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Résumé Le Provencal

du 21 septembre 1975

  

O.M. : PRESTIGE RETROUVE AU PARC

 

Les Marseillais ont mis k.o.

le Paris Saint Germain

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

PARC DES PRINCES - L'O.M. n'était pas venu à Paris pour faire du spectacle, mais pour empêcher l'équipe de Fontaine de réussir le sien. Les ronds de jambes, les courses folles des défenseurs dans tous les sens, ce sera pour une autre fois. Compte tenu de la qualité de l'adversaire la prudence défensive et le contre étaient bien les meilleures armes possibles dans le contexte si particulier de ce match.

Ce plan simpliste mais efficace a réussi au-delà de toutes les espérances.

Il est même curieux de constater que l'O.M. qui ne voulait pas faire le spectacle, a réussi trois buts extrêmement spectaculaires : celui de Bracci, celui d'Emon, et celui que l'arbitre refusa à Boubacar en première mi-temps pour hors-jeu. Celui de Yazalde fut on ne peut plus précieux, mais la défense de Paris Saint-Germain en cafouillant le ballon, y avait mis un peu du sien.

Voilà donc, alors que le Tout-Marseille sportif doutait de son équipe, une victoire dont les effets sur la suite de la saison seront considérables. Victoire du réaliste c'est évident, mais depuis quand le réalisme n'est-il pas à prendre en grande considération dans les luttes sportives.

LA DÉFENSE DE ZONE DE L'O.M.

Du haut des tribunes du Parc des Princes on envoyait la partie comme en cinémascope sur grand écran. C'est assez dire qu'en première mi-temps, il n'avait pas fallu plus de quelques minutes pour faire plusieurs constatations intéressantes.

L'O.M. avait complètement modifié sa façon de jouer. Sa défense pratiquait ce qu'on appelle l'individuelle dans la zone.

C'est ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, que Bracci ne suivait pas Tokoto dans ses évolutions. De plus, cette même défense avait choisi de jouer groupée en ne prenant que le minimum de risques offensifs.

Quand Bracci marqua du pied gauche sont très joli but égalisateur à la 36e minute, c'était la deuxième fois seulement qui dépassait le milieu du terrain. La première fois il avait été sifflet hors-jeu. Trésor, tout en faisant un sans-faute défensif, n'avait guère quitté la surface de réparation et l'on avait vu les longs cheveux de Victor Zvunka voler au vent de l'offensive que très épisodiquement. Idem pour Lemee.

Bref, l'O.M. avait choisi d'attendre et de voir venir.

BOUBACAR ETAIT-IL HORS-JEU ?

Cette tactique basée sur la juste appréciation de ses forces contre un adversaire d'excellente valeur avait donné un bon résultat sur l'ensemble de la première mi-temps. Sans doute le Paris-Saint-Germain dominait-il, le contraire eut été étonnant dans ces conditions mais les occasions réelles de but furent équitablement partagées.

Les styles des deux équipes étaient totalement différents. Mais entre le réalisme olympien et le romantisme parisien, la parité du score à la mi-temps nous paraît très justifié. Sans oublier toutefois que l'arbitre avait refusé à Boubacar un très joli but pour un hors-jeu qui ne crevait pas les yeux.

LA BONNE MÈRE ET CHARRIER

Au début de la deuxième mi-temps, la Bonne Mère, qui avait complètement abandonné son O.M. contre Nancy et à Iena, se manifesta pleinement.

La chance, nous ne cessons de le répéter, est toujours un élément important dans un match de football.

Que pendant le premier quart d'heure de cette première mi-temps Paris-Saint-Germain, n'ait pas marqué un but supplémentaire est pur miracle. Mais les buts que l'on oublie de marquer pèse toujours très lourd dans la balance d'une rencontre. Au fil des minutes on les traîne comme un boulet alors que l'adversaire y puise de nouvelles raisons d'espérer.

Ajoutons, pour être totalement objectif, que l'arrêt réussi par Charrier à la 60e minute sur un coup de tête de Dahleb ne devait rien à la "poisse" parisienne mais tout à un réflexe extraordinaire du gardien olympien.

