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Résumé Le Provencal

du 31 mars 1976

 

  O.M. : toujours des sifflets... et un petit but

 

EMON dans le dernier quart d'heure

prive les Bordelais du match nul (1-0)

1 à 0 ! Ce n'est pas la première fois de la saison que l'O.M. doit se contenter d'une courte victoire. Mais celle acquise sur Bordeaux hier soir, et non seulement courte, mais elle est aussi petite. Entendez par là qu'elle n'a ni enthousiasmé le public, ni réellement rassuré sur la condition de l'équipe avant la coupe.

Il est évident par exemple que cette formation sans cesse remaniée depuis le début de la saison, a bien du mal à trouver sa cohésion. Ce ne serait pas bien grave si le championnat ne faisait que débuter. Mais vous savez que ce n'est pas le cas. On voudrait trouver des excuses, mais franchement ce ne serait pas raisonnable et ce faisant, nous ne rendrions service à personne.

Le fait est que l'O.M. hier soir, a plutôt mal joué. Si vous voulez tout de même un commentaire optimiste, disons qu'il est assez heureux dans ces conditions d'empocher les deux points de l'enjeu.

Cela aurait pu en effet être beaucoup moins positif.

ENCORE DES SIFFLETS

La seule constatation qui s'imposait, après une première mi-temps sans grand relief, était que le match se situait bien au niveau indiqué par le classement respectif, c'est-à-dire une rencontre en deux équipes du milieu du tableau.

On n'allait pas tarder à se rendre compte d'ailleurs que la formation olympienne, dite expérimentale, éprouvait quelques difficultés à trouver ses distances, pour employer un terme cher aux pugilistes.

Mais c'est bien le mot qui convenait. Les passes partaient et n'arrivaient pas. Les joueurs, les défenseurs surtout, ne savaient plus très bien, devant les permutations incessantes des adversaires, quel était l'homme à marquer. Tant et si bien que l'équipe donnait l'impression de flotter au rythme d'une vague capricieuse.

"Enfin mais enfin, ce disait-on dans les tribunes, ce sont des petites hésitations inévitables. L'O.M., c'est certain, va se reprendre".

Vous avez compris que le public était plein d'indulgence pour cette formation, au sein de laquelle reparaissaient les jeunes Florès et Zlataric. Mieux même Truqui, habituel stoppeur de la troisième division, avait du remplacé Gransart au pied levé, et faisait, lui, ses grands débuts en première. Pour bien souligner ces bonnes dispositions, on entendait le public scander le nom de Zlataric sur l'air des lampions. Un Zlataric qui s'était certes signalé par une belle reprise de volée, mais n'avait jamais "cassé la baraque", il faut aussi le reconnaître.

"Tout le monde, il Nebo..." c'était le cas de le dire, si vous nous pardonnez ce mauvais jeu de mots.

Mais on sait aussi que les spectateurs marseillais ne sont pas tellement réputés pour leur grande patience. Comme l'O.M. ne parvenait pas, au fil des minutes, à sortir de sa médiocrité, on commençait à voter les signes habituels du mécontentement. Sifflets, quolibets et autres manifestations du genre.

On nous avait bien affirmé que cela ne se reproduirait plus, mais l'O.M. en cette première mi-temps, s'était bel et bien endormi une fois de plus. Mais pour être juste avec les Bordelais, ce sont eux qui avaient mené les meilleures actions, étant même à deux doigts d'ouvrir la marque. Incontestablement les visiteurs menaient aux points.

EMON QUAND MÊME

Mais le football est décidément un jeu bizarre. La situation olympienne n'avait pas évolué de façon sensible à la reprise. Tout juste avait-on pu remarquer un peu plus de détermination chez les Marseillais, comme d'habitude sermonnés par leurs dirigeants aux vestiaires.

Cependant le score restait désespérément vierge et pour ne rien vous cacher, on commençait à redouter qu'il le restât jusqu'à la fin.

C'est au moment où les spectateurs reprochaient à Emon de jouer un peu trop pour lui-même que le jeune international allait se signaler par un exploit personnel, avant de tromper enfin Bergeroo d'un magnifique tir croisé.

Albert se blessait d'ailleurs au terme cette de son action victorieuse et devait quitter le terrain sur une civière. Il était en somme le héros, à la fois heureux et malheureux.

Les affaires marseillaises, vous le voyez, se bonifiaient et s'aggravaient à la fois. Bien que jouant à dix, l'O.M. fit de son mieux pour faire préserver son succès, mais il faut bien admettre que cette victoire-là, comme nous le signalons plus haut, ne laissera pas un souvenir impérissable.

On se gardera bien sûr de tirer des enseignements avant le prochain match de Nîmes. Et surtout celui de Reims, quelques jours plus tard.

Une chose est certaine, si l'O.M. a réellement l'intention de jouer un rôle en coupe de France, il lui faudra s'y prendre d'une tout autre façon devant les Rémois.

