nous les avons pris à la gorge, nous avons joué intelligemment et vous voyez le résultat.

J'ai été séduit par la combativité de Paulo Cezar, qui visiblement dans un jour "sans", n'a jamais baissé les bras. C'est un signe qui ne trompe pas. L'état d'esprit de l'O.M. est excellent".

Georges Bereta qui venait de recevoir un jéroboam de champagne Canard-Duchêne pour son premier but marseillais, était radieux : "Nous boirons ce champagne samedi pour le mariage de ma soeur". Puis revenant au match, l'ex-Stéphanois continuait : "Je vous ai fait attendre longtemps pour marquer ce premier but, mais vous voyez que tout arrive. J'ai apprécié, dit-il encore, la combativité de tous les joueurs de l'équipe. Pour à part, j'ai un peu souffert de ma cuisse, mais si je ne suis pas revenu comme de coutume au centre au milieu du terrain, c'est simplement pour éviter que presque tous les joueurs se trouvent au même endroit. De plus, comme Jair revenait souvent, j'ai permuté avec lui la plupart du temps".

Jair, de son côté, expliquait : "L'essentiel c'est que l'O.M. marche, et je crois qu'il ne faut pas se plaindre de ce côté-là. Pour ma part, si j'ai un peu souffert du froid, je crois que je m'adapte de mieux en mieux, et ce d'autant plus facilement, que je suis en excellente condition physique".

Un des meilleurs hommes sur le terrain, sinon le meilleur, Albaladejo, expliquait : "Je suis content pour tout le monde ; on me dit que j'ai fait un très grand match, je ne sais pas ; pour moi, l'important est que je puisse rendre service à l'équipe. Si hier soir, j'y suis parvenu, tant mieux".

Jacky Lemee, qui fut aussi excellent, analysait ainsi la rencontre : "Ils nous ont ennuyés en première mi-temps, surtout parce que leur condition physique est très bonne. Bien sûr, au repos on n'espérait pas décrocher le bonus, le score peut effectivement paraître sévère, mais vous y trompez pas ; s'ils ont commis des erreurs, c'est parce que nous les pressions constamment. Je vous accorde que 4 à 0, c'est cher, mais ne faisons pas la fine bouche".

Le grand "Tchoi" Bracci tempêtait : "Je marque un but refusé pour hors jeu, et je percute de la tête, une balle sur la transversale, alors que j'avais pris soin de la rabattre. Décidément, je joue de malchance. Puis, retrouvant son sourire, il concluait : tant pis pour cette fois ; je tacherai de faire mieux au mois de mai, au stade Geoffroy Guichard, contre Saint-Étienne".

Albert Emon, mi-figure, mi-raisin, disait : "Il me manque un petit quelque chose pour arriver à marquer. Je n'ai pas tout à fait confiance en moi, et je suis peut-être un peu fatigué. Il est temps que je me refasse une santé".

La conclusion, nous la laisserons au toujours souriant René Charrier : "Nous avons gagné, et pour moi la soirée a été calme ; un véritable régal".

Espérons pour le gardien de but phocéen qu'il pourra en dire autant au soir de France-Hongrie.

André de ROCCA

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SOWINSKI : "Un arbitrage trop partial !"

Après la partie, les Lensois étaient soucieux ; la lourde défaite qu'ils venaient d'encaisser les avait accablés. L'entraîneur Sowinski réagissait néanmoins :

"L'arbitre a tout déclenché contre nous lorsque, lors du premier but, c'est un avant marseillais qui a commis la faute, et incompréhensiblement l'arbitre a sifflé un corner en faveur de l'Olympique ! Ce point de départ défavorable à démoraliser mes garçons ; mais cela n'excuse pas leur mauvaise prestation. Pourtant, je trouve scandaleux qu'un arbitre favorise le club qui reçoit de cette façon ! Ça ne m'étonne plus que les Marseillais fassent d'aussi bons résultats sur leur terrain !"

Le gardien de buts Lannoy devait nous dire, de son côté : "Nous avons fait le maximum, mais il faut préciser qu'en deuxième mi-temps, nous avons été gagnés par le découragement et la lassitude !". Bousdira ajoutait pour sa part : "Nous ne méritions pas un tel score !"

Notheaux s'exclamait : "Quand la poisse s'en mêle, on ne s'en débarrasse pas facilement !"

Enfin, Opquin ajoutait, avec une certaine clairvoyance : "En deuxième mi-temps, nous avons été désorganisés et on peut dire que nous avons commis trop d'erreurs personnelles".

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions que l'on se pose

- LES CONDITIONS ATMOSPHÉRIQUES ÉTAIENT-ELLES IDÉALES POUR LA PRATIQUE D'UN BON FOOTBALL ?

Il faisait assez froid hier soir au stade vélodrome (quelques flocons de neige tombèrent même au moment du coup d'envoi), il y avait aussi un léger vent tourbillonnant mais la pelouse était en excellent état. Toutes les conditions étaient donc favorables à la pratique d'un bon football. Seuls deux joueurs ont quelque peu souffert de cette offensive tardive de l'hiver, il s'agit bien sûr de Jairzinho et Paulo Cezar peu habitués à cette fraîcheur.

- L'ARBITRE EUT-IL UNE INCIDENCE SUR LE RÉSULTAT DU MATCH ?

La victoire est revenue à l'O.M. et c'est comme toute logique mais on ne peut dire que M. Martin a été particulièrement heureux dans ses décisions. Il faut souligner qu'il ne fut guère aidé par ses deux arbitres de touche qui levèrent leur drapeau le plus souvent à tort et à travers. On ne pourra toutefois accuser le trio en noir de partialité. En effet, si le premier but marseillais fut acquis à la suite d'un corner pour le moins douteux, en plusieurs occasions des attaquants olympiens furent signalés hors-jeu et maintes fois ce ne fut pas tellement évident.

- EST-IL COURANT QU'UNE ÉQUIPE MARQUE DEUX BUTS CONTRE SON CAMP ?

Il faut répondre tout de suite non. Nous, personnellement nous n'avions jamais vu des défenseurs d'une même formation tromper leur propre gardien de but. Nous avons interrogé beaucoup de monde autour de nous et il semble que personne n'ait assisté à pareil "événement". Dans les vestiaires, après le match, Jules Zvunka, lui-même, nous avouait que c'était la première fois qu'il voyait cela.

- L'O.M. PEUT-IL RATTRAPER SAINT-ÉTIENNE ?

Aujourd'hui les Olympiens ne comptent plus que 2 points de retard sur l'équipe stéphanoise qui, il est vrai, à deux matches de plus à jouer. Est-ce dire que les protégés de Fernand Meric vont revenir dans la roue des "vers".

Mathématiquement, bien entendu, la chose reste possible, surtout si les Marseillais continuent à empocher le fameux bonus à chaque match.

Il faut toutefois, pour être objectif, signaler que personne à l'O.M. n'envisage sérieusement cette éventualité. En effet, joueurs, dirigeants et entraîneur ont été unanimes pour dire : "L'important n'est pas que nous rattrapions Saint-Étienne mais bel et bien que nous terminions dans les trois premiers".

- IL Y AVAIT 10.000 SPECTATEURS DE MOINS QUE SAMEDI DERNIER, POURQUOI ?

C'est difficile à dire car l'affiche en valeur absolue était beaucoup plus alléchante que le match précédent et les Phocéens restaient sur une nette victoire. Il faut donc en conclure que les rigueurs du temps ont retenu chez eux quelques candidats spectateurs.

A. de R.

 

 

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