LE K. O. PRESQUE LOGIQUE

C'est presque une des règles du football. Quand une équipe à laisser passer sa chance par maladresse ou par temporisation excessive, elle est généralement punie.

Une fois de plus la chose s'est vérifiée. Paris-Saint-Germain qui menait très largement aux points, allait subir en quelques minutes deux coups de K.O. des pieds d'Emon et de Yazalde.

La reprise de volée du jeune Emon, sur un centre de la gauche de Bereta, fut d'une absolue pureté technique. Un coup de maître.

Que Floch ait réussi un deuxième but pour son équipe à la 85e minute, contribua à donner à la fin de ce match une dimension nouvelle.

Porté par son public, le Paris-Saint-Germain se rua à l'attaque une fois de plus pour obtenir l'égalisation mais il était trop tard.

Le Paris-Saint-Germain s'était bien fait piéger par l'O.M., et en sport, en football essentiellement, ce sont des choses qui arrivent très souvent. Il n'en reste pas moins que cette équipe parisienne et de tout premier ordre et qu'elle fera certainement une très grande saison.

FÉLICITATIONS GÉNÉRALES

Il faut dire le dire, l'O.M., hier soir, nous a agréablement surpris. On le disait démoralisé, au bord de l'abandon. La chose n'a jamais paru évidente tout au long de la rencontre.

Sans doute l'O.M., comme le roseau, a-t-il parfois plié, mais sans jamais rompre.

Tous ses joueurs, sur l'ensemble de la rencontre, on fait le maximum ; la défense se contentant la plupart du temps de défendre, a fait preuve d'une très grande sûreté.

Dans ces conditions, le milieu du terrain a dû se dévouer.

Quant aux attaquants, ils ont su jouer fort habilement le contre. On ne félicitera jamais Emon et Boubacar qui posèrent de nombreux problèmes à la défense du Paris-Saint-Germain.

Quant à Yazalde, il revient nettement en forme.

Une mention particulière toutefois à Charrier qui réussit en deuxième mi-temps un de ses arrêts que l'on peut qualifier de déterminant.

Pour finir, disons que Bereta a prouvé qu'il était toujours un excellent ailier gauche. À cette place la qualité des centres à une très grande importance. Et maintenant tout pour Troyes et pour Iena.

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Jules Zvunka :

"Le résultat qu'il nous fallait"

Inutile de préciser, bien entendu, qu'il régnait une joyeuse ambiance dans le camp marseillais. Quel contraste avec l'atmosphère de désolation que nous avions connue dans ce même vestiaire, voici quelques mois, au soir de l'élimination en quart de finale de la Coupe de France.

Le président Meric, très entouré, voyait, dans cette victoire, une justice immanente, après les critiques émises sur ses hommes ces derniers temps :

"Voilà un succès qui fait vraiment plaisir. Et tant pis s'il fait grincer les dents à pas mal de monde ! Nos joueurs ont prouvé ce soir qu'ils n'étaient pas si faibles que cela, et que tout ce que l'on avait dit sur leur compte était grandement exagéré.

Car dans toutes les critiques, on a un peu trop oublié la valeur des Allemands de Iena, qui croyez-moi est grande !".

Dans un coin, Jules Zvunka savourait ce succès en silence :

"Je suis surtout content pour mes garçons, finissait-il par nous dire. Ils avaient vraiment besoin d'un tel succès, après tout ce qu'ils avaient pu lire ou entendre ces jours derniers.

"Et pourtant, après une épreuve aussi épuisante que l'a été notre confrontation avec Iena, nous n'étions pas dans les meilleures dispositions pour obtenir un résultat, ici. J'avoue que je redoutais un fléchissement de mes hommes, car ils avaient largement puisé dans leurs réserves, mercredi, en Allemagne. C'est souvent, lorsqu'on perd, et même largement, que l'on souffre le plus en s'épuisant à la recherche d'un ballon insaisissable.

"Quoi qu'il en soit, l'équipe n'a peut-être pas encore retrouvé tout son équilibre. Mais déjà j'estime que le rythme s'est grandement amélioré, et que nous sommes sur la bonne voie".

Tournons-nous maintenant du côté des joueurs, pour connaître leurs sentiments, après ce succès quelque peu inattendu.