S'il fallait juger l'équipe marseillaise sur sa tenue hier soir, on ne lui accordera guère de chances de qualification.

Heureusement, un match ne ressemble jamais à un autre. Pour l'instant, nous ne voyons pas d'autre conclusion à vous proposer...

Jean FERRARA

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Jules Zvunka :

"Une victoire qui nous coûte très cher !"

Ce n'était pas la joie dans les vestiaires marseillais, loin s'en faut. Une grande animation régnait en fait dans la salle réservée aux soins ou Truqui, Emon et Flores étaient aux mains des soigneurs et docteurs de l'O.M. C'est là que Jules Zvunka nous a confié ses premières impressions : "Voilà une victoire qui nous coûte très cher. Je vous avoue que la blessure d'Albert Emon, qui de loin est la plus grave, m'inquiète sérieusement, puisque aussi bien que nous pourrons compter sur ses services en Coupe de France. J'avais envisagé de ne pas amener notre ailier à Nîmes, mais jamais j'aurais pensé qu'il serait contraint à un repos forcé. Décidément pour nous c'est la poisse.

Pour ce qui est du match, une fois encore, vous l'avez constaté comme moi, nous avons été meilleurs en deuxième mi-temps qu'en première. Une explication est encore une fois difficile à donner. Pour ce qui est des jeunes, je pense qu'ils ont tiré leur épingle du jeu, mais à l'image de Florès, qui pendant les quarante-cinq premières minutes a joué trop en pointe, je les ai préférés en deuxième mi-temps".

Le président Meric très entouré, faisait contre mauvaise fortune, bon coeur : "A tout prendre, j'aurais préféré que nous fassions match nul, mais que Emon ne soit pas blessé. Pour le reste, que dire ? Nous prenons deux points ce n'est pas mal. Par ailleurs, je suis content de mes jeunes qui ont fait une bonne prestation. Et qu'on ne vienne pas nous dire que notre victoire est imméritée, nous avons joué la plupart du temps sur le but adverse".

Trésor, tout en consultant les résultats de la soirée, et en faisant la moue devant les bonus obtenus par Nice et Reims, et le point ramené de Sochaux, cachait mal sa déception : "Encore une fois, nous sommes partis trop tard, et nous avons joué la peur au ventre pratiquement pendant toute la rencontre. On me dit qu'il y avait penalty lorsque Fernandez s'est accroché avec Jeandupeux. Je réponds non, car l'ailier gauche bordelais s'était aidé de la main pour conduire la balle".

C'est ainsi l'avis de Migeon, qui continuait : "A l'ultime minute de la rencontre, je tremblais lorsque Goubet s'est présenté seul devant moi, heureusement il a raté son tir, la morale est sauve, car il était en position de hors-jeu et l'arbitre ne l'a pas signalé".

Robert Buigues qui était rentré à un quart d'heure de la fin, a failli inscrire un but alors qu'il était sur le terrain depuis quelques secondes. Son tir à bout portant a été repoussé sur la ligne par Maynieu "de la main, précisait Buigues avant d'ajouter, Dieu que c'est difficile d'entrer en cours de match. On se sent frais, on peut donner le maximum, j'ai cru que mes mollets allaient exploser".

Allongé sur l'attaque de massage, Albert Emon, on le comprend, n'avait pas un visage radieux et pourtant c'est lui qui avait marqué le but vainqueur. L'ailier marseillais disait : "J'ai senti une violente douleur dès le départ de l'action, puis elle a disparu instantanément et j'ai continué pensant que ce n'était rien. J'ai crocheté un adversaire, j'ai tiré, et quand j'ai vu le ballon au fond, je me suis retourné pour lever les bras au ciel. Là, j'ai cru que j'allais mourir. Quelle déveine !"

La conclusion, nous la laisserons à Nebo Zlataric dont le nom avait été scandé sur l'air des lampions par le public en première mi-temps. Le jeune Yougoslave était sans doute le seul à avoir le sourire. "Je crois, confié-t-il, que je ne m'en suis pas trop mal tiré. Mais je vous avoue que dans la dernière demi-heure, j'ai terriblement souffert d'autant que, ne l'oublions pas, je relève de blessures et qu'il y a quatre semaines que j'ai repris la compétition".

A. de R.

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Des hauts et des bas

Bien sûr, on ne s'attendait pas à des miracles. On se doutait bien que l'O.M. ne se hisserait pas, par un coup de baguette magique, au niveau des meilleurs clubs européens.

Mais tout de même, naïvement sans doute, nous pensions qu'en jouant la carte jeunesse, Fernand Meric et Jules Zvunka faisaient preuve là d'un louable esprit d'initiative.