BERETA : "Ramener deux points de Paris c'est bon, et même très bon. Voilà qui va rassurer tous nos supporters. Nous avons sans doute, eut pas mal de réussite, mais c'était bien à notre tour d'en avoir. Iena n'aura sans doute, pas été inutile, dans la mesure où cette défaite nous a montré tout le travail que nous devons encore accomplir pour rivaliser avec les meilleurs".

YAZALDE : "Enfin, à Iena l'autre soir j'aurais voulu rentrer sous terre, lorsque j'ai gâché cette occasion unique. Ce soir je crois m'être racheté, et nous avons, de plus, enlevé la victoire. Que demander de plus ! "

TRÉSOR : "Nous étions fatigués, mais nous nous sommes accrochés. Je crois que nous avons fait une bonne partie. Je suis surtout content pour Yazalde, qui ne méritait pas tous les reproches qu'on lui a adressés, d'autant qu'il était malade. Il fallait faire quelque chose. Nous avons fait, et maintenant nous pouvons rentrer à Marseille".

BRACCI : "Ils ont eu beaucoup d'occasions. Comme nous devant Nancy et Iena, et comme nous, ils ne les ont pas mis au fond. Tokoto, entre autres, a eu deux balles de buts qui ont, sans doute, coûter la victoire à son équipe. Pour une fois que nous avons su nous montrer plus réaliste que l'adversaire.

Alain PECHERAL

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La réussite, cette fois était au rendez-vous

Au fil de ses résultats en dents de scie, l'O.M., continue donc plus que jamais, à soumettre ses supporters au régime de la douche écossaise.

L'instant est peut-être mal choisi pour en parler, puisque, aujourd'hui, la douche est tiède à souhait...

Mais enfin, les faits sont là. Car, convenez qu'il n'est pas banal de se faire humilier chez soi, pas une des plus faibles équipes de première division, trois jours après avoir taillé en pièces le champion de France. Tout cela pour aller battre au Parc, une équipe qui y avait pris cinq points en deux matches et avait par ailleurs confirmé ses grandes ambitions à l'extérieur, en obtenant le match nul à Reims Lens et Saint-Étienne.

Inconstant O.M. donc, qui, alterne le meilleur et le pire, et par là même, désarme la critique !

Et pauvres Parisiens, qui ont vécu à leur tour, la mésaventure survenue aux Olympiens, il y a huit jours.

Car, dire que l'O.M. a dominé ce match serait faire tout de même une entorse à la vérité.

Soutenu par un très nombreux public qui, de plus en plus, semble faire corps avec son équipe, les hommes de Fontaine dominèrent assez largement les débats. Ce qui est, somme toute, normal puisqu'ils opéraient à domicile.

Mais, comme naguère l'O.M. au stade Vélodrome, ils ont eu aussi, pour adversaire, la malchance.

Une bonne quantité de tirs sur le poteau, une certaine maladresse, pour ne pas dire une maladresse certaine, de leur part, au moment décisif, et un Charrier inspiré : il n'en fallait pas plus pour que tourne le vent de la victoire.

Le tournant de la partie se situe, dans cet ordre d'idées, à la 60e minute, lorsque, sur une tête à bout portant de Dahleb, le gardien marseillais s'envole pour aller cueillir la balle.

On était alors à un partout, et tout était encore possible pour les Parisiens, tout était encore à faire pour les Marseillais. Les Marseillais, par deux contres fulgurants, menaient 3 à 1 un peu plus de dix minutes plus tard, et allaient dès lors fournir, à leur tour, l'essentiel du jeu.

C'est cela le football, écrivions-nous l'autre soir après Nancy. C'est cela le football, la chance cette fois était olympienne. Car il ne suffit pas toujours de bien jouer pour gagner un match. Il faut aussi souvent le petit coup de pouce du destin.

Il reste maintenant aux Olympiens de confirmer ce brillant résultat. Vendredi soir devant Troyes semble être une date tout indiquée.

A.P.

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DOGLIANI :

"Nous avons été trop maladroits"

A 1 à 1, nous pouvions faire la différence, mais nous nous sommes montrés trop maladroits, et comme toujours en pareil cas, le match a basculé.