Nous nous étions donc rendu au stade-vélodrome prêt à vibrer. Prêt à applaudir des deux mains les déboulées de Zlataric, les dribbles d'Emon, les buts de Yazalde, la technique de Florès, la maîtrise de Bereta, la facilité de Trésor, l'abnégation de Fernandez, l'esprit offensif de Bracci, la santé de Zvunka, le culot de Truqui qui et les réflexes de Migeon.

Nous étions donc pleins de bonnes intentions.

Le drame, car c'en est un, c'est que les promesses phocéennes sont, elles, rester au stade des bonnes intentions. Une fois encore, une fois de plus qu'on le veuille ou non, victoire ou pas, l'O.M. a déçu. Certes c'est vrai, il y eut de bonne période en deuxième mi-temps. Notamment ce tir sur la barre d'Emon, cette reprise la tête sur la transversale de florès, et cette balle arrêtée par un bras bordelais sur la ligne alors que Buigues croyait bien avoir signé son entrée par un but. Ces quelques velléités marseillaises, loin de nous satisfaire, nous font au contraire regretter que les olympiens se contentent à distiller leur talent au compte-gouttes.

Quand donc, en cette saison 75-76, les hommes aux maillots blancs se décideront-ils à faire plaisir à leurs supporters de la première à la dernière minute ?

La question reste posée. Ce n'est pas hier soir qu'on a pu avoir la réponse.

Et encore heureux que dans les toutes dernières minutes du match, un attaquant visiteur se soit montré plus que maladroit.

C'aurait été tout de même un comble, face à un Bordeaux qui n'est pas du meilleur cru, de boire le Gallice jusqu'à la lie.

André de ROCCA

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Couecou : "L'arbitre a oublié de nous siffler un penalty"

Après la défaite honorable subie devant les Marseillais, les Bordelais paraissaient accablés. L'ancien Marseillais Couecou était quand même le plus volubile. "L'arbitre M. Verbeke, a oublié de siffler un penalty en notre faveur. Jeandupeux méritait bien cette faveur ! D'un autre côté, on peut dire que nous avons eu quelques occasions. Nous n'avons pas su en profiter en première mi-temps et lorsque Marseille a marqué, nous aurions pu égaliser ensuite à deux reprises !"

L'entraîneur M. Menaut, paraissait pessimiste : "Je n'ai rien de particulier à dire ! Je commence à en avoir l'habitude ! Je ne sais pas ce qui se passe dans mon équipe, nous ne parvenons pas à surmonter l'adversité et à remporter un succès !"

Le gardien Bergeroo était lui aussi déçu : "J'étais sûr que l'arbitre allait siffler un penalty en notre faveur à la fin de la rencontre ! Évidemment cela aurait tout changé et nous aurions pu repartir de Marseille avec un point dans nos poches".

Jeandupeux constatait enfin de son côté : "Les Marseillais n'nt pas été très impressionnants. Ils ont peut-être dominé territorialement mais nous avons été aussi courageux qu'eux, et je crois qu'en définitive si nous avons été vaincus, c'est parce que nous n'avons pas su prendre de risque. Hélas, c'est un mal propre aux Bordelais et à beaucoup de formations françaises, surtout lorsqu'elles jouent à l'extérieur".

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

1) POURQUOI TRUQUI ? - Les spectateurs ont eu la surprise en entendant la composition de l'équipe d'entendre le nom de Truqui à la place de Roland Gransart. Que s'était-il passé ? Eh bien, le jeune arrière souffrait d'un torticolis et devait avouer à son entraîneur, quelques instants avant la rencontre, qui n'était pas en mesure de tenir sa place. Cela a valu à Truqui de faire ses grands débuts en équipe première. Et rendons-lui cette justice, il a très bien rempli son rôle jusqu'à sa blessure qui l'obligea à quitter le terrain à la 75e minute.

2) COMMENT JUGER L'ARBITRAGE ? - C'est un spectateur qui nous a donné la réponse à cette question : "Nous pouvons dire un grand merci à Monsieur l'arbitre", nous dit-il en quittant le stade-vélodrome. Il est un fait que M. Verbeke n'a rien fait, bien au contraire, pour arranger les affaires bordelaises. Mais cela est en un juste retour des choses, toutes les équipes ayant l'habitude désormais d'avoir leur arbitre maison.

3) QUE DIRE SUR LA FORMATION OLYMPIENNE AVANT LA COUPE ? - Avant de disputer le prochain tour de la Coupe de France, l'O.M. on le sait, devra tout d'abord se rendre à Nîmes. Et, comme nous le signalons par ailleurs, ce match joué et gagné contre les Bordelais n'a rien fait pour apporter un optimisme démesuré dans le camp marseillais. Il est certain que l'équipe olympienne n'était pas, hier, dans sa meilleure forme. Mais il faut se garder d'en tirer des enseignements définitifs. Pour la bonne et simple raison que l'esprit de la Coupe et tout particulier. Peut-être y retrouverons-nous alors un O.M. avec un tout autre visage.

J.F.

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