Cela dit, l'O.M. a bien joué le coup et n'a pas usurpé sa victoire. Ceci devra nous servir de leçon. Tout comme l'O.M. a su tirer les enseignements de sa double défaite.

Quant à Jacky Novi, il estimait : "Ils se sont montrés plus réalistes, et je tire mon chapeau à Bracci pour le but extraordinaire qu'il nous a marqué. Je savais qu'il allait crocheter de cette façon, mais je n'ai rien pu faire".

Enfin, Just Fontaine était assez dépité : "Nous avons eu trois fois plus d'occasions qu'eux, mais nous avons perdu le gain du match, essentiellement au début de la seconde mi-temps, où nous nous sommes montrées vraiment trop maladroits. Il va falloir travailler la précision à l'entraînement"

A.P.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- VAUT-IL MIEUX LA DÉFENSE DE ZONE OU INDIVIDUELLE ?

- C'est là un problème très controversé dans les milieux du football. La stricte défense individuelle à ses partisans, mais il faut reconnaître qu'elle est contraire à l'évolution du football. Quand les attaquants bougent sans arrêt, la défense de zone, où l'individuelle dans la zone, permet aux défenseurs de ne pas attraper le tournis en suivant des adversaires généralement fuyants. De plus, les différentes zones du terrain étant mieux occupées, on n'est pas à la merci d'un adversaire venant inopinément de l'arrière comme ce fut le cas à Iena.

En tout cas, hier soir, la zone a parfaitement réussi à l'équipe marseillaise. Sa défense apparut plus imperméable et mieux équilibré. Il est donc évident que ce système convient mieux aux qualités des joueurs olympiens que celui qu'ils pratiquaient jusqu'à présent. Il serait donc sage de persévérer.

- FALLAIT-IL FAIRE CONFIANCE À YAZALDE ?

- Nous ne savons pas ce qu'aurait pu faire le jeune Yougoslave Zlataric. Pour une excellente raison, il est resté sur le banc de la touche.

Cependant, Yazalde a réussi à marquer son sixième but depuis le début du championnat, et durant toute la partie, dans des conditions fort difficiles pour lui, il s'est montré en net progrès. C'est ainsi qu'en première mi-temps, il a réussi quelques passes en déviation de première qualité. Il est donc sage, semble-t-il, de faire confiance, encore pour un match à ce joueur d'expérience et de talent. L'erreur que commettent généralement les supporters trop impulsifs est de vouloir modifier l'équipe sans arrêt. Or, le rôle d'un entraîneur qui suit ses joueurs de très près et les connaît mieux que quiconque et de ne pas trop bouleverser une équipe.

Généralement, au bout de quelques mois, on a une vision assez juste de la valeur des joueurs. Voilà pourquoi, quand un joueur est épisodiquement en petite forme, ou manque de réussite, il faut lui faire confiance.

Ce n'est qu'au bout de quelques contre-performances consécutives qu'il convient alors de le mettre sur la touche. En football, comme en toute chose, il faut de la patience. L'agitation qui règne parfois autour d'une équipe, surtout à Marseille, est mauvaise conseillère.

- BERETA EST-IL ENCORE UN AILIER GAUCHE ?

- La réponse à cette question mériterait un plus long développement. Il est certain qu'au cours de sa déjà longue et très brillante carrière, Bereta a rarement joué sous le numéro 10.

Jouer ailier gauche de soutien, ou franchement au milieu du terrain comme c'était le cas pour lui en ce moment, sont des choses très différentes.

En tout cas, hier soir, c'est quand il se trouva tout à fait par hasard à l'aile gauche, que Bereta réussit ses meilleures actions. Ses centres, donnés à la perfection, permirent en particulier à Emon de réussir une reprise de volée hors série.

Sans inverser les rôles, donner à Emon le N.10 et le N.11 à Bereta, il appartient à ces deux joueurs au cours du match de permuter. L'extrême précision de Bereta peut être encore très précieuse pour l'O.M.

M.F.

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(Autres photos)

Les Olympiens avant le coup d'envoi

Dominique Berthaud balle au pied

   

Tête de Trésor devant Jean-Pierre Tokoto

Tir de Jean-Pierre Dogliani

   

Tête de Francis Piasecki, à la lutte avec Trésor

 

 

 